L'informatique libère l'humain
3. Vivre la relativité digitale.
Vive mon corps !
Et d’abord, et avant tout, et inlassablement, chantons le corps. Jamais nous n’avons eu autant de moyens de le développer, d’en corriger les défauts, d’en prolonger la durée. Jamais nous n’avons eu à notre disposition autant d’aliments variés et de qualité (en quantité suffisante), de lieux de voyage pour lui faire prendre l’air et les climats les plus différents...
Aimons notre corps pour le plaisir, mais aussi parce qu’il est admirable, plus perfectionné, globalement, que celui de tous les autres animaux, et plus parfait, sous bien des rapports, que les machines. Aimons-le aussi car de sa santé dépendent la force et l’harmonie de nos processus intellectuels, émotifs et moraux. Mens sana in corpore sano. Aimons-le enfin car, dans la grande convergence de l'univers vers le digital, il représente une forme chimique importante, pour longtemps irremplaçable.
Manger
Mangeons, sans complexes. Ce n’est pas la nourriture qui manque, contrairement au pessimisme des malthusiens, ni la qualité. L’extrême variété, l’extraordinaire élaboration gustative de ce que l’on trouve dans n’importe quelle grand surface donne tort tous les jours aux pessimistes. Et tous peuvent en profiter. Ceux qui trouvent ces environnements trop vulgaires, ces saveurs trop industrielles, peuvent trouver d’autres produits encore dans les boutiques écologiques ou les magasins de luxe, ou les boutiques étrangères, des grandes enseignes anglaises ou japonaises aux échoppes africaines et asiatiques des quartiers périphériques.
Bien sûr il y a eu certaines pertes de variété. Bien sûr on peut s’inquiéter pour l’avenir de l’eau potable. Et soyons responsables là aussi, mais pas au point de bouder notre plaisir. Pour bien vivre, il ne suffit pas de se laisser aller. Equilibrons les temps que nous consacrons au plaisir le plus direct et ceux de l’effort. Jouissons aussi de notre sommeil. Et, à la limite, sachons apprécier les petites douleurs qui nous prouvent que nous existons, tout aussi effica-cement que le « Je pense donc je suis ».
Sachons aussi que notre corps n’a qu’un temps, ou plutôt qu’un nombre fini de jours, d’instants, avec des aptitudes mais aussi des limites qui changent, depuis les saveurs simples de l’enfance, qui se satisfait du jambon-purée, jusqu’aux derniers âges de la vie où le nez et le palais perdent leur sensibilité, que des mets plus subtils ou plus épicés, judicieusement choisis, savent heureusement réveiller.
S'habiller, se déshabiller, se parer
Montrons notre corps. Notre société nous donne mille occasions d’en faire l’offrande aux autres hommes de mille manières diffé-rentes. Nos pères, quand ils avaient de quoi se payer un "costume du dimanche" en plus de leurs pauvres vêtements de travail, devaient se conformer à des codes étroits. Regardez les cartes postales anciennes. Aujourd’hui, les codes sociaux certes sont forts, et les publicitaires veulent nous pousser (les jeunes en particulier) à porter des vêtements et des chaussures griffées. Mais, quand nous pouvons résister à la pression sociale, nous sommes plus libres que jamais de nous habiller de tant de façons. Il suffit de prendre le métro pour constater à la fois le conformisme et la grande variété des tenues, du véritable langage social qu’elles nous invitent à parler comme à lire.
La gamme s’est élargie aussi de l’exposition aux autres. Nous pouvons nous couvrir jusqu’au col dur ou nous montrer nus. Ici, tout de même, la liberté de chacun trouve sa limite dans celle des autres. Et la nudité absolue ne convient qu’au couple et aux jeunes enfants, ou à des cercles de nudistes qui n’attirent pas tout le monde. Pour le commun des mortels, une vie en société agréable comporte un minimum de pudeur. A chaque lieu, chaque moment, chaque groupe social, la liberté de définir les conventions qui l’habillent au mieux de sa vie collective. Non que les organes génitaux soient « honteux » ou « sales », avec toutes les connota-tions morales négatives que cela comporte. Certes, ils sont sales d’une certaine manière, par les menstrues, la présence de l’urine et la proximité de l’anus - et cela peut conduire à les cacher quand on n’est pas à proximité d’un bain - mais surtout parce qu’ils expri-ment, et quand il le faut réalisent, des connexions tellement intimes qu’ils ne doivent se montrer, en particulier dans un état d’éventuelle excitation incontrôlée, qu’au partenaire choisi et au moment opportun, dans le cadre d’une chorégraphie du dévoilement qui donnera toute sa portée, physique, psychologique et morale, à ces minutes fortes entre toutes.
Pensons à nos ancêtres, à nos grand-mères surtout, engoncées dans leurs corsets ou allant se baigner presque tout habillées! Et qui arrivaient au mariage dans l’ignorance la plus complète de leur anatomie et de ses fonctions !
L’image du corps, d’ailleurs, aujourd’hui, se relaie dans la variété des photographies, des bandes vidéo, et commence dès avant la naissance, par ces échographies que les jeunes papas affichent en fond d’écran sur leur poste de travail.
Se soigner, se doper
Soignons-le, ce corps. La souffrance ne sert à rien, quand elle peut s’éviter sans sacrifier les vigilances nécessaires. Arbitrons entre le plaisir instantané et la longue vie, entre les risques des voyages dan-gereux (alpinisme, pays en état sanitaire délabré) et les névroses de l'ennui. Gérons notre temps, équilibrons le mouvement, le repos, le sommeil et la veille.
Tentons, aussi, de pousser le corps à ses limites, de battre nos records sinon des records mondiaux, par le sport, l’alimentation qui le rendront le plus beau possible, ni trop gros, ni trop maigre. Et dopons-le, s’il le faut, pour qu'il dépasse ses limites naturelles. Ces performances se paient. Il faut chanter les héros, porter les champions en triomphe et participer à leur bonheur, mais exiger que les sacrifices qu’ils font, les risques qu’ils prennent, soient vraiment voulus et acceptés par eux-mêmes, par leurs proches et par tout le corps social, pas uniquement pour l’argent, en toute connaissance de cause et non « à l’insu de leur plein gré ». Dans cette forme de liberté, notre époque tend à opposer deux partis simplistes. Les uns veulent l’efficacité sans vergogne, la gloire, les profits énormes qui l’accompagnent, dans les sports qui se médiatisent bien. Les autres défendent la morale, stigmatisent le dopage comme une tricherie et surtout comme une atteinte à la santé des sportifs.
Cette opposition est hypocrite. Elle permet au même téléspectateur ou lecteur de journal de satisfaire alternativement ses besoins d’enthousiasme et d’indignation. On admire bien, sans complexes, le marin ou l’alpiniste qui risque sa vie pour aller plus loin, plus haut, plus vite. Pourquoi ne pas chanter, en connaissance de cause, le cycliste ou l'athlète qui risque d’écourter son existence en se dopant gagner le Tour de France ou battre le record du cent mètres ? Chacun ne devrait-il pas avoir le droit de prendre des risques pour se dépasser lui-même et dépasser les autres hommes dans la voie où il pense pouvoir être le meilleur ? Quels sont les risques légitimes ? Où faut-il s’arrêter ? Le vrai problème est surtout dans le montage du bon processus de décision. L’individu ne peut en décider seul. La société ne doit pas en décider seule pour l’individu. Cherchons la bonne manière de décider ensemble, pour l’avortement, pour l’euthanasie, pour la chirurgie esthétique et le dopage.
Allons plus loin. Construisons toujours plus volontairement notre avenir, celui de notre corps en particulier. L’évolution ne s’est pas arrêtée à la naissance de l’homo faber. Individuellement, et surtout collectivement, nous avons des corps plus grands et plus puissants que les anciens. Notre cerveau n’a pas grandi de manière sensible depuis Cro-Magnon, mais cela changera peut-être. On a cru longtemps que le nombre des neurones était fixé dans les premiers mois da la vie, et qu’ils ne pouvaient plus, par la suite, que décroître. Cette limite pourrait être dépassée. Alors, pourquoi refuserions-nous a priori de faire grandir encore notre cerveau ?
C’est dangereux. Mais c'est à l’humanité entière, à tous ceux qui peuvent démocratiquement s’exprimer à ce sujet, qu’il faudra demander de choisir, sans doute pas aujourd’hui d’ailleurs, mais quand le moment se présentera, et en fonction des outils démocratiques que nous nous serons donnés à ce moment -là.
S'amplifier, la prothèse
Sauf dans la nudité complète du bain ou de l’amour, notre corps se prolonge toujours dans des « prothèses » : vêtements, bijoux, outils, armes. Elles corrigent ses infirmités, étendent ses limites de résis-tance, renforcent ses capacités sensorielles (lunettes), élargissent la variété de ses actions...
Il faut toute une culture, transmise par la société et élaborée par chacun (pour lui-même et ceux qui dépendent de lui), pour choisir, construire parfois, combiner souvent, régler les prothèses, pour apprendre à s’en servir et à pallier leurs limites. Un investissement donc, en temps et en contraintes d’ailleurs (tout binoclard sait bien le temps qu’il perd à chercher ses verres), qu’il faut mesurer aux avantages obtenus.
Ces prothèses aujourd’hui sont variées et complexes. Il faudrait détailler leurs catégories et les problèmes pratiques et éthiques qu’elles nous posent, y ajouter les prothèses à valeur psycholo-gique que propose aujourd'hui le piercing, par exemple.
Quant la prothèse devient machine, donc de plus en plus autonome, son utilisation devient une coopération, où la machine prend une part de plus en plus active, et parfois dominante dans l’intérêt même des deux partenaires.
Aujourd’hui, les prothèses légères mais autonomes se multiplient, qualifiées d’ « objets nomades »: micro-ordinateur portable, télé-phone, etc. Le progrès de chacun d’eux étend nos libertés et notre autonomie tout en posant des questions de politesse et d’efficacité.
Une des questions est de savoir quel degré de prothèse nous voulons. La « réalité virtuelle » nous propose l’immersion complète dans des combinaisons assurant la saturation de tous nos sens et de toutes nos actions motrices, à l’exception du goût, de l’odorat et des fonctions fines du toucher, sans parler de la cénesthésie (sensations internes) d’ailleurs. On est allé moins vite que prévu (au début des années 90) dans ce domaine, car les technologies sont trop lourdes. Mais, en supposant ces lourdeurs vaincues, une telle immersion n’est-elle pas excessive, même si nous retrouvons, par hypermonde interposé, nos frères et sœurs humains nous parlant à travers leur propre combinaison ? Est-il souhaitable d’aller par cette voie jusqu’à pratiquer des relations sexuelles à distance, au moyen de « périphériques » adaptés ?
Un problème plus immédiat et plus profond encore se pose avec l’implantation de prothèses à l’intérieur du corps. Tant que l’on se limite à quelques pièces métalliques et plastiques pour le squelette, les articulations et la dentition, au stimulateur cardiaque, personne ne voit rien à redire. Mais on se pose la question des limites et, en particulier, concernant le branchement direct de circuits élec-troniques sur le système nerveux, sur le cerveau. Déjà certaines prothèses auditives en sont très proches. Si l’on parvenait à de telles prothèses pour les aveugles, ce serait un progrès difficile à refuser. Au-delà ... ? C’est le même problème que le dopage.
Plus l'on va vers des prothèses qui comportent des risques, plus la décision prend de l'importance. Et l'individu ne peut en décider seul, pas plus qu'il n'a le droit de se mutiler hors raison médicale.
Voyager
Avec les technologies de la communication, nous atteignons de loin le site le plus local, nous sommes informés en temps réel. La proximité temporelle compte autant que la proximité géographique. Il y a ici une variante pratique et psychologique de la relativité physique. En effet, c'est une chose d'avoir un atlas, et même un grand album illustré de toutes les parties de la planète. C'en est une autre de pouvoir savoir, immédiatement (aux fractions de seconde près imposées par la vitesse de la lumière, et aux délais un peu plus longs dûs au temps de mise à jour des systèmes d'information), ce qui se passe dans un endroit lointain. Webcams (caméras branchées sur Internet) et sites locaux me permettent de savoir, maintenant ce qui se passe à Cheminon, petit village de la Haute-Marne, ou à Moffet-View, dans la Silicon Valley (moins facilement, en général, à Bacongo, une des banlieues de Brazzaville, car l'éloignement devient de plus en politique). Il faut, de ce point de vue, ne jamais oublier l'immense puissance américaine, pour laquelle tous ces savoirs se cumulent et qui peut y conjuguer une capacité d'intervention, y compris militaire, énorme, et ne fait que montrer, par son impuissance même à régler tant de conflits, les limites de toute action humaine.
Il reste à décider des destinations pour lesquelles nous voulons nous embarquer, et quelle part de notre énergie, de notre budget, nous devons y consacrer. Car il y a toujours un coût financier et un coût externe de pollution, et des risques physiques d'accident de la cir-culation ou de contact avec des virus auxquels nous ne sommes pas habitués.
Les voyages au-delà des bornes de la planète devraient rester exceptionnels, du fait de leur coût élevé en monnaie et en pollution. Même les voyages lointains seront probablement réglementés un jour. Si tous les Indiens et tous les Chinois se mettaient à voyager au rythme des Américains, nous serions rapidement tous asphyxiés par la pollution de leurs avions. A distance égale, où aller ?
Souffrir, mourir
Gérer la souffrance et la mort. La passivité, disait Teilhard de Chardin. Ou simplement, savoir renoncer un peu. Ne pas tout prendre. Ne pas se laisser emporter par la passion de l'œuvre, si belle, si nécessaire qu'elle apparaisse.
Savoir, connaître, penser, réfléchir
Le corps, bien sûr. Et avant tout parce qu’il est la référence solide. Qui méprise le corps bientôt enferme les âmes. Mortifier le corps pour sauver l’âme... ce précepte commun aux religions d’Orient et d’Occident a porté de grands fruits et conduit à de grandes catas-trophes. Pour autant, le corps n’est pas tout. Il n’est rien sans l’âme ou, plutôt que ce mot aujourd’hui bien ambigu, sans le mental.
Gérer nos états d'âme
Il nous faut « être bien dans notre peau ». A la limite, ne faisons rien. Ne pensons à rien. Consommons les richesses matérielles et immatérielles de l’hypermonde en ne lui demandant pas plus que les revenus que nous assurent nos rentes et notre travail, en ne nous posant pas trop de questions sur les conséquences de ce travail. Une chose est sûre: nous ne risquons pas de nous ennuyer, si nous sommes raisonnablement en bonne santé physique et morale.
L’insouciance et le fatalisme sont moins dangereux à court terme qu’un activisme mal placé. Mais, que ce soit pour ne rien faire et revendiquer le droit à la paresse, ou pour se recueillir dans la contemplation et se détourner de l’action, il est rare que la tranquillité soit durable. Pour protéger sa tranquillité, le paresseux laisse la voie ouverte à l'ambitieux. Et le mystique se découvre une âme de réformateur plus ou moins violent. De toute façon, dans une démocratie, chaque voix compte. Celui qui ne travaille pas n’entretient pas ses compétences et donne sa voix par paresse à celui qui le flatte. Et s’il ne vote pas, il laisse la décision aux plus actifs, qui ne sont pas forcément les mieux intentionnés.
Une autre attitude se limite à faire l'impasse mentale sur les technologies, à ne pas y penser, à ne s’en servir qu’au minimum des obligations professionnelles et sociales, à croire que l’on peut faire sa vie à côté d'elles. Mais c’est se mettre résolument en dehors du sens de l’histoire et hors d’état de participer sérieusement à son développement. Une troisième attitude, j’allais dire tentation, c’est de céder à la peur : face à la marée d’informations qui nous parvient de toutes parts, à la multitude de décisions qui nous sont demandées à chaque instant, comment ne pas se décourager ?
A l’autre extrême, les « techno-fans » se laissent fasciner par les évolutions technologiques et perdent leur liberté vis-à-vis d’elles.
C’est aussi un réglage presque quantitatif qui nous permet de gérer notre état émotif, en évitant d’abord les états extrêmes et destructifs de l’angoisse et de l’ivresse, puis en cherchant l’optimum entre la tristesse et l’excitation, jusqu'à parvenir aux états actifs de passion contrôlée. Ce type d’équilibre se construit plutôt comme une pulsa-tion que comme un objectif fixe, avec les rythmes de la séance, de la journée, de la semaine, de l’année, de la vie, et les rythmes com-binés des groupes. La machine ici aussi peut nous y aider. Il s’agit d’une sorte d’ingénierie, mais qui doit garder elle même la mesure, devenir assez naturelle pour se passer de béquilles voyantes. C'est, finalement, un art, une dimension de l'art de vivre.
Naviguer dans les espaces virtuels
Cela va de soi aujourd’hui avec la présence grandissante d’Internet, qui dans un premier temps nous pousse à connaître plutôt qu’à agir. L’immensité du web est impressionnante et peut laisser un sentiment d'impuissance. "Tout est dit, et l’on vient trop tard... ". En fait, les internautes souffrent rarement de ce pessimisme, et l’immensité des espaces offerts les stimule plutôt qu’autre chose, d'autant que la création y est plus facile que sur le papier.
On pourrait s'arrêter là, jouir indéfiniment de la navigation dans ces vastes espaces, de la combinaison de ses présentations avec nos états d'âme. Cet idéal, contemplatif en quelque sorte, ne devrait pas être désavoué par les méditants, moines et passionnés de vie "intérieure".
De plus le web, nous encourage à accepter son activité à lui, celle de ses automates, avec le « push » qui, à notre demande certes, nous envoie sans répit, tous les jours son lot de messages et d’information, et les organise sur notre écran, selon les critères que nous avons donnés, mais en fonction de ce qui se passe dans le monde, de ce que font les autres et, de plus en plus, de ce que les automates décident, de même que le mystique, au fond de son d²étachement, de sa recherche du "rien", découvre l'action, en l'occurrence transcendante, du Dieu auquel ils croit.
Mais le web lui-même nous pousse à un minimum d'activité, voire à l'achat, en tout cas, à la décision. Comme simple navigateur, consommateur, j'exerce mon pouvoir de décision, en me considérant moi comme inactif, sans influence, sans pouvoir réel, donc sans responsabilité. Mon action ne changera ni l'état de la machine, ni son comportement.
Je peux d'autant plus facilement parler généralement de "la machine" ou du «système", sans l'analyser, sans rappeler que les machines sont interconnectées, que j'y navigue assez égoïstement. Je suis dans la "démocratie de la solitude".
Je constate d'ailleurs, si je suis tant soit peu observateur, qu'elle évolue, qu'elle se développe. J'admire son activité de la même manière que celle de la mer, des arbres sous ma fenêtre, des animaux à la télévision. Je suis comme un homme du paléolithique : chasse et cueillette.
Mais naturellement, comme la plupart d'entre nous, par nécessité, plaisir ou sens d'un certain devoir, je me lance dans la création, je passe au néolithique, à la nature maîtrisée, sans souci de savoir si je l'épuiserai.
Faut-il chercher des états supérieurs de conscience ?
Faut-il aller plus loin, renoncer au corps et même à la connaissance rationnelle, la limiter au minimum indispensable, pour atteindre les états supérieurs de conscience auxquels nous appellent les mystiques ?
Faut-il, au contraire, investir et s'investir dans des machines élabo-rées, des cathédrales et des oratoires, des jardins Zen et des routes de Compostelle, pour encourager et faciliter cette montée ?
La question de l'évaluation de ces perspectives reste ouverte. Le difficile, finalement, c’est de savoir ce qu’on veut.