Objectivation

Mot associé: externalisation

Mesure:métrique de l'expression, métrique de l'objet externe, métrique du couplage

VERS UNE OBJECTIVATION DE L'EPISTEMOLOGIE

Pierre BERGER, aout 1992

Pour mieux comprendre et maîtriser le monde oderne, marqué par la montée de l'informationnel et de a médiatisation technologique, nous avons besoin d'une épistémologie revue, adaptée. Capable notamment de déboucher sur des résultats quantitatifs et si possible sur un minimum de prévisions datées, nécessaires à l'action politique comme à la direction des entreprises.

Cette épistémologie sera objectivée, externalisée. Son centre se déplace de l'homme vers les médiations, et en pratique vers les machines informatisées.

Cette évolution remonte aux origines de l'humanité. L'homme est non seulement faber, mais faiseur d'outils, en particulier pour s'aider à connaître le monde.

Il marque les objets, il représente le monde dans les cavernes, les stèles, les pyramides. Il matérialise le langage par l'écriture. Le texte supplante le sage comme référence du savoir: c'est la Bible. Au moyen-âge, une fois brûlées les bibliothèques de l'antiquité, la cathédrale reprend temporairement le flambeau. Mais Hugo annonce la fin de son rôle ("Ceci tuera cela", chapitre de Notre Dame de Paris, qu'il aurait ajouté après coup, influencé par Hegel).

Actuellement le livre, et la presse écrite, sont peu à peu relayés par l'audiovisuel et plus généralement l'informatique. La science, comme le bureau, se fait de plus en plus "sans papier", à coups de calculateurs, de bases de données, de réseaux.

Cette montée progressive du support matériel s'accompagne d'une mouvement intellectuel (conceptuel...) plus important encore.

Au départ, l'information matérialisée sur un support n'est considérée que une prothèse, une assitance à l'écriture, une capacité de transmettre la connaissance depuis un auteur jusqu'à des lecteurs. (Cet auteur pouvant être Dieu lui-même, relayé par les rédacteurs des textes sacrés).

La conviction naît de l'autorité de l'auteur (deux mots de la même famille...) et, pour l'auditeur, de l'évidence et de la cohérence avec son expérience.

Mais, au fil des temps, l'autorité et l'évidence cèdent le pas à la solidité du texte, de sa structure, de sa méthode: logique du syllogisme, cohérence des "sommes" scolastiques. Peu à peu, le raisonnement mathématique devient le type même de la connaissance solide.

Parallèlement, la connaissance du monde physique compte de moins en moins sur la perspicacité de l'auteur et de plus en plus sur la solidité du montage exéprimental, de sa précision, de sa reproductibilité.

En histoire même, Voltaire travaille la méthode (et la pluralité des sources), comme Descartes en philosophie.

Le succès universel des technologies dans les trois derniers siècles valide cette confiance dans les machines à connaître, répondant au désir de Bacon: "

"Restat unica salus ac sanitas,ut opus mentis universum de integro resumatur; ac mens, jam ab ipso principio, nullo modi sibi permittatur, ad perpetuo regatur; ac res veluti per machinas conficiatur.

On n'en sortira sain et sauf qu'en reprenant à la base tout le travail de l'esprit, que l'esprit dès le départ ne soit pas laissé à lui-même, mais qu'il soit toujours guidé, et que la chose se fasse comme par une machine." Bacon. Préface du Novum Organum.

Ainsi la science devient construction de systèmes cohérents, d'une logique sans faille, et prenant appui soit sur des axiomes, acceptés pour leur évidence, soit sur la cohérence avec la réalité expérimentale.

Mais, peu à peu, les systèmes revendiquenet leur autonomie par rapport aux uns comme aux autres. Tout en prouvant leur efficacité.

Le fait est que la construction mathématique va conduire à nombre de résultats inattendus, voire contre-intuitifs, et parfois incompréhensibles à la plupart des mortels, mais bien confirmés par l'expérience: découverte de Neptune par Leverrier, énergie nucléaire, etc.

La philosophie elle aussi s'organise en systèmes La cohérence, de forme plus que de fond, de la scolastique, s'approndit. Kant fonde plus solidement la notion de système, en partie sous l'influence de la physique newtonienne. Mais les philosophes rencontrent des difficultés particulières. Pour eux, la vérification expérimentale est sans objet, sous réserve d'une cohérence avec le bon sens. Et l'évidence des principes premiers se fait de plus en plus aléatoire.

En fait, notamment avec Hegel, la consistance des systèmes finit par l'emporter sur la valeur des fondements. On va vers des systèmes sans fondement. De grandes théries cosmologiques comme l'évolution darwinienne convainquent bien plus par leur cohérence grandiose que par leur solidité expérimentale, contestée encore aujourd'hui.

Les mathématiques se mettent de la partie. Peu importe la vérité de leurs axiomes, d'aileurs fort éloignés de l'évidence comme de l'expérience. C'est la construction qui compte.

Après la guerre, sous l'influence de la cybernétique et de la recherche opérationnelle, le modèle va prendre le dessus. Porté par l'ordinateur, le modèle s'anime.

Une part croissance de nos données, de nos modes de raisonnement, de nos savoirs, passent dans la machine. Les syndicats, un temps, se sont émus de ce transfert du "savoir ouvrier" vers kes ribits. Les systèmes experts vont dans le même sens, de même que l'audio-visuel pour l'ensemble des fonds musicaux et maintenant graphiques. La culture même!

Notre façon de concevoir, de penser, devrait se transformer radicalement sous l'influence de ces nouveaux moyens, montre Pierre Lévy dans "L'idéographie dynamique, vers une imagination artificielle" (La Découverte, Paris 1991).

Mais surtout, la connaissance allège chaque jour sa dépendance par rapport aux humains. Bertalanffy écrivait déjà en 1968: "Un système symbolique, un algorithme comme ceux de la physique mathématique, finit par vivre de lui-même. Il devient une machine pensante, et si on lui donne de bonnes instructions, la machine marche seule, fournissant des résultats inattendus qui dépassent les faits apportés initialement".

L'ordinateur peut-il devenir créatif. L'idée nous choque, mais progresse doucement. Des informaticiens comme D. Michie et R. Johnston pulbient "L'ordinateur créatif" (Traduction française, Eyrolles 1987). Un peintre comme Harold Cohen, déjà connu dans les milieux spécialisés, s'oriente vers la création automatique (Pamela McCorduck : "Aaron's code. Meta-art, artificial intelligence and the work of Harold Cohen", Freeman 1991).

De toutes façons, l'homme ne peut revendiquer le monopole de la création de nouveauté: la nature, ou Dieu, ne l'a pas attendu pour créer les atomes, les plantes, les animaux... et lui-même. Pourquoi ne continuerait-elle pas?

Il est donc temps de débarasser l'épistémologie de son cordon ombilical. La question n'est plus de savoir si notre esprit se conforme au réel, si nous pouvons avoir des certitudes, si le monde tel que nous le percevons existe réellement ou n'set qu'une illusion de nos sens.

Désormais, les modèles tiennent par eux-mêmes. Pour un temps, ils ont encore besoin des humains, soit pour les réparer quand ils se mettent en panne, soit pour leur permettre de dépasse leurs limites. Mais ce n'est peut-être plus qu'une question de temps, et déjà sans doute ce n'est plus l'essentiel.

L'homme, mis au monde "pour cultiver le jardin", dit La Genèse, est désormais au service, ou en communauté avec, un arbre de la connaissance dont il n'est ni le maître ni le consommateur exclusif.

Ainsi externalisée, l'épistémologie appelle une théorie. Elle se la construira peut-être elle même. mais en attendant, tentons quelques approches, sous forme d'une sorte de "thermo-dynamique".

Une telle théorie nous est en effet nécessaire pour évaluer notre avenir, définir notre rôle, organiser nos activités individuelles et collectives, et, très immédiatement, prévoir les marchés rentables de la fin de la décennie.

Major progresses have been made by transfer of humain responsibilites to meta-humasns. Id. Law, machines, marcket

Bergson keeps looking for a central authority (2 sources), hate of democracy (Daudet)...

The present (7/97) question is: what kind of transfer shoud we do now (or are we doing):

-1. mainly, religion. no God, no Institution

Religions founded by one man and his team. Then provisions to insure its survivabily: tradition and transition rules;

The text (Bible, Coran), and rules.

In US, business is the religion, with its rituals (eg EMC in SF, 1997)

for the innovator, with the watch frm large corporations, the problem is not to survive as Cy founder, but to stay independant long enought to have a valuable product to sell Gates or IBM

- 2. Science

The transfer by itself is constitutive of science

. logics, laws of reasoning " de-monstration "

. memory (shared with authoritative dogma), wrigint,

. experimental apparatus

. basic epistemology.

Politically, the transfertw orks because each (off a sufficent proportion) brings an idea of the whole. But, in US, the corporate leader (eg Gates at Microsoft) as no real democratic political doctrine. Just looks to the dominance of his corps. Id. Clinton: US must rule the world. Not looking for a relay throug UN.