@SURTITRE:LES TECHNIQUES DU MANAGER

@TITRE:Modéliser pour faire bouger

@CHAPO:

@TEXTE:On peut jouer la modélisation comme une psychanalyse d'entreprise, comme Jacques Mélèse l'avait dit dès les années 70. Des mots nouveaux, un abstraits au premier abord, permettent aux utilisateurs et aux informaticiens d'exprimer leurs questions. Ils les libèrent du vocabulaire courant de l'entreprise, avec les habitudes qu'il sanctionnne, les espoirs ou les déceptions qu'il traduit. Après une grande vogue il y a quinze ans, avec la "systémique", les modèles se perdirent quelque peu dans les sables de la sémantique fondamentale ou les lourdeurs de Merise.

Aujourd'hui, le mot revient à la mode, stimulé par les technologies nouvelles. L'approche objet, par exemple, se met en phase avec le Business process reengineering. Sa souplesse (au moins théorique) permet aussi bien de coller aux "métiers" existants de l'enterprise qu'à des processus épurés et repensés. (citer bouquin)

Le multimédia et ses belles images peut aussi conduire à une "modélisation à base de métaphores", selon les travaux de T.M. Luna et Christiant Ernst à l'université de Toulouse. Ils prolongent les techniques de gestion des connaissances et les ontologies (citer LMI...) en modélisant les concepts sous-jacents aux représentations, notamment graphiques. Les auteurs regrettent que l'utilisation du multimédia se limite à la communication (présentations audiovisuelles) soit à un complement agréable (illustration). Ils veulent donc élaborer "un véritable formalisme qui permettrait de crédibiliser leur utilisation en tant qu'outils d'aide au raisonnement".

Partant de leur expérience industrielle, l'équipe de Guy Doumeingts à l'université de Bordeaux et son laboratoire Grai, ont abouti à une méthodologie pratique, GIM (Grai integrated methodology). Ils l'appliquent aujourd'hui aux services, puis au marketing. Elle parvient en effet à y cerner un "système de gestion de production" qui fournira la base de la nouvelle organisation et des nouveaux applicatifs. Une étude s'est par exemple appliquée au département Recouvremnet d'une socité de crédit.

Le modèle identifie trois systèmes, selon les natures d'activité: système physique, système de décision, système d'informations. Le pilotage d'un système de production se traite d'abord d'un point de vue global, puis s'affine au niveau local par la description des centres de décision. La modélisation en analyse la structure suivant deux axes: coordination et synchronisation. La coordination s'applique surtout au système physique. L'objectif d'une usine doit être décomposé, niveau par niveau, en objectifs détaillés pour les cellules de production. Chaque cellule vit à son rythme, différent de celui de l'usine dans son ensemble. Chaque niveau se caractérise donc par son couple horizon/période. L'horizon indique la période de temps durant laquelle la décision se prolonge et reste valide. La période indique l'intervalle de temps après lequel on reconsidère l'ensemble des décisions.

La synchronisation s'applique aux flux de produits, avec des activités de gesion des produits e getsion des ressourcse que synchronise une fonction de planification. Pour produire efficacemnet, la disponibilité des ressources doit assurer la disponibilité des produits.

Les outils de modélisation permettent au personnel de mieux connaître l'entreprise et son fonctionnement, et de manière plus formelle. L'entreprise elle-même dispose alors d'une modélisation structurée de son fonctionnement. Les chercheurs de l'université de Bordeaux veulent encore approfondir leur travail. Ils notent par exemple que le temps ne perçoit pas de la même manière dans une usine ou dans un bureau qui produit des services. Que l'industrie parle naturellemnet de produit, les services raisonnant plutôt en termes de flux. Peut-être concluent-ils de manière un peu trop optimiste que "la méthodologie devrait permettre de supporter une totale restructuration de l'entreprise et d'en assurer la pérennité". Du moins devrait-elle aide, à certains moments de sa vie, de se voir un peu plus clairemnet.

Plus concrètement encore, la BNP construit son architecture informatique A2OOO sur un modèle d'entreprise. Ici, la modélisation se fait proche des préoccupations informatiques, tout en assurant la liaison avec les préoccupations des utilisateurs: "La définition des classes d'objets métiers à la disposition de l'entreprise paraît être le passage obligé pour industrialiser les développements et aboutir ainsi àla réativité souhaitée".

Bref, la modélisation offre aujourd'hui une vaste panoplie. Il appartient au directeur informatique de choisir ceux qui conviennent à son entreprise. En jouant à la fois de l'enthousiasme pour la capacité de mobilisation que ce type de projets peut faire naître... et de réflexion préalable car, à ce niveau d'abstraction, le risque d'échec et de déception n'est pas mince. Les "petites filles modèles" qui ont fait la joie de nos arrières-grands mères, mais peut-être pour des raisons plus perverses qu'elles ne le pensaient, et sans déboucher toujours sur le bonheur espéré. @SIGNATURE:PIERRE BERGER