@TITRE:Assurance et Internet:

rien ne bouge

@TEXTE:"Les assureurs font une analyse lucide et intelligente des autoroutes de l'information. Mais ils ont mille bonne raisons de ne pas s'y engager", conclut Louis Melman (ancien directeur au Centre d'analyse et prospective de l'assurance), après une enquête auprès de 15 des principaux groupes. Il décline cette contradiction sur toute une série de points critiques pour la profession.

De nouveaux entrants menacent les assureurs en place. Les autoroutes pourraient servir de vecteur de pénétration à de nouveaux concurrents : établissements financiers, grande distribution, constructeurs automobiles... Oui, mais le danger n'est pas si grand: "Ils vont se ramasser, ils ne connaissent pas", ils n'engrangeront que de mauvais risques et les assureurs classiques arriveront à se différencier.

La vente directe, lancée pour différents types de commerce et par la banque, va s'étendre à l'assurance. Certes, mais ce n'est pas grave: avant dix ans, peu de ménages disposeront de micro-ordinateurs connectés, le réseau n'apporte pas de garanties suffisantes (sécurité des données, authentification des souscripteurs), et de toutes façons, la vente directe ne concerne pas tous les produits d'assurance.

Le consommateur va prendre l'initiative, et l'assurance doit se préparer à la transparence sur ses produits, ses garanties et ses tarifs. Des offreurs de services proposeront des "benchmarks" de produits sur les autoroutes, et les clients iront même jusqu'à payer pour en avoir connaissance. Sans doute, mais qu'importe: le transparence de constitue pas une arme compétitive, elle restera contenue dans un cadre réglementaire européen. Et d'ailleurs, le marché est déjà transparent.

Les réseaux commerciaux actuels (essentiellement les classiques d'agences spécialisées) coûtent top cher. Il faut multiplier les canaux, négocier des partenariats avec d'autres réseaux (grande distribution, réseaux bancaires), "booster" les réseaux traditionnels, qui disparaîtront là où ils n'apportent pas une réelle valeur ajoutée. C'est vrai, mais restons prudents, pour ne pas risquer de perturbation sociales avec les réseaux existants, régis d'ailleurs par des liens statutaires difficiles à changer et appréciés de la clientèle.

En interne, la vie des compagnies va beaucoup changer: simplification des tâches administratives, télétravail, sous-traitance étendue à de nouvelles activités (par exemple la liquidations des sinistres). Bien sûr, mais ne nous pressons pas de suivre des technologies qui vont trop vite, planifions les sur le long terme.

Bref, après nous le déluge. Quelques uns innovent tout de même, comme l'éditeur Sycomex, qui propose aux assureurs son "agence patrimoniale virtuelle". Logiquement, la fin du siècle devrait voir quelques catastrophes... mais l'assurance en a vu d'autres!@SIGNATURE:P.B.