@SURTITRE:VOCABULAIRE

@TITRE:Comment "contourner l'héritage"

@CHAPO:Les idées, et les mots, se bousculent pour décrire et prescrire les mille et une manières de mettre au rencard les bons vieux systèmes propriétaires. Help!

@TEXTE:Pour passer sans trop souffrir des systèmes traditionnels, centralisés et "propriétaires" aux architectures ouvertes de l'avenir, les utilisateurs, souvent aidés de consultants, ont peu à peu diversifié la gamme des stratégies et plus concrètement des techniques de transition. Le vocabulaire foisonne ici avec une luxuriance particulière, essentiellement aux Etats-Unis. Au point qu'une commission de francisation qui voudrait rester "state of the art" devrait siéger à plein temps, sinon 24 heures sur 24. Tentons un petit voyage dans les termes à l'ordre du jour, que nous n'aurons pas la prétention de tous traduire.

Citons d'abord les solutions radicales, à commencer par le downsizing (traduction officielle, mais jamais employée: micronisation), complémentaire d'un BPR (Business process reengineering). Il est de bon ton d'en attendre des évolutions "dramatiques" et des résultats "tremendous". Moins à la mode qu'il y a deux ou trois ans, de telles ruptures n'en sont pas moins en cours, ou déjà achevés, dans nombre d'entreprises.

Mais il n'est pas possible, en général et au moins à court terme, de mettre tous les mainframes à la casse, et encore moins tous les progiciels et applicatifs spécifiques. L'entreprise doit donc gérer la "legacy", et les images repoussantes qu'elle évoque: Cobol Spaghetti, marges déraisonnables des constructeurs, personnels bons pour la retraite faut de pouvoir assimiler l'orientation objet.

Le Gartner Group, avec sa savante gradation du mode client/serveur, a eu le mérite d'apporter une voie progressive à une époque où les fans de la micro et les défenseurs en col dur de la grande informatique rêvaient plus de batailles que de diplomatie. En même temps apparaissaient le revamping (sans équivalent français) au niveau du poste de travail et l'encapsulation (wrappering) des grands systèmes.

Jacques Sassoon, avec son "urbanisme", appuyé sur la technologie MQ d'IBM, conseille aussi, et pratique dans sa caisse de crédit agricole de Franche-Comté, une stratégie douce à court terme mais déterminée à long terme.

Affinant l'idée, Shailendra Jain (Trecom Systems), propose un modèle en cinq phases, pour une "remodélisation" (remodeling). (*) La phase , ou "presentation mapping", se limite à la mise au goût du jour des écrans et plus généralement de la présentation à l'utilisateur final. On peut aussi parler de revamping, ou de screen scraping. Ce travail n'a que des effets limités, et ne convient que si le reste de l'application n'a pas besoin de modifications en profondeur.

Un peu plus profond, le process mapping, ou transactionalizing (sic), s'impose si l'on veut introduire de nouvelles procédures dans les applications. Elle joue fortement sur le middleware, avec l'emploi de messageries, de routages, d'asynchronismes. Mais l'évolution des besoins conduit souvent à étendre ou modifier les structures de données, avec le data mapping. On reprend ici un pan entier d'une application, mais sans avoir besoin de casser (cracking) l'essentiel du code ancien. Si les bases de données existantes le permettent, on peut tirer avantage d'une modification portant essentiellement sur l'architecture technique de l'exploitation, avec la data replication. Enfin, le contournement s'achève avec le legacy data server. On peut alors considérer que l'héritage a été complètement encapsulé, et atteindra en paix la fin de son cycle de vie. Cela suppose, évidemment, un substantiel développement d'API (Application programming interface) et d'interfaces.

Le middleware s'insère comme une couche toujours plus importante entre le client et le serveur. Simple boucle de câble aux débuts des réseaux locaux, empilage de couches OSI par la suite, le voilà promis à un rôle central avec les courtiers d'objets (object request brokers) de Corba ou le jeu des liens et des enrobages (embedding) d'OLE. L'encapsulation joue alors un rôle central avec les langages de définition d'interfaces, et un progrès régulier des techniques de wrappering (auxquelles Tom Mowbray consacre un long chapitre dans son livre The essential Corba, récemment paru chez Wiley).

Juste retour des choses, la micro-informatique elle-même commence à devoir gérer une lourde legacy. En témoignent les acrobaties et les retards imposés à Windows 95 pour assurer la compatibilté avec Windows 3.*. Mais les dévôts de NT commencent à susurrer qu'Unix pourrait devenir un boulet à traîner dans un monde tout Microsoft. Bref, les techniques de contournement devraient continuer à se développer au fil des ans. Architectes et développeurs vont devoir étoffer leurs capacités de contorsionnistes! Et plus encore leur aptitude à utiliser un vocabulaire pris de folie. Il faudra bientôt une aide en ligne pour lire le moindre article du Monde informatique!@SIGNATURE:PIERRE BERGER

@TEXTE:

Chute: bref, vous n'avez que l'embarras du choix

@NOTE:(*)Shailendra Jaoin, chief technology officer, Trecom Business Systems: "Remodeling project". Un article détaillé paru dans CIO du 15 septembre 1995, et donnant pour chaque étape les conditions qui la rendent possible, ses avantages et ses inconvénients ainsi qu'une liste des principaux produits disponibles.