Le Ministère de la recherche annonce triomphalement un budget civil de la recherche et développement (BCRD) 2001.
Il est en augmentation apparente de 2,2% en DO+CP (Dotation Ordinaire réservée au financement de la masse salariale + Crédits de Paiement réservés aux laboratoires), en forte augmentation (+6,4%) en AP (Autorisation de Programme) et présente 265 créations de poste de chercheurs et d'ITA.
En fait la réalité est toute autre.
L'augmentation de 2,2 %, soit 1,2 MF (milliards de francs) est due principalement à la mise en route du programme Airbus A3XX (1,1 MF). Donc à géométrie constante, le BCRD (DO+CP) ne croît que de 0,1 % ce qui, compte tenu de l'inflation, correspond à une décroissance de 1,6%.
Les augmentations d'AP annoncées pour l'INSERM (+16%), pour l'INRIA (+12%), pour le CNRS (+9%), pour l'INRA (+9%) doivent être rapprochées des augmentations DO+AP prévues pour ces organismes : CNRS +0,9%, INRA +0,1%, INSERM +4,2% et INRIA +12,7%. Cela signifie que ces augmentations d'AP sont obtenues par un jeu d'écriture en transformant une partie de la masse salariale (DO) en AP et non par attribution de nouveaux crédits. Ainsi le financement de la masse salariale diminue de 0,8% au CNRS, de 0,3% à l'INRA, n'augmente que de 0,6% à l'INSERM. On appelle cela en jargon financier de la cavalerie ou dans certaines régions de France ?cacher la merde au chat?.
Qu'en est-il des fameuses créations d'emplois? Tout d'abord elles ne sont pas pour tout le monde mais principalement réservées à l'INRIA (116 créations soit + 15%), à l'INSERM (74 créations) et aux départements STIC et SDV du CNRS (70 créations). Et les autres ?
Comment cela se traduit-il en terme de possibilités d'emplois scientifiques pour un jeune thésard fraîchement diplômé ? En 2000, le nombre de créations de postes de chercheurs et d'enseignants-chercheurs était de 1214 (600 maîtres de conférence, 600 professeurs et 14 chercheurs). En 2001, il ne sera plus que de 435 créations de postes (135 chercheurs, 300 MdC et 0 prof). Soit une diminution de près de 800 créations d'emplois dans le service public pour les jeunes scientifiques arrivant sur le marché du travail. Cette situation est tout à fait scandaleuse.
M. Jospin : quel est l'avenir de la recherche en France avec ce type de budget ?
Le Syndicat National des Chercheurs Scientifiques (SNCS-FSU) exige que cette distorsion sur les emplois scientifiques contraire aux conclusions de la mission parlementaire Le Déaut/Cohen soit immédiatement rectifiée par le Parlement lors du prochain débat à l'Assemblée nationale et au Sénat. Le SNCS appelle dès aujourd'hui la communauté scientifique à réagir.
Fait à Meudon, le 21 septembre 2000