Maisautre, 2027

Stimulé par le passionnant (mais assez difficile à lire) Accélérer le futur, post-travail et post-capitalisme, de Nick Srnicek et Alex Williams (Cité du Design, 201. Voir notre bref résumé), je me suis lancé dans un effort d'imagination d'un autre futur pour notre ville. Pour amorcer, prenons deux scénarios opposés : Cauchemyard et Ledoomps

Ce texte est un premier jet certainement très contestable. Et de toutes façons, pour suivre Srnicek-Williams, il faut imaginer le futur comme multiple et non pas comme déterminé par l'évolution technique..

 

Cauchemyard

- Le ghetto de riches s'est renforcé. Tous les poitns d'accès à Maisons-Laffitte sont verrouillés (entrées routières et gare SNCF) sont surveillés par caméras et gardés par une police municipale armée. Les "noirs et les crouilles" (je cite un ancien conseiller municipal) sont interdits de séjou hors leurs brefs passages nécessaires pour les tâches dont les "blancs" ne veulent pas se charger. . Des patrouilles et des robots-flics lourdement armés circulent en permanence. Il faut en effet se protéger sévèrement de la racaille que les ghettos de pauvreté poussent à venir exercer leur criminalité à nos dépens.

- Pour les femmes, le port de la jupe sous le genou et de la mantille est vivement encouragé sinon obligatoire. Des harceleurs automatiques détectent et sifflent les contrevenantes.

- L'avenue Longueil est interdite aux piétons et aux cyclistes, sauf deux étroits trottoirs le long des boutiques. Des caméras automatiques verbalisent les piétons et les cyclistes qui se permettent de traverser au mauvais moment ou au mauvais endroit. Le stationnnement est réservé aux détenteurs d'une carte fournie par les grandes surfaces.

- Le prix de l'immobilier est tel que seul de riches vieillards ou héritiers, et quelques cadres très supérieurs ou expats, peuvent y habiter. Parmi les conséquences, comme la tendance aux alentours est similaire, il est impossible de trouver du personnel (notamment des assistant(e)s de vie) habitant à moins d'une heure de transports en commun ou de voiture dans les encombrements. Heureusement, le niveau de vie d'une bonne partie des mansonniens leur a permis d'acheter des logements (en cave ou sous les toits) pour loger leur personnel.

- Les familles sont éclatées, car (sauf exception des gros revenus), il est imposible aux enfants de se loger à un prix raisonnable. De même, les maisons de retraite locales ne sont accessibles qu'à un minimum de favorisés.

- Les entreprises ont fui la ville pour ces mêmes raisons, car les bureaux ont été transformés en logements de luxe, et il est impossible de trouver du personnel sur place, ce qui entraîne des retards et un absentéïsme peu favorable à un fonctionnement régulier.

- Les courses de chevaux ont disparu, pour des raisons économiques et culturelles. Subsiste quand même le cheval de loisir, essentiel à l'identité locale, pour ceux qui en ont les moyens.

- Le marché municipal a disparu car le terrain été cédé à un promoteur et, de toute façon, seuls les très grands groupes de distribution internationaux ont pu survivre. Il n'y a plus avenue Longueil que des franchisés de grandes marques. En particulier l'épicerie de Longueil s'appelle maintenant "Carrefour Longueil", et ses prix sont supérieurs à ceux de Fauchon place de la Madeleine.

- La pollution s'est aggravée et l'on porte un masque pour faire ses courses.

- Une part des écoles publiques a été privatisée, et l'Ermitage est considéré comme le modèle pour tous les établissements. Mais les élèves ont interdition de parler l'anglais en ville.

- Le Centre hospitalier et la MGEN ont élevé leurs tarifs. Les quelques médecins qui restent ne sont plus conventionnés et refusent la CMU.

- Tout l'art contemporain a été exclu des subventions de la ville. La biblothèque et la médiathèque ont été purgées. En particulier Jean Cocteau est désormais exclus, du fait de son homosexualité. L'identité mansionienne est célébrée, et comparée avantageusement aux sous-cultures de l'Outre-Seine ou de l'Outre-Forêt (suivez mon regard).

- La brocante et la fête de la musique sont des souvenirs du passé. Elles attiraient en ville la canaille des environs. En revanche, la musique classique ou le jazz de nos grands-pères sont valorisés dans des espaces bien surveillés.

- Du fait de la disparition des entreprises, les impôts locaux ont explosé, mais cela ne dérange pas beaucoup les riches mansonnienrs. Bien au contraire, cela contribue à éloigner de la ville les "pauvres".

- Les panneaux d'affichage public ont disparu et la communication de la ville est strictement limité aux fonctions administratives ou à la promotion du maire. Les distributeurs de tracts sur la voie publique sont harcelés sinon interdits. En revanche, des éccrans ont été placés en tous les poins stratétiques et diffusent la bonne parole du maire et des grandes multinationales.

- Les élections et le conseil municipal son devenus des formalités marqués par l'abstentionnisme et l'absentéïsme, le pouvoir étant concentré entre les mains du maire, soumis intellectuellement et économiquement aux grandes entreprises internationales (Gafa, Total, Bolloré, etc).

Ledoomps

- Grâce à de substantielles constructions de logements sociaux et à une politique immobilière raisonnable, la population s'est diversifiée. On croise dans les rues de gens de tous âges et de toutes les couleurs, parlant le français en général mais tout autant l'anglais et, moins souvent un peu des langues de toute la planète, notamment l'espagnol, l'arabe et le chinois. La ville rayonne internationalement.
S'intégrant à la politique européenne de mixité sociale, l'ouverture du ghetto mansonnien (et d'autres similaires) a permis la disparition des ghettos de pauvreté (ne nommons pas de villes) où s'enracinaient la criminalité et la radicalisation.

- Une large égalité des genres (et des transgenres) est assurée et confortée en tous points.

- L'automobile au sens actuel a disparu. En raison du télétravail et du remplacement des voiture individuelles par des véhicules autonomes collectifs ou n'ayant pas besoin de stationner dans les zones conviviale. Ces véhicules assurent aussi la livraison à domicile.
Du fait de la conduite automatique, les passages de poids lourds sont devenus l'exception, car il est désormais plus rentable de leur faire emprunter la voie fluviale ou le chemin de fer, avec l'automatisation de l'embarquement, du débarquement et du pilotage des péniches et des trains. Les quelques poids lourds restant, autres que ceux nécessaires à la vie locale, sont déviés par la rue de la Passerelle, après quelques aménagements pour rejoindre un nouveau pont au bout de l'Ile de la Commune.

- L'ensemble de la ville, avenue Longueil en particulier, est redevenu un vaste espace de convivialité. On a même relancé la fête foraine qui s'y tenait annuellement jusqu'aux années 1950;

- Pour travailler, les mansonniens n'ont plus que rarement (selon les professions) besoin de se déplacer, car le télétravail s'est généralisé, soit à domicile, soit dans des locaux de co-working. Il y a des sièges sociaux d'entreprise localisé à Maisons, mais ils n'occupent que de petits bureaux et à la rigueur sont complètement virtuels.

- Les familles peuvent rester groupées à Maisons-Laffitte, du fait des prix modérés de l'immobiliser et de la facilité du télétravail.

- Le cheval reste un des charmes de la ville, mais uniquement comme loisir et comme activité éducative.

- La plupart des mansonniens sont des auto-entrepreneurs, travaillant pour donner sens à leur vie et non pour assurer leur subsistance, garantie par une forme appropriée de revenu universel.

- L'air est plus pur que jamais et le ciel n'est obscurci que par les effets négatifs de la pollution mondiale, américaine notamment. Il reste quelques avions...

- Les écoles et tous les établissements d'enseignement sont des milieux largement ouverts sur le monde et à tous les types de population

- Le marché est devenu un espace de convivialité et d'animation très fréquenté. D'autant plus que des productions locales ont été lancées, notamment sur les vastes terrains libérés par la disparition (pour raisons éconmiques et culturelles) des courses de chevaux.

- Le Centre hospitalier et la MGEN sont complétés par plusieurs Maisons de la Santé réparties dans les zones les plus habitées. Outre les prestations traditionnelles des médecins, elle assurent une permanence d'orientation en 7/7 24/24. Les coûts sont limités par le bénévolat.

- Il reste quelques médecins individuels, mais la plupart ont rejoint (ou sont connectés) avec les Maisons de santé, qui leur permet d'assurer de meilleurs services. Ces mises en commun sont facilités par le dossier de santé en ligne et le télédiagnostic.

- Les impôts locaux ont été abaissés, car nombre de services municipaux ont été pris en charge bénévolement, ou pour une somme symbolique, par les habitants sans "emploi" vivant du revenu universel, et qui y trouvent sens à leur vie et reconnaissance sociale.

- La vie culturelle se pratique surtout au niveau de la communauté de communes. Les navettes automatisées complètent les mises en commun permises par les réseaux informatiques. L'art contemporain a fini par trouver sa place dans la culture locale, moyennant quelques efforts pour habituer les yeux et les oreilles à l'art numérique, voire à des artistes un peu ancients mais qui restaient clivants, comme le cubisme ou le dodécaphonisme.

- L'identité mansonienne doit sa réputation internationale à la richesse de sa culture, aussi ouverte vers l'avenir que fière de son passé, de son château historique comme de la convivialité multilingue de ses quartiers pavillonnaire, de son parc et de son centre-ville. Mais aussi par la richesse et la qualité de ses fonds historiques et culturels mis à la disposition de tous par un site profond et constamment perfectionné.

- La vie politique est très active. Au niveau local en particulier, le conseil municipal n'est plus que le sommet d'un vaste ensemble de prise de décision, appuyé à la fois sur des instances de voisinage (quartiers) mais aussi par un large emploi des réseaux à tous les niveaux, depuis les individus jusqu'au conseil lui-même, télévisé en temps réel et avec un dispositif très complet permettant l'intervention des citoyens moyennant une modération qui permet un bon déroulement du processus décisionnel.