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ABONNEMENT/DESABONNEMENT| PAGE D'ACCUEIL DE L'ASTI | DICTIONNAIRE | NUMEROS PRECEDENTS"Certes les matériels sont importants, mais leur utilisation pertinente l'est encore plus"
Asti-Hebdo : Le ministre de l'Education nationale a récemment donné d' intéressants chiffres sur l'équipement des établissements scolaire. Que pensez-vous de ce bilan ?
Jacques Baudé : Comme tout discours de ministre, il enjolive la réalité. Bien sûr, comment ne pas être d'accord quand il lance :"L'école doit être un instrument d'égalité culturelle et éducative", ou encore "Elle est le pivot de la société d'information". Il ne s'agit pas de contester les chiffres fournis par le ministère, mais d'en comprendre le véritable sens. Il faut surtout faire la distinction entre la présence du matériel et son utilisation. On retrouve ici un écart que l'on a déjà connu avec les moyens audiovisuels et le magnétoscope. Je ne parlerai ici que de l'enseignement primaire et secondaire, n'ayant pas de compétences particulières pour ce qui concerne le supérieur.
Tous les lycées et collèges sont connectés à Internet, et la moitié des écoles, dit le ministre. Or, selon un sondage récent du magazine NewBiz, plus de 70% des parents considèrent que leurs enfants n'utilisent pas Internet dans le cadre scolaire, et 62% des enseignants disent de même. De quoi semer le doute.
Pour l'école primaire, il est impossible d'obtenir des statistiques précises, notamment parce que les écoles dépendent des municipalités. A Rueil-Malmaison, où j'habite, les écoles sont richement dotées (les ressources de la commune le permettent). Il n'en va pas de même partout. De plus, les écoles sont aussi rattachées aux Académies, qui mènent des politiques sensiblement différentes les unes des autres, par exemple en matière de formation des maîtres.
Mes contacts me permettent de dire que, à Paris par exemple, toutes les écoles sont effectivement équipées et connectées. Mais qu'une grosse moitié des équipes pédagogiques ne se servent pas de ces possibilités. Au plan national, je me risquerais à avancer qu'environ 30% des instituteurs utilisent l'ordinateur avec leurs élèves. Avec tout le flou qui se cache derrière le verbe "utiliser".
Dans les collèges, le ministre donne le chiffre d'un ordinateur pour 14 élèves. Il faut distinguer l'enseignement de Technologie et celui des autres disciplines.
En Technologie, un tiers du programmes concerne l'informatique, c'est à dire ici l'utilisation des progiciels de base. La réalité sur le terrain dépend beaucoup de la formation, très variable, des professeurs de technologie. Beaucoup sont essentiellement des autodidactes. A l'opposé, certains viennent du monde de la commande numérique et sont capables d'intéresser les élèves à la réalisation de petits robots. D'autres, certainement la majorité, connaissent le traitement de texte et en font profiter ses élèves...
Dans les autres disciplines, j'ai des raisons de penser qu'environ 20% des enseignants utilisent l'informatique, par exemple en mathématiques ou en langues. Une des difficultés importantes vient de la disponibilité des matériels. On en trouve au centre de documentation (CDI) et, souvent, dans une salle plus ou moins spécialisée et sécurisée. Pour l'utiliser, les enseignants doivent donc réserver la salle et déplacer leurs élèves. C'est très lourd. A l'EPI, nous voudrions que chaque établissement dispose également de plusieurs salles d'enseignement général munies d'un écran suffisamment grand pour un groupe de 15 élèves.
Il faut, de toutes façons, rester raisonnables. Dans un pays qui compte 13 millions d'élèves et d'étudiants, si l'on voulait partout un ordinateur pour deux, cela représenterait un coût non négligeable. Les choses ne peuvent se faire que progressivement. Mais le système éducatif se doit de tout faire pour compenser, dans ce domaine, les inégalités sociales.
Dans les lycées, le chiffre officiel est d'un ordinateur pour six élèves. Il faut faire la différence entre enseignements technologiques et généraux, (ces derniers étant les plus nombreux).
Dans les enseignements technologiques, la pression de l'aval a obligé depuis plusieurs années les programmes à évoluer et les enseignants à s'adapter. Sans aller jusqu'à dire qu'il n'y a plus de problèmes, on peut considérer que l'ordinateur est bien implanté.
Dans les enseignements généraux, l'informatique en tant que discipline n'est plus enseignée. L'option informatique (1981-1992) disparu. C'est ici qu'il faut bien comprendre ce que veut dire le ministre en proclamant: "Les TIC sont instrument pour toutes les disciplines". Il exprime là une doctrine "politiquement correcte", depuis des années et quel que soit le gouvernement : dans l'enseignement général, il ne doit pas y avoir d'enseignement spécifique de l'informatique Elle doit rester en filigrane. C'est le professeur de lettres, de maths, de physique ou de sciences naturelles qui doit prendre en charge la culture informatique du futur citoyen. Le résultat est médiocre.
La décision de suppression de l'option informatique des lycées s'est appuyée sur des arguments "moraux". Par exemple le fait que l'enseignement de l'informatique concernerait en pratique surtout les scientifiques, et serait donc élitiste. Mais elle a surtout permis au ministère de s'épargner les investissements que réclamerait la formation d'enseignants compétents en nombre suffisant. Ceci au détriment de l'intérêt des élèves et des besoins de la société.
En pratique, ont peut considérer que 10% seulement des enseignants en enseignement général (un peu plus si on inclut les sciences expérimentales avec l'expérimentation assistée par ordinateur, prévue officiellement par les programmes) ont intégré l'informatique dans leur enseignement. Trop d'élèves arrivent donc au baccalauréat sans une réelle maîtrise de l'ordinateur. Baccalauréat qui n'a d'ailleurs rien prévu pour s'assurer de leur compétence en la matière. Espérons que les remaniements actuels des programmes d'enseignement vont améliorer la situation. Que le dossier sera pensé globalemnt : objectifs et finalités du système éducatif, programmes d'enseignement, validation des connaissances, formation des enseignants, évolution des concours de recrutement de ces derniers, matériels et leur maintenance, logiciels...
Hebdo : Mais les enseignants sont-ils à la hauteur ?
J.B. : C'est le gros problème, et il n'est pas résolu. La formation initiale des enseignants dans les IUFM est très bonne sur le plan des disciplines traditionnelles. Elle reste faible pour les technologies de l'information comme pour la pédagogie en général. Et les jeunes enseignants se plaignent d'être mal préparés aux réalités du terrain.
Ce n'est pas la bonne volonté qui manque, mais les formateurs. L'auto-formation - qui est réelle - n'est pas suffisante. Car il ne s'agit pas seulement d'apprendre quelques fonctionnalités de je ne sais quel logiciel. Il s'agit d'intégrer un instrument complexe dans une pédagogie pour les élèves. C'est moins évident. Le récent discours de Jack Lang consacré à la formation des enseignants n'a, encore une fois, parlé des Tice qu'en filigrane.
Hebdo : De votre point de vue personnel, quels objectifs devrait-on viser ?
J.B. : A l'école, il faudrait que l'enfant soit familiarisé avec l'ordinateur. Qu'il sache utiliser quelques logiciels simples, par exemple pour l'apprentissage de la lecture ou de l'écriture, et même des jeux éducatifs. Qu'il sache aussi utiliser la machine pour des actions finalisées et collectives (le journal de la classe est un bon exemple). Les programmes officiels le prévoient d'ailleurs, mais les programmes ne suffisent pas !
Au collège, il faut que les professeurs de technologie soient solidement formés, capables d'assumer le programme tel qu'il est et tel qu'il évoluera. Il serait souhaitable, sans se lancer dans des concepts trop ambitieux, de faire passer quelques notions générales. Un élève devrait comprendre, par exemple, que les fonctionnalités du produit de traitement de texte qu'il utilise se retrouvent dans d'autres produits, ou que le concept de fichier transcende le logiciel particulier qu'il emploie.
Au lycée d'enseignement général, il n'est pas déraisonnable de demander qu'au moins tous les élèves qui souhaitent suivre un enseignement informatique puissent en faire grâce à une option éventuellement généralisable.
Le système éducatif est confronté à des problèmes redoutables qui vont bien au delà de l'utilisation de l'ordinateur et des Tice en général. La massification de l'enseignement est difficile à gérer. Mëme si les technologies peuvent contribuer à résoudre quelques problèmes, elles ne sont pas pour autant la panacée que certains (autour de l'e-éducation) voudraient en faire. L'évolution devra concerner également le travail en équipe, la promotion d'une certaine transdisciplinarité, la gestion de la complexité, le développement de l'activité des élèves, encore trop passifs... Méfions-nous des schémas trop simples.
Hebdo : Un enseignement spécifique en informatique est-il souhaitable dans le secondaire ? Aujourd'hui, la plupart des conducteurs n'ont jamais ouvert le capot de leur voiture !
J.B. : Je récuse cette comparaison. Si la voiture est l'auxiliaire des pieds, l'ordinateur est l'auxiliaire du cerveau ! On n'est tout de même pas sur le même registre. J'ajoute que si tout le monde savait comment marchent un moteur, un embrayage ou des freins à disque, bien des accidents seraient évités.
Mais je crois surtout que l'informatique a un caractère spécifique. Présente dans toutes nos activités, elle implique un certain nombre de concepts qu'il serait utile à tous de connaître : fichier, mémoire, arborescence, processeur, logiciel... Ces concepts n'appartiennent, sous leur forme informatique, ni aux mathématiques, ni aux technologies de base, ni aux applications. Quand on en dresse la liste, on s'aperçoit qu'il forment un ensemble suffisant pour justifier un enseignement spécifique. Non pas pour le plaisir de rajouter un enseignement, mais pour éviter que les jeunes générations connaissent les difficultés conceptuelles que connaissent l'immense majorité des adultes actuels. L'école serait là dans son rôle.
Hebdo : Que pensez-vous du projet de brevet annoncé par le ministre. Pourrait-il trouver une solution avec le PCIE soutenu par l'Asti ?
J.B. : Il existe, dans les collèges, un brevet informatique et Internet (B2I). Il s'agit, semble-t-il de le faire monter en puissance, mais le processus de sa délivrance est très discutable. En fait, le ministère n'a pas les moyens, actuellement, d'organiser une certification sur machine comme celle que promeuvent les éditeurs américains ou le PCIE. En partie parce que nombre de collèges ne sont pas équipés de manière suffisante. En partie aussi parce que ces équipements n'ont pas une suffisante homogénéité pour les mettre en réseau sur une telle application. Une telle validation pourrait tout à fait s'envisager avec des logiciels adaptés à l'âge des enfants et aux objectifs assignés à l'enseignement. Il y a là un beau sujet de concertation.
L'industrie américaine, bien relayée par Georges Bush, fait en effet pression
sur l'Europe pour qu'elle abandonne son appareil législatif. Mais
l'opposition américaine, représentée ici par trois associations :
- Electronic Privacy Information Center (Epic),
- American Civil Liberties Union (Aclu),
- Electronic Frontier Foundation (EFF)
Ces associations (indique notre confrère Internet Actu), soulignent que le président Bush demande à l'Union européenne ce qu'il n'a pas pu obtenir chez lui. En effet, la nouvelle loi américaine (USA Patriot Act) ne prévoit la surveillance des communications que pour les personnes faisant l'objet d'une enquête de police.
Transfert note que le parlement européen ne se laisse pas impressionner. Et, précise un autre numéro d'Internet Actu, la demande du président américain n'a même pas été évoquée.
...refuser un pessimisme morose et à affirmer, lucidement, le fort potentiel de développement dont disposent... les nouvelles technologies.
Une récente étude constate une rapide arrivée à maturation des start-up françaises, désormais caractérisées par une gestion plus rationnelle
Une enveloppe de 150 millions d'euros sera consacrée au soutien aux PME et à l'augmentation de l'effort public en faveur de l'innovation. augmenté par la Banque européenne d'investissement.
la part de la France dans le commerce électronique européen sur internet a doublé en trois ans.
Mon ambition est en effet que la France devienne l'économie numérique la plus dynamique d'Europe.
"Ma méthode n'est pas celle de la prévision scientifique, mais celle de l'imagination poétique. Cette mise en contraste de la prévision et de l'imagination ne signifie pas que l'imagination serait du côté du faux ou de l'illusoire. Je crois au contraire que l'imagination, et plus particulièrement l'imagination collective, produit la réalité. Je veux plutôt souligner, en parlant d'imagination et non de prévision, que l'avenir n'est écrit nulle part et que nous sommes probablement beaucoup plus libres que nous ne le pensons. Nous sommes responsables du monde que nous créons ensemble par nos pensées, nos paroles et nos actes".
L'idée vient de loin. On la trouve déjà largement évoquée par Robida à
la fin du XIXe. General Electric en avait montré des exemples à la fin des
années 60. A chaque fois, le rêve tombe dans les sables,
pour plusieurs raisons :
- difficultés techniques (intégration de câblages à bande passante différente)
- coûts substantiels non seulement des composants mais de l'intégratino
- difficulté à assurer la sécurité contre les différentes pannes et
intrusions possibles
- mais aussi, relative indifférence sinon méfiance des ménages : que papa
ou junior s'éclate devant son petit écran, c'est supportable, mais si tout
le monde doit aller en formation pour arriver à ouvrir la porte d'entrée ou
à arrêter le four... c'est autre chose.
Mais enfin, le "progrès" finira peut-être par passer.
Il suffit de lire le programme pour se convaincre du nombre et de la qualité des intervenants.
Les instructions détaillées de soumission ainsi que des conseils sont fournis sur le site web de la conférence.
On en trouve aussi d'assez nombreux en kit, répertoriés par le journal Micro & robots