8.3 LE BEAU. ESTHETIQUE

8.3.1 Généralités

8.3.2 Le beau comme construction positive

8.3.3 Le beau comme excès, subversion

8.4. Le sens

8.5. La création artistique

"L'esthétique, envisagée comme science des structures, mérite de devenir le guide sûr des actions humaines quelles qu'elles soient... Dans ce cas, la théorie des ensembles serait à l'esthétique un peu ce qu'on été les mathématiques classiques à la physique" (Laborit, Biologie et structure)

Maritain distingue trois composantes du beau: intégrité, harmonie, clarté.

L'intégrité exprime que l'objet est muni de tout ce qui lui est nécessaire, de tout ce que sa "matière exige. D'abord qu'il constitue effectivement une totalité, ensuite que cette totalité ne soit pas amputée de parties essentielles.

Bien que les moyens d'apprécier l'intégrité puissent être quelque peu subjectifs (référence à un modèle général de ce type d'objets), l'intuition est nette. Nous percevons le plus souvent immédiatement le "manque de telle ou telle pièce". (Référence à un modèle. De niveau supérieur? )

Des manques d'intégrité minuscules (mauvais contact, petite faute de branchement, erreur génétique, aiguillon dans la chair de Saint Paul) prennent des proportions considérables au plan fonctionnel: arrêt, voire destruction de la machine, malaise profond, mort. Ces points de sensibilité sont intéressants non seulement pour l'ennemi mais aussi pour le pilotage.

En d'autres endroits, les petites erreurs sont sans importance.

Intégrité de l'objet représenté (manque un bras, ruine, blessé, cadavre)

Intégrité de l'oeuvre (toile abîmée)

Intégrité du sujet qui regarde (mal voyant)

L'oeil peut reconstituer beaucoup.

Certains manques d'intégrité de l'objet sont des effets artistiques. Le style est tj une sorte de manque d'intégrité, de choix.

L'intégrité morale relèverait plutôt de l'harmonie.

L'harmonie traduit la proportion entre les formes qui constituent le système. Conformité à des proportions.

- harmonie du sujet en lui-même

- de l'oeuvre

- du regardant

La clarté rend compte d'une conformité entre l'apparence et la réalité. C'est, dans le domaine visuel (qui fait référence en matière de beau, quod placet visum), la traduction de la conformité entre l'organique et le fonctionnel.

La stylisation. Marquer fortement un niveau inférieur, soit au niveau paradigme (type de lignes, de formes), soit au niveau syntagmatique (ornements typiques d'un style). On pourrait faire un stylisateur automatique par bouclage entre 2-3-4 notamment.

Le taux optimal d'attente

Placet visum.

Les grands écarts. Grandes surfaces (niveau bas) pour se rincer l'oeil et pour avoir un grain fin.

Grandes hauteurs (?). Passages directs d'un niveau élevé à la base. Fortes cohérences.

Notion d'élégance, par exemple en mathématiques.

Dire beaucoup en peu de mots.

Le beau excès. La juste mesure ne suffit pas.

Dérogation. Dépassement de la machine. Louis II de Bavière. Outrance de la mise en scène, érotique, théatrale, danse. Aussi l'inutile. On se sens dominé par le beau. Pureté, mais aussi signification. Le beau apparaît aux limites, près des seuils. L'enfant (mais le vieillard...) Le beau crée un écart juste adéquat pour me faire vibrer sur une fréquence qui m'émeut. Le beau par degré adéquat de contraire aux attentes

(Tomkins).

Un problème de relations entre différents niveaux

Approche quantitative

Le beau comme maximisation du rapport entre complexité organique et fonctionnelle. Ou plutôt comme maximisation de l'efficacité d'une description.

Renvoie à Maritain:

- intégrité parce que le défaut exige une description spécifique; d'ailleurs, par définition, un défaut est un écart par rapport à une description canonique; s'il n'y a pas de défaut, on obtient l'occurrence par simple apposition d'une haeccéité cependant l'occurrence peut aussi avoir des caractères positifs à partir de quand, quantitativement, un écart par rapport au type devient intéressant, positif?

de petits écarts sont "insignifiants", sauf en certains points critiques (perte de continuité en particulier)

certains écarts font perdre le type même. d'autant plus facile s'il y a beaucoup de types par rapport au pixel (pex. des nombres représentés avec un écran à 7 barres, si on se trompe sur la barre du milieu, passe de 0 à 8).

si le code est minimal (n bits pour coder 2**n objets), il suffit de se tromper sur un bit pour être faux.

ensuite, certaines combinaisons d'erreurs sont sans importance. si je déplace d'un bit toute une ligne, dans certains cas, la distance de Hamming peut être considérable, mais avoir peu d'importance sur la signification.

- harmonie parce qu'elle permet des descriptions implicites, et aussi parce qu'il y a alors des rapports simples (donc descriptibles en peu de bits) entre les différentes parties, ou entre l'objet et celui qui regarde, reviendrait à dire qu'il y a des redondances dans un objet harmonieux, qu'il apparaît comme le déploiement "naturel" d'une structure un cercle plus harmonieux qu'une ligne tordue...

- clarté, parce que l'absence de parties obscures évite le recours à des descriptions négatives, ou à des niveaux d'énergie élevés pour arriver à décrire; clarté peut aussi être considéré comme coïncidence entre niveau supérieur et inférieur (jardin à la française). obscurité pourrait ici avoir affaire à "difficulté de reconnaissance", ce qui pourrait s'analyse quantitativement en termes de reconnaissance des formes En quelque sorte, un objet concret est beau quand il fait harmonie entre une idée et sa matérialisation.

C'est une combinaison intelligente entre une expression raster et une structure limite de la pulsation qui définit la texture.

Il y a des sujets qui conviennent bien à certaines textures (violence et gros grain, douceur et grain fin).

La texture n'est pas le raster, mais l'application sous un raster donné de deux lois combinées de génération/filtrage.

Relation entre finesse de la trame et texture. Une trame grosse fait des cassures (aliasing), un grain fin fera du flou.

Il peut aussi y avoir des jeux de déplacements, la pulsation H/L peut conduire à un mouvement (polarisants, moulin à vagues). La trame elle même peut être considérée comme une limite de ce type. Voir séries de Fourier.

Dans cette optique, la recherche du beau est une recherche d'efficacité.

L'efficacité influe certainement sur la perception du beau. Une forme fonctionnelle est perçue positivement et nous finissons par la considérer comme le canon de la beauté.

Plus les idiosyncrasies de l'oeil.

...

On n'obtient pas de bon art en appliquant des principes moraux. Il y a une autonomie des principes esthétiques.

Le cubisme, et les recherches du début du siècle (Cézanne, mais aussi pointillisme) sont une volonté de sur-structuration du niveau trame (ici la "toile").

Avec le peintème = coup de pinceau.

Le style. Plus ou moins "stylisé" : plus ou moins grande importance donnée aux structures du niveau haut.

Mais il faut tout de même toujours revenir à la nature, au regard direct. Dialectique extrême de l'abstrait à l'hyper-réalisme.

...

Le beau apparaît quand le bon ne suffit plus à déterminer, quand il reste, la fonction satisfaite, des possibilités, des potentialités déterminables en fonction d'autre critères que le bien, au sens d'utile. Un peu comme la différence entre états de conscience et états réels.

Ex parte objecti. Quand un objet est complètement déterminé par sa fonction, le problème de le rendre plus ou moins beau ne se pose pas. Il est comme il faut, il roule, vole frappe, tient chaud. Point final.

C'est dans la mesure où il reste des éléments indéterminés que l'on pourra songer à choisir en fonction du beau.

L'animal, le sauvage(...) n'ont pas la possibilité de s'intéresser au beau.

Il faut que se creuse un écart entre le possible et le nécessaire.

Indétermination de la surface. Possibilité fréquente: on peut la décorer, polir, peindre.

Indétermination de la structure : design.

Indétermination de l'environnement : organisation dans un cadre plus large.

Ex parte subjecti

Quand le sujet est complètement déterminé, il n'a pas le temps de songer au beau. Le beau exige un certain loisir. Vrai pour la beauté morale comme physique. Et il peut toujours y avoir beauté morale tant qu'il reste la liberté radicale de dire oui ou non.

La réalisation du beau sera différente selon que les possibilités déterminables proviennent plutôt de l'objet ou du sujet. Si c'est purement du sujet, il y aura contemplation. Si c'est purement de l'objet, il ne pourra y avoir de beauté (sauf pour un sujet extérieur, c'est déplacer le problème), si c'est les deux à la fois, apparaît une beauté volontariste qui pourra se donner des objectifs divers :

- exprimer plus clairement la fonction,

- dégager des déterminations secondes, par exemple dues au mode d'obtention de l'objet, traces de couleurs, etc.

Pourquoi s'intéresser au beau?

Une valeur. Universelle dans une large mesure. Capable de motiver. Pas très dangereuse sauf quand on commence à parler de beauté morale...

Mais, dans le placet visum, il y a aussi une conformité entre l'objet et 'ma nature", et plus précisément la nature de mon regard.

Or mon oeil n'est pas sans structure. Ma rétine et tout le système derrière ne sont pas neutres. Les illusions d'optique le montrent.

Par projection

- de la structure de l'oeil et du système de vision

- des structures mentales proches de la vision, je peux déjà déterminer en partie ce qui sera considéré comme beau.

La courbure du temple grec, par exemple, exprime l'écart entre une beauté abstraitement calculée (la ligne droite) et une structure perçue par l'oeil (avec courbure qui compense).

...

relation du beau avec la création

artistique?

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