@SURTITRE:BUSINESS PROCESS REENGINEERING

PETITES ET MOYENNES ENTREPRISES

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@TEXTE:Une petite entreprise n'a pas les moyens, en général de s'offrir les compétences nécessaires à une véritable réingénierie. Mais elle bénéficie parfois d'aides publiques, à l'échelon d'une profession, ou du moins d'un groupe d'entreprises. C'est le cas de Cotton Shirt Studio, qui conçoit et commercialise le prêt-à-porter féminin de l'italien Renato Nucci, et réalise un chiffre d'affaires de 90000 F. Le degré d'intégration visé, tant vers l'aval (boutiques) que vers l'amont (sous-traitants) peut se comparer avec celui qu'atteignent, par exemple, les grandes marques automobiles.

Le ministère de l'Industrie a en effet commandé une étude sur "la gestion productique dans la filière textile" à Textiles partenaires, association d'éditeurs logiciels spécialisés dans le textile et entraînée par IBM Conseil. Une des figures de proue du BPR (Business process reengineering) figure parmi les membres de l'association: CSC, par l'intermédiaire de sa filiale Go International. Elle y a vu l'occasion de promouvoir et d'enrichir son progiciel CS/Open. Et six firmes textiles en ont bénéficié: Ren Derhy Junior, Christine Laure, SBS Bension, Zvitex, Sonorco et Cotton Shirt, dont nous décrivons ici la stratégie.

@INTER:L'intégration des outils de gestion

@TEXTE:Cotton Shirt fait appel à l'informatique et à Go International depuis dix ans: progiciel Bingo pour la gestion commerciale (écrit en Abal, pour le système d'exploitation Prologue), Stockers pour la gestion des boutiques, Sybel pour la comptabilité. Excel pour les tableaux de bord de management. Les boutiques clientes envoyaient leurs commandes chaque semaine, par télécopie. La consolidation des ventes et les ordres de production suivaient un rythme mensuel.

Il y a quatre ans, le portage de Bingo sous Unix conduisait Cotton Shirt à s'équiper d'un IBM RS/6000. Cette plate-forme accueillera l'ensemble du nouveau progiciel d'ici à la fin de l'année. En attendant, un serveur Elonex 486 accueille les premiers modules. Ecrits en C++, ils se prêtent à une intégration progressive. A terme, 25 postes de travail sous Windows deviendront les clients du serveur Unix.

Techniquement, le passage à CSC Open se présente comme une généralisation de l'informatique dans l'entreprise, incluant notamment la production. Et supprimant les ressaisies manuelles d'un progiciel à l'autre. Soit par intégration, soit par écriture d'interface (avec la comptabilité).

@INTER:Faire remonter l'information sur les ventes

@TEXTE:L'intégration va s'étendre à douze boutiques clientes, points de vente exclusifs mais non filialisés. Ils disposent de micro-ordinateurs (PC) munis de caisses avec lecteur de codes à barres. Et bien sûr de modems. Le serveur de Cotton Shirt les appellera automatiquement chaque soir, par le réseau téléphonique. Il s'agit bien d'EDI (échange de données automatisé), mais pas aux normes Edifact. Avec les autres boutiques, le réseau Gencod-Allegro pourrait offrir des liaisons de coût approprié.

Cette intégration va permettre d'instaurer la confection en cycle court: dix jours au lieu de plusieurs semaines. Les adaptations se feront au jour le jour, en fonction du résultat des ventes, du niveau des stocks et des fabrications déjà en cours. Sans parler de la météo! Les livraisons s'effectueront aussi quotidiennement, et l'on espère faire tourner le stock dix fois par an, soit deux fois plus vite qu'auparavant. L'EDI s'étend, d'ailleurs, aux transporteurs.

Du point de vue financier, les liaisons avec les boutiques informeront sur les encaissements (chèques, cartes bleues). Et Cotton Shirt communique par ligne avec ses banques.

@INTER:Intégration de la production chez les sous-traitants

@TEXTE:Pour ses sous-traitants, Cotton Shirt édite automatiquement les ordres de fabrication et les étiquettes à codes-barres. Mais la firme entend pousser l'intégration plus loin. Elle fait réaliser une interface entre son progiciel CS/Open et les logiciels de Lectra Systèmes: FreeLine pour le dessin, LSMark pour le placement des morceaux de vêtement sur la pièce de tissu.

L'optimisation des plans de coupe à partir des commandes fera gagner 2 ou 3% sur les consommations, soit environ 1,5 million de F par an. Réciproquement, CS/Open recevra des logiciels Lectra des informations pour rechercher le prix optimal dès la conception des collections ou des prototypes, et pour élaborer en conséquence la fiche technique du vêtement.

La recherche porte aussi sur le choix des tissus. Des images scanner de 2000 références (40 000 images, à terme) de tissus vont fournir une base de référence, d'une capacité de 20 ou 30 giga-octets. CS/Open et les outils de Lectra pourront y accéder, complétant l'intégration de la chaîne depuis la gestion jusqu'à la production.@SIGNATURE:CHARLES DE LAUBIER

@LEGENDE PHOTO:Multimédia en gestion: l'image prend place sur les écrans du progiciel intégré.

@ENCADRE TITRE:STIMULER UNE PROFESSION

@ENCADRE TEXTE:Roland Stutzmann, au ministère de l'Industrie, a voulu apporter un soutien à la filière textile-confection, qui réalise un chiffre d'affaires de 185 milliards de F, mais accuse une balance commerciale négative de 28 milliards. "La filière, depuis la filature jusqu'à l'entretien des articles textiles après usage, est en pleine mutation du fait de l'interdépendance de plus en plus grande des entreprises. Cette interdépendance accrue justifiait l'étude de la gestion productique de cette filière et notamment l'analyse des tendances technologiques et des enjeux économiques qui lui sont liés", écrit-il en tête du rapport "La gestion productique dans la filière textile", qu'il vient de faire publier.

Comme l'étude a été réalisée par IBM Conseil et une association d'éditeurs de logiciels, on ne s'étonnera pas qu'elle conclue à l'intérêt d'une plus grande informatisation du secteur. Mais l'analyse innove en examinant l'ensemble d'une profession et en dégageant les perspectives d'une coopération accrue et en poussant à une ré-ingénierie en profondeur: "La gestion productique ne consiste pas à implanter un logiciel de gestion de production, par exemple. Il est nécessaire de repenser l'organisation de la production en définissant le modèle approprié au métier, au marché, et en l'adaptant aux exigences de qualité, de réactivité, en préalable à la productivité et aux prix de revient". Le document comporte de nombreux documents décrivant les processus de fabrication-commercialisation (voir par exemple le schéma joint), les concepts (CIM, Computer integrated manufacturions), et bien entendu, les logiciels disponibles.