Sommaire : Trois questions à Philippe Codognet | Actualité de la semaine | Théories et concepts | La recherche en pratique | Le livre de la semaine
Asti-Hebdo : Vous animez la session "Apports et relations des sciences de l'information à la création artistique". Pourquoi consacrer une après-midi à l'art ?
Philippe Codognet : D'abord, c'est le moment ! On sent qu'il se passe quelque chose. L'art numérique sort du ghetto où il resté pendant plusieurs décennies, où quelques artistes travaillaient dans leur coin. Cette génération de pionniers ouvre aujourd'hui le champ, vers un public plus large (et même le grand public) aussi bien que vers des questions plus globales, appelant une réflexion pluridisciplinaire.
Plusieurs manifestations récentes (le symposium ISEA à Paris et ses divers colloques satellites à la Sorbonne et aux Beaux-Arts, le festival Interférences à Belfort, sans parler d'Imagina) en témoignent. Plus encore, les chercheurs en informatique liront avec profit le rapport Risset "Art-Science-Technologie", qui montre l'importance des enjeux, tant économiques que scientifiques.
Hebdo : Scientifiques ! Les STIC auraient-donc quelque chose à apprendre de l'art et des artistes ?
P.C. : On tend aujourd'hui à vouloir piloter toute recherche à partir des besoins économiques et même, plus précisément, commerciaux. Les recherches artistiques ont certes une portée commerciale (voyez les batailles autour de l'industrie cinématographique ou des droits d'auteurs, le marché de la lutherie électronique...), mais l'informatique a d'autres sources de créativité. Ni Internet, lancé par des chercheurs américains soutenus par la Défense, ni le Web, lancé en Europe au Cnet, ne sont nés des besoins du commerce. Ni d'ailleurs l'ordinateur à ses origines. Si l'on dispose, dans vingt ou trente ans, d'ordinateurs quantiques, on ne le devra pas à la poussée de l'e-business.
Or l'art est une source intéressante d'inspiration pour l'innovation informatique. Ou, si vous préférez, il peut y avoir fertilisation croisée entre création d'art numérique et recherche informatique. Et ses résultats mériteraient d'être mieux connus des informaticiens de toutes spécialités.
Les interfaces homme-machine sont tout spécialement explorés par les artistes, qui attendent de l'art numérique des possibilités d'interactivité. Or les informaticiens n'ont en général aucune culture de l'image. A aucun moment de leur scolarité ils n'ont eu de cours de design, encore moins d'histoire de l'art. Ils sont pourtant, par toutes les applications qu'ils développent, des designers autant que les architectes, et leurs choix auront une importance considérable pou les utilisateurs.
Le contact avec l'art numérique permettra aux informaticiens de mettre leurs travaux en perspective et de faire de la prospective, en découvrant par exemple l'originalité des systèmes immersifs. Tous seraient intéressés, j'en suis sûr, par des festivals comme Ars Electronica qui a lieu chaque année au mois de septembre, ou l'exposition Beyond the Screen / Au delà de l'écran qui a eu lieu au mois de décembre à l'Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris.
Les responsables informatiques, dans les entreprises comme dans les laboratoires, ont toujours eu du mal à se projeter dans l'avenir. Il leur a toujours fallu du temps pour prendre au sérieux l'arrivée, par exemple, de la micro-informatique, de la couleur sur les écrans ou même du multi-fenêtrage. Les chercheurs eux-mêmes ont tendance à rester un peu frileusement dans les techniques qu'ils connaissent bien. L'art de manière générale et, pour les informaticiens en particulier, l'art numérique, se présente comme "la figuration d'un possible" et donne à penser des ouvertures vers la créativité et l'innovation.
Hebdo : Mais, au plus profond, qu'est-ce que les STIC apportent à l'art ? On a parfois un sentiment de déception...
P.C. : C'est la vraie question. Y a-t-il réellement une esthétique numérique. Peut-on aller au delà d'une mimésis qui singe le réel ? Je le crois.
D'abord, nous l'avons vu, il y a les possibilités nouvelles apportées par l'interaction. Mais l'interaction ne suffit pas. Pour maintenir l'intérêt, le plaisir, du spectateur, encore faut-il lui proposer un contenu. Un monde qu'il puisse créer (en temps-réel), ou faire évoluer, avec ses règles propres, sa logique interne, la complexité de ses relations, la richesse des liens entre le sensoriel et l'émotionnel, et aussi l'abstraction et l'intellectuel.
Le numérique apporte enfin une autre nouveauté : la participation simultanée de plusieurs spectateurs à travers une oeuvre, dans le processus d'interaction avec elle, et par là même entre eux. L'art traditionnel, a fortiori tel qu'il se présente dans les musées, se prête mal à ces coopérations.
C'est peut-être là justement l'intérêt d'une réunion comme Asti 2001, où la présentation de plusieurs grandes oeuvres interactives se combine avec des sessions de réflexion et de discussion entre artistes numériques et informaticiens de toutes spécialités.
Promu docteur honoris causa de l'Université Pierre et Marie Curie, Lofti Zadeh, connu surtout pour sa création des "ensembles flous", y donnera une conférence le jeudi 25 janvier à 10 H.
Il a choisi pour thème "Toward an Enlargement of the Role of Natural Languages in Information Processing, Decision and Control", dont nous joignons un abstract accompagné d'une présentation de l'orateur.
L'inscription à cette conférence est gratuite et s'effectue en envoyant un message ayant pour sujet "Conférence de Lotfi ZADEH" à Valérie Mangin avant le 15 janvier 2001.
Alors que les parlementaires français vont dans les semaines à venir se pencher une nouvelle fois sur cette question et entre autres faire évoluer le rôle et les moyens de la CNIL, nous constatons que le consommateur a un comportement paradoxal : il accepte de fournir de nombreuses informations (dans 50 à 99 % des cas suivant les rubriques, hors n° de carte bancaire 19%), mais il reconnaît qu'il fournit volontairement des informations fausses (42%).
Quelques liens pertinents : un site officiel américain d'information sur le data privacy, des articles de L'Express ou de LMI ,
Un envoi de Michel Bruley Directeur Marketing & Communication NCR - Teradata
Emmanuel Etiévent de la société RFV, nous propose une liste comparative de moteurs de recherche d'articles en ligne en informatique ainsi qu'une sélection de sites, qui regroupent diverses sources d'information, proposée sur le site de l'INSA de Lyon.
Il pense qu'il serait utile que les chercheurs français rendent leurs publications visibles dans les "bibliothèques virtuelles" :
Il signale aussi une liste de diffusion d'offres d'emploi à destination des docteurs (pour chacune des 12 sous-listes ciblées par domaine, une moyenne de 200 abonnés en recherche d'emploi).
Modeste, avec seulement 186 pages de petit format, l'opuscule "Des moutons et des robots", n'en ouvre pas moins de stimulantes pistes de réflexion aux concepteurs de systèmes informatiques. Son sous-titre précise "Architecture de contrôle réactive et déplacements collectifs de robots"... deux thèmes d'ailleurs bien différents, bien que traités dans une même réalisation expérimentale, le robot Khepera.
L'architecture réactive cherche à combiner plusieurs niveaux de réaction aux événements, grâce à une série de couches hiérarchisées :
Partant du modèle de Rodney Brooks, les auteurs examinent plusieurs développements et proposent leur propre solution ("architecture à fusion d'actions généralisée").
Cette architecture permet aux robots d'exhiber des comportements grégaires, justifiant le titre "teasing" de l'ouvrage. Publié par les Presses polytechniques et universitaires romandes, il peut être commandé par mail pour 250 FF.