Association Française des
Sciences et Technologies de l'Information

Hebdo
No 54. 3 décembre 2001

Sommaire : Trois questions à Jacques Fossey, SNCS | L'actualité de la semaine | Théories et concepts | Enseignement | La recherche en pratique | Manifestations | Le livre de la semaine |

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Trois questions à Jacques Fossey, secrétaire général du SNCS

"Défendre à la fois l'intérêt des chercheurs et l'intérêt de la science"

Asti-Hebdo : Quel peut être le rôle, aujourd'hui, d'un syndicat de chercheurs ?

Jacques Fossey : Le milieu des chercheurs a, par nature et par construction en France, un caractère co-gestionnaire. Nombre d'instances qui pilotent la recherche sont paritaires. Et même plus puisque le nombre des élus y dépasse parfois celui des nommés (14 élus et 7 nommés dans chaque section du Comité national de la recherche scientifique). Les nommés eux-mêmes sont moins des représentants de l'Administration que des chercheurs, qui peuvent venir de l'industrie, grands groupes ou PME.

Ces instances, principalement le Comité national et ses sections, ont pour mission d'évaluer les chercheurs, de gérer leur carrière (embauches, promotions), mais aussi d'étudier la conjoncture (état de la science) et la psospective. Ces deux dernières tâches, les plus importantes, sont hélas trop sacrifiées aux missions de gestion.

L'action des syndicats porte donc à la fois sur la défense des intérêts (matériels et moraux) des personnels et du développement scientifique.

Les syndicats peuvent même être instrumentalisés par certains scientifiques pour promouvoir leur discipline. De toutes façons, un chercheur qui choisit le service public s'intéresse principalement aux crédits dont il dispose pour développer ses recherches. La recherche elle-même est une activité indispensable dans une société comme la nôtre. Nous nous battons pour la recherche en général, privée aussi bien que publique, quoique les chercheurs du secteur privé soient syndicalisés dans les fédérations propres à leur secteur.

Un des rôles de notre syndicat est d'étudier les moyens et la structure de la recherche en France et de les comparer avec la situation à l'étranger. Les deux documents de base, qui ne me quittent pas, sont le "jaune" du ministère des Finances et le petit livret bleu de la Communauté européenne.

Nous ne pouvons pas définir les besoins dans l'absolu (qui pourrait le faire, d'ailleurs ?), mais nous faisons des évaluations comparatives avec les autres pays. Les Etats-Unis consacrent 3% de leur PIB à la recherche, la France seulement 2,1 % !

Hebdo : De quels moyens dispose le SNCS ?

J.F. : Le bureau national comprend une dizaine de bénévoles qui se réunissent toutes les semaines. Il traite de tous les problèmes de la recherche publique, qu'il s'agisse des universités ou des EPST (CNRS, Inria...). Il met en oeuvre la politique définie par les Congrès et la Commission administrative, une assemblée de trente personnes, qui se réunit tous les mois. Le congrès se réunit tous les deux ou trois ans. Le prochain devrait avoir lieu en juin 2002.

Au siège, nous avons trois personnels permanents. L'un traite, analyse et oriente la centaine d'emais chaque jour (outre les tâches classiques d'un secrétariat. Un deuxième entretient notre parc informatique et gère le fichier de nos adhérents. Enfin le troisième s'occupe de notre presse et de notre site web.

Mon rôle principal est de représenter le syndicat dans les nombreuses instances où il intervient. Les réunions occuppent l'essentiel de mon temps. Le reste, outre les tâches administratives et l'animation de mon équipe de permanents, est consacré à l'étude des dossiers. Bien que je sois maintenant déchargé à plein temps pour le syndicat, je continue de pratiquer un peu la recherche (chimie théorique) grâce à des collègues de toujours qui m'accueillent dans leur laboratoire. Cela me permet de garder un contact avec le terrain.

Je dois avoir des connaissances de base sur toutes les disciplines et sentir leurs articulations et leurs enjeux. J'y parviens grâce à l'aide de mes camarades. J'ai discuté avec eux, par exemple, quand s'est posé le problème de la création du département Stic au CNRS. Les choses auraient été plus claires si l'on s'était limité à un département des sciences de l'information et de la communication sans y inclure la technologie.

Sur les OGM, le SNCS n'a pas à prendre ici une position tranchée, mais doit veiller à ce que le débat ne soit pas biaisé. Nous nous proposons de recontrer la Confédération paysanne à ce sujet. Par ailleurs nous avons contribué à la fondation d'Attac, mais nous n'intervenons pas dans son action.

Nos 1500 adhérents sur le territoire français sont organisés en sections locales, les plus importantes étant celles de Strasbourg, Toulouse, Montpellier... La situation est plus compliquée en région parisienne, où les effectifs sont dans de nombreuses petites sections.

Notre souci est que ce chiffre de 1500 n'a pas augmenté depuis une dizaine d'années, bien que le nombre ait crû de 4%. Le taux de syndicalisation des chercheurs a aujourd'hui rejoint celui des autres salariés, de l'ordre de 11%. Il était beaucoup plus fort aux origines, quand il s'est créé en 1956. En 1966, notre taux de syndicalisation approchait les 50%.

Nous n'en sommes plus là. Mais le sens syndical reste vif chez les chercheurs. La participation, aux élections, par exemple, ne s'y est pas effondrée. Elle est chez nous de l'ordre de 55%, et même de 70% pour les directeurs de recherche.

Les temps forts de notre action sont liés au contexte politique : mai 1968, l'espoir puis l'arrivée de la gauche au pouvoir en 1981, le scandale Devaquet en 1986, la remise à zéro de tous les crédits de recherche en 1995, puis le démantèlement du CNRS voulu par Allègre.

Notre souci majeur aujourd'hui est de nous rajeunir. La plupart des militants syndicaux voient la retraite approcher. Il est difficile d'attirer les jeunes, car en France, le syndicalisme a chez eux une connotation plusôt négative. Dans l'après-guerre, pour nous, le syndicat était porteur d'un certain nombre d'espoirs, avec une enveloppe idéologique qui venait des mouvements de libération. Tout cela est tombé au cours des années 80. La chute du mur de Berlin en 1989, qu'on ne peut regretter bien sûr, a marqué l'échec d'une contre-proposition d'un modèle alternatif au modèle capitaliste.

Ma génération, les baba-cools, a pris le pouvoir dans ce syndicat à la suite des mouvements de mai 1968, et nous y sommes toujours. Il nous faut aller vers les jeunes

Hebdo : Des jeunes... ils changent beaucoup suivant les classes d'âge. Quels jeunes cherchez-vous à attirer ?

J.F. : On entre au SNCS en moyenne à trente ans. De 18 à 23 ans, les jeunes font leurs études, et adhèrent (peu) aux syndicats d'étudiants. De 23 à 30 ans, ils font leur thèse et leur post-doc. Il s'agit d'une période transitoire qui pose des problèmes très spécifiques. Ils doivent travailler beaucoup pour avoir leur thèse, et affronter une dure compétition. Il s'est donc créé des fédérations associant doctorants et post-doctorants, qui se sont regroupées, notamment dans la CEC (Confédération des étudiants-chercheurs)

C'est seulement après qu'ils sont vraiment concernés par notre syndicat. Se syndiquent au SNCS, principalement, des jeunes qui ont eu très tôt une forte culture politique, au sens large et noble du terme. Par exemple un engagement précoce dans l'action étudiante.

Nous essayons de faire que des jeunes prennent de plus en plus de responsabilités. Nous sommes attentifs à être représentés, dans les instances, par des têtes qui ressemblent un peu plus à celle des jeunes qu'à la mienne.


L'actualité de la semaine

En cette période d'avant-Noël, l'humanitaire vient à la Une :

Décrypthon : "grid" à large échelle

Quelle que soit les sentiments que l'on éprouve (depuis l'enthousiasme et l'engagement militant jusqu'à la méfiance devant le mélange de genres), l'expérience lancée cette année par le Téléthon, un large appel au calcul massif par "grid" (calcul réparti sur un grand nombre de micro-ordinateurs) ne peut qu'intéresser les spécialistes des Stic.

ITU

L'ITU (International telecommunication union) a organisé un partenariat avec l'UNHCR (United nations high commission for refugees) et l'Unesco pour mettre en place trois télécentres communautaires multifonctions (MCT, multipurpose community telecenters) en réseau, au service des camps de réfugiés de la frontière tanzanienne. Contacts

Théories et concepts

Conception computationnelle

Discovery Partners International annonce un élargissement de son entente avec Takeda Chemical Industries, englobant "les services chimiques et computationnels de mise au point de médicaments", notamment la "conception computationelle". Vraiment nouveau, ou simple buzzword pour revamper la CAO ?

Documents par SMS

World Wide Ouest lance EnPoche.com, un service de gestion de documents par SMS (Short message service) Une première offre, cv.enpoche.com, est proposée gratuitement au grand public. Elle permet d'envoyer, depuis un téléphone mobile, son curriculum vitae, sa photo ou un courrier préalablement enregistré. A quand Asti-Hebdo et votre dernier pre-print ?

Service de cache

Colt Télécommunications lance un "service de cache" pour éviter les embouteillages vers les sites web fréquentés en réduisant les temps d'affichage des pages statiques grâce à une mutualisation de leur gestion.

Sceau électronique d'entreprise

TrustInfo vise à créer la confiance dans la pré-sélection des partenaires et des contacts sur le web. Les visiteurs d'un site Internet portant le sceau ont un premier niveau de garantie tant sur l'existence de l'entreprise que sur la réelle propriété du site, des activités et des produits de l'entreprise. Cette initiative est est intégrée au réseau Worldchambers, projet pilote du commerce électronique au sein du G8.

L'entreprise bénéficiant du sceau s'engage à procéder à toutes les actualisations justifiées par l'évolution de sa situation, condition essentielle pour garantir la crédibilité du sceau. En cas de manquement à ces obligations, elle engage sa propre responsabilité et TrustInfo dispose de l'autorité pour retirer le bénéfice du sceau. L'abonnement annuel est de l'ordre de 500 euros.


Enseignement

La relation "formation - emploi" dans le secteur informatique

Au CereqUn travail de thèse sur la relation formation-emploi dans la filière informatique donne lieu au sein du centre associé de Lille à une réflexion qui alimente les travaux de l'Ofmi (Observatoire des formations et des métiers de l'informatique) dont le responsable, Max Dauchet, est professeur à l'université de Lille 1.


La recherche en pratique

Les moyens des bibliothèques

Le bulletin des Bibliothèques de France publie un dossier sur "les moyens des bibliothèques". (Documents à charger au format PDF). Information signalée par la Diffusion Paris 7

Le prix Fayçal à Peter Shor

Peter Williston Shor, chercheur à l'AT&T Shannon Research Laboratory (Etats-Unis) est l'un des deux lauréats du prix Fayçal. C'est un spécialiste du calcul quantique, qu'il a appliqué en particulier au problème de la factorisation.

Le SNCS et la CGT contestent l'avant projet d'établissement du CNRS

L’avant-projet d’établissement du CNRS, présenté au Conseil d’administration le 16 novembre, a été adopté à l’unanimité moins deux voix contre; le SNCS et la CGT.

Selon Jacques Fossey, secrétaire général du SNCS : " Ce texte avalise les priorités gouvernementales: sciences du vivant, sciences de l’information, environnement. La mise en place de “contrat d’action” entre les différents niveaux d’intervention remet en cause la liberté de recherche des chercheurs et des universitaires. Le redéploiement de 20% des effectifs vers les champs disciplinaires prioritaires n'est pas argumenté scientifiquement."


Manifestations

Programmation logique et par contraintes

La dixième édition des JFPLC (journées francophones de programmation logique et programmation par contraintes) se tient à Nice du 27 au 30 mai 2002. Elle est présidée par Michel Rueher (Université de Nice-Sophia Antipolis).

Elle fait suite aux précédentes rencontres qui se sont tenues à Paris (2001), Marseille (2000), Lyon (99), Nantes (98), Orléans (97), Clermont-Ferrand (96), Dijon (95), Bordeaux (94), Nîmes (93) et Lille (92). Un prix sera décerné au meilleur article présenté par un ou plusieurs jeunes chercheurs.

Thèmes :
- Programmation par contraintes : problèmes de satisfaction, problèmes d'optimisation, problèmes sur-contraints, méthodes de recherche locale, contraintes du premier ordre, ...)
- Langages de programmation : théorie et sémantique, analyse statique, conception et implantation de langages, environnements de programmation, parallélisme et concurrence...
- Applications : problèmes combinatoires, modélisation de problèmes réels, systèmes de vérification basés sur le schéma CLP, bases de données, internet, ...

Les langues officielles des journées sont le français et l'anglais. Les soumissions devront être envoyées électroniquement avant le 22 février 2002. Voir sur le site de la conférence les instructions pour les auteurs

Planification et ordonnancement en IA

Le sixième congrès international AIPS (AI Planning & Scheduling) a lieu à Toulouse du 23 au 27 avril. Les trois jours de conférences sont précédés de deux journées de tutoriaux.

Se tiendront simultanément (voir sur le site les dénominations officielles, en anglais) :
- le huitième contrès international sur les principes de la représeatation de la connaisance et du raisonnement (KR'02),
- le deuxième congrès interntaional sur les systèmes de connaissance pour les opérations en coalition (KSCO'02),
- le huitième atelier international sur le raisonnement non-monotone (NMR'02).


Le livre de la semaine

7 ans d'Internet en France

Transfert et Libération se sont associés pour réaliser un hors-série «7 ans d´aventures Internet en France», que vous pouvez trouver chez votre marchand de journaux, jusqu´à la fin du mois de février 2002. Transfert.net mettra sur son site le "prologue" de cette saga.

Data mining

Markus Hegland (Université de Canberra) consacre 45 pages, dans les Acta Numerica (volume 10, 2001, Cambridge university press) aux problèmes d'optimisation technique en data mining.
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