Association Française des
Sciences et Technologies de l'Information

Hebdo
No 63. 18 février 2002

Sommaire : Trois questions à Stefan Vislmeier, fondateur de Brainlab | L'actualité de la semaine | Théories et concepts | Enseignement | Dans les entreprises | Manifestations | Le livre de la semaine |

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Trois questions à Stefan Vilsmeier

Fondateur de Brainlab.

"Notre spécialité est d'intégrer des technologies complexes dans des systèmes faciles à mettre en oeuvre dans les blocs opératoires"

Asti-Hebdo Quelle est le coeur de votre métier ?

Stefan Vilsmeier : Nous avons mis au point un système de navigation tridimensionnel guidé par l'image et destiné aux opérations chirurgicales (neurochirurgie, ORL, orthopédie, rachis et traumatologie). Ce système permet de localiser au millimètre près et de visualiser en trois dimensions des points et des volumes tels que tumeurs et caillots de sang, afin d'en effectuer ensuite la résection grâce à une intervention chirurgicale mini-invasive.

Le coeur de notre métier, c'est l'intégration complète de matériels et de logiciels sophistiqués, de leur conception à leur arrivée dans les salles d'opération, de manière à simplifier au maximum l'utilisation de nos solutions.

Cela se traduit, notamment, par leur rapidité de mise en oeuvre. Au bloc opératoire, nos systèmes son "prêts en cinq minutes", alors que les systèmes concurrents demandent environ une demie heure de mise en route.

Hebdo : Techniquement, comment obtenez-vous cette simplicité ?

S.V. : Elle tient d'abord à notre maîtrise des technologies graphiques. Un point fort de nos produits est l'emploi de marqueurs passifs pour repérer la position des instruments chirurgicaux. Nous avons déposé plusieurs brevets sur ce thème. Les systèmes existant avant nous faisaient appel à des émetteurs infrarouges. Cela obligeait munir l'instrument d'une alimentation électrique, donc d'un câble, etc. Nous avons remplacé ces émetteurs par des sphères passives. Cela réduit sensiblement les coûts, allège les matériels et surtout permet au chirurgien de changer rapidement d'outil.

Un autre caractéristique importante de nos systèmes est le repérage précis des zones d'intervention sur le patient sans mise en place chirurgicale de marqueurs, mais par simple analyse tridimensionnelle d'images.

Nous faisons régulièrement des enquêtes de satisfaction auprès de nos clients pour vérifier que ces objectif sont bien atteints. Et chaque membre de notre personnel passe au moins une fois par an en bloc opératoire pour bien comprendre les problèmes et les besoins de nos utilisateurs.

Mais cette simplicité tient aussi à la qualité de notre logiciel.

Hebdo : Quelles méthodes de développement employez vous?

S.V. : Autodidacte en programmation, j'ai débuté ma carrière en publiant un livre sur l'informatique graphique en trois dimensions. En 1989, j'ai commencé des études d'informatique, option technologies médicales. Mais la création de mon entreprise, avec les droits d'auteur du livre, m'a conduit à quitter l'université après vingt jours seulement sur le campus.

Désormais, je fais confiance à mes ingénieurs seniors et à notre vice-président Développement logiciel, qui ont une formation plus classique que moi en informatique. Ce sont eux qui définissent les grandes lignes de la conception et de l'architecture. Mais je m'implique profondément dans la spécification des produits, des interfaces homme-machine, de l'ergonomie et de l'aspect conceptuel des algorithmes développés.

Nous utilisons C et C++ avec différents outils. Notre environnement de développement fait une large part aux problèmes de documentation. Ce point est capital dans toutes les applications médicales. Les produits doivent en effet être agréés par les instances de contrôle, en particulier la FDA (Food and drug administration) aux Etats-Unis. Nos outils permettent de réduire nos délais de plusieurs mois par rapport aux méthodes traditionnelles de rédaction documentaire.

La propreté de nos architectures comme de nos codes est une préoccupation constante, notamment pour permettre un taux élevé de réutilisation. Ce point est essentiel pour investir de nouvelles formes de chirurgie (par exemple, récemment, la chirurgie de la moelle épinière ou du genou).

Notre taux de croissance élevé comme la nécessité de mettre de nouveaux produits rapidement sur le marché n'appellent pas, de notre part, des investissements en recherche fondamentale. Mais nous coopérons en permanence avec les plus importants centres de recherche médicale mondiaux, par exemple Stanford, Georgetown ou la Mayo Clinic.


L'actualité de la semaine

Usager/citoyen : la schizophrénie

Intervenant au cours d'une table ronde organisée au Club de la presse informatique et des télécommunications, Michel Sapin, ministère de la Fonction publique et de la réforme de l'Etat, a évoqué la "schizophrénie" des attitudes envers le e-Gouvernement.

D'une part, en effet, l'usager réclame la simplification des procédures, et par exemple considère comme un scandale la multiplicité des déclarations à faire en cas de déménagement. De fait, relève le ministre, 80% des documents demandés par l'Administration sont détenus... par l'Administration ! En revanche, le citoyen s'oppose à ce que la transparence entre les différents services ne le mette à sous toutes les coutures.

Il a donc demandé à Pierre Truche (Pierre Truche, premier président de la Cour de cassation), assisté d'un préfet et d'un sociologue, de faire de propositions pour dépasser ces contradictions. Il faut avancer à la fois sur les problèmes techniques et sur les problèmes technologiques. Sinon, l'on risque d'avancer très vite sur un projet, puis de se voir tout à coup bloqué par une réaction inattendue du "citoyen".

Hommage à Albert Ducrocq

Raymond Moch, fondateur de l'Institut Fredrik R. Bull, vient de rendre hommage à Albert Ducrocq, président de l'Institut et journaliste spécialisé réputé.


Théories et concepts

DRM

Le DRM (Digital rights management) est un ensemble de techniques visant à protéger la propriété intellectuelle en matière de musique et plus généralement d'audiovisuel. Nicolas Six (Le monde informatique du 15 février) lui consacre deux pages : techniques, acteurs (principalement Microsoft, Real et Intertrust), problèmes.

Interopérabilité des SIG

Le club Interopérabilité de l'Atica se réunira le 14 mars à 14h30 pour traiter de l'information géographique. L'Atica a publié la première version du cadre commun d'interopérabilité, à laquelle fait référence la circulaire du Premier ministre du 21 janvier 2002. L'information géographique sera un axe important du travail mené en partenariat par le CNIG et l'Atica pour enrichir la deuxième version. Le nombre de places étant limité.

On s'inscrit par mèl au secrétariat de l'Atica.


Enseignement

Apprentissage

Les actes du cinquième colloque "Hypermédias et apprentissages" sont constitués de trois parties. Tout d'abord, les interventions des trois conférenciers invités. Ensuite, les contributions sélectionnées par le comité scientifique sont présentées en trois sous-ensembles : les articles longs, les articles courts et les résumés des démonstrations et ateliers.

Au travers de ces contributions, nous voyons la confirmation des orientations des précédents colloques ainsi que l'émergence de nouveaux thèmes. Ces orientations couvrent tous les stades du cycle de vie des hypermédias éducatifs : conception, réalisation, utilisation et évaluation. L'ensemble des contributions démontre bien les spécificités du colloque : une intersection des disciplines (didactique, informatique, psychologie, sciences de l'éducation) ainsi qu'une diversité des niveaux de formation étudiés (école élémentaire, lycée, université, formation professionnelle) et des thèmes abordés (multimodalité, navigation, cartes de concepts, lecture-écriture).

Jacques Baudé

L'ouvrage (384 pages), publié sous la direction de E. de Vries, J.P. Pernin et J.P. Peyrin, est une coédition INRP - EPI - Universités de Grenoble. Il est vendu 25 euros (TTC, port compris). Sommaire complet et bon de commande sur le site de l'EPI.


Dans les entreprises et les organisations

Bilan du passage à l'euro

À trois jours de la fin du franc, le Cigref tire le bilan du passage à l'euro dans les grandes entreprises françaises :

Nous reprenons ci-dessous les termes du communiqué.

Le passage s'est effectué sans dysfonctionnement majeur. Les grandes entreprises avaient retenu des méthodes de bascule très différentes. Certaines avaient choisi la méthode du big bang, avec une ou plusieurs bascules. D'autres ont à l'inverse adopté une démarche plus progressive. Les dates retenues pour les bascules ont été également très variables d'une entreprise à l'autre. « Il n'y avait pas de bonne réponse dans le choix d'une méthode ou d'une date de bascule, résume Michel Morisseau, président de la commission euro du Cigref. Les choix dépendaient du secteur d'activité et de contraintes internes (déploiement de nouvelles applications, fusions, etc). L'important pour une entreprise était de savoir pourquoi elle avait choisi telle ou telle méthode, et d'avoir fait une analyse détaillée en amont. »

Les entreprises retiennent plusieurs leçons de ce grand projet. Avec l'an 2000, le projet Euro est sans doute le dernier grand projet à date d'échéance fixe. Les entreprises se félicitent d'avoir franchi ces deux caps informatiques avec un succès total. La difficulté était particulièrement forte pour le passage à l'euro dans la mesure où la période transitoire était très longue. Expliquer les enjeux non seulement techniques mais aussi fonctionnels était une première gageure. Motiver tous les acteurs de l'entreprise sur une aussi longue période en était une seconde. Au final, il ressort que ce projet a été une occasion exceptionnelle de fédérer les directions des systèmes d'information, les directions opérationnelles et fonctionnelles.

Les TIC dans la fonction publique

Selon un sondage effectué par la Sofres pour le compte du ministère de la fonction publique et de la réforme de l'Etat (sur 1000 agents publics) :

Au niveau européen, la Commission a réalisé une enquête avec Cap Gemini Ernst & Young. Deux principales conclusions s'en dégagent :


Manifestations

Colloque ressources libres

Voici le pré-programme du colloque sur les ressources libres, coorganisé par les ENST (Ecoles nationales supérieures de télécommunications) et le CNDP, qui se déroulera les 29, 30 et 31 mai prochains, dans les locaux de l'INT à Evry dans l'Essonne.

Le thème sera abordé des points de vue historique, économique et juridique. Il sera décliné dans les domaines de la publication scientifique, de l'édition scolaire, de l'enseignement à travers les réseaux (e-learning). On abordera les prolongations des mouvements de type copyleft dans les domaines artistiques.

Contact : Jean-Pierre Archambault


Le livre de la semaine

La montée des virus est-elle "résistible" ?

Le livre "Virus, définitions, mécanismes et antidotes" (David Harley, Robert Slade et Urs Gattiker, Campus Press 2002) vient à point. En effet, le classique de Mark Ludwig (Du virus à l'antivirus. Dunod 1997) a maintenant près de cinq ans. Or le domaine est en pleine évolution. Et pour l'instant, seuls quelques observateurs fascinés par cette forme proliférante de vie artificielle (et les vendeurs d'antivirus, bien sûr) la voient autrement qu'avec agacement sinon anxiété.

L'ouvrage se veut résolument pratique. Il est pourtant très largement descriptif : principes, formes nouvelles, vagues successives, avenir. Il fait une large aux aspects éthiques et sociaux. Les virus se portent d'autant mieux qu'ils s'accompagnent de rumeurs et "fléaux associés".

Si vous êtes responsable d'un système quelconque (et qui ne l'est pas), et que vous aimez vous faire peur, un tel ouvrage vaut mieux que n'importe quel "thriller".


L'équipe ASTI-HEBDO : Directeur de la publication : Jean-Paul Haton. Rédacteur en chef : Pierre Berger. Secrétaire général de la rédaction : François Louis Nicolet, Chef de rubrique : Mireille Boris. Asti-Hebdo est diffusé par FTPresse.