@SURTITRE:L'événement LE RESEAU PSA SUR SATELLITE

@TITRE:Toute l'Europe en temps réel

@CHAPO:Donnant l'exemple d'une "entreprise étendue", le groupe PSA

@TEXTE: Du Sud de la Grêce au Nord de l'Irlande, tous les concessionnaires et agents Peugeot et Citroën vont être reliés par satellite avec leur constructeur. Outre une économie sur ses factures de télécom, le groupe PSA en attend une relation beaucoup plus directe et interactive avec les 4200 points de ventes qui forment son réseau commercial européen.

Techniquement, les liaisons VSAT (Very small aperture terminal) n'exigent en chaque point qu'une antenne parabolique, de 0,6 à 2,4 mètres de diamètre suivant la disposition des sites, et une électronique de conduite des communications. Elles assurent alors des liaisons en deux modes: diffusion et point à point.

Le mode point à point fonctionne comme un réseau "local". Chaque station émet quand elle veut vers le satellite. Si deux émetteurs entre en collision, le protocole (Slotted Aloha) lance une nouvelle fois le message. A ces retards près, qui restent négligeables tant que le réseau n'est pas surchargé, la liaison satellite apporte l'équivalent d'une ligne spécialisée entre tous ses points, en l'occurrence à 19200 bits/seconde. Cette solution est considérée comme moins chère, et beaucoup plus facile à mettre en place que les solutions classiques par lignes terrestres. Surtout dans un espace de télécommunications aussi hétérogène que l'Europe, du point de vue technique aussi bien que réglementaire. Ce mode convient aux applications classiques de gestion, interactives et transactionnelles. Il leur apporte un rapport performances/prix et une uniformité entre tous les sites qui permet d'intensifier les échanges et de généraliser les progiciels sur tout l'espace desservi. Il abaisse aussi les barrières de prix et d'homogénéité qui freinaient l'expansion de la messagerie.

Le mode diffusion (broadcast) émet des informations à plus fort débit, ici à 256 kilobits/seconde, d'un point central vers tous les autres points simultanément. Le satellite apporte ici une puissance pratiquement inaccessible aux réseaux terrestres. Il permet par exemple une télédistribution rapide et fréquente des logiciels. Nous avons montré, chez Cerius (LMI du 29/9/95), que les réseaux classiques obligeaient une gestion élaborée pour ne pas saturer le réseau. Rien de tel ici, puisque tout passe en une fois pour l'ensemble des postes, "arrosés" par le satellite. Mais les initiateurs du projet pensent surtout à la diffusion de gros fichiers documentaires ou de formation.

Les liaisons satellites vont renforcer l'efficacité des systèmes de gestion commerciale que PSA et Citroën perfectionnent au fil des ans. Le projet LCC (Logistique commerciale commune) de PSA, lancé en mars 1993 avec CGI, devrait profiter de ces nouvelles liaisons. Sa première étape, actuellement opérationnelle, y gagnera de la souplesse. Mais, dans un deuxième temps, le progrès de l'applicatif comme des télécommunications "rénoveront de façon profonde la logistique commerciale".

De même, le satellite va renforcer et contribuer à l'homogénéisation des outils commerciaux de base. Citroën, par exemple, a lancé il y a cinq ans son projet Clair (Communication liaison architecture informatique réseau, LMI du 21/6/93). Comme de tradition dans la profession automobile, il comporte deux systèmes liés mais distincts. Le DMS (Dealer management system) assure la gestion de l'entreprise concessionnaire, avec l'autonomie qui revient à un partenaire indépendant. Le DCS (Dealer communication system) forme le prolongement chez le concessionnaire de l'informatique du constructeur, qui tend donc à la rendre aussi homogène que possible sur tout son réseau. Peugeot se dote de fonctions comparables.

Enfin, à plus long terme, le réseau soutiendra de nouveaux développements. Les cartes grises pourraient être délivrées par les concessionnaires eux-mêmes, grâce à une liaison entre les machines centrales du groupe et celles du ministère de l'Intérieur. L'administration pousse à la roue, pour décharger les préfectures et sous-préfectures de tâches qui exigent du personnel et présentent des pointes de charge difficiles à gérer. Plus généralement, le réseau poussera aux connexions EDI avec les compagnies d'assurances, les experts automobiles ou les sociétés de location de longue durée.

Le groupe PSA ne s'aventure pas seul dans l'espace des satellites. En France, le groupe d'assurances Azur ou le distributeur Casino ont déjà sauté le pas. Renault a déjà quelques liaisons satellites avec des concessionnaires d'Europe mais hésite encore à passer à la généralisation. Aux Etats-Unis Chrysler, General Motors et Ford ont déjà pris de l'avance. PSA prend la tête en Europe, mais le déploiement du nouveau réseau prendra plusieurs années. @SIGNATURE:PIERRE BERGER

@ENCADRE TITRE:IBM MARQUE UN POINT

@ENCADRE TEXTE:Du point de vue industriel, le passage de PSA au satellite ne peut réjouir ni France Télécom ni Transpac. En revanche, IBM prend pied avec éclat sur un nouveau marché. Le contrat PSA lui permet de rentabiliser une installation à Marne la Vallée, qu'elle espère bien faire par la suite partager à des utilisateurs de plus petite taille.