Association Française des
Sciences et Technologies de l'Information

Hebdo
No 55. 10 décembre 2001

Sommaire : Trois questions à Patrick Flandrin, GDR Isis | L'actualité de la semaine | Théories et concepts | Enseignement | La recherche en pratique | Manifestations | Le livre de la semaine | Détente

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Trois questions à Patrick Flandrin

Directeur du GDR Isis

"La science du signal, de l'image et de la vision constitue aujourd'hui une discipline à part entière. "

Asti-Hebdo : La re-création du GDR pour la période 2002-2005 lui donne pour titre "information, signal, image, vision". Quel est le point commun à ces quatre thèmes ?

Patrick Flandrin : S'il faut choisir un mot qui fait la synthèse, ce serait le mot "information", central dans les Sciences et technologies de l'information et de la communication. Historiquement, le GDR s'est d'abord appelé TDSI (Traitement du signal et des images), puis il s'est ouvert plus largement sur l'information et, plus récemment encore, a intégré une bonne partie de la communauté Vision.

Le GDR fédère donc maintenant une part importante de la communauté française de recherche sur les Stic. Aux composantes classiques du traitement du signal, proches de sa réalité physique, il ajoute désormais des aspects de plus haut niveau.

Le dénominateur commun à tous ces thèmes, c'est l'interaction entre des approches théoriques et un contact avec les applications. L'approche "signal" (que nous définissons comme "support physique d'une information") en fait la cohésion. Le signal, au sens large, se propage dans toute la chaîne, depuis sa création, son acquisition et son traitement jusqu'à son interprétation. Il assure une sorte de synthèse systémique, appuyée sur des techniques nouvelles omniprésentes, comme les ondelettes, par exemple.

Hebdo : Ces concepts sont bien classiques ! Qu'y a-t-il de vraiment nouveau dans votre domaine ?

P.F. : La complexité, qui se décline dans des problématiques multidimensionnelles et multimodales. Ces questions nouvelles se posent du fait de la quantité considérable d'information que porte désormais le "signal". Le remplacement du mot "capteur" par celui de "senseur" l'exprime assez bien. Entre la cellule photoélectrique d'hier et la caméra numérique d'aujourd'hui, le saut quantitatif est significatif.

De plus, on nous demande aujourd'hui de savoir faire la synthèse de flux de données venant de sources multiples. Ou au contraire d'aller chercher des informations très précises liées à un petit nombre de capteurs.

Cette complexité rend nécessaire la reconnaissance du signal comme partie intégrante de la recherche. Pour concevoir leurs grands instruments scientifiques, par exemple, les physiciens raisonnaient autrefois à partir de leurs propres concepts, et ne pensaient au signal que dans la dernière ligne droite. Aujourd'hui, ils ont compris qu'il fallait l'intégrer dès le début à la conception du projet dans son ensemble. Cela permet, entre autres, de concevoir les capteurs de manière plus intelligente.

Nous n'avons pas la prétention d'apprendre la physique aux physiciens. Mais nous ne voulons plus être de simples apporteurs d'algorithmes pour résoudre leurs problèmes de mesure. Ce qui nous intéresse, ce sont les aller-retours entre la physique et le traitement du signal, le dépassement de la modélisation par boites noires pour aller vers une compréhension de la réalité des fonctionnements, vers une ontologie des domaines. Si l'on comprend comment les signaux se constituent avant d'arriver aux capteurs, on conçoit mieux la chaine d'acquisition et de traitement. Et l'on fait aussi progresser la théorie du signal.

Hebdo : Quelle est le rôle et quels sont les moyens de votre GDR ?

P.F. : Un GDR (groupement de recherche du CNRS) est un "laboratoire sans murs", une communauté de personnes qui coopèrent dans une activité de recherche sans se regrouper dans un bâtiment. Un GDR n'interfère pas avec la politique des laboratoires ni avec les structures de gestion de la carrière des chercheurs. Son mode d'action, appuyé sur la messagerie et le web, se traduit par des réunions (une cinquantaine par an) et des actions de recherche communes. Elles s'organisent en cinq thèmes
- signal et information (théorie et méthodes)
- forme, mouvement, structure de scènes
- adéquation algorithme-architecture
- télécommunications (compression, transmission, protection)
- images, modèles et systèmes (traitement, analyse, indexation) .

Sur notre site web, ces points sont développés dans notre présentation 2002-2005.

Nous pouvons compter actuellement 1500 inscrits, dans 40 équipes, représentant environ 400 doctorants. Il faut y ajouter nos 25 partenaires industriels, qui eux-mêmes emploient quelque 250 ingénieurs pour des travaux de recherche liés à nos thèmes.


L'actualité de la semaine

XML se répand

Une enquête d'Ilog et de la revue Wall Street & Technology confirme l'adoption accrue de XML par le marché. Réalisée auprès d'un échantillon de responsables informatiques et de dirigeants elle démontre que, alors que la majorité des projets XML sont pilotés par les directions informatiques, un tiers de ceux-ci sont pilotés au niveau de la direction d'entreprise.

42% des répondants indiquent avoir déjà mis en oeuvre une stratégie XML, alors que 36% ont prévu de le faire dans l'année à venir.

Haut débit

Une étude sur le marché du haut débit en Europe menée par l' Idate montre l'élan des opérateurs pour ces technologies (câble et ADSL). Si tous les pays européens ne partent pas du même pied, l'Idate promet au haut débit une croissance exponentielle dans les années à venir.

A la fin de cette année, les réseaux haut débit cumuleront 7 millions d'abonnés en Europe, dont 5 par le biais de l'ADSL, le reste étant à mettre au profit du câble. L'Allemagne semble à la pointe en la matière puisqu'elle devrait représenter près de 40 % du parc européen avec 2 millions d'abonnés ADSL.

La France et l'Italie suivent de très loin l'exemple germanique avec 500 000 abonnés. La Grande-Bretagne avec 120 000 abonnés arrive très loin derrière les Pays-Bas (400 000) et la Suède (200 000).

De façon générale, le marché de l'ADSL est dominé par les opérateurs historiques qui détiennent chacun près de 90 % de leur marché de référence. Dans ce domaine, le cas de l'Allemagne est exemplaire.

Si le dégroupage s'est réalisé plutôt outre-Rhin qu'en France, aucun opérateur alternatif n'a pu en profiter pour acquérir une part de marché significative de l'accès haut débit. Deutsche Telekom s'est ainsi taillé la part du lion en faisant migrer ses abonnés RNIS sur des offres ADSL, et en offrant des formules d'accès ADSL par forfait.

La puissance commerciale des opérateurs historiques - qui sont aussi le plus souvent numéro un de l'accès à Internet - n'a laissé que peu de chance aux challengers. Voire aucune dans le cas de la France, où le dégroupage se révèle plus difficile à mettre en place en respectant les conditions d'équité, qui constituent un minimum pour espérer subsister dans l'ombre de l'ogre France Télécom.

Dans le domaine du haut débit, l'Angleterre ne peut pour le moment compter que sur ses réseaux câblés. Ainsi, les câblo-opérateurs ont pris de vitesse British Télécom sur les réseaux haut débit, jusqu'à le faire vaciller sur ses propres fondements, la téléphonie. « BT est un peu le cancre de l'ADSL en Europe », résume Roland Montagne, analyste à l'Idate.

Dans son étude, l'Idate prévoit que le parc d'abonnés haut débit en Europe devrait au moins tripler jusqu'en 2003, avant d'atteindre entre 46 et 69 millions de clients en 2006. En France, de 700 000 abonnés haut débit (câble et ADSL) fin 2001, le parc dépassera les 2 millions d'abonnés en 2003, puis sera compris dans une fourchette allant de 5 à 8 millions en 2006.

Toujours selon l'Idate, ce seul marché français est estimé, à cette date, entre 2,8 et 5 milliards d'euros. D'ici là, la boucle locale radio (BLR) devrait représenter une part significative du marché du haut débit avec 300 000 à 600 000 abonnés. A ce jour, avec 1500 clients en tout et pour tout sur l'ensemble de la France, les acteurs de la BLR devront s'armer de patience avant d'atteindre la rentabilité.


Théories et concepts

Webconference multilingue

WebEx Communications peut prendre en charge plusieurs langues au sein d'une même webconférence. Ce réseau mondial de communication permet aux participants à une réunion de sélectionner une préférence linguistique distincte.

Le service prend en charge les données, la voix et la vidéo. Les langues offertes sont le français,l'allemand, le japonais, le coréen, ainsi que le chinois traditionnel et simplifié. D'autres langues, y compris le suédois, seront disponibles au début 2002.

Cybersurveillance

Dans Expertises de décembre, Joël Heslaut analyse la loi sur la sécurité quotidienne adoptée le 31 octobre dernier. Il note que trois amendements sont directement issus du projet de loi sur la société de l'information, et que les dispositifs prévus soulèvent déjà des protestations :

- opérateurs soumis à une obligation de conservation des données
- prestataires de cryptologie tenus de fournir les clés aux autorités administratives
- possibilité pour la Justice de faire appel aux moyens de l'Armée pour décrypter les fichiers saisis.

Toujours sur la sécurité, le numéro d'aout-septembre de Netcost & security publie toute une série de chiffres sur le "marche e-secure". (Le site ne correspond pas tout à fait à la publication, mais vous pouvez laisser un message à Jean-Philippe Bichard pour en savoir plus).


Enseignement

Ofmi : rectificatif

C'est à tort que nous avons indiqué, dans notre dernier numéro, que Max Dauchet serait président de l'Ofmi. En fait, nous précise Christian Carrez : "L'Ofmi n'a pas de structure juridique, et je suis chargé de mission pour l'Ofmi auprès de la DES (direction des enseigments supérieurs) du ministère de l'Education nationale". Avec nos excuses.

Un portail pour l’éducation populaire

Le site Educ-pop, mis en place conjointement par le ministère de la Jeunesse et des sports et l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation, répond à une «commande» de Marie-Georges Buffet, ministre de la Jeunesse et des sports

Il a pour but «d’offrir aux associations de jeunesse et d’éducation populaire agréées un site permettant non seulement l’information et l’échange mais aussi l’expérience et la réflexion sur la place et l’usage des nouvelles techniques d’information et de communication dans l’évolution de l’éducation populaire».

Outre la rubrique actualités et l’inévitable mini-sondage, on y trouvera des bases de données sur les acteurs associatifs et leurs actions, des petites annonces et une série de ressources sur la création, la gestion et l’animation des associations, ce qui n’est pas inutile dans un domaine reposant pour l’essentiel sur le bénévolat.

D'après CyberEcoles Flash 44, mercredi 05 décembre 2001

OCDE, le rapport Pisa

Le communiqué résumant ce rapport qui ne met pas la France à l'honneur !

PCIE, la recommandation de l'Esdis

Le groupe d'experts Esdis (European union high level group for employment and social dimension of the information society) a remis à la Communauté européenne un rapport (format RTF) sur les actions à mener pour développer la société de l'information en Europe, et plus particulièrement les programmes existants pouvant remplir les conditions du plan d'action e-Europe défini à Fereira en mars 2000.

La recherche en pratique

Students

Le portail de services étudiants students-life.com lance sa nouvelle version.

Vos commandes à l'Imprimerie nationale

L' ensemble du catalogue de l'Imprimerie nationale est disponible sur le site Espace Catalogue administratif . Vous y trouverez plus de 2000 références de formulaires administratifs à travers 10 catégories : marchés publics, fiscalité, urbanisme, affaires sociales, comptabilité, douanes et transport, éducation, état civil, gestion du personnel, réglementation.

NDLR : si vous manquiez d'idées pour un cadeau de Noël à votre chef...

Développez sur plate-forme hébergée

Borland lance une nouvelle plate-forme hébergée pour le développement de logiciels, TeamSource DSP. Elle "permet aux équipes distribuées de développer leurs applications en toute sécurité par delà le pare-feu". Elle est basée sur la plate-forme Java(tm) 2 Enterprise Edition (J2EE(tm)), ainsi que sur les standards relatifs aux services Web et sur le protocole HTTP sécurisé.

Manifestations

Ce mardi au Paris ACM Siggraph

En partenariat avec Pixel magazine et le groupe ESIEA, ce mardi 11 décembre, de 19 à 21h30 (accueil 18h30), 9 rue Vésale à Paris (Métro Gobelins), le Paris ACM Siggrap propose :

- la projection d'une sélection du Théatre d'animation (Animation theater progam) du Siggraph 2001
- une table ronde : La création numérique dans les Ecoles, avec Marcel Villoing, Ecole de l'image, Les Gobelins, Pierre Henon, Ensad (projections de réalisations présentées à Annecy 2001), Benoit Kuhn, Création Numérique, Pixel Magazine et Patrick Saint-Jean, Arts et Création Industrielle, ENS Cachan.

Colloque sur l'Open source à l'ENS

Le PNER (Programme numérisation pour l'enseignement et la recherche organise un colloque "L'Open source dans les sciences humaines : modèles ouverts de recherche et de publication dans les sciences humaines", qui se tiendra les 21 et 22 Janvier 2002 à Paris en la salle Dussane de l'Ecole Normale Supérieure.

Le livre de la semaine

Pages web, guide du créateur

A la différence de nombre de manuels, consacrés à l'emploi d'un produit déterminé, Pages Web de David Crowder et Rhonda Crowder (Osman Eyrolles multimédia) propose un panorama des solutions aussi bien que des problèmes. Ce "guide du créateur" entend conduire le lecteur de la conception jusqu'à la promotion et la mise à jour de sites. Au sommaire : HTML, construction/mise en page, multimédia, animation Flash, Javascript, e-commerce, référencement, maintenance. A la fois dense, précis et pédagogique. Avec un substantiel glossaire et un CD-Rom comportant des versions d'évaluations (Dreamweavec, Fireworks, Flash) et divers logiciels de création de pages.

Détente

Machines organiques aux Transmusicales

Machines organiques... c'est le titre d'un article du Monde, 2-3 décembre 2001, rendant compte des Transmusicales de Rennes . Citons : ... on ne savait plus très bien comment classer les disciples de l'électronique e ceux de l'instrumentation traditionelle. Chacun s'épie, s'envie, se ressource ou tente de nouvelles aventures sur l'un ou l'utre territoire. ... Après le groupe de rock s'amusant à singer la transe numérique et les informaticiens côtoyant la musique traditionnelle, on croisait des DJ renonçant totalement aux ordinateurs.

Où allons-nous, si même les DJ ne veulent plus de Stic !


L'équipe ASTI-HEBDO : Directeur de la publication : Jean-Paul Haton. Rédacteur en chef : Pierre Berger. Secrétaire général de la rédaction : François Louis Nicolet, Chef de rubrique : Mireille Boris. Asti-Hebdo est diffusé par FTPresse.