10/10/1991. Exposé de Claire Lobet-Maris (Sciences de gestion)

Institut d'informatique (Facultés universitaires Notre-Dame de la Paix à Namur)

L'évaluation des nouvelles technologies de l'information et de la communication

Le concept d'évaluation des NTIC (ou technology assessment) est lié au concept d'incertitude. L'évaluation est une pratique, un ensemble de moyens qu'une société se donne pour étudier la pertinence technique, économique, sociale, organisationnelle et politique des systèmes informatiques. Le but est que les décisions soient plus lucides, mieux adaptées.

Les NTIC se caractérisent par leur transversalité et l'imprévisibilité de leurs usages. Ces technologies sont très structurantes car elle portent sur l'information et la communication ; ainsi les décisions qui s'y rapportent se font sans modèle. Elles semblent étrangères aux critères de rationalité. Leur insertion s'avère très incertaine (réappropriation par les usagers).

On observe deux types d'attitudes latentes dommageables chez les décideurs :

* réduire ou canaliser l'incertitude en réduisant les ambitions : les systèmes s'installent sur le statu quo organisationnel ou se limitent à ce qui est déjà formalisé. Cela entraîne une informatique incohérente, une inflation de programmes qui pose d'énormes problèmes de maintenance et les informaticiens se sentent frustrés. On trouve ce cas quand n'existe pas de structure qui soutient le service informatique.

* ignorer l'incertitude quand les services informatiques reçoivent un chèque en blanc de leur direction, ils tentent parfois de donner une réponse autoritaire au "désordre informationnel" : ils construisent un système cohérent reposant sur des croyances erronées (telles qu'une vision lénifiante de l'organisation, la conviction que les systèmes d'information vont résoudre les problèmes de communication, ou que leur intégration renforce l'intelligence et la rapidité des décisions et facilite l'adaptation rapide à l'environnement, alors que l'informatique implique de fixer les structures).

Alors que faire ? Réfléchir avant ou bien laisser faire et attendre la réappropriation ? CLM propose :
* de mettre en place des structures de discussion entre informaticiens et utilisateurs ; cela implique de prévoir un budget pour les discussions, les négociations et la formation : malgré les apparences, c'est du temps gagné.
* de prévoir le temps de s'interroger sur les finalités du projet, autres que l'efficience opérationnelle. Trouver et appliquer des méthodes de simulation.
* d'assurer un suivi des projets informatiques et d'évaluer la satisfaction des usagers.

Tout ceci implique des changements culturels :
* ne pas laisser la responsabilité de l'informatique aux seuls informaticiens ;
* former les informaticiens aux autres dimensions que la technique : organisation, communication... et à leurs responsabilités sociales. Les stages sont pour cela très formateurs. Un projet informatique est avant tout un projet organisationnel.

Une riche discussion a prolongé l'exposé sur les difficultés, voire l'impossibilité de prévoir. Pour F. Pavé, on ne peut rien prévoir ; ce qu'il faut changer, c'est le rapport au projet. Ceci nous introduit au thème de la prochaine séance.

Compte-rendu rédigé par C. Hoffsaes