Le thème, en résumé
- L’industrie est devenue capable de fabriquer des robots humanoïdes très évolués.
- Ils sont capables de remplir à peu près toutes les fonction d’un humain, depuis la conduite des voitures jusqu’aux câlins.
- Leur psychologie est en principe de soumission, en pratique très proche de la psychologie humaine.
- Ils arrivent dans un monde qui, par ailleurs, est dans l’état technologique et sociologique d’aujourd’hui.
Quand ces robots arriveront, le monde aura beaucoup changé
- De tels robots aussi avancés sont peut-être possibles ; en tous cas il n’y a pas de démonstration convaincante de leur impossibilité.
- Mais il faudra encore plusieurs décennies pour qu’ils apparaissent sur le marché (2050 sinon 2080 pour les théoriciens de la “singularité”).
- D’ici là, le monde aura beaucoup changé :
- les autres technologies auront considérablement progressé ; par exemple, les voitures seront totalement automatiques (Google cars sur le marché vers 2017) ; il est donc idiot de proposer des robots qui savent conduire ;
- en particulier différentes formes d’ “humains augmentés” (cyborgs, si l’on veut) , d’abord pour des raisons médicales (organes artificiels) ou pour les handicapés, et pour les raisons militaires, ensuite pour le plaisir; dès aujourd’ui, quelle est la proportion d’humains qui vivent sans prothèses (depuis les lunettes et les implants dentaires jusqu’aux jambes de Pistorius) et sans aides chimiques ?
- la société elle-même aura beaucoup évolué, en espérant que les catastrophes naturelles, écologiques, religieuses ou politiques ne nous aient pas fait disparaitre.
- Les robots humanoïdes sont particulièrement coûteux à fabriquer, puisqu’il faut les doter d’un système sensori-moteur complexe (rien que pour marcher debout sur deux jambes en environnement quelconque), ainsi que de capacités élevées d’expression et de compréhension des intentions humaines
- Ce sont des robots adaptés à des fonctions particulières qui vont surtout se multiplier :
. qui n’ont pas forcément besoin de se déplacer (robots industriels), ou peuvent se déplacer de façon simpliste (robots aspirateurs, robots tondeuses, détecteurs et destructeurs de mines...) ;
. qui peuvent se contenter d’un système “nerveux” simple, les interfaces avec les humains se réduisant à quelques boutons ou une télécommande ;
. qui peuvent être purement logiciels (robots traders, surveillance, documentation (Google), art génératif).
Les robots auront une “psychologie” de plus en plus évoluée (émotions, comportements d’autonomie, sans doute de plaisir), mais on ne voit pas pourquoi il faudrait recopier la nôtre avec ses limites propres ; vraisemblablement, on développera de nombreux types psychologiques, certains “humanoïdes”, d’autres pas du tout ; avec tous les charmes et dangers que l’on peut imaginer.
- force physique, endurance (pas besoin de sommeil), résistance aux environnements létaux pour les humains, robots volants (drones), précision (téléchirurgie)
- communication directe par messages codés (alors que les systèmes biologiques et humains emploient des processus lourds : pour dire à un convive “passe moi le sel”, je dois dois formuler la question dans une langue naturelle et dans des formes assez subtiles de politesse , l’exprimer oralement (prosodie), l’accompagner d’une gestuelle et d’expressions adaptées ; et mon convive doit avoir une vision/audition capable de décoder tout cela ; deux robots pourraient s’échanger ce type d’information en quelques milliers (mettons millions) de bits et quelques microsecondes
. communication électronique filaire et hertzienne à la vitesse de la lumière ; il faut un centième de seconde pour que mon cerveau perçoive qu’on m’a marhé sur le pied ; pendant ce temps, un message sur Internet a parcouru 3 000 kilomètres.
"Une robopolique”, réclamait à Laval Virtual la philosophe Sylvie Allouche, sans rien dire du “comment” (elle y travaille).
La compétition entre humains et automatismes est dès aujourd’hui, plus importante que la compétition entre chômeurs français et indonésiens.
Mais tout le discours politique, en France comme ailleurs, se concentre sur des politiques de “compétitivité” avec deux volets (en caricaturant la chose) :
- recherche et développement (donc, plus de machines),
- flexibilité du travail (donc, moins d’humains).
C’est cela qu’il faut changer. Ce n’est possible qu’au niveau mondial. Mais c’est urgent.
Pierre Berger 10/4/2013