Sommaire : IEEE : trois questions à Willis King et à Christophe Cérin | Gérard Sabah : rectificatif | L'actualité de la semaine | La recherche en pratique| Enseignement | Manifestations | Le livre de la semaine |
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Asti-Hebdo :Pouvez-vous présenter brièvement l'IEEE et la Computer Society ?
Willis King : Née de la combinaison de deux sociétés, Electrical Engineering et Radio Engineering, l'IEEE est la plus ancienne société professionnelle des Etats Unis. Ses origines remontent à 1884 et elle est forte aujourd'hui de 365 000 membres, elle fédère 36 associations, dont la plus nombreuse est la Computer Society. Notre budget 2001 s' élève à 33,5 millions de dollars. 8% viennent des adhésions, le reste de la vente de nos revues et autres prestations, en particulier des quelque 150 conférences que nous organisons chaque année Sur le fond, la réputation de notre société est bien établie et le niveau professionnel élevé de nos membres incontesté.
Nos membres se réunissent dans 200 « chapitres » dans le monde, plus environ 200 chapitres d'étudiants. Nous avons des bureaux à Los Alamitos (Californie), Bruxelles et Tokyo. Notre siège est à Washington DC. 35 personnes y travaillent
Un tiers de nos adhérents vit hors des Etats-Unis. En France, nous comptons 2274 membres IEEE, 869 membres sont affiliés à la Computer Society. Nos accords avec l'Asti devraient contribuer à une meilleure connaissance des services offerts par la Computer Society à la communauté informatique française *.
Nos buts sont à la fois scientifiques et éducatifs : faire avancer la théorie, la pratique et l'application de la science et de la technologie du traitement de l'information, maintenir un standard professionnel élevé parmi nos membres.
Il y a une forte composante éducation dans nos activités. Le e-Learning est actuellement en transformation rapide. Je ne peux vous donner ici un point de vue définitif, mais nous allons certainement bientôt offrir à nos membres une forme de e-Learning. Nous touchons à la fois les milieux universitaires et les milieux industriels.
Hebdo : Le débat pour savoir si l'informatique doit être enseignée au lycée est très vif en France. Quel est votre avis ? ?
W.K. : Il y a trente ans, il y avait un grand débat international pour savoir si l'informatique devait être enseignée à l'Université. Aux Etats-Unis, la situation diffère selon les Etats. L'enseignement de l'informatique est obligatoire en High School au Texas. On y enseigne en fait essentiellement un langage informatique, C++ par exemple. Mais nous n'avons pas suffisamment de professeurs qualifiés. Les étudiants doivent parfois désapprendre ce qu'ils ont appris. Les mathématiques sont trop souvent considérées comme inutiles. En fait, le niveau des mathématiques aux Etats Unis est plus faible qu'en France
Hebdo : Quelles sont vos réalisations clés ?
W.K. : Toutes nos divisions sont actives. Mais actuellement, la plus active et l'ingénierie du logiciel (TCSE, Technical council on software engineering). Elle est suivie de près par les tests (TTTC, Technical council on test technology).
Nous publions 20 périodiques différents dont deux nouveaux, consacrés à l'informatique mobile, en particulier Pervasive computing. Nous établissons une gradation entre les "Transactions" qui sont plus orientés Recherche, et les "Magazines", plus pratiques.
Nous soutenons en ce moment le développement de Transactions sur l'ingénierie de la connaissance. Nous proposons à la fois Transactions et Magazine pour la reconnaissance des formes, et l'informatique graphique.
C'est le président qui nomme les éditeurs (NDLR : au sens anglo-saxon, ici, en pratique, les rédacteurs-en-chef) des publications. Elles font appel à des scientifiques et n'emploient pas de journalistes professionnels. Certains scientifiques regrettent les délais de publication des articles... nous souhaitons tous réduire le temps qui s'écoule entre la soumission d'un article et sa publication. Il atteint souvent 18 mois. Mais ce n'est pas un problème facile à résoudre. Nos publications ont d'autant plus de valeur que les articles sont revus attentivement par des pairs.
Nous patronnons un grand nombre de conférences techniques, jusqu'à 150 par an.
Enfin notre statut, non commercial, fait de la Computer Society un terrain neutre idéal pour négocier les standards. Nous sommes très actifs dans l'établissement des standards industriels, depuis TCP/IP jusqu'à la virgule flottante. Nous avons, de plus, des représentants à l'ISO.
Nous avons développé nous-mêmes des outils de recherche et de mise en relation des ressources électroniques. Mais en ce domaine, les besoins sont tels que nous pourrions avoir à utiliser bientôt des moteurs de recherche du commerce. Nous voulons aider nos membres dans leur recherche d'informations à rester en phase avec l'évolution de la technologie. Les services électroniques de la Computer Society comprennent en outre le vote sur le web pour l'élection des membres, la gestion et la relecture des manuscrits par des pairs, le catalogue en ligne avec achat en temps réel.
Notre objectif actuel est de fournir le plus de services possibles à nos membres. Nous le faisons autant que nous pouvons, en fonction de nos ressources qui sont limitées. C'est ainsi que nous leur avons ouvert une grande bibliothèque numérique. Tous les membres de l'université peuvent y accéder, l'abonnement étant beaucoup moins élevé pour les particuliers que pour les bibliothèques. Nous essayons de répondre aux désirs de nos adhérents, d'anticiper les changements d'une science qui évolue de plus en plus rapidement en faisant preuve d'agilité sur le plan organisationnel.
Propos recueillis par Mireille Boris
(*) 10% de réduction sont accordés aux membres de l'ASTI qui souscrivent à la fois à l'IEEE et à la Computer Society (132$ au lieu de 147$)
Christophe Cérin : Ma participation à l'IEEE comme membre, et comme président du chapitre français de la Computer Society (une des associations fédérées dans l'IEEE, me permet de vous parler d'expérience. Une expérience enrichissante.
Le principal intérêt, c'est l'ouverture sur de larges horizons. En France, nous n'avons pas l'habitude de travailler à large échelle, dans de grosses structures. Nous aimons les petites réunions, à quatre ou cinq. Par rapport à nos petites associations spécialisées, Asti'2001 a déjà représenté un saut, un niveau d'organisation et de complexité nettement plus grand. A fortiori, l'IEEE peut nous sembler énorme.
Il est passionnant de voir comment cela marche. Comment fonctionne une réunion plénière, à un niveau professionnel. Cela n'est vraiment pas le genre d'organisation que l'on trouve dans une université française. Ces grandes institutions disposent d'un effectif substantiel de permanents. Les réunions sont préparées, orchestrées. Il faut prendre conscience, et apprendre, que la prise de parole ou la présentation d'une communication ne se font pas n'importe comment.
Hebdo : Pour les activités que vous organisez en France, les structures internationales vous aident-elles substantiellement ?
C.C.. : Dans une association américaine aussi, volontariat et bénévolat sont essentiels, comme chez nous. Mais le modèle culturel est bien différent. Intérêt personnel et intérêts collectifs de différents niveaux se marient avec moins de complexes. Le vocabulaire même en témoigne.
On nous nous dit : "Si vous voulez faire du business, faites-le. Vous créerez de nouveaux services.. cela profitera à tout le monde. Vous voulez monter une conférence, un numéro spécial de revue... allez-y. On vous met en relation, vous avancez.".
L'IEEE n'apporte aucune mise de fonds, d'ailleurs. Cependant, elle finance le déplacement d'intervenants depuis le pays de résidence de l'orateur jusqu'en France. C'est à nous alors d'organiser son hébergement comme ses interventions. Cela m'a permis, pour certaines réunions, de faire venir en France par exemple un hollandais... qui résidait en Australie.
Hebdo : Soutenir le chapitre français d'une telle association, n'est-ce pas faire le lit de la pensée et de l'industrie américaines ? Etes-vous concurrent de l'Asti, du Cepis ?
C.C.Je ne crois pas qu'il y ait concurrence avec les associations françaises et européennes. Quant à la "mondialisation", l'IEEE n'est nullement réservée aux Américains. Michel Israël, premier président de l'Asti, a atteint les plus hauts niveaux de la Computer Society. Le président de la région 8 est turc, le secrétariat est assuré par des anglais. Il y a une participation notable de l'Arabie saoudite.
Cela dit, le "gros business" vient des Etats-Unis, qui trouvent aussi leur intérêt à aider au déplacement de leurs spécialistes, par exemple. Mais il ne faut pas négliger les opportunités qui nous sont ainsi ouvertes. Il faut avoir la volonté de sortir des systèmes franco-français.
A noter, un bilan en ligne sur le site du ministère. Extraits : au lycée, il y a aujourd'hui un ordinateur pour 6 élèves (contre un pour 12 en 1997), au collège, un pour 14 élèves (contre un pour 26 élèves en 1997) et, à l’école, un ordinateur pour 23 élèves (contre un pour 100 élèves en 1997).
- journées du CMSL, 9 et10 octobre à Paris,
- ICSSEA 2001 14 èmes Journées Internationales, génie logiciel &
ingénierie de systèmes, du 4 au 6 décembre, à Paris,
- colloque européen de Sûreté de fonctionnement, du 18au 21 mars 2002, à Lyon
- CETSIS-EEA 2001 Clermont-Ferrand, 29-30 octobre,
Tous les détails sur leur site.
Pour ce qui est d' Evonet 2001... vous venez de le rater, il s'est tenu à Thessalonique du 27 août au 1er septembre. Attendez un peu pour les actes!
Theoretical aspects of evolutionary computing. Leila Kallel, Bart Naudts et Alex Rogers (Eds.), Springer.