C'est sans doute un peu cavalier, mais le clavier est maintenant mon mode normal d'écriture bien plus que le stylo.
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Très cher,
Tu es fidèle à toi-même et à tes convictions. A partir du moment où tu crois qu'il y a une vie après la mort et que cette vie dépend du jugement de Dieu, il est normal que tu souhaites pour tous, à commencer par ceux que tu aimes, que cette vie soit heureuse. Et donc qu'ils se mettent dans des dispositions propres à assurer leur salut.
Ta lettre me donne l'occasion de mettre mes idées au net (Je les avais esquissées dans mon livre).
Je pense que la mort est un point final (*). L' important est donc de bien conduire sa vie jusqu'à sa fin. Idéalement, toute mort devrait être une libre décision prise par chacun avec l'accord de son entourage (de "la société" en général, mais avec un rôle tout particuleir des proches). D'où une poliique de sécurité (contre les accidents et la criminalité) pour qu'il n'y ait pas de mort accidentelle et encore moins imposée par un autre pour de mauvaises raisons). Et une politique de santé pour prolonger la vie et la qualité de vie aussi longtemps que possible. Mais aussi, et dès l'arrivée de la maturité, une vision volontariste pour chacun de sa propre existence. Que ce soit pour la donner jeune dans un combat qui la mérite. Pour la donner à petit feu pour ses enfants ou d'autres causes valables. Et a minima pour 'en tirer un maximum de plaisir sans empiéter indûment sur celui des autres.
Vient un moment où la durée de vie probable se raccourcit beaucoup et/ou sa qualité même tend vers zéro sinon vers le négatif. J'y ajouterais le cas des personnes qui se savent dangereuses pour les autres (maladies très contagieuses, sexualité ou violence incontrôlables). A ce moment on devrait pouvoir décider de poser le point final. La pharmacopée d'aujourd'hui devrait apporter des solutions sûres, rapides et indolores.
La généralisation et la légalisation de cette liberté fondamentale de mourir sera difficile à mettre en place. Elle n'est pas dans notre culture, et elle doit être protégée contre divers dangers : coup de tête sur un "chagrin d'amour", déprime soluble par un peu de magnésium ou de ginseng, caprice stupide, abus de drogue ou autre... et cupidité de tous ceux qui peuvent profiter de notre décès. Mais c'est je crois la voie qu'il faut iinlassablement poursuivre.
Dans mon cas particulier, mon entourage sait que je ne souhaite pas d'acharnement thérapeutique, mais pour l'instant je ne suis pas allé plus loin. Notamment pas (ou pas encore) adhéré à certaines associations vouées au "droit de mourir dignement".
On verra bien ce que dira le corps médical la semaine prochaine. J'espère bien qu'un petit complément aux interventions d'octobre ramènera mes problèmes à quelques précautions supportables. Mais, de René Lefebvre à Paule Berger en passant par Vincent Meissonnier, l'hypothèse inverse reste ouverte.
Je vais essayer de vivre tout cela en homme, et en minimisant les inconvénients pour mon entourage. Un antique a dit "L'homme parfait lave son cadavre avant de mourir". Et Bonne-Maman Gandilhon disait (à propos de son maquillage, mais c'est le même problème) "Quand on est jeune, on fait sa toilette pour plaire. Quand on est vieille, pour ne pas déplaire".
De tout coeur.
Pierre
(*) Etant "non-dogmatique", je ne suis évidemment pas certain que la mort soit vraiment un point final. Dans ce cas :
- ou bien il y a vraiment un "Bon Dieu" qui aura à mon égard un comportement équitable (et même mieux), et tiendra compte de mes efforts de sincérité et parfois de générosité pour m'assurer un au delà supportable ;
- ou bien c'est aléatoire ou pire, négatif (j'inclus dans ce cas l'existence même d'un enfer, qui me semble radicalement incompatible avec l'existence d'un bon Dieu et même d'un Dieu tout court) ; et dans ce cas il ne sert à rien de s'en préoccuper, le résutat ne dépend pas de moi.
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L'euthanasie pas un problème qui vient à la fin, comme la maladie/guérison à la Funck-Brentano.
Dès le départ on estdans le design d'un projet qui a une durée de vie finie (en tous cas, à très haute probabilité de vie finie)
La durée de vie est un des paramètres du design.
Tout au long du processus on prend des décisions qui (en probabilité) allongenet ou racccourcissent. Risques, plaisirs dangreux pour la santé, austérité, exercice physique
Pb particulier de la manière de fin de vie : on donne explicitement la mort, on laisse mourir. Assez hypocrite.