Association Française des
Sciences et Technologies de l'Information

Hebdo
No 38. 18 juin 2001

Sommaire : Trois questions à François Anceau | L'actualité de la semaine | Théories et concepts | Le livre de la semaine |

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Trois questions à François Anceau

professeur au Cnam et à l'Ecole polytechnique.

Asti-Hebdo : Vous enseignez au Cnam les "techniques fondamentales de l'informatique" et la conception des VLSI à Polytechnique. Faut-il vous considérer plutôt comme un enseignant ou un chercheur ?

François Anceau : J'ai eu une carrière mixte, entre université et industrie. J'ai travaillé douze ans chez Bull. Je suis aujourd'hui arrivé à une phase où j'essaie de faire bénéficier les jeunes générations de mon expérience, tout en continuant à la mettre à jour.

Comme je l'ai dit pendant ma récente intervention à l'Institut Fredrik R. Bull, j'ai l'impression que, dans le domaine crucial des architectures de microprocesseurs, nous nous sommes fait distancer. Les Américains sont en train de prendre une avance telle que nous aurions bien du mal à les rejoindre, si jamais nous avions cette ambition. Nous c'est à dire les Français et les Européens en général. Or c'est un domaine clé, non seulement pour l'industrie et les services, mais aussi pour l'ensemble de la société, que ces technologies influencent d'une manière sourde, mais profonde.

Hebdo : Quel est aujourd'hui le problème essentiel de ces architectures. La montée des consommations ? Le parallélisme ?

F.A. . : La publicité faite par Intel sur la consommation du Pentium 4, qui atteint 55 watts, a de quoi faire réfléchir. En termes de watts par centimètre carré, au rythme de croissance que nous constatons, nous nous rapprochons du coeur des réacteurs nucléaires ! Mais je pense que différentes approches nous permettront de contourner cet obstacle. J'ai d'ailleurs tendance à penser que si les constructeurs en parlent maintenant (après des années de silence), c'est surtout pour nous préparer à l'arrivée d'une nouvelle génération de machines, à basse consommation.

Quant au parallélisme, je crois qu'il s'agit surtout d'un mythe, qui pousse vers les voies de garage en écartant de la voie centrale : les chips puissants mono-processeurs. Mais le mythe du parallélisme plaît beaucoup aux technocrates, qu'ils soient français ou européens, publics ou privés. Les Américains ne se privent pas de l'utiliser, en particulier pour motiver leurs thésards. Or l'essentiel, pour l'industrie, est de disposer de bons mono-processeurs.

Toute une panoplie de techniques se sont développées pour bien utiliser les monoprocesseurs et réduire les consommations d'énergie. Je pense en particulier au renommage de registres ou à l'exécution désynchronisée. Cela n'empêche pas, une fois que l'on dispose de bons processeurs, de les faire coopérer.

Hebdo : La France et l'Europe pourraient-elles retrouver une place dans ce domaine, au niveau international.

F.A. Ce n'est pas impossible. Les Anglais ont réussi par exemple à très bien se placer sur le marché des processeur enfouis avec leur machine ARM.

Pour réussir, il faudrait accepter, comme nous avons su le faire pour les avions après la guerre, de soutenir une succession de prototypes sous-optimaux, et non rentables par eux-mêmes. Il ne faut pas tenter de lutter d'emblée avec des industries qui ont l'expérience, le savoir-faire d'un domaine. L'acquisition de licences ne peut suffire. Seule l'expérience que l'on acquiert progressivement en développant successivement des prototypes permet de prendre conscience des vrais problèmes, des astuces qu'il faut trouver pour les résoudre.

Pour prétendre faire un tel effort, on ne peut se contenter de laisser la liberté aux chercheurs et de simplement soutenir leurs efforts par quelques aides technocratiques. Pour répondre à la pression du marché, il faut faire de la recherche "au forcing". Cela marche très bien, j'en ai eu l'expérience.


L'actualité de la semaine

La lois sur la SI

Pour connaître le projet de loi : le site du Gouvernement.

On aura un point de vue et quelques pointeurs sur le site de 01 Net.

Les juristes face aux NTIC

Les juristes face aux NTIC Quels types de rapports entretiennent les juristes avec les NTIC ? L'Association Française des Juristes d'Entreprise et Legisway ont tenté de mieux les connaître, en réalisant la première enquête du genre. Globalement, la quasi totalité de la profession (97%) est équipée d'un ordinateur, ils sont presque autant (90%) à disposer d'un accès Internet et 86% des personnes interrogées utilisent la Toile dans leur cadre de travail. .
E.L. © DRH Actu 15/06/2001

Théories et concepts

EDI, XML, rupture ou continuité ?

Pour Marc Langlois, délégué général d' Edifrance, "on ne se situe pas sur le même plan. L'EDI conventionnel est particulièrement adapté au coeur du métier des grandes entreprises : de gros volumes d'échanges, réguliers, avec des partenaires stables. Les gains de productivité sont conséquents et en rapport avec les investissements qui ont été nécessaires à cette mise en oeuvre. Il n'est donc pas question pour ces entreprises de remettre en cause ces méthodes de travail !

"En revanche, pour un grand nombre d'entreprises mouvantes, généralement de plus petite taille, les solutions à base de XML sont plus adaptées. Ces entreprises interviennent dans la fourniture de produits et de services généraux,...

Toute l'expérience accumulée est récupérable !
- sur le plan sémantique, le vocabulaire est déjà défini et disponible ;
- sur le plan méthodologique, les méthodes de conception et d'analyse sont les mêmes ;
- sur le plan du design des systèmes d'information, tous les processus d'automatisation des traitements, de contrôle, d'alerte et de gestion des

Traçabilité

Le Gencod vient de publier une brochure intitulée "La traçabilité dans les chaînes d'approvisionnment, de la stratégie à la pratique". Il s'adresse aux acteurs opérationnels, mais présente un panorama des concepts qui peut être utile aux enseignants et chercheurs. Un bon de commande peut être téléchargé sur le site du Gencod

Signature électronique

Nathalie Neveux et Thaima Samman font le point dans la revue Expertises (numéros de mai et juin 2001). Cette revue, de haute technicité juridique, fait le point tous les mois sur les problèmes e les affaires en cours en matière de systèmes d'information. Celog, l'éditeur, ne communique pas son adresse web. On peut téléphoner au (01) 40 35 03 03 ou écrire au 119 avenue de Flandre, 75019 Paris.

Le livre de la semaine

Le sens n'est pas une exclusivité de la race humaine

Si vous pensez que le sens est le propre de l'homme, et que les machines auront indéfiniment besoin de nous pour communiquer entre elles, l'ouvrage que Frédéric Kaplan vient de signer chez Hermès Science sous le titre "La naissance d'une langue chez les robots" va vous obliger à des révisions déchirantes... ou à contester ses vues, malgré leurs bases expérimentales.

Chercheur au Sony Computer Science Laboratory (fondé à Paris en février 1997), l'auteur y a fait la connaissance de Luc Steels et de son équipe. Pour lui, la langue est un système complexe, comparable par certains aspects à un organisme vivant. Et on peut l'étudier par des simulations informatiques basées sur des robots, notamment les "têtes parlantes", ainsi baptisées par le laboratoire en référence aux automates construits par l'abbé Mical en 1783. En faisant dialoguer de tels robots, on constate que, progressivement, ils construisent une nouvelle langue.

Les titres de chapitres du livre, avec tout ce qu'ils ont de blasphématoire pour les non-réductionnistes, en donnent bien l'orientation : dynamiques du consensus, auto-organisation lexicale, construction du sens, catégories complexes, ancrage dans la réalité.

Mais l'auteur n'a peut-être pas vu toute la portée de ce travail. Il y voit surtout "dans une perspective d'ingénieur", la possibilité d'importantes avancées dans l'interaction homme-machine et, à terme, pour le traitement des langues naturelles. Certes, mais il y a aussi une forte demande du marché pour la commmunication entre machines, le "StoS" (system to system). En ce domaine, l'état de l'art se fonde essentiellement sur XML. Mais, sous son apparente facilité, ce "langage" recouvre beaucoup de complexités. En partie parce qu'il se veut lisible aussi bien par l'homme que par les machines. Les idées présentées par Frédéric Kaplan laissent présager que les robots pourraient bientôt trouver leur avantage à se passer de nous pour mieux communiquer entre eux. P.B.


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