De gauche à droite : l'Underwood, machine à écrire de bureau, la Roné, machine à imprimer de bureau (vraiment disponible avant 1940), le Rolleiflex, un des bons appareils photo de l'époque.

Les années 30.

Retour à L'introduction

4. Technologies de l'information.

"Le développement des bureaux a provoqué la mécanisation de leur travail. Depuis une cinquantaine d'années, il ne se passe pas de mois que les inventeurs et les industriels ne mettent en vente un nouvel instrument, une nouvelle machine, ou n'apportent un perfectionnement à un instrument déjà existant" [Ponthière]

4.0. Le bureau

mobilier, bois, acier tables,

"La table de travail a beaucoup évolué depuis ses origines. n a d'abord utilisé l'espace libre au-dessous de son plan principal en la munissant de tiroirs qui, disposés d'abord horizontalement, sur une faible hauteur, on peut à peu descendu jusqu'au sol, laissant seulement la place nécessaire aux jambes du travailleur. Cette multiplication des tiroirs est une grande commodité, puisqu'elle permet de ranger à portée de main la plupart des instruments de travail courant et d'éviter ainsi les déplacements" [Ponthiere]

chaises, siège de dactylo, hauteur ajustable, tournant, repose-pieds

"On construit des sièges de bureaux dont la hauteur est adaptée à celle des tables, par exemple, chaises et tabourets très hauts pour comptables et dessinateurs. Des chaises de hauteur ajustable sont à recommander" [Ponthière]

bibliothèques, armoires, vestiaires

classeurs

papier, carbone, reliures, papier infalsifiable

fiche, cavaliers

"Le classement vertical des fiches est assez ancien, il date d'un siècle et demi, mais c'est seulement depuis trente ou quarante ans qu'il s'est généralisé dans les bureaux où il opéré une véritable révolution. Il n'y a plus de locaux administratifs où l'on ne trouve des fichiers et des classeurs."[Ponthiere]

"Leur construction fait chaque jour des progrès. On les fabrique en diverses matières, qui se recommandent par leur prix, par leur solidité, par leur élégance. Le développement et le roulement des tiroirs se prête à des améliorations nombreuses. Ils se présentent parfois sous forme de boites ou de tables creuses dont les variétés correspondent à des commodités diverses." [Ponthière]

timbre caoutchouc, dateur,

copieur, duplicateur, imprimerie

plieuse, ouverture du courrier

machine à adresser

machine à écrire

"La machine à écrire est, en quelque sorte, la mère de toute la mécanique de bureau. Elle s'est imposée par la présentation soignée qu'elle donne à tout document administratif, lisibilité parfaite, alignements corrects, clarté complète. Grâce à elle, toute écriture devient aussi nette que l'imprimé. Elle a également introduit au bureau une grande économie en supprimant les travaux de copie, le papier carbone introduit dans la machine permet d'établir en une seule frappe une dizaine d'exemplaires d'un même document, même si ces exemplaires ne doivent pas tous recevoir toutes les inscriptions du document original"

"Les modèles de machines à écrire sont maintenant très nombreux. La machine du type courant a été l'objet de cent améliorations. Les rouleaux porte-papier peuvent recevoir des papiers de tous formats. Des taquets de tabulation facilitent l'établissement des tableaux en colonnes. Certaines machines se démontent avec une grande aisance pour les nettoyages et menues réparations. Sur d'autres, les caractères sont montés sur barillets interchangeables et peuvent être instantanément remplacés par des caractères et signes de toutes grandeurs et de toutes formes. D'autres écrivent à plat sur feuilles volantes et livres reliés. Plusieurs sont silencieuses ou ne produisent que peu de bruit. Les machines peuvent recevoir des totalisateurs mobiles qui exécutent automatiquement l'addition, voire la soustraction des chiffres inscrits".

"Certains modèles sont munis de moteurs électriques qui exécutent la frappe dès qu'une touche est effleurée. Les modèles légers et portables se sont beaucoup multipliés depuis quelques années". [Ponthiere]

(on pourra lire aussi [Laufer])

machine à dicter, (sur rouleaux de type phonographique

sténotype (Grandjean)

machine à calculer, comptables

"Nous ferons une distinction entre les machines à calculer et les machines comptables, quoique ces dernières fassent aussi les calculs. Nous réserverons le nom de machines à calculer à celles sur lesquelles on lit le résultat d'une opération, ce résultat devant être ensuite transcrit sur un document

"Les machines à calculer exécutent aujourd'hui toutes les opérations arithmétiques, addition, soustraction, multiplication, division, règle de trois, extractions de racines, etc. Certaines, dont la fabrication n'a d'ailleurs pas été industrialisée, exécutent même des calculs algébriques". [Ponthiere]

"Nous dénommerons appareils et machines comptables ceux qui permettent d'inscrire directement sur un document à la fois des lettres et des chiffres.

"Dans ses actes essentiels, la comptabilité consiste à reporter une opération sur plusieurs comptes. Tout dispositif permettant d'exécuter d'une seule fois au moyen de carbone l'inscription au journal et les reports aux comptes simplifiera le travail comptable et supprimera le risque d'erreur à la

copie."[Ponthiere]

4.1. Technologie fondamentale, unités centrales

Programme enregistré en mémoire (Busch, 1931)

1937. Mark I à Harvard. Aiken

1937. Sommatrice binaire (Stibitz), pour la Bell Telephone

1936-38. Carmille, Zuse (pendant la guerre, calcul sur V1, V2), Couffignal

1940. Georges Stibitz et Samuel Williams conçoivent (selon Ettighoffer) la première machine à calculer électromécanique "calculateur à nombres complexes".

Les synchros

"La synchronisation consiste essentiellement dans la conjugaison d'une ou plusieurs machines réalisée de telle façon que les diverses fonctions de ces machines s'effectuent simultanément. C'est ainsi que dans la Synchro-Madas, par exemple, le seul fait de poser un chiffre ou un nombre sur le

clavier de la machine à écrire (ou comptable) synchronisée avec une machine à calculer, inscrit ce chiffre ou ce nombre simultanément :a) sur le document qui se trouve placé sur le rouleau de la machine à écrire; b) dans un ou plusieurs compteurs placés sur la machine; c) et l'enregistre dans la machine à calculer.

"Un nouveau genre de synchronisation vient d'être créé: la Sélectric. Dans ce nouveau genre de machine, non seulement toutes les opérations de calcul sont automatisées, non seulement le nombre de totalisateurs est illimité, mais encore tous les résultats arithmétiques s'inscrivent d'eux-mêmes sur le document à confectionner ou sur la carte perforée par simple frappe des

touches de la machine à écrire".

Les ensembles a cartes perforées [Carmille].

"La machine à statistiques est, avec quelques modèles de machines à calculer, la merveille du machinisme au bureau"

...

"Elle est même un instrument de comptabilité. L'auteur de ce livre avait signalé cette particularité dans un article publié il y a une douzaine d'années (voir Mon bureau, Aout 1921), mais le idées font lentement leur chemin"

"Il y a quelques centaines d'installations de machines à cartes perforées en usage en France contre environ 20 000 aux

Etats-Unis. Il est nécessaire, pour amortir le prix de ces machines, de les faire travailler au maximum et par conséquent de les appliquer à toutes les opérations dont elles sont capables.

Moyennant quoi leur productivité devient prodigieuse"[Ponthiere]

Papier, reliures, fiches

Caisses enregistreuses

4.2. Périphériques

Mémoire essentiellement sur papier, cire, film

capteurs,

Première expérience du radar (selon Duché)

Depuis 1935 au moins, nombreux types de machines à adresser,

machines à affranchir. Agrafeuses: petits modèles de bureau

Imprimantes. La facturière (Moon de Burroughs) doit dater à peu près de ce moment. Les tabulatrices (témoignage de

Carmille)., peut être le Télex sont déjà bien présents.

L'imprimante donc pas complètement émergée des autres fonctions (totalisations de la tabulatrice ou de la Logabax).

Pratiquement, à l'époque, toute la mémoire est sur papier, par écriture ou perforation

Film: arts graphiques, intermédiaire temporaire, comme le plomb. Cependant, les photographes gardent leurs films. Et les cinéastes.

Le microfilm a été oublié (après un usage important pendant la guerre de 1870)

quelques cames

et le disque pour le son

4.3. Logiciel

1940. Peirce différencie: indices, icones, symboles

4.4. Données

1940. Le manuel technique d'un avion de chasse comprend 1000

pages

4.5. Réseaux.

Mon père rappelé pour faire radio dans l'armée. Mon beau père aussi d'ailleurs.

Binaire. Morse, télégraphe. En septembre 40, télé-calcul à partir d'un téléscripteur au Dartmouth College (400 km)

Vocal

(Sous le titre "Appareils de transmission de la pensée")

"La plupart des déplacements autrefois nécessités dans les bureaux par les échanges d'avis et de renseignements sont aujourd'hui supprimés par le téléphone privé.

"Certains téléphones privés permettent les conférences entre plusieurs interlocuteurs. D'autres sont même munis de haut-parleurs.

"La correspondance de service à service peut être également assurée par des appareils téléscripteurs. Un texte "frappé" sur un poste d'émission est écrit par un poste de réception. Les messages peuvent être aussi transmis par tube pneumatique, qui sont des appareils transporteurs" (il cite aussi des systèmes à rail [Ponthiere]

Image fixe. Le bélinographe déjà bien implanté [Aisberg]

"Le problème de la transmission de l'image est aujourd'hui très vaste; il importait d'observer une classification précise et de bien définir les propriétés fondamentales auxquelles font appel les diverses solutions" (Edouard Belin, dans sa préface à [Aisberg].

La transmission des images fixes. Le bélinographe.

Image animée

1930. [Aisberg]

1935. Télévision aux Etats-Unis. Première émission de télévision à la Tour Eiffel

1939. Inauguration de la Télévision Française (60 lignes).

Servir notamment à distraire les soldats allemands dans les hôpitaux

LA TELEVISION

Le 31 mars dernier, une présentation de la télévision française d'Etat fut organisée dans la salle du théâtre des Ambassadeurs. Elle fut précédée de trois allocutions: la première du ministre des P.T.T., la seconde de M. Jean Perrin, de l'Académie des Sciences, la dernière de M. Marcel Prévost qui préside la section littéraire du Conseil supérieur de Radiodiffusion. Voici le texte de cette dernière allocution.

Monsieur le ministre des P.T.T. et mon célèbre confrère, le professeur Perrin, ont traité, tous deux, avec une précision et une clarté que j'admire, le problème de la Télévision française au point de vue technique comme au point de vue social. De ce côté, ils ne m'ont réellement laissé rien à dire qui puisse valoir ce qu'ils ont dit.

D'autre part, s'il est vrai que, dans un passé lointain, j'ai entretenu quelques relations polytechniciennes avec la mathématique et la physique, mon rôle, à la radiodiffusion, est aujourd'hui strictement littéraire, et vous ne serez certes pas étonnés qu'après les lumineuses considérations savantes et pratiques que vous venez d'entendre, je veuille insister surtout sur le domaine, -comment dire ?- émotif et psychologique que la télévision est appelée à conquérir à travers le onde. Non seulement en lui procurant un divertissement nouveau, d'une qualité exceptionnelle, analogue par exemple, à celui qu'a inauguré le cinéma mais en atteignant l'être humain au delà de ses réceptivités physiques et en exerçant comme une intervention soudaine, magique, au plus profond de sa sensibilité.

Toutes les trouvailles de cet ordre, notons le, avaient été réalisées antérieurement, dans un but purement utilitaire: faciliter les échanges et, pour cela, réduire le temps que la distance oppose à cette facilité. Pareille réduction, l'homme primitif l'a demandée d'abord à l'allure accélérée de sa marche, puis à la vitesse de sa monture, au vent qui gonfle les voiles.

Sa parole avait utilisé le porte-voix; il avait allumé sur les collines le feu des signaux. Mais, notez-le bien ! à partir d'une date, déjà lointaine, ces réalisations n'ont progressé que lentement. On peut dire sans paradoxe que Louis XIV n'avait à sa disposition, dans cet ordre d'idées, que le matériel et les moyens des rois mérovingiens: perfectionnés, embellis surtout, mais, au fond, les mêmes.

C'est le XIXe siècle, surtout dans ses vingt dernières années, qui amorça les prodigieux résultats du présent. Aviation, téléphone, navigation sous-marine, etc... Tout cela, la fin du XIXe siècle en légua au XXe non pas seulement l'idée, mais une réalisation partielle. Au siècle héritier, le nôtre, était réservé par le destin un achèvement presque intégral.

Notre siècle avait trouvé dans l'héritage du précédent la possibilité d'une communication jugée prodigieuse: le texte d'une pensée humaine pouvait se transmettre, dans un délai assez rapide, d'un point du globe à l'autre! Mais déjà c'était trop peu pour le génie moderne. La froideur et la concision télégraphiques ne suffisaient plus. Dans la littérature du passé, ombien de fois déjà l'être humain s'est plaint de ne recevoir la pensée des absents que figée, glacée sur une page ? L'aspiration du monde vers la parole à distance fut bientôt trop pressante pour ne pas activer le génie des inventeurs.

Un jour vint où non seulement la pensée, mais la voix humaine surmontèrent l'espace. Il faut reconnaître que cette réalisation fut extraordinairement rapide. Ce qui était de bon augure pour les problèmes encore non résolus. Ceux-ci, la science les attaqua tout aussitôt.

Le premier problème qu'elle attaqua, je vous prie, chers auditeurs, de considérer qu'il était tout à fait nouveau, profondément différent des autres, vraiment insolite. Les réalisations précédentes avaient, avant tout, je vous l'ai signalé, un objet utilitaire: transmettre à distance, par la voix même, des informations pratiques.

Cela accroissait le bien-être général, facilitait les échanges, diminuait le danger des catastrophes: en somme cela améliorait les conditions de vie dans la guerre comme dans la paix. Pratiquement, cela suffisait. Un négociant, traitant des affaires au téléphone, n'a pas un besoin absolu de voir la figure du correspondant. Pareillement, un général qui transmet un ordre aux avant-postes... Et puis... mon Dieu ! accessoirement, la vie sentimentale pouvait profiter de cette communication matérielle pour échanger... des propos de sentiments, voire d'amour. Entre gens qui s'aiment, c'est déjà quelque chose que de s'entendre, si on ne peut se voir. Mais un poète latin l'a dit dans deux vers célèbres: bien moindre est l'émotion transmise par les oreilles qui celle qui atteint les yeux. La télévision allait réaliser ce miracle. Désormais, ainsi que l'oreille entendait, malgré la distance, les yeux, à travers l'espace immense, verraient.

Tout à l'heure, on vous a expliqué clairement l'admirable mécanisme de cette réalisation. Moi, c'est du point de vue de ses conséquences intellectuelles et psychologiques que j'ai préféré vous entretenir. J'insiste d'abord sur ce fait capital: par la télévision, c'est la première fois que la science apporte aussi directement à l'humanité non seulement un divertissement merveilleux, mais un tel pouvoir d'enrichissement de l'esprit et une telle source de joie morale.

Je m'explique: Sur le bienfait intellectuel, inutile de discourir. Deux mots suffisent: cette suprême découverte nous annexe l'univers. le sens du mot voyage est changé: c'est le monde extérieur qui se déplace, vient à nous, s'arrête devant nous. Un écolier - quand la télévision scolaire sera définitivement accomplie - aura fait plusieurs fois le tour dumonde... à l'âge de dix ans.

Mais ce n'est pas seulement l'esprit humain que la télévision élargit et enrichit, comme par un effet magique. Elle apporte à l'humanité une capacité nouvelle de joies morales. Sans vaine sensiblerie, osons dire que, désormais, ce mot "séparation" n'aura plus le même sens qu'autrefois. La vue d'une mère séparée de son fils ne sera-t-elle pas transfigurée si, au cours de la séparation, non seulement elle peut entendre la parole de l'absent, mais elle le voit lui parler ?

Ne croyez pas, chers auditeurs, que j'exagère ou que j'anticipe sur un avenir hypothétique, et que je prenne des possibilités pour des réalisations. Dès à présent, dans deux grandes villes allemandes, distantes d'environ mille kilomètres, des cabines publiques de télévision sont installées, et les interlocuteurs se voient, comme ils s'entendent. On peut donc prévoir qu'en France, dans un avenir prochain, on aura chez soi l'appareil télévisuel voisinant avec le téléphone. Et, très vite, ce prodige couvrira le monde. Or, c'est vraiment autre chose, j'y insiste, de voir que d'écouter. Notre parole humaine se détache, pour ainsi dire, de nous quand nous la confions au téléphone; mais c'est nous-mêmes que la télévision rendra présents et vivants, à des milliers de kilomètres, pour les regards anxieux qui nous cherchent.

Voilà pourquoi, chers auditeurs, je vous convie aujourd'hui non seulement à admirer le côté pratique utilitaire instructif ou divertissant de la télévision, mais surtout ce qu'elle contient de possibilités et de satisfactions psychiques, ce qu'elle apporte de purement spirituel, de purement idéal pour accroître le bien-être humain.

Non seulement une commodité, une facilité, une distraction, mais une puissance de réconfortante émotion; osons dire le mot: une puissance de bonheur. L'absence est le plus grand des maux, roucoule l'un de ces deux voyageurs ailés qui (nous dit La Fontaine) s'aiment d'amour tendre. Eh bien ! nous célébrons aujourd'hui la suprême défaite de ce "plus grand des maux".

Rendons à ce propos hommage à la science. A travers les âges, elle a poursuivi sa tâche bienfaisante. D'abord, elle permit à l'absent d'exprimer instantanément sa pensée; puis ce fut sa parole... Bientôt, vous tournerez un bouton magique, et l'absent surgira devant vous. Regardez-le: il vous sourit, il vous parle, et les mots (qu'un autre miracle scientifique vous apporte), vous voyez sa bouche les articuler.

Mesdames, messieurs (laissant systématiquement à part le domaine scientifique), j'ai tenu à vous découvrir cet autre émouvant aspect de la télévision, sa force élargissante sur notre esprit, son action bienfaisante sur la sensibilité humaine, son rôle comme instrument d'apaisement moral et de joie.

Dernier acte de la science contemporaine, elle vient, aboutissement magnifique, de supprimer "l'absence".

Marcel Prévost, de l'Académie Française.

C'était le 31 mars... 1939. Texte paru dans La Revue de

France du 1er Mai de la même année.

DU CINEMA ET DE LA TSF

(Chapitre XXVI de [Simart])

Ces deux créations de l'esprit humain que notre génération voit s'épanouir et s'étendre avec quelque effarement, sont d'une importance inégale quand à l'évolution de l'art. La transmission par ondes, à distance, des paroles et des mélodies, on peut dire qu'elle ne modifie en rien l'essence de la poésie et de la musique, pas plus que ne le ferait un procédé nouveau de gravure ou d'impression. On a multiplié les auditeurs, mais leurs oreilles n'ont rien entendu d'inédit, du moins jusqu'ici.

Tandis que le cinématographe, par les trucs de sa technique, par la réalité du paysage substitué au trompe-l'oeil du décor peint, par l'ampleur donnée à l'action et la possibilité de faire leur place aux rêves les plus fous, aux abstractions les plus symboliques, le cinéma a permis l'édification, à côté de l'ancien théâtre, d'un art absolument nouveau, avec ses moyens et son but propres.

Mais du point de vue social, les deux inventions quasi simultanées concourent à un résultat commun. Elles partent d'un même principe, qui est de centraliser la production pour la répartir ensuite, principe moderne qui permet d'obtenir mieux meilleur marché. Une multitude de petits théâtres ne pouvant donner que de piètres représentations remplacées par un seul studio gigantesque, armé formidablement, affectant une fortune à la radiation du rêve d'un poète, et qui répand ensuite son impeccable production jusqu'aux moindres bourgades: voilà l'essence du cinéma, socialement parlant. Le morceau de piano tapoté naguère, à la même heure, dans cinq cent mille salons de France, par la demoiselle de la maison, remplacé par l'exécution d'une symphonie de Beethoven, avec deux cent cinquante musiciens, en un auditorium central et livré à tout l'univers, voilà la T.S.F.

Sous cet angle de taylorisation, de communisme, ces nouveautés valent d'être considérées ici, car, de simples amusettes qu'elles furent, les voici devenues véritables centrales d'énergie, accumulateurs de jouissance et, comme telles, en passe de modifier la structure des sociétés modernes.

Ainsi, on a parlé du dépeuplement des campagnes, de l'urgence d'un retour des hommes à la terre: question fort grave, préoccupation instante, en effet. Les travaux des champs, qui sont les plus directement conditionnés par les phénomènes naturels, demeurent toujours les plus pénibles, quelques progrès qui puissent y être apportés mécaniquement. Quand il pleuvra et qu'il faudra rentrer les foins, à toutes les époques du monde il faudra se mouiller, tandis que le camarade de l'usine aura les pattes au sec. Ces dernières années, la différence de traitement, de capacité de vie, de confort, était encore aggravée par la centralisation urbaine de toutes les distractions, notamment les théâtres, les concerts, les bals. Si l'on y joint la différence considérables qui existait dans le logement et dans l'alimentation, on n'a point à chercher ailleurs la raison de la ruée des gars campagnards vers les usines de la ville, dès le sortir du régiment. Car la question salaire est au second plan; on dépense à la ville en proportion de ce qu'on y gagne et, au bout de l'an, ce n'est pas aux mains du citadin bien payé qu'il reste le plus d'argent. Mais au moins, songe-t-il, il a vécu, vécu une vie amusante, tandis que le rural s'est décroché la mâchoire à bailler, les jambes lasses et l'esprit inactif, sitôt le soleil tombé à l'horizon.

Le cinéma et la T.S.F. y peuvent-ils quelque chose?

Vraiment, ils viennent au bon moment. Le dépeuplement des campagnes, nous y remédions encore grâce aux races prolifiques, italienne ou polonaise, qui essaiment par le monde, mais dans quelques décades, ou dans quelques siècles, ce pouvait être la catastrophe. Voit-on l'homme mourant de faim faute de sucre, de ris ou de blé, au milieu ses admirables mécaniques?

Le cinéma et la T.S.F., bien qu'encore dans l'enfance, apportent au village une possibilité de vie nouvelle. Dès aujourd'hui, un grand film qui a coûté un demi-milliards, où s'entassent pour la joie des yeux les reconstitutions magiques, les figurations hallucinantes, les plus jolies filles, les plus beaux athlètes, est à la portée de la petite vachère aussi bien que du raffiné de la capitale.

Mieux même: sans bouger de la ferme, le soir venu, les gens du labour s'assemblent sous la grange, et le haut-parleur récite pour eux les Perses, d'Eschyle, accompagnés des bruits de la foule athénienne. Si quelque finesse trop hellénique leur échappe, la grandeur du tragique les pénètre et leur âme s'en émeut profondément. Les nouvelles, glanées d'un champ de l'Univers à l'autre, ils les apprennent en même temps que quiconque. Les plus voluptueux airs hawaïens, le dernier tango de New-York sont pour eux. Enfin, s'ils le veulent, la plus divine harmonie leur est prodiguée, et le lendemain matin, menant les bêtes, le garçon de ferme siffle machinalement du Schubert ou le Printemps de Mendelssohn...

Le cinéma, la T.S.F. ! Plus on pense à ces deux créations humains, moins on se sent le droit d'en parler avec assurance. Il faut être charlatan pour disserter de l'avenir d'un enfant au maillot. que nous donneront ces inventions effarantes? Effarantes pour nous seuls, d'ailleurs, qui nous souvenons d'un temps où elles n'étaient point, car pour nos fils elles font partie intégrante de leur vie quotidienne et normale. Ils ne s'en émerveillent pas plus que nous, enfants, des chemins de fer et de la lumière du gaz, qui pourtant...

J'entends dire que, de tous ces progrès, il pourra sortir beaucoup de mal, qu'ils seront de faciles instruments aux propagandes les plus néfastes. On augura autant de l'imprimerie, à ses débuts. Or, la liberté même de la publication de la pensée a fait qu'un livre annule l'autre et que le public a eu tôt fait de développer son sens critique. Ainsi en sera-t-il, espérons le, de la propagande par le film et par la radiodiffusion. Déjà, le peuple, qui a appris à se méfier, n'avale pas béatement tout ce qu'on lui présente. Quand un récit est manifestement tendancieux, trop bien arrange en faveur d'une cause quelconque, il a un clignement d'oeil: c'est du ciné! dit-il en créant un mot, selon son habitude.

L'enseignement ne sera-t-il pas lui-même entraîné, par ces deux merveilles jumelles, vers des solutions pédagogiques plus efficaces que les nôtres? Tant vaut le pédagogue, tant vaut la pédagogie, peut-on dire. C'est l'homme, en définitive, au-dessus de tous les programmes, qui fait les élèves bien ou mal

instruits, bien ou mal orientés. Peut-être paraîtra-t-il judicieux à nos descendants de diffuser sur tous les étudiants d'une région le cours magistral d'un grand professeur? Et chacun a déjà pensé à la rapide ouverture d'esprit que créeront chez les bambins les projections cinématographiques, quand, ayant acquis une importance officielle, elles ne seront plus seulement un maigre complément au cours, négligé comme une amusette ou accordé comme une récompense.

Le cinéma et la T.S.F. ! Nul n'eût osé en concevoir la croissance à ce point accélérée. L'industrie du film, non pas dans cent ans mais demain, est la première du globe, par ses milliards investis et ses billions et ses trillions d'argent roulant.

Songez-y, et qu'il y a trente ans rien n'existait de cette féerie grandiose, et que c'est un fait nouveau dans l'histoire de l'humanité qu'un divertissement prenne le pas sur les besoins les plus pressants de notre corps.

D'ailleurs, il est visible, pour ne parler que de l'art cinématographique, que nous commençons à peine à deviner ce qu'on en peut tirer. Des premiers films muets, la plupart furent ineptes, en ce qu'ils copiaient platement le théâtre: l'horizon des metteurs en scène, sauf quelques précurseurs comme Méliès, n'allait pas au delà de Rigadin pirouettant dans un décor de salon. Il en est encore ainsi, lors de chaque nouveau perfectionnement, dont ne comprend pas tout de suite les possibilités qu'il renferme. Eteint-ils assez pauvres et naïfs et ridicules, les premiers films sonores et parlants ! Et pourtant, cette merveilleuse mise au point permet de mêler à l'image des sons harmonisés, bruits de nature, bruits de foule, grand cri traversant la scène tragique comme une ligne de force acoustique!

Et la couleur? Au lieu d'ajouter simplement du verts aux arbres, ce que notre cerveau faisait sans elle, ne nous incitera-t-elle pas à composer, hors du développement strict de l'intrigue, de véritables tableaux animés, aux teintes orchestrées et vibrant comme une symphonie? Les dessins animés et sonores ne sont-ils pas une innovation effarante par quoi l'homme, pour la première fois, s'apparente au Démiurge, créant une vie plausible à cours d'irréel? Et ce que le génie scientifique de nos frères et de nos fils découvrira tantôt! En vérité, à quoi ne pouvons-nous rêver?

En tous cas, tels que sont déjà et le cinéma et la T.S.F., la vie quotidienne des sociétés peut être bouleversée par cette facilité dans la jouissance. C'est peut-être la mort des théâtres, et même de tous les autres établissements de spectacles, le jour où le cinéma sans fil joint à la radiotéléphonie nous permettra at home la vision et l'audition d'un spectacle complet.

On peut imaginer les conséquences les plus sérieuses comme les plus plaisantes. La T.S.F., ne sera-ce pas la mort des amateurs? la disparition des pianos supportant la partition jaunie de Poète et Paysan? Sans doute, mais il en résultera un relèvement des études musicales, car il faudra des virtuoses hors de pair aux auditoriums internationaux. Et les musiciens en acquerront peut-être un prestige grandi, une importance sociale nouvelle, une consécration bourgeoise...

De ce que nous apporter demain, nous ne savons rien. A chaque pas qu'il fait vers l'avenir, l'homme découvre un paysage insoupçonné. Ses plus sûres prévisions, la réalité les contrarie.

Je disais que le cinéma tuera le théâtre: rien n'est moins assuré. La T.S.F. a-t-elle tué le gramophone? Tout au contraire, elle a étendu le nombre des mélomanes, elle a donné le goût, le besoin, la passion de la musique à des gens qui vivaient sans s'en soucier et à qui désormais il en faut de toutes les sortes.

C'est un fait commercial reconnu que la vente des disques est croissante, et proportionnelle à la diffusion de la T.S.F. N'en soyons pas étonnés. Quant la navigation à vapeur est née, les marins se révoltèrent, craignant la mort de leur métier; or jamais il n'y eut tant de maris que de nos jours. Et l'imprimerie, qui dut navrer les copistes? Elle a créé un appétit de lecture tel que des millions d'individus sont, sur la surface du globe, occupés à composer des livres et de journaux qui n'eussent point vu le jour sans Gutenberg.

Ainsi le cinéma a peut-être simplement décuplé le désir de se distraire. Quelque populaire que fût le théâtre, c'était toujours une événement que d'y aller. Il se fallait habiller, et il était prudent de louer ses places. Sauf dans un certain monde d'habitués, on de décidait point impromptu de s'y rendre. Tandis que le cinéma est bon enfant. On contente tout de suite l'envie qui vous prend. C'est devenu une habitude de la vie la plus modeste avec laquelle le budget familial doit compter.

Il est certain que ces sorties fréquentes, dont la fatigue persiste jusqu'au lendemain soir, ne sont point propices aux jeux conjugaux. On est las, lorsqu'on se couche à minuit passé, las et rassasié. On n'a plus besoin de se distraire à la façon des simples dont c'était la seule joie. Il n'est pas douteux que Chariot et Marri Pickford ont empêché bien des enfants de naître.

Mais la roue tourne. La musique et les images par les ondes, chez soi, reconstitueront peut-être la famille, que le café-concert et le cinéma avaient contribué à débiliser. Quand, bientôt sans doute, on pourra tout voir et tout entendre de son fauteur, ou de son lit, on sortira moins de chez soi. Bien que, en vérité, il manquera toujours aux vrais amateurs le plaisir du déplacement et le ragoût de l'émotion collective. [Simart]

4.6. Méthodologies

A la base, Taylor revu par Fayol.

"A la base de cette science de l'organisation harmonique, nous avons placé l'oeuvre d'Henri Fayol, la Doctrine administrative" qui a exercé en Europe une large et bienfaisante influence. On peut regretter qu'elle se soit présentée sous forme de "doctrine. une sorte de dogme...

"Ce qu'il y a de passionnant dans les écrits de Taylor, c'est le récit vivant de ses travaux, l'exposé loyal de la façon dont il les a conduits, l'ardent souci de progrès humain qui s'en dégage, mais pour comprendre la philosophie et l'idée directrice de son oeuvre, il faut lire le lumineux commentaire qu'en a fait M. Henry Le Chatelier". [Ponthiere]

L'organigramme, décrit par Ponthière, tant comme description de l'organisation (avec la direction générale au sommet, comme il se doit), mais aussi comme description d'un processus (circulation de documents)

Objectifs de Ponthière: "Le bureau doit exécuter son travail: a) avec une dépense minimum; b)le plus rapidement possible".

Ponthière a une synthèse puissante au tour de son bureau moteur.

Ecole d'application du Centre de préparation aux affaires.

Les graphiques, moyen de direction des entreprises [Satet)

Une méthode pour analyser rapidement une entreprise [Satet]

Jean Coutrot: Le système nerveux des entreprises. Delmas

Maurice Ponthière: "Le bureau moteur", Fonction et organisation des bureaux. Delmas

Inspiré de la mécanique (mécanographie)

"Le bureau moteur est dans l'entreprise une pièce de choix, une mécanique puissante et précise qu'il faut soigner, choyer, astiquer et tenir toujours en pleine forme" [Ponthière]

"Fabrique d'idées motrices" [Ponthière]

.

L'esprit de système contesté

"Tout ce qui tend à la systématisation de la volonté directrice leur paraît un abaissement" [Ponthière]

"Quand nous aurons poussé au maximum notre savoir expérimental, notre intelligence mécanique, les systématisations de la pensée, nous nous heurtons à des zones de ténèbres à travers lesquelles nous ne pouvons plus nous diriger qu'en faisant appel à nos intuitions". [Ponthière]

Mais aussi besoin de synthèse:

"Une théorie générale du bureau et de son activité est indispensable pour l'orientation quotidienne de celle-ci. Les praticiens ne sauraient trop regretter que la philosophie ait tellement négligé jusqu'à présent de diriger ses investigations vers les organismes travaillants et professé même un certain dédain pour leurs activités primordiales". [Ponthière]

Comparaison avec le système nerveux [Ponthiere]. Courants centripète et centrifuge.

Théorie générale de Ponthière:

"Les bureaux évoluent selon une tendance à prendre conscience de tous les mouvements de l'entreprise antérieurement abandonnés aux réflexes spontanés des exécutants. "La première opération du bureau est l'enregistrement des idées simples, la fixation par l'écriture de l'image d'une chose un d'un fait. L'évolution des bureaux tend à l'enregistrement de notions de plus en plus nombreuses et de plus en plus précises.

"Le bureau est un organe d'intelligence mécanique qui élabore mécaniquement des idées complexes par voie d'analyse, de synthèse, de comparaison et de toutes autres associations d'idées simples.

"Le bureau dégage les lois des activités de l'entreprise.

"Les bureaux évoluent dans le sens d'un accroissement des prévisions et des contrôles

"La volonté administrative est l'idée claire dégagée par les documents du bureau

"Les bureaux évoluent et font progresser l'entreprise en substituant des volontés conscientes aux réflexes inconscients

"Par leurs notations infiniment nombreuses qui élaborent l'idée complète et vraie, les bureaux évolués éliminent les actes inutiles et périlleux et déclenchent les actes dont le résultat est certain.

"Le dynamisme de l'idée administrative est mis en branle par la visualisation et la vision directe (par exemple, montré par feuille de contrôle à l'ouvrier)

"L'idée administrative n'est motrice que dans la mesure où toutes les parties de l'entreprise sont saines et rationnellement organisées.

Plus loin, il reprend sa théorie sous une forme plus concrète:

"Quelle que soit la fonction particulière d'un bureau, la vente, l'achat, la comptabilité, etc. tous les bureaux ont pour fonction générale d'animer et de régler une activité, et ils procèdent selon le cycle...

A. La perception des faits. Idée représentative simple et son enregistrement. Création du document.

B. Magasinage des documents, leur stockage dans la mémoire de l'entreprise selon les principes de la science du classement.

C. La combinaison des documents ou formation de l'idée administrative complexe.

D. La promulgation de l'idée motrice: visualisation et vision directe.

Abis. Contrôle ou nouvelle perception des phénomènes modifiés par l'idée motrice et recommencement du cycle sur les données anciennes si elles sont confirmées par le contrôle ou sur des données nouvelles fournies par le contrôle. "

Il précise:

"La décomposition de ce mouvement cyclique en opérations élémentaires n'est pas toujours apparente, notamment lorsque le fait initial déclenche à lui seul l'exécution conforme à ses données. (notamment dans un petite entreprise)... Dans un grand nombre de cas, au contraire, les différents temps du travail de bureau sont distincts et peuvent être étudiés séparément, comme nous allons le faire ici.

Ponthière insiste sur la symbolisation:

"Le langage des documents administratifs est donc un langage abrégé dont on élimine tous les termes qui ne sont pas rigoureusement indispensables. sigles, symbole composé de chiffres, ou de lettre et chiffres, et parfois un dessins

Il montre l'importance de "la colonne et la réglure" pour la qualité du travail administratif, et qui pour une part conduire au tableur.

La fiche.

Différents types de classement (alphabétique, numérique, alphanumérique, géographique, idéologique (...), décimal (hiérarchisé), chronologique.

Puis la formation des idées complexes

- combinaison des documents

- comptabilité et statistiques

- signalisation "le classement des fiches est en soi une première statistique générale",

- la machine à statistique (Ponthière n'en voit pas du tout les applications que nous appelons aujourd'hui "de production", et qui sont au contraire un aspect majeur du travail de Carmille)

- le graphique (un long chapitre, assez actuel, y compris avec une ébauche de diagramme de Gantt, mais pas histogrammes ni camemberts).

Puis la promulgation, où Ponthière place le secrétariat.

Enfin, le contrôle.

Ponthière propose une méthode pour la conduite des études d'organisation.

Comment on améliore un standard

- observation du standard actuel

- analyse du problème

- documentation

- expérimentation

- mise en pratique du nouveau standard

- maintien du standard.

... on n'est pas si loin des schémas classiques du développement informatique

Puis, aménagement du bureau

- emplacement et distribution

- circulation et communication

- propreté, ordre, hygiène

- bruit

- air, chauffage, ventilation

- lumière (avec études de productivité en fonction de l'éclairage)

- conclusion: l'analyse et le plan d'aménagement

Considérations générales sur l'équipement de bureau (pour le détail, voir le chapitre "technologies de l'information". Cet équipement évolue "On peut résumer cette évolution en rappelant les principes qui l'ont dirigée.

Le principe de l'économie de mouvements apparaît surtout dans les appareils de transmission e la pensée orale et écrite: téléphone, téléscripteurs, transporteurs de papier.

Une grande économie de temps et de travail a été réalisée par les instruments qui ont totalement supprimé la copie manuelle: les machines utilisant les rubans et papier carbone, les duplicateurs.

Le principe de normalisation a joué un grand rôle, avec ses corollaires: mobilité, interchangeabilité, extensibilité.

Des réflexions réalistes sur le rendement. Par exemple: "Une machine dont les rouages sont très agiles peut comporter de la part de l'opérateur des opérations accessoires qui lui font perdre le bénéfice de la perfection mécanique". Cependant "Le rendement d'une machine de bureau est parfaitement mesurable".

Notes sur la "liquidation des documents". [Ponthiere]

"La multiplication du travail administratif et le foisonnement des documents porte avec soi un danger de désordre, d'encombrement, d'engorgement, de lenteur. Le péril n'est pas imaginaire; il n'est pas négligeable.

"Un document peut se trouver en trois endroits: sur la table de travailla, au classement, aux archives. Enfin, il peut surement et simplement être détruit.

Parmi les règles indiques, notons "En fin de journée, il ne restera aucun papier sur la table, et à plus forte raison sur les chaises et rayons avoisinants".

1935. Le Larousse Commercial [Clementel] a un article "analyse du travail"

1936-38-42. Carmille

(normalisation: déjà format commercial 21x27, et normes Din)

En 1935 existe:

Cnof

Chambre syndicale de l'organisation commerciale

Chambre syndicale de la mécanographie

et deux expositions annuelles:

- Salon de l'organisation commerciale (en automne, par chambre syndicale du même)

- Hall du bureau moderne, à la Foire de Paris

4.7. Applications

"Ce qui caractérise l'industriel moderne, c'est de vouloir et de savoir mesurer ce qu'il reçoit, ce qu'il utiliser, ce qu'il laisse perdre, de manière à établir son bilan final dans un esprit rigoureusement économique" [De Launay]

Recensement

1936. Feuilles de paie mécanographiques chez LMT

Carmille: stocks, paie, facturation pour le applications de production, Ponthière insiste plutôt sur les machines a adresser:

"Parmi ces applications citons: la sélection (échéances, abonnements), l'établissement des listes (salaires, comptabilités stocks), l'impression des lettres personnelles avec l'adresse du destinataire et la signature (publicité directe), l'impression d'une texte d'imprimerie en même temps que le texte individuel (quittances, gandes),e etc.

Parmi les monographies publiées par Delmas, qui en fait la publicité dans [Ponthiere]

- Magazin général des matières de St-Pierre des Corps, de la Cie du P.O.

- L'organisation scientifique aux usines de boites métalliques des établissements J.-J. Carnaud et forges de Basse-Indre

- L'organisation scientifique à la société des hauts-fourneaux, forges et aciéries de Pompey

- L'organisation scientifique à la Compagnie générale électrique à Nancy

- L'organisation scientifique à la Compagnie des mines de Vicoigne, Noeux et Drocourt

- L'organisation scientifique à la société des Chantiers et ateliers de St-Nazaire-Penhoët

- L'organisation scientifique dans les Grands ateliers de locomotives de la Compagnie du chemin de fer de Pris à Orléans

- L'organisations scientifique à la société anonyme des hauts-fourneaux, forges et aciéries de Denain et d'Anzin et à la société anonyme des établissements Neu

- L'organisation scientifique à la société française des constructions mécaniques Anciens établissements Cail, à Denain

- Réorganisation du garage des Galeries Lafayette (par Paul Planus)

- L'organisation scientifique à la société anonyme des Forges de Strasbourg

- L'organisation scientifique aux Grands moulins de Strasbourg

- L'organisation scientifique à la Société de transbordement au port de Strasbourg (S.T.A.P.S.).

4.8. L'EIS vu par Ponthière

C'est le chapitre de conclusion de son oeuvre. Passionnant.

LE BUREAU SUPREME DE L'ADMINISTRATION GENERALE

Le principe de l'exception

Par ses enregistrements, ses triturations, ses visualisations, le travail administratif projette ses idées motrices à tous les échelons de l'entreprise. Il anime l'atelier, les transports, les fournisseurs, la clientèle, la caisse, par la vertu directe de ses documents provoquant partout des réflexes. Mais, en même temps, ses perceptions et ses idées montent d'échelons et échelons, filtrées, épurées, simplifiées, jusqu'au bureau suprême de l'administrateur ou directeur général.

La fonction d'administration générale, nous l'avons ainsi définie: tracer la politique de l'entreprise, établir les directives générales, examiner les documents de toutes sortes pour arrêter son attention sur toute affaire exceptionnelle et d'importance capitale.

Tel est du moins l'effet d'une correcte organisation administrative: après qu'il a établi les directives, le bureau suprême n'est plus saisi que des faits exceptionnels qui troublent l'exécution de ces directives, soit par un désordre accidentel de l'organisation interne de l'entreprise, soit par une réaction imprévue de l'ambiance.

Tel est le "principe de l'exception", loi d'une saine direction. Une direction malsaine est hypocondriaque. L'hypocondre est anxieux. Il écoute et compte les battements de son coeur, il palpe son estomac, considère d'un air navré la couleur de sa langue; il est inquiet de rester sans nouvelles de ses reins, de son foie, de sa rate; ses poumons n'ont ils pas quelques lésions? Il lui faut tout savoir de ce qui se passe en lui-même et ne rien ressentir de fâcheux qui lui semble le présage d'une maladie qui couve.

La nature prévoyante nous a pourtant dispensés de ces alarmes. Elle a réglé une fois pour toutes le fonctionnement de nos organes et nous a enlevé l'effroyable souci que nous donnerait chacun d'eux si nous devions prendre sans relâche conscience de leurs mouvements innombrables. Il nous suffit d'être informés par la douleur ressentie en un point quelconque qu'il y a là quelque désordre auquel il faut parer.

Beaucoup de chefs d'entreprise et de chefs de service souffrent d'hypocondrie. "C'est un spectacle commun quoique un triste spectacle, dit F. Taylor, que de voir le directeur d'une importante affaire embourbé dans son bureau au milieu d'un océan de lettres et de rapports sur chacun desquels il pense que son devoir l'oblige à poser sa signature ou son cachet. Il a la sensation que, grâce à ce flot de détails qui coule sur sa table, il se tient en contact étroit avec son entreprise entière.

"Le principe de l'exception est exactement le contraire de cela. S'il s'en inspire, le directeur recevra seulement des rapports sommaires faisant toujours apparaître les données comparatives, mais relatifs néanmoins à toutes les activités. Il est même désirable que ces rapports sommaires soient d'abord examinés avec soin par un secrétaires qui souligne les exceptions aux résultats normaux et aux règles établies, aussi bien les exceptions heureuses que les défaillances accidentelles. Ainsi le chef prend en quelques minutes une complète connaissance des progrès réalisés ou des accidents constatés et garde son temps libre pour considérer les grandes lignes de son administration et pour étudier le caractère et les aptitudes de ses collaborateurs principaux."

Le principe de l'exception est le principe supérieur du contrôle. S'il n'est pas toujours observé, cela tient quelquefois à l'hypocondrie du chef, à la méfiance maladive qui assombrit sa pensée, mais bien plus souvent encore à l'absence d'organisation, de règles définies et de prévisions étudiées.

Faute de règles et de prévisions, il est impossible de savoir si un résultat est normal ou s'il est exceptionnel. La règle et la prévision demeurant confuses dans le cerveau du chef, lui seul est en mesure d'apprécier le résultat; il est positivement contraint d'examiner personnellement chaque détail pour le comparer à la norme flottante qui n'est qu'en son cerveau. Il gaspille ainsi le temps le plus précieux de toute l'entreprise, son propre temps de chef. Il n'est plus qu'un employé payé trop cher.

Au contraire, si la règle et la prévision sont fixées en forme de document de bureau, la comparaison devient à la fois possible et facile pour tout le monde, et les employés du contrôle sont en mesure de remplir leur tâche.

S'il s'agit, par exemple, de contrôler les crédits, il est nécessaires de fixer à la fois le montant du crédit qui peut être accordé à chaque client sous peine de dépasser sa solvabilité et le pontant total des crédits qui peuvent être accordés à l'ensemble de la clientèle en un même moment sous peine de mettre en péril la liquidité du capital et les facultés de la trésorerie. Ces prévisions faites, il suffit au chef d'être informé des crédits individuels qui viendraient à dépasser accidentellement le chiffre fixé et il n'a besoin d'être informé du montant total des crédits que s'il leur arrive de s'approcher dangereusement du maximum prévu.

De même si l'on a pris soin de déterminer le rendement normal des ouvriers, des machines et des ateliers, le contrôle personnel du chef ne sera mis en jeu que lorsque les documents font apparaître soit un excédent de rendement qui permettra de rectifier les prévisions futures, soit une insuffisance qui révèle un trouble dans le fonctionnement.

Si une livraison promise pour une certaine date doit être réellement faite au jour dit, tout va bien, et le chef n'a que faire d'encombrer son esprit de pareils renseignements. au contraire, si un retard dans les approvisionnements ou dans les ateliers met en péril les fabrications et les assemblages prévus au tableau d'avancement du travail, le chef doit en être aussitôt averti pour mettre en branle les initiatives techniques ou commerciales.

Le principe de l'exception veut donc que le contrôle soit parlant, car il a pour but de dégager une idée motrice, de corriger les activités déficitaires. Cette idée ne doit pas être sous-entendue, mais formellement exprimée.

La comparaison du rôle des prévisions et du rôle des résultats aboutit toujours à un plus, à un moins ou à une égalité; or les égalités n'ont pas besoin d'être visibles. Il est même dangereux qu'elles soient apparents, parce les accablent l'esprit de leur multitude inutile, dispersent attention et détournent la volonté des actions nécessaires.

Un contrôle, pour être efficace, doit mettre en lumière les plus et le moins et même ceux-là seulement qui s'écartent suffisamment de la norme pour justifier une réaction.

Les systèmes et les mécaniques de bureau s'efforcent de faire parler les contrôles. C'est ainsi que les appareils de pointage à la porte des usines marquent en encre d'une couleur spéciale les entrées qui ont lieu après l'heure, les seules qui nécessitent une réaction. La plupart des systèmes de fiches comportent des cavaliers et des voyants don la forme, la couleur, l'emplacement, sont autant de signaux d'alarme. Les appareils à graphiques signalent également les périls par l'emplacement de noeuds ou cordelettes au-dessous et au dessus d'une ligne qui marque la normale. La traduction des travaux de chiffres en graphique a aussi pour but d faire crier les contrôles au point névralgique.

Le contrôle parlant et matérialisé dans le bureau du chef c'est la planche de bord.

La planche de bord

Confortablement assis à l'intérieur d'une automobile, il vous est bien difficile, à partir d'une certaine vitesse, de vous rendre compte de l'allure à laquelle vous marchez. Faites-vous 40 kilomètres à l'heure, 60, 80, davantage, vous ne sauriez le dire. Avec un peu d'exercice, vous arriveriez peut-être à des appréciations approximatives, mais vous tromperiez encore bien souvent. Et si les conducteurs d'autos devaient se fier à leur intuition, les accidents de la route, qui, pourtant, ne chôment pas, seraient bien plus nombreux.

Mais il y a la planche de bord. Le conducteur a sous les yeux toute une série de cadrans sur lesquels l lit comme dans un libre les indications essentielles qui lui donnent une exacte conscience, non seulement de sa vitesse et de ses relations avec le monde extérieur, mais encore du fonctionnement interne de sa machine. Ce sont, d'en part, le compteur kilométrique, l'indicateur de vitesse, la montre, la carte, qui lui disent le passé, le présent et l'avenir de son voyage. D'autre part, c'est le compteur de tours-minute qui marque le régime du moteur, l'indicateur de pression d'huile, le niveau d'essence qui le renseignent sur ses approvisionnements, les lampes témoins du fonctionnement électrique. Grâce à la planche de bord, il manoeuvre avec sang-froid les leviers de commande et franchit l'espace à des vitesses qu'il y a trente ans on jugeait irréalisables. L'organisation e la conscience du conducteur est poussée très loin sur les automobiles, le savions et, en général, sur toutes les mécaniques qui mettent en danger la vie de celui qui dirige et de ceux qu'elles emportent. C'est l'application des principes de visualisation et de vision directe.

Le progrès des entreprises industrielles, commerciales et administratives n'a guère marché moins vite que celui des instruments de locomotion. les erreurs de direction y sont moins sanglantes. Même en cas de faute lourde, il n'y a pas mort d'homme, mais seulement chômage et ruine; c'est l'entreprise qui souffre et qui meurt. C'est pourquoi sans doute on attache moins d'importante à l'organisation de ses fonctions de conscience.

On ne les néglige certes pas. Le développement considérable du travail de bureau depuis une quarantaine d'années correspond pour la plus large part au besoin éprouvé par l'entreprise de se connaître elle-même et de connaître son milieu. Perfectionnement comptable, multiplication des statistiques, services de documentation, inventaires permanents, analyses du travail, analyses du marché, tout cela n'a pour but que de placer des renseignements certains, rapides et complets sous les yeux de ceux qui tiennent en mains les leviers de commande.

Mais comme il arrive souvent, c'est l'évolution naturelle des choses qui nous domine; nous lui obéissons sans en comprendre clairement les tendances, car les choses ne parlent pas et nous laissent à deviner leurs desseins.

Ainsi, la plupart des gens sont séduits par des perfectionnements partiels dont ils apprécient confusément les avantages; mais le but central, l'idée maîtresse qui anime cette évolution, ils ne l'aperçoivent pas.

Tous les systèmes administratifs, tous ces procédés du travail de bureau qui nous révèlent les phénomènes du monde extérieur et les mouvements internes de l'organisme travaillant, nous les résumons en des feuilles, en des tableaux, que nous rangeons soigneusement en des cahiers, en des tiroirs, en des armoires.

Bien rares sont les entreprises qui mènent tous ces travaux jusqu'à leur objectif final, à la planche de bord sous les yeux du grand chef.

Feuilles récapitulatives, tableaux, graphiques, sont épars et dissimulés. Ils sont tenus à jour à intervalles plus ou moins espacés.

La planche de bord, elle, est synoptique; elle rassemble tous les éléments de conscience dans le champ visuel. elle est toujours étalée sous le regard ce celui qui doit la consulter. Enfin, elle est animée, vivante; la mise au point est instantanée; les événements et leurs variations s'y inscrivent au moment où ils s'accomplissent. L'idée de dessine. elle se réalise même dans les services secondaires. Elle est à l'origine du dispatching: dans les chemins de fier, au centre des zones principales, un dispatcher a devant lui un tableau où s'inscrivent les mouvements réels des trains; il peut ainsi à tout instant donner les ordres nécessaire pour remédier aux irrégularités accidentelles du trafic.

Dans les bureaux d'avancement du travail, c'est à dire souvent au bureau du chef d'atelier, des tableaux d'avancement sont largement étalés et mis au point au moment où chaque ouvrier, chaque machine, change de travail.

Les modifications sont transmises au bureau par message oral, écrit ou téléphonique, et portes aussitôt u tableau. Ce n'est pas encore l'enregistrement automatique d la planche de bord.

Cet enregistrement automatique n'est plus à inventer. Pour contrôler la marche des machines, des connexions électriques allument des lampes dans le bureau quand la machine marche, les éteignent quand elle s'arrête, tracent un graphique de marche sur un tambour tournant.

Parfois les signaux lumineux sont actionnés par l'ouvrier. Celui-ci, ayant auprès de lui un clavier, envoie au bureau à la fin de chaque travail le numéro de la pièce terminée, et ce numéro s'inscrit au bureau en chiffres lumineux.

Ces méthodes sont ingénieuses. C'est la planche de bord qui se développe et qui s'organise. Elle va son chemin dans les bureaux techniques, s'y installe, améliore ses procédés, mais elle n'en est pas encore sortie pour entrer dan le bureau commercial et le bureau administratif. Elle y a fait une timide apparition sous forme de graphiques à ficelles, de tableaux à pièces mobiles que l'on règle à la main et plus ou moins régulièrement.

Quant à la planche de bord du grand chef, au tableau mouvant largement étalé devant lui, sur lequel viennent s'inscrire à chaque instant les chiffres index de l'activité de l'usine, du bureau de vente et du bureau d'achat, de la caisse et de la trésorerie, où les insuffisances, les retards, les accidents apparaissent aussitôt qu'ils se produisent, elle n'a pas encore été que nous sachions, clairement conçue ni méthodiquement organisée. De-ci de-là, on en voit la frêle ébauche. Le système de connexions électriques qui, partant de chaque bureau, aboutira au bureau du chef pour y faire apparaître instantanément sur un mur les indices de toutes les activités de l'entreprise et signaler par un feu toute activité défaillante t toute déviation, il ne faudrait pour le construire que bien peu d'ingéniosité mécanique.

Ce sera le couronnement logique de l'évolution la plus caractéristique du bureau moderne. Le chef de demain gouvernera son entreprise comme le pilote conduit son navire et son avion, les yeux fixés sur la planche de bord.

.....

Vous vous souvenez de la caverne de Platon. Des hommes sont enchaînés dans une caverne. Ils n'en peuvent voir que le fond, sur lequel se meuvent des ombres. Pour deux, ces ombres sont toute la réalité.

mais, parmi eux, était un philosophe, c'est-à-dire un curieux. Il s'agitait tant et si bien qu'il brisa ses chaînes et vit derrière lui des personnages réels qui se mouvaient; le soleil es éclairait et projetait leurs ombres sur le fond de la caverne.

Et Platon expliquait ainsi son apologue: le soleil, c'est le bien suprême. les personnages sont les ides abstraites, seules réalités dont les choses ne sont que l'ombre. Un cercle de tonneau n'est que l'ombre déformée d l'idée abstraie de cercle géométrique Nous vivons dans un mode d'apparences matérielles que nous voyons très mal; c'est l'Idée, seule vivante, qui crée et qui recrée le monde. La plupart des philosophes pensent aujourd'hui d'autre manière. Pour eux, les choses ne sont pas le reflet de l'idée, mais l'idée est le reflet des choses. C'est parce que nous avons vu des cercles de tonneaux, des troncs d'arbres, des ondes concentriques dans une rivière, que s'est formée dan notre cerveau l'idée abstraite du cercle géométrique. Mais c'est à partir du moment où l'idée abstraite s'est sublimée dans note esprit pour déposer en nous une image simplifiée, un concept des choses, que nous commençons à les dominer et à les gouverner. D'où nous vient cette faculté d'extraire l'idée pure, l norme des choses et des phénomènes divers? Nous ne le savons pas. Mais ce qui semble certain, c'est que l'Idée, si elle ne crée par les choses, gouverne les actes des humains. Ils agissent selon l'idée plus ou moins nette, plus ou moins exacte, qu'ils se font du milieu où ils vivent.

Une idée se transforme en acte; l'idée est force.

Les entreprise ont longtemps vécu sans idées claires sur les éléments internes et externes de leur activité. Elles vivaient machinalement engrenées sur des rouages dont elles ignoraient le mécanisme. C'est la voie de la nature. Tous les être vivants, aussi bien dans l'ordre de l'évolution des espèces que dans l'ordre de l'évolution individuelle, commencent par exercer l'activité inconsciente de leur système nutritif et de leur système moteur. ensuite, apparaître le système nerveux qui leur donne conscience de leurs actes et se développe en passant par tous les stades de l sensation simple, des sensations classées, des notions confuses et des idées claires.

Ainsi se sont développées les entreprises en général, et ainsi se développe chacune d'elles en particulier. elles se rendent de mieux en mieux compte de ce qui se passe en elles et autour d'elles. Les avantages qu'elles tirent de ce savoir croissant leur font désirer de savoir toujours plus; elles augmentent sans cesse les bureaux qui leur donnent la science de leur propre activité.

Pour reprendre l'image du vieux Platon, le bureau est la caverne sur le seuil de laquelle se tient le chef d'entreprise. S'il regarde vers le dehors, il voit un chantier d'activités confuse ou s'agitent les hommes, les machines et les choses sans qu'il soit possible d'en saisir le principe et la loi. S'il se retourne pour considérer le mur de la caverne, le bureau où se projette l'ombre des activités extérieures, il voit une image réduire, dmais claire, un tableau simplifié, dont il peut étudier les harmonies, les discordances, et qui provoque en son cerveau lucide la réaction efficace et sûre.