Le concept est vieux comme le monde, au moins comme l'humanité. Le mot remonte au latin decidere. La première attestation du mot "décision" en français remonte à 1314, selon le Robert Historique.
Dès leur naissance, la décision intéresse le domaine des
Stic. Au fil des années, plusieurs thèmes s'entrelacent :
- dans quelle mesure peut-on parler dire que les machines décident, et
le cas échéant s'en rapporter à leurs décisions
- comment mettre les Stic au service des décideurs, avec notamment la
distinction (qui devient classique en théorie et opérationnelle
en pratique à partir des années 1970) entre système d'information
et système décisionnel.
- Stic et décision collective.
A la fin du XIXeme siècle, Condorcet s'est intéressé aux algorithmes de fonctionnement des votes.
En 1902, la Revue des ingénieurs civils de France signale un système de vote électromécanique en projet pour l'Assemblée nationale.
En 1915, Torres y Quevedo, dans ses Essais sur l'automatique (texte intégral sur ce site) emploie le terme pour le automattes "...pour prendre une décision, il (l'automate) devra connaître plusieurs valeurs, données ou calculées dans les opérations antérieures...". Et il commente "... on se demande s'il sera possible de construire un automate qui, pour déterminer sa manière d'agir, pèse les circonstances qui l'environnent. On estime, je crois, que la chose peut se faire seulement dans quelques cas très simples ; on pense qu'il est possible d'automatiser les opérations mécaniques, purement manuelles, d'un ouvrier, tandis qu'au contraire les opérations qui exigent l'intervention des facultés mentales ne pourront jamais être exécutées mécaniquement. Cette distinction n'a aucune valeur...".
En 1916, Henri Fayol, dans Administration industrielle et générale. (Réédité par Dunod en 1954), distingue gouvernement et administration.
Au cours des années 1930, on parle plutôt d'administration que de décision. Les Stic interviennent sous la forme des "machines à statistiques" (voir par exemple René Carmille, La mécanographie dans les administrations, Sirey 1936, 1941), mais aussi par les lignes de communication et une grande variété de machines de bureau, dont on trouve une sorte de catalogue exhaustif dans Le bureau moteur de M. Ponthière (Delmas 1935). Reprenant la distinction de Fayol, il commente :
"Il y aurait donc, tout au sommet de l'entreprise, le gouvernemnet doté du pouvoir souverain et des attributions les plus générales. Au dessous viendrait l'administration qui met en oeuvre les directives du gouvernement. Cette distinction nous paraît subtile. ... Parfois, l'homme qui tient les rènes prend certaines décisions dont tous les éléments lui sont fournis par les bureaux. Il transforme en décisions les conclusions de ses bureaus. Parois aussi, les bureaux, par insuffisance de leurs moyens d'investigation, ne lui fournissent pas tous les éléments de décision. Le gouvernement n'est plus déterminé par les bureaux, il prend une décision intuitive... il s'efforce de deviner un besoin qu'il ne connaît pas ; il pratique une "politique" et vous dites qu'il fait acte de gouvernement".
Ponthière est aussi un visionnaire, qui conclut son livre par "Le
bureau suprême de l'administration générale", inspiré
du tableau de bord automobile "La planche de bord est synoptique. Elle
rassemble tous les éléments de conscience dans le champ visuel...
Elle est animée, vivante ; la mise au point est instantanée ;
les événements et leurs variations s'y inscrivent au moment où
ils s'accomplissent. L'idée se dessine. Elle se réalise même
dans les services secondaires. Elle est à l'origine du distpatching :
dans les chemins de fer, au centre des zones principales, un dispatcher a devant
lui un tableau où s'inscrivent les mouvements réels des trains
; il peut ainsi à tout instant donner les ordres nécessaires pour
remédier aux irrégularités accidentelles du trafic.
"Dans les bureaux, l'avancement du travail, c'est-à-dire souvent
au bureau du chef d'atelier, des tableaux d'avancement sont largemnet étalés
et mis au point au moment où chaque ouvrier, chaque machine, change de
travail.
"Les modifications sont transmises au bureau par message oral, écrit
ou téléphonique, et portées aussitôt au tableau.
Ce n'est pas encore l'enregistrement automatique de la planche de bord.
"Cet enregistrement automatique n'est plus à inventer. Pour contrôle
la marche des machines, des connexions électriques allument des lampes
dns le bureau quand la machine marche, les éteignent quand elles s'arrêtent,
tracent un graphique de marche sur un tambour tournant.
"Parfois les signaux lumineux sont actionnés par l'ouvrier. Celui-ci,
ayant auprès de lui un clavier, envoie au bureau à la fin de chaque
travail le numéro de la pièce terminée, et ce numéro
s'inscrit au bureau en chiffres lumineux.
"Ces méthodse sont ingénieuses. C'est la planche de bord
qui se développe et s'organise... Elle y a fait une timide apparition
sous forme de graphiques à ficelles, de tableaux à pièces
mobiles que l'on règle à la main et plus ou moins régulièrement.
"Quant à la planche de bord du grand chef, au tableau mouvant largement
étalé devant lui, sur lequel viennent s'inscrire à chaque
instant les chiffres index de l'activité de l'usine, du bureau de vente
et du bureau d'achat, de la caisse et de la trésorerie, où les
insuffisances des retards, les accidents apparaissent aussitôt qu'ils
se produisent, elel n'a pas encore été, que nous sachions, clairement
conçue ni méthodiquement organisée. De-ci de-là,
on en voit la frêle ébauche. Le système de connexions électriques
qui, partant de chaque bureau, aboutira au bureau du chef, pour y faire apparaître
instantanément sur un mur les indices de toutes les activités
de l'entreprise et signaler par un feu toute activité défailante
et toute déviation, il ne faudrait pour le construire qu'un peu d'ingéniosité
mécanique".
On appréciera l'optimisme de Ponthière sur la facilité de réalisation de tels systèmes, dont la suite de l'Histoire montrera la difficulté. A l'époque, ces idées ne sont pas si rares. On peut voir par exemple, dans le film Metropolis de Fritz Lang, des séquences montrant une telle réalisation.
La guerre arrive, et il serait intéressant de trouver des documents sur les systèmes décisionnels des grands chefs de guerre. En tous cas, elle voit l'apparition de la Recherche opérationnelle et de la théorie des jeux.
Après la guerre, deux auteurs de science-fiction s'intéressent
aux impacts des nouvelles technologies sur la préise de décision:
- George Orwell, dans 1984 (Première publication, 1950. Editions
en Penguin Books à partir de 1954) montre la concentration de la décision
dans une équipe dictatoriale, grâce à la diffusion de la
télésurveillance vidéo et au recyclage permanent de l'ensemble
du système médiatique,
- Isaac Asimov, dans Dans I Robot (Doubleday and Cy, 1956) pose la
question du transfert des décisions vers les robots. Il formule ses "trois
lois de la robotique" :
1 - a robot may not injure a humain being, or, through inaction, allow a humain
being to come to harm,
2 - a robot must obey the orders given it by human beings excecpt where such
orders would conflict with the first law,
3 - a robot must protect its own existence as long as such protection does not
conflict with ther first or second law.
Après quoi, une série progressive de nouvelles montre que ces
lois sont contradictoires, et conduisent finalement à la prise du pouvoir
mondial par les machines, dans l'intérêt même de l'humanité.
En 1961, Jay Forerster publie Industrial dynamics (MIT Press, Cambridge,
1961), une des racines de la théorie des systèmes, de la modélisation
et par là aussi bien de l'automatisation que de l'aide à la décision.
Forrester (cité par Bruno Lussato, voir ci-après), distingue deux
catégories de décision :
- les décisions explicites se situent en dehors du système et
dépendent essentiellement de l'appréciation plus ou moins subjective
des agents économiques clients ou responsables;
- les décisions implicites découlent automatiquemnet de l'état
du système ; par exemple, le réassortiment dépend du niveau
des stocks et du délai du fournisseur.
En France, les promoteurs du Plan calcul ne négligent pas son aspect
décisionnel. En particulier
"
"
- les facteurs en présence sont difficilement quantifiables
- de nombreuses données sont incertaines et leurs valeurs doivent être
pondérées en fonction des événement,
- la décision n'est pas du type périodique : du fait de son caractère
inhabituel, ou imprévisible, elle requiert un effort immédiat
d'imagination et de pensée créatrice,
- les facteurs psychologiques et les réactions impersonnelles à
divers niveaux y jouent un rôle important.
"
- les décisions programmables se prennent de manière répétitive
et routinière; elles relèvent des procédures de l'organisme,
se sa politique, de ses hatibudes; quand les règles ont pu être
établies, des programmes d'ordinateur prennent ces décisions de
façon automatique (et même en temps réel "on line");
- les décisions non programables sont plus complexes, elles se prennent
"une fois", elles font appel au jugemnt à l'intuition, à
la perspicacité ; l'ordinateur ne fait qu'aider le décideur.
"
"
Dans une optique beaucoup plus psychologique, quoique pragmatique et tenant largement compte des nouvelles possibilités des Stic, Jacques Mélèse publie L'analyse modulaire des systèmes de gestion (Hommes et techniques, 1972).
Mais c'est Jean Louis Le Moigne qui marque surtout la rupture en publiant aux PUF 1974 deux
Thom
Congrès Afscet 1977
Sfez 1978
Loi de 1978
Roy 1985
Lilien 1987
Postaire 1987
Hammer et Champy
Mourad Abed
Benchimol 1992
Tardieu
Saulou 1994
Taponnier 1994
Bourcier 1995
Sandoval 1997
Volle Cies aérienes
Gourne 1998
2002 Siarry/