Association Française des
Sciences et Technologies de l'Information

Hebdo
No 14. 4 décembre 2000

Sommaire : Trois questions à Jean-Bernard Viaud | Actualité de la semaine | Enseignement | La recherche en pratique : brèvetabilité | Manifestations | Le livre de la semaine |


Trois questions à Jean-Bernard Viaud, président de l'EPI

Asti-Hebdo : Le ministre de l'Education nationale rouvre le dossier de l'enseignement de l'informatique (voir en rubrique) qu'en pense l' EPI ?

Jean-Bernard Viaud : Nous notons avec intérêt le fait qu'il rouvre le débat "Faut-il une discipline informatique ou pas" dans l'enseignement. Nous lui avons demandé rendez-vous à ce sujet pour lui faire part de nos analyses et de nos propositions.

Depuis des années, notre association milite pour une double approche de l'informatique et des technologies de l'information :
- par la pratique dans les activités et les disciplines ;
- par une discipline spécifique.
Ces deux démarches ne sont pas antagonistes, mais complémentaires.

Par exemple, au Lycée, si l'on voyait le retour d'une Seconde différenciée, on pourrait distinguer trois pôles spécialisés : technologie/science/industrie/laboratoire, économie/tertiaire, littéraire. Tous les élèves de Seconde bénéficieraient de cet enseignement, qui pourrait s'appuyer sur d'autres solutions : option informatique de culture générale (comme celle mise en place de 1982 à 1992) ou encore un tronc commun technologie et informatique.

De même, pour les enseignants, il ne s'agit pas de créer une discipline informatique, ou des TICE, ou je ne sais quel nouveau nom, simplement pour faire de la technique. Il faut donner aux enseignants le moyen d'intégrer les outils à la pratique pédagogique de leur discipline. On n'utilise pas un tableur de la même manière en mathématiques, en histoire-géographie ou en économie.

Hebdo : Le problème se pose donc fortement pour les enseigants ?

J.-B.V. : De gros progrès ont été fait pour leur formation initiale, on le voit progressivement pour les 28 000 enseignants nouveaux qui sortent chaque année des IUFM. En revanche, la formation continue reste le parent pauvre, et il y a 800 000 enseignants sur le terrain. Là, on ne peut pas dire que l'informatique soit majoritairement utilisée dans les différentes disciplines, faute principalement de formation due au manque de formateurs compétents.

Les formations lourdes (comme principalement celle que j'ai suivie à l'époque, pendant une année, à l'ENS de Saint-Cloud) ont été supprimées. Plusieurs centaines d'enseignants en bénéficiaient chaque année dans les centres académiques. Ils devenaient formateurs de formateurs, faire diffuser ces nouvelles compétences, servir de catalyseurs dans leur établissement et de points d'ancrage pour leurs collègues.

On a aussi supprimé les Mafpen (Missions académiques de formation des personnels de l'Education nationale), qui assuraient la formation continue. Celle ci dépend maintenant des IUFM, qui ne sont pas en mesure de l'assurer pleinement (Cela a permis de récupérer des formateurs pour les affecter aux UFM, soit dit en pasant).

Hebdo : Les jeunes ont des ordinateurs à la maison. A-t-on besoin de leur apprendre l'informatique dans les établissements ?

J.-B.V. : Les enfants qui ont des outils informatique à la maison, qui "savent cliquer" sont habiles au maniement du joystick et intéressés surtout par les programmes de jeux. La plupart sont incapables de savoir ce qui se passe derrière l'écran. De renommer un fichier, par exemple. Nous l'avons constaté dans la pratique.

Pour utiliser intelligemment et raisonnablement l'ordinateur, il faut des compétences, des habiletés, des structures mentales. Si vous laissez un élève surfer, il va chercher le site des Spice Girls ou de Zidane. Mais, comment va-t-il faire une recherche documentaire sur un thème sérieux. Comment va-t-il trouver, extraire, analyser, intégrer l'information utile ? C'est l'enseignant qui peut le lui apprendre. Et pour cela, il faut qu'il ait été lui-même formé. Voilà ce que nous dirons, entre autres, au ministre.

Mais l'EPI s'engage aussi sur d'autres dossiers, notamment les relations entre enseignement public et marchandisation (logiciels libres, brèvetabilité).


Actualité de la semaine

Droits de l'homme numérique

La revue sur web Transfert présente les travaux d'André Santini (député-maire d'Issy-les-Moulineaux) et d'un groupe de réflexion qui débouchent sur une . déclaration des droits de l'homme numérique. Notre confère estime que la copie est à revoir.

Asti 2001. Jean-Paul Haton précise

"Le comité de coordination des journées Asti 2001 a toujours un rôle à jouer, jusqu'au congrès et même après", nous demande de préciser Jean-Paul Haton, président de ce comité. Ce rôle n'est pas achevé, contrairement à ce que pouvait laisser entendre l'interview publiée dans notre numéro 6. "Ce rôle est complémentaire du comité d'organisation", présidé par Jaime Lopez-Krahe.

FHR nous quitte

Le Monde vient d'annoncer le décès de François-Henri Raymond, un des fondateurs de l'industrie informtaique française.

Il fonda la Société d'Electronique et d'Automatisme (SEA) en 1948 et fut le premier en France à comprendre l'importance des premiers ordinateurs construits aux Etats-Unis. On consultera avec intérêt, à cette occasionn le site de la FEB (Fédération des équipes Bull), association qui se consacre à l'histoire de l'informatique française.

Ses obsèques auront lieu en l'église de Saint-Germain-en-Laye, le 4 december 2000 at 14 heures.

Non voyants

Le cybermonde n'est par fermé aux non-voyants. En témoigne Didier Roche, aveugle depuis l’âge de 7 ans, qui dirige une société qui commercialise des produits informatiques destinés à ces handicapés. Voir l'article de Transfert Net


Enseignement

Ce qu'a dit Jacques Lang (le passage clé de son discours) :

..."Dans ce contexte, faut-il enseigner l'informatique ? Je vais briser le suspense et vous répondre honnêtement : je n'ai pas de réponse à cette question. Je voudrais profiter de la présence ici d'éminents spécialistes pour lancer ce débat qui, à mes yeux, est plus que jamais d'actualité.

Car la question n'est pas de savoir s'il faut former les élèves à tel ou tel de traitement de texte, à maîtriser tel ou tel logiciel, mais bien de savoir s'il nous faut former les élèves à l'algorithmique, ce cœur de l'informatique. Comme je l'ai dit, c'est bien cette tentative qui a montré ses limites, et qui a échoué dans les années 80 (sic). Et pourtant, l'algorithmique est un mode de raisonnement de plus en plus présent dans notre société : dans le monde du travail comme dans celui de l'entreprise, on pense, de plus en plus, par "processus" ou par "projet".

Je m'interroge vraiment sur la façon d'introduire cet apprentissage dans l'éducation : faut-il le faire sous la forme d'une discipline en tant que telle, ou bien faut-il un ajout aux programmes de mathématiques ? Certains, inquiets, pensent ont même été jusqu'à dire que sans cela, les mathématiques deviendraient comme le latin, la langue morte du XXIème siècle.

Je constate qu'aucun pays n'a fait de vrai choix en ce domaine et je voudrais que vous fassiez des propositions pour que nous trouvions des solutions à ce problème...."

On notera tout de même, dans le dossier de presse qu'après ces mots encourageants, le ministère publie une liste des groupes de réflexion sur les programmes où il n'est pas question d'informatique, alors qu'il a existé pendant des années un GTD (Groupe Technique Disciplinaire) "informatique".

Quant à l'annonce d'un email pour tous les élèves français, Internet Actu Flash note "A grands renforts de publicité, le ministre de l'Education nationale Jack Lang a annoncé mardi matin que les douze millions d'élèves français bénéficieraient d'une adresse e-mail gratuite et à vie, dès le 8 janvier 2001, jour de la rentrée des vacances de Noël." Notre confrère conclut sur une banderille dans l'encolure du ministre: "Et Jack Lang d'ajouter fièrement : "C'est une première mondiale", oubliant que les écoliers britanniques bénéficient déjà de ce service depuis presque deux ans...

PCIE

Le numéro de novembre de la lettre d'Informations PCIE est parue. Au sommaire, notamment, une success-story à Cofiroute.

La recherche en pratique

Brèvetabilité du logiciel

Nous reprenons dans ce numéro plusieurs points de vue sur cette question aux conséquences importantes pour les chercheurs comme pour les entreprises.

Manifestations

Le trésor des Nibelungen présenté à Paris

Les passionnés d'architecture avancée et surtout couplée avec les espaces virtuels pourront voir à Paris le projet de musée réalisé par les architectes et artistes multimédia Olivier Hober et Bernd Hoge pour la ville de Worms. Du 7 décembre au 29 janvier prochains, en effet, le Goethe Institute (17 avenue d'Iéna) en présentera une installation "pour quatuor vocal, musique et image temps réel".

Le livre de la semaine

Mesure et instrumentation

Les ouvrages consacrés à la mesure et plus particulièrement aux capteurs sont rares. Celui qui faisait référence depuis longtemps était le gros document (788 pages) de Georges Asch et son équipe (Les capteurs en instrumentation industrielle, Dunod, 1983).

Sous la direction de Dominique Placko (ENS Cachan), les éditions Hermès nous présente une synthèse de la problématique "mesure et instrumentation" telle qu'elle se présente aujourd'hui. L'ouvrage se compose de deux volumes (chacun 288 pages) :
- De la physique du capteur au signal électrique,
- Deu composant élémentaire au système.

Les thèmes traités par le deuxième tome sont les plus novateurs : apport des microtechnologies, modèles d'interaction capteur/environnement, fusion multicapteurs, capteurs intelligents.


L'équipe ASTI HEBDO : Directeur de la publication : Malik Ghallab. Rédacteur en chef : Pierre Berger. Secrétaire général de la rédaction : François Louis Nicolet, Chef de rubrique : Mireille Boris


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