@T RUB3:Que sont nos amis devenus ?


@TEXTE:Descartes est bien mort. A l'ombre de son discours, les feuilles mortes des méthodes d'analyse à la française se ramassent à la pelle


En toile de fond, le panorama de nos universités donne une des explications de cet effondrement français. Jussieu , depuis les années 60, est toujours resté fidèle à Jacques Arsac et son refus d'enseigner l'analyse, faute de savoir la définir scientifiquement. Orsay, siège il y a vingt ans d'une brillante Miage, s'est fait oublier. Dauphine? Exemple significatif, un jeune et prometteur, récent titulaire d'une maîtrise en sciences de gestion dans cette université des beaux quartiers. A la question "Comment as-tu trouvé l'enseignement informatique ?" Réponse "C'est parfait, il y des micros partout, on peut faire de la PAO autant qu'on veut... ". "Mais, l'informatique c'est autre chose. As-tu entendu parler de SAP, par exemple ?" . "Pardon? Non, je ne vois pas".


L'Inria, à quelques excursions près à partir des bases de données, s'est de tout temps concentré sur des problèmes plus techniques. En province, Jean-Louis Le Moigne fait de la philosophie (constructiviste), Nancy se tait. Nous avions un champion de l'orientation objet, avec Bertrand Meyer. Mais cela fait longtemps qu'il a quitté la France pour Santa Barbara (CA), et d'ailleurs cédé aux charmes de la programmation avec Eiffel plutôt qu'à la modélisation des processus de gestion, qui ne l'ont jamais passionné.


Du côté des fournisseurs, nos grands champions ont baissé les bras. La CGI, mère de Corig et de PacBase, s'est fondée dans le giron d'IBM. La Sema (pardon, Sema Group) a envoyé Hubert Tardieu vers d'autres conquêtes que Merise, même relookée objet avec les travaux de Rochfeld ou revampée à Bruxelles avec Eurométhodes. Stéria (voir article joint) s'est repliée sur un solide pragmatisme.


L'Afcet, point de rencontre pendant vingt cinq ans des universitaires, des SSII et des utilisateurs concernés, a déposé son bilan il y a quelques mois.


Il nous reste heureusement, les efforts persévérants, mais comme une voix dans le désert français, de Guy Doumeingts à Bordeaux. Et tout de même, pour sauver l'honneur, l'équipe qui s'est constituée en 1995 pour lancer la revue "Systèmes d'information et management". Qui ne s'est pas encore vraiment attaquée à la modélisation d'entreprise, mais soutient chaque trimestre une réflexion à la fois théorique et ancrée sur le terrain.


Et Sema Group reprend l'initiative. Tout en adoptant les standards du jour, le groupe franco-anglais s'est récemment permis d'annoncer Iteor, orienté objets. En cet automne 97, l'économie donne quelques signes de reprise. Pourquoi pas la recherche en systèmes d'information!


@SIGNATURE:PIERRE BERGER