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Some editor's papers in Informatique et Gestion

Octobre 1971 Les nouveaux anciens combattants.

 

L'informatique n'a plus besoin de soldats. Cerveaux électroniques, énièmes générations, gestions hautement intégrées, que sais-je encore, s'en vont rejoindre le grenier aux souvenirs. Ils y retrouveront mécanographie, cybernétique, automation, ces grands mythes qui ont connu leur temps de gloire, leurs conquistadors partis à l'aventure, en quête de nouveaux fiefs, de prestigieux combats, de plantureux butins.

L'aventure est finie. Les utilisateurs sentent maintenant la nécessité, et bientôt la possibilité, de savoir où ils vont, avec quels moyens, à quel prix, dans quels délais.

Que vont-ils devenir, ces valeureux guerriers qui ont senti l'appel du large, laissé derrière eux tel métier modeste mais sûr, investi de leur temps, de leur dynamisme (parfois même de leur porte-monnaie), pour s'embarquer vers l'Eldorado informatique ? Trop jeunes pour la retraite, il leur faut à nouveau donner sens à leur vie, ou simplement survivre.

Les uns, aventuriers dans l'âme, mercenaires comme on dit aujourd'hui, vont chercher de nouveaux combats : audiovisuel, communicatique, inventique... Peu importe la technologie, pourvu qu'elle soit séduisante et profitable.

Mais les autres, qui n'ont pas, ou plus, assez de force pour s'embarquer à nouveau ? Ils sentent bien que l'Histoire les lâche, que ce qu'ils ont appris (à la va-vite, parfois) ne suffit pas aux nouveaux problèmes, plus complexes, plus chargés de subtilité humaine, différents en tous cas. Alors, ils demandent un statut, des garanties, des grilles de salaires, des plans de carrière, des avenants aux conventions collectives. Bref -accusons le trait- la carsene, avec ses baraquements en dur, son avancement à l'ancienneté, les récits du bon temps le soir à la chandelle, et à la retraite garantie à 45 ans. Ils l'ont bien mérité, après tout !

Nul doute qu'ici et là, de jeunes managers (ou des managers à l'esprit jeune) trouvent le principal frein au progrès dans les équipes vieillies, difficiles à recycler autant qu'indéracinables de situations acquises. Ces exigences légitimes, des uns comme des autre, qui nous dira le moyen de les satisfaire.

 

Décembre 1971. Jargon n'est pas langage

Dieu sait si l'on reproche aux informaticiens de cacher leur science (et parfois leur ignorance) derrière un jargon réservé à eux seuls. Encore voudrait-on croire que les initiés s'entendnet, que les mystères sont lumineux pour les adeptes, et que le dialogue peut s'ouvrir au prix d'un effort suffisant, appuyé sur un dictionnaire spécialisé.

Las ! Ce ne sont pas les dictionnaires qui manquent, c'est le langage. Charles Martzloff, avec une mensuelle persévérance, ne démontre-t-il pas que la réalité fuit sous les mots les plus courants du vocabulaire ? A qui la faute ?

La position dominante de langlais, de l'américain plutôt ? Certes, elle n'y est pas pour rien. Elle a empêché le succès de mots pourtant bienvenus comme "cybernétique", dont la plus grande faute est d'avoir été mis en avant par les soviétiques... hélas restés en arrière quand au développement concret des ordinateurs. Et cette situation oblige à d'incessants efforts de traduction, à la coexistence du terme américain et de sa traduction, parfois dotés de sens différents, après quelques années d'usage. Au centre, cent fois rencontré, l'irritant "software". On a proposé "mentaille", "efficité" (je n'invente rien); "programmerie" aurait maintenant les honneurs du Conseil Supérieur de la Langue Française. Mais les informaticiens suivront-ils ?

Psychologie et nécessités commerciales n'arrangent rien. L'avènemnt, il y a quelque cinq ans, des machines comptables évoluées vit naître un essaim de néologismes accrocheurs, du "computer comptable" au "manager électronique" (Ne pas confondre). N'oublions pas non plus les pudeurs politiques qui obligent à dénommer "unité logique programmable", "programmateur à mémoire", "contrôleur électronique", etc., de petits calculateurs tout à fait classiques, ou presque.

Ce qui manque le plus, c'est un langage efficace, concis et admis par tous, pour décrire les "systèmes". Un mot qui appelle tout un cortège de vocable aussi couramment employés que mal définis : sous-systèmes, hiérarchie, compatibilité, complexité, temps réel, environnement, fonction, etc. Ces termes, les informaticiens ne sont pas les seuls à s'en servir : biologistes, organisateurs, juristes, sociologuqes, tout le monde finalement y fait quotidiennement appel. On attendait beaucoup de la mathématique moderne. Il ne semble pas, hélas, qe la théorie des ensembles, l'algèbre rénovée ou la topologie aient apporté des outils bien pratiques. Nombre de mathématiciens, et des meilleurs, se refusent d'ailleurs à déroger, et regardent de haut les "mathématiques appliquées". Le problème est là, pourtant ; et tellement presant que le jargon informatique, si mauvais soit-il, rend service à dautres : "software" fait maintenant partie du langage de l'audiovisuel. Oui, le besoin est là. Mais comment y répondre... si nous ne savons même pas comment le décrire ?

Janvier 1972. Que vous souhaiter ?

Il n'est guère facile, cette année, de faire des voeux pour l'informatique. A quelques rares exceptions, l'humeur des informaticiens n'est pas rose, et ils n'ont que faire de bonnes paroles. Oui, que souhaiter en ce début de 1972 ?

Aux constructeurs, aux SCI ? Ils doivent tenir, malgré une conjoncture qu'il ne faut sans doute pas noircie,mais qui est tout de même délicate : chiffres d'affaires décevants, marges réduites qui ne permettront guère d'investir. Et comment passionenr des vendeurs quand les annonces de nouveaux matériels, de nouveaux packages,pour nombreuses qu'elles aient été en 1970, n'apportent gurèe de neuf : version bridée par ici, étoffée par là, "remake" d'un software ancien... stabilité réconfortante peutêtre, mais qui ne peut faire naître l'enthousiasme.

Aux utilisaeurs ? Chez beaucoup, les équipes d'exploitation sont surchargées et "d'un maniement difficile"... trouvera-t-on des solutions plus satisfaisantes. A l'opposée, on voit des équipes d'étude s'engager dans la prospective pour s'occuper... Un problème à l'ordre du jour pour beaucoup : faut-il passer du DOS à l'OS ? On voit de grands utilisateurs y renoncer. Motif : c'est trop cher, tout simplemnet. Une récente annonce de matériel prend soin de préciser qu'un émulateur 1401 sera disponible : sommes-nous vraiment en 1972 ? Allez donc faire des voeux, quand les uns (et je pense surtout aux services "bénéficiaires") demandent qu'on les laisse en paix, pendant que les autres, novateurs par définition, ne peuvent qu'appeler de nouveaux changements.

Aux chercheurs, aux enseignants (voire aux journalistes) ? Les informaticiens d'entreprise les trouvent certes bien loin du réel : on voudrait à la fois des cadres utilisables tout de suite et des jeunes susceptibles d'évoluer.

Bref, l'informatique s'enlise dans ses paradoxes. Le suréquipement en matériels fait descendre le cours de l'heure machine au-dessous du prix de base ; mais il s'en faut que pour autant chacun ait assez de puissance pour faire face. Une pléthore de produtis-programmes encombre le marché de packages sinon invendables du moins pratiquemnt invendus ; mais on voit des utilisageurs faire le voyage des Etats-Unis pour trouver un outil adpaté à leur problème. Des informaticiens de haut niveau sont au chômage, et frappent sans espoir à la porte d'entreprises qui recherchent d'autres profils.

Mais suffit-il d'un long hiver pour annoncer un riche printemps ? On a beaucoup parlé des petites entreprises. Mais à l'expérience, elles ne sont pas le marché facile om constructeurs et SCI en difficulté trouveront aisément une seconde chance. Il y a a certes d'intéressants espoirs du côté des petits systèmes. Mais peut-être, et malgré le relatif échec des "méthodes d'analyse", est-ce du côté des concepts que viendra le renouveau, plus que d'un hardware maintenant virtuellement maîtrisé.

Oui, que souhaiter pour 1972 ? Il est encore trop tôt pour le dire.

Janvier-Février 1974. Enfin des normes

Il se confirme que la France, dans le cadre de l'IRIA, s'apprête à se doter d'un organe d'évaluation et de normaliation des matériels informatique.

Rien ne pourait sans doute e^tre plus utile aujourd'ui à l'informatique française et, qui sait, par elle, à l'informatique tout cout, comme aux télécommunications et globalement aux systèmes d'information.

Sans doute ne fallait-il pas normaliser trop tôt, car l'on aurait peut-être freiné certains développements. La thèse a souvent été défendue par les adversaires d'une normalisation trop précoce. Mais le temps de la maturité est venu. D'une certaine maturité au moins.Les avantages de la liberté d'innovation sont aujourd'hui moins sensibles que les inconvénients d'incompatibilités multiples.

Pris individuelleemnt, personne n'aime la normaliation Les petits vous expliqueront que "chez eux, c'est spécial". Les grands et surtout les géants tirent profit de l'anarchie pour faire régner leurs propres normes.

Mais des voix de plus en plus nombreuses s'unissent pour réclamer une normalisation des interfacees, des langages, des procédures de télécommunications, comem es modes de description des produits et systèmes.

La tâche est difficile. Sinon, d'ailleurs, on y serait parvenu depuis longtemps. Est-il besoin de rappeler pourquoi ? En deux mots :
- les produits mis en oeuvre dans les systèmes d'information sont nombreux et complexes, donc difficiles à décrire, à tester, à comparer,
- ces produits son chers, et ne peuvent donc être aisément immobilisés pour des bancs d'essais, a fortiori mis en péril par les tests "destructifs" possibles pour certaines catégories de produits,
- l'évolution est rapide ; en conséquence, les décisions se prennent souvent sur des produits annoncés mais non disponibles, ou seulement dans des conditions difficiles ("venez faire un bench-mark dns nos usines de San-Stefano en Caroline du Sud...").

Mais, plus encore que ces difficultés techniques, la normalisation, comme l'évaluation des produits informatiques se heurte à des intérêts considérables qui ont jusqu'à maintenant toujorus réussi à limiter nomres, comparaisons et notaions àdes dpoins de détail ou à des milieux confidentiels. Il est de notoriété publique que certains grands organismes bancaires ou certaines institutions de l'Etat ont mené d'intéressantes études comparatives. Les résultats n'ont jamais été publiés.

Faut-il s'en étonner, à la limite faut-il même le regretter, alors que l'informatique est l'objet de luttes économico-politiques, voire militaires, de première importance. Dans le vaste jeu des Etats et de Multinationales, tantôt unis tantaôt adversaires, comment trouver des observateurs assez puissants pour savoir, assez indépendants pour dire ?

Mais faut-il pour autant désespérer ? Nous avons réussi à nous donner une presse spécialisée dont l'indépendnce est reconnue. Pourquoi ne parviendrions-nous pas, sous la pression des utilisateurs publics et privés, et avec l'aide de cette presse, à compléter notre système d'information sur l'informatique d'une unité de traitement mieux équipée, qui ferait faire un pas en avant à l'information et à la normalisation ? La volonté affichée du gouvernement de créer avec l'Iria une telle structure est une occasion qu'il serait dommage de laisser passer.

Mars 1976. Peur de l'intelligence ?

Il est tout de même surprenant que l'informatique n'évolue pas plus vite. Non qu'elle soit immobile, mais comment se fait-il que les prix et les possibilité se la micro-électronique ne fassent pas naître de véritables innovations ?

Les constructeurs prolongent quelques courbes de performances, supputent l'élargissemnet de leurs marchés, mais restent dans le classique un peu rajeuni, et se hasardent rarement dans la prospective. Sociétés de service, conseils, informaticiens d'entreprise ne sont guère plus hardis, quand ils ne s'avouent pas tout bonnement à la remoruqe des grandes multinationales. Les universitaires, parvenus aux confins passablement arides, pour ne pas dire stériles, de l'algorithmique et de la programmatique, reviennent (et qui s'en plaindrait) vers des terrains plus directement fertilisables.

Certes, aux grandes fascinations des années 60 ont répondu de grandes déceptions, intelligence artificielle, reconnaissance des formes, traduction automatique, robotique... de rares témoins attestent encore des enthousiasmesdaturefois : ici et là, programmes d'échecs, lecteurs optiques, traductions quasi-inintelligibles d'articles scientifiques, robots industriels aussi lours et chers que maladroits tâchent d'asseoir leur incertaine viablité commerciale sur une résignation nostalgique aux mythes d'hier.

Pourtant, c'est peut-être aujourd'hui qu'il conviendrait d'espérer, grâce à la micro-électronique, et à condition d'oser sauter assez haut pour franchir des seuils élevbés bien qu'accesibles. De passer par exemple de quelque dix processeurs (une "unité centrale" plus une petite équipe d'auxiliaires) à quelques centaines ou quelques milliers. De concevoir des structure assez riches pour féconder ces énormes puissances logiques, au lieu d'attendre le miracle d'empilages matriciels (en dimension 2 sur Iliac IV, en dimension 4 sur l'Imsai). Ce ne sont que des hypothèses, bien sûr.

Et qui, de toutes façons, oserait en 1976 parler d'investir dans l'intelligence des machines ? Avec les trop réelles menaces technologiques sur l'atome, le fonds biologique, l'environnement, on n'a que faire de réveiller le spectre du grand robot fou. Avec plus d'un million de cerveaux humains au chômage, on n'a que faire d'intelligences en surnombre. Avec presque un milliard d'humains qui ne mangent pas à leur faim, on n'a que faire de nouvelles machines consommatrices d'énergie.

Tout s'unit donc pour ne pas faire franchir au machines un nouveau seuil vers des comportements plus intelligents et plus autonomes. Refus pour l'instant inconscient et diffus, tout au plus révélé par les pénibles débuts ou les avortements des nouveautés vraiment nouvelles.

Demain pourtant, une vraie nouvelle génération a toutes chances de naître, à la rencontre de deux dynamiques. D'une part des chercheurs et inventeurs qui auront forcé le passage, le génie suppléant aux finances. De l'autre, des utilisaeurs lassés de la stupide passivité, de la coûteuse inertie des systèmes "classiques". Il faut donc s'attendre, dans un avenir plus très lointain à des percées radicales, voire spectaculaires, sur des points ou dans des directions inattendues.

Alors, de même qu'il a fallu tracer des frontières entre informatique et libertés, de même il faudra faire des chox entre notre désir d'avoir des outils informatiques prévenants et compréhensifs, et notre peur d'être plus ou moins concurrencés par des serviteurs trop zélés.

Mai 1976. Enfin le terminal pas cher ?

Un verrou économique est en train de sauter : le prix du terminal simple. Qui ne s'étonnait, en effet, de se heurter toujours, pour accéder à l'informatique, au prix d'un moyen d'accès qui ne descendait pas au dessous de 10 000 F. ?

Le raisonnement élémentaire par comparaison avec un téléviseur grand public suffisait à montrer le problème : un terminal clavier-cran serait-il donc tellement plus compliqué qu'un poste de télévision ? Sans doute il comporte des pièces supplémentaires : un clavier, une logique. Mais par contre il n'a pas besoin de détecter et de démoduler la haute fréquence fournie par l'antenne.

On s'étonnait d'autant plus que la baisse du prix des composants, très rapide su les circuits intégrés logiques, ne semblait pas se répercuter sensiblement sur cet outil de base de l'informatique d'aujourd'hui. C'était à se demander si le concept de terminal "intelligent" n'avait pas été précisément lancé (et comme par hasard, chez IBM) pour éviter de tuer la poule aux oeufs d'or. Mais les arguments en faveur d'une certaine répartition de la puissance de calcul étaient trop forts pour que l'on n'en tienne pas compte au niveau des terminaux. De toutes façons, l'existence de terminaux intelligents ne supprime pas le besoin de consoles élémentaires.

Le déferlement des microprocesseurs renforce encore l'urgence d'un moyen de dialogue économique. S'il faut plus de 10 000 F de matériel pour dialoguer avec une puce à 50 F, de qui se moque-t-on ? Ce que l'on parvient à faire pour les calculateurs de poche, ne le ferat-ton pas pour les terminaux ?

Une visite au salon des composants rassure, du moins pour le proche avenir. De très nombreuses firmes, à commencer par les fabricants de microprocesseurs, s'intéressent à la question. Car non seulement il leur faut donner à leur clientèle des moyens plus faciles d'utiliser leurs puces, mais encore ils voient s'ouvrir devant eux d'intéressants développements commerciaux. Pourquoi s'époumonner à faire du chiffre d'affaires sur un produit à 50 F si l'on peut, en composant judicieusement kits et aides au développement, proposer des unités à 500 ou 1 000 F ? Surtout quand une bonne part des autres composants du kit peut se trouver dans le reste du catalogue de la firme, voire même de ses stocks à un moment où la conjoncure n'a pas tellement favorisé la vente des composants ?

Le clavier restait un point délicat. Pour assurer un fonctionnement sans faille pendant plusieurs années, les constructeurs recouraient à des technologies assez complexes. D'importants progrès voient le jour. L'amateur même peut trouver au détail des touches à moins de 1 F pièce. Les industriels pourront donc maintenant résoucre cette difficulté. De même, diverses techniques plus économiques pourront bientôt concurrencer l'écran cathodique. Economique en raison de sa très grande diffusion, il n'en est pas moins d'une technique complexe, avec sa très haut tension, son balayage... il est volumineux et encore assez fatigant pour l'oeil.

Le terminal de base au prix d'un téléviseur du commerce n'est donc plus un rêve. Il devait être sur le marché d'ici à quelques mois. L'annonce du Tic-tac par les PTT est bon signe. Ses possibilités sont limitées (notament par le clavier réduit) mais il montre le chemin.

Il ne manquera sans doute pas de difficultés techniques et commerciales pour freiner le franchissement de ce seuil, essentiel pour le développement de l'inforamtique. Mais dès à présnet, la pression des utilisateurs est assez forte, les moyens des construceurs assez puissants, leur volonté d'aboutir assez nette, pour que les annonces ne tardent plus. Au prochain Sicob ?

Juin-juillet 1976. On demande des chiffres

Paraxoxe ? L'informatique semble bien mal équipée d'instruments statistiques propres à guider son destin. Dès que l'on cherche réponse à bien des questions,comme le nombre des informaticiens, la répartition du parc des ordinateurs, les possibilités de développement de tel produit, on se heurte vite à l'insuffisance d'information. Du temps de la Délégation, il restait toujours l'espoir, parfois illusoire, de trouver les données voulujes dans ses dossiers. Aujourd'hui, où s'adresser ?

L'informatique, en effet, n'a pas sa place dans la majorité des statistiques officielles. Ce n'est ni un secteur économique, ni une catégorie socio-professionnelle cataloguée. Les syndicats patronaux la rattachent tantôt à la métallurgie, tantôt aux bureaux d'étude... Les conventions collectives ignorent le plus souvent les postes propres à notre discipline. Même à l'université, ce que l'on entend par informatique est parfois bien éloigné de ce qu'en pense la profession...

Il y a bien quelques bribes, par ci par là. La Diéi continue l'oeuvre de la Délégation, la Fnie (fédération nationale des industries électroniques, publie chaque année des statistiques sur le parc, d'ailleurs difficiles à exploiter, car elles découpente les matériels en tranches de prix, ce qui est un peu aléatoire dans un secteur où les prix baissent.. où les technologies changent, les frontières se déforment...

Il serait important de disposer, au moins pour la consulter, d'une liste détaillée du parc informatique français.Outre son utilité pour les entreprises utilisatrices et les fournisseurs, outre sa nécessité pour fonder des études macro-économiques, elle pourrait encore aider les personnels à s'orienter et à se reclasser... et elle contribuerait à la protection des libertés individulles. La seule liste actuellement disponible, à notre connaissance, est proposée par une firme américiane, et à un prix qui la réserve aux clients d'une certaine importance.

Quelques conseils proposent des études de marchés ou des analyses inspirées plutôt par le marc de café que par des travaux sérieux. Ils sont parfois les premiers à le reconnaître, et à se plaindre d'une lacune que les autres pays d'Europe on su combler mieux que nous.

La presse professionnelle, et Informatique et Gestion en particulier pour son dossier d'octobre sur l'Industrie Informatique, consent depuis longtemps des efforts suivis pour rassembler une infomation économique et technique de plus en plus complète, de mieux en mieux étayée. Mais un journal n'est ni un "observatoire économique" ni un bureau d'études.

Il y a gros à parier que les constructeurs américains et les bureaux de commerce des Etats-Unis, tant avenue de Neuilly qu'à Washington, en savent plus sur notre parc, nos applications, nos besoins de matériels et de logiciels, que les industriels français concernés.

L'information coûte cher, mais sans commune mesure avec l'ampleur des enjeux. L'informatique, science et technique de l'information, restera-t-elle toujours aussi mal informée ?