INTERNET : LA CAMIF N'OUVRE PAS MAIS PREND DE L'AVANCE

Pouvoir enfin télépayer sans risque ses achats choisis dans un catalogue véritablement multimédia et bien achalandé : telle aurait pu être l'annonce faite par la Camif en lançant son service en ligne sur l'Internet. Mais il faut vite déchanter car l'accès ne sera véritablement accessible au grand public qu'à partir de 1997. Jean-Louis Rimbod, le directeur informatique du troisième vépéciste français le dit lui-même : "Il n'y pas d'urgence commerciale pour ouvrir maintenant ce service". Et le Pdg de la Camif, Maurice Piques, de renchérir : "Nous n'en attendrons pas un chiffre d'affaires considérable". La transaction via le minitel - générant 36 % des ventes - ou le serveur Télia à synthèse vocale semblent encore faire l'affaire. D'autant que le paiement sécurisé sur le Web du vépéciste ne sera pas non plus proposé avant que la législation française en matière de cryptage ne soit assouplie et la normalisation (notamment JEPI de W3C/Commercenet et SET de Visa/Mastercard) stabilisée. Seul un numéro de commande est affiché sur la derrière page de commande, qui sera réutilisable par minitel ou téléphone. Là, il sufit d'indiquer son numéro de carte bancaire (assorti du numéro de sociétaire et d'un code confidentiel).

A défaut de coup médiatique, la Camif se contente donc de jouer son avance technologique face à la concurrence sur le marché de plus en plus convoité des catalogues électroniques. "Nous devons passer d'un système artisanal - le minitel - à un catalogue électronique - sur l'Internet - à vocation industrielle", admet la direction. A preuve : le vépéciste de l'Education Nationale a signé un accord exclusif de plusieurs mois avec la société Ilog (encore détenue à 21 % par l'Inria) pour la mise au point d'un prototype, préfigurant ce que sera vraiment la VPC sur l'Internet. Coût de l'investissement initial : plus de 500 KF. Grâce à l'outil Ilog Web Catalog (objets distribués), les 60 000 produits du catalogue de la Camif (seulement 1200 produits visibles sur le prototype) seront automatiquement présentés dans des pages HTML prédéfinies mais non figées. "Pour l'instant, nous avons dupliqué une partie des données, indique Jean-Louis Rimbod, mais nous seront à l'avenir directement connecté à nos trois bases de données relationnelles (commerciale, texte/catalogue, images)". Sur la maquette très démonstrative (http ://www.ilog.fr/camif.html), le client, lui, se verra proposer au fur et à mesure de sa consultation des "conseils" sur des accessoires, des promotions, ainsi que des sélections de produits en rapport avec ses habitudes (ventes croisées) ou en fonction de ses critères de choix enregistrés par le serveur lors de la dernière consultation. Ces "agents intelligents" sont épaulés par un superviseur (bien humain, lui) capable d'étudier les chemins de navigation, déclencher des baisses de prix ou analyser un caddie virtuel (le client est averti en page d'accueil...). Ce "magasin virtuel" s'appuie sur la flexibilité et la réutilisation de composants C++ (Ilog Db Link et Views), déjà éprouvés dans le contrôle aérien ou les salles de marchés (plus de 300 000 lignes de codes). Sans oublier le générateur HTML de Netscape. Résultat : un catalogue de plusieurs milliers de produits peut être réalisé en deux jours si la base de données multimédia existe. Déjà présente sur Infonie (voir LMI 657 page 13), la filiale produits fins de la Camif - Léon Fargues et Viniphile - devrait être la prochaine à ouvrir son serveur Web et bénéficier de tous ces développements.@SIGNATURE:CHARLES DE LAUBIER