08/04/93 Exposé de Michel Deglas (Informatique)

Laforia (Université Paris VI)

Représentation intensionnelle de l'information

La question du sens en IA est un problème essentiel. L'IA, c'es la résolution de problèmes par la modélisation des connaissances (Laurière). Or nous n'avons pas d'accès direct à la connaissance, elle n'est pas observable : il faut donc définir un modèle, mais surtout un objet de la modélisation. Les connaissances qu'on cherche à modéliser sont représentées en langage naturel :
- dans le langage naturel, les connaissances sont exprimées à l'aide d'une syntaxe et d'un sens,
- dans l'ordinateur, la modélisation des connaissances est une représentation symbolique dont la manipulation est aveugle au sens.

Le problème de la représentation des connaissances pose donc celui de la représentation intensionnelle (intension est employé à peu près comme synonyme de "sens"). Or la logique classique ne permet pas de distinguer une proposition et son
extensionalité :
si p = q , cela ne veut pas dire que "je sais que p" soit = "je sais que q"

Le paradigme logico-symbolique apporte deux réponses à ce déficit :
- le sens n'existe pas : solution extrême soutenue par quelques uns,
- le sens est une propriété de la syntaxe : position soutenue par la majorité.

Pourtant, si une représentation renvoie à autre chose (par définition), le sens n'est pas dans la syntaxe.

Le paradigme logico-symbolique prétend à deux exigences contradictoires :
- obéir au monisme matérialiste : il n'y a pas de mental sans cérébral,
- ne pas céder au réductionnisme du mental au cérébral (cf. l'homme neuronal de Changeux);

La thèse fonctionnaliste essaie de faire converger ces deux exigences : l'étude du matériel (le biologique) est nécessaire mais non suffisante pour expliquer le logiciel (le mental).

En IA, on se réfère au paradigme sub-symbolique (proche du paradigme connexionniste) : l'information n'est pas codée dans un réseau de neurones, mais "découverte" par lui.

Le paradigme connexionniste propose deux approches :
- la thèse éliminativiste (les concepts mentaux sont totalement réductibles aux concepts cérébraux),
- la thèse sub-symbolique (les formes de l'esprit non assimilables aux concepts cérébraux sont géométriques et dynamiques), thèse qu'on peut chercher à schématiser ainsi :

Le bas niveau rend compte des processus dynamiques, le niveau supérieur de l'inférence. Les représentations mentales émergent d'un substrat physique grâce à des processus dynamiques sous-jacents, par un niveau intermédiaire morphologique. Si la démarche cognitive n'est pas toujours logique, on devrait pourtant pouvoir la reconstituer posteriori à l'aide d'une démarche logique : c'est l'hypothèse de l'IA.

Le problème est de comprendre comment passer de la représentation géométrique (continue, infinie, globale, perçue, à la représentation logique (discrète, finie, locale, conçue). Le problème central de la représentation du sens est la dialectique du continu et du discret. cf. le paradoxe de Poincaré (soit des éléments classés par taille croissante ; la différence entre deux éléments successifs est indiscernable, mais celle entre les deux extrêmes est sensible. MD explique comment la locologie peut résoudre ce paradoxe de Poincaré. Cette théorie mathématique qui refuse la symétrie et la transitivité (qualités très rares), peut aider à rendre compte du passage du continu au discret.

Compte-rendu rédigé par C. Hoffsaes.