DECENTRALISATION

Les micro-ordinateurs ont facilitéla restructuration géographique d'Axa. En une semaine, tous les personnels parisiens d'Axa-Assurances ont migré vers la banlieue et régionalisé leurs fonctions. Les micros ont joué leur rôle. Comme outils pour les organisateurs mais surtout comme base de l'architecture Axanet.

Après des années de croissance par acquisitions successives, le groupe d'assurances Axa prenait une tournure hétéroclite, que ce soit pour l'informatiqueé pour l'organisation ou pour les locaux parisiens, répartis en de multiples sites dispersés.

Une restructuration géographique complète d'Axa-Assurances a doncété décidée. La France est répartie en dix régions, les services centraux en sept sites de la périphérie parisienne. Ce dernier point permet de substantiels gains immobiliers (on parle de 70 millions) tout en réduisant les temps de transport pour 70% des personnels. Plutôt que de changer au coup par coup, il a été décidé de concentrer sur une semaine les deux opérations: régionalisation et déconcentration. Les bureaux parisiens ont fermé du 30 avril au 13 mai 1991, ce qui ne faisait perdre en fait que peu de jours ouvrés en cette période de l'année.

L'informatique avait préparé les bases du "big bang"

Pour les organisateurs et les utilisateurs, il s'agissait d'un profond chambardementé d'un big bang : ils changeaient à la fois de lieu de travail et de responsabilités dans l'attribution des dossiers par régions. La logistique du papier a été d'autant plus lourde à mettre au point qu'elle s'est accompagnée d'un vaste nettoyage des archives, pour aller vers le "bureau sans papier".

Pour les informaticiens, en revancheé les bases avaient déjà müri: la mutation n'affectait que le niveau "capillaire" des systèmes, c'est à dire le branchement physique des postes de travail et leurs attributions pour l'accès aux grands fichiers centraux. La semaine du big-bang ne les a pas laissés indifférents, mais elle n'a rien remis de fondamental en cause.

Pendant la période chaude, ils ont surtout assisté les utilisateurs, et poursuivi la mise au point d'applications dont les agents regrettent certains "dysfonctionnements" (L'Argus des Assurances, 14/6/1991).

Une informatique … deux niveaux

La micro-informatique a contribué à restructurer le tout, grâce à une architecture à deux niveaux: les systèmes centraux MVS et les postes de travail OS/2, reliés par une couche de liaison baptisée RPC (Remote Procedure Call).

Le premier grand choix, en 1988-89, a consisté à concentrer les différentes informatiques centrales des compagnies d'origine (Drouot, Mutuelles Unies, Présence...) sur deux sites (Marly-le-Roi en région parisienne et Belbeuf près de Rouen), avec fusion des grandes applications de gestion. Avec une plate-forme technique unique: MVS.

Le groupe s'est aligné sur l'informatique de l'ex-Groupe Drouot, qui venait d'être refondue (de 1986 à 1988). Les volumes sont considérables: dix millions de contrats, 1,3 millions de transactions IMS par jour.

La restructuration a obligé à redéfinir toutes les habilitations des personnels et les droits d'accès aux différentes transactions, avec de nouveaux codes et mots de passe. Un volume de saisie colossal.

La deuxième décision a porté sur les postes de travail: remplacement progressif de tous les terminaux par des micro-ordinateurs sous OS/2, avec des développements spécifiques sur consoles Natsys et une couche de liaison. La pratique méthodique du traitement coopératif, couplée avec la normalisation des sites centraux, assure donc une liberté d'implantation des postes de travail.

Cependant, contrairement aux terminaux 3270 passifs, les micros doivent suivre leur détenteur. Nombre d'utilisateurs en effet exploitent des progiciels et des données spécifiques implantés sur leur disque dur.

Les réseaux attendaient les utilisateurs

Troisième point, le réseau. Pendant les mois et semaines précédant le big bang, les principaux immeubles ont été pré-câblés (par Clémençon). Au jour J, les équipes spécialisés d'Axa avaient mis en place et testé toutes les liaisons, tant publique que locales. Il ne restait qu'à brancher les postes à leur nouvel emplacement.

Il vaudrait d'ailleurs mieux parler des réseaux, au pluriel. Outre les réseaux locaux, Axa utilise en effet quatre grands ensembles. D'abord un réseau d'autocommutateurs Opus 32000 RPIS (réseau privé à intégration de services), avec 18 noeuds équipés de multiplexeurs avec lignes spécialisées à 1920 kilobits/seconde. Les autocommutateurs ne voient qu'exceptionnellement transiter des données. En revanche les multiplexeurs intègrent voix et données.

Ensuite Transpac (Axa est l'un des premiers clients de ce réseau), utilisé notamment avec le réseau des agents. Enfin le réseau international, sous-traité à British Telecom.

Le micro bon … tout faire

Le micro-ordinateur a facilité aussi le déménagement par diverses fonctions auxiliaires. Un planning des opérations en Pert. Une modélisation du réseau en Lotus, avec dimensionnement des machines, simulation des habitudes de communication et des flux potentiels. Plus une modélisation, écrite en C, de la charge des canaux voix-données. Les micro-ordinateurs Axanet supportent aussi une messagerie interne au personnel du groupe. Elle a facilité la communication entre les responsables du big-bang.

Le micro-ordinateur va prendre une place croissante dans le groupe. Les développements nouveaux s'appuieront plus sur cette plate-forme que sur les grands systèmes. Les systèmes centraux vont jouer surtout un rôle de noeuds de télécommunications et de serveurs de données.

Déjà, en termes de budgets, la plate-forme OS/2 fait presque jeu égal avec MVS. Même une partie des données commence à être stockée sur les micros (par exemple: description des devises, règles de rédaction et de tarification des polices). Et, même pour les applications sous CICS, la construction des écrans se fait avec les outils Axanet sur micro et non plus avec les outils CICS.

AXA ASSURANCES

Le groupe Axa emploie dans le monde 18 000 salariés et réalise un chiffre d'affaires de 58 milliards de francs. Axa Assurances regroupe en France les opérations effectuées avec les 4000 agents généraux, et emploie 5000 salariés. Progressivement, tous les postes sont équipés de micro-ordinateurs connectés, baptisés Axanet.

DE LA DECONCENTRATION AU TELETRAVAIL ?

Le groupe Axa envisage de développer le télétravail, et bénéficie d'une solide expérience en la matière. Une quarantaine de personnes (des ex-Mutuelles Unies) travaille au moins partiellement à domicile depuis plusieurs années. La méthode n'a été ni abandonnée ni étendue.

L'opération de restructuration a déconcentré les activités et réduit les temps de trajet, mais sans changer la nature de la relation entre domicile et bureau.

Le groupe envisage de nouvelles expériences en s'appuyant sur l'architecture Axanet.