Association Française des
Sciences et Technologies de l'Information

Hebdo
No 81. 1er juillet 2002

Sommaire : Le mot du président | L'actualité de la semaine | Théories et concepts : Biologie et Stic , Poésie | Enseignement | Entreprises | Enseignement | La recherche en pratique | Manifestations | Le livre de la semaine | Détente

ACTES DE NOTRE JOURNEE DU 15 MAI. Dans ce numéro, les interventions de : Francis Jutand (CNRS), Jean-Pierre Verjus (Inria), Jean-Yves Gresser (Société française de terminologie).

Participez à l'enquête "Stic, recherche et éthique" : d'un simple clic téléchargez le questionnaire élaboré par le groupe de travail.
Afin que nous puissions traiter votre questionnaire, pensez à nous l'envoyer avant le 8 juillet 2002 !
Votre participation aidera le groupe à définir le cadre de sa réflexion en partant de vos pratiques et en intégrant vos souhaits et suggestions que nous vous invitons à formuler. Nous vous demandons de répondre à ce questionnaire sous forme électronique, et le cas échéant de le compléter par toute information ou document utile. Vous pouvez nous contacter pour un complément d'informations au (01) 41 74 06 19 ou à l'adresse électronique : marcheix@club-internet.fr. Les résultats seront publiés sans mention nominative et les données ne seront conservées que le temps du traitement.
Nous vous remercions par avance de votre collaboration.
Annie Marcheix

Bonnes vacances. Asti-Hebdo reparaîtra début septembre. Sauf actualité brûlante (attention aux coups de soleil) dans le domaine des Stic.

Les Asti-Dej aussi font relâche jusqu'à la rentrée. Nous vous proposerons, début septembre, une nouvelle formule. Sans doute un petit-déjeuner, de 8h30 à 10 heure, chez Paul (forum des Halles).


Le mot du président

Jean-Paul Haton

"Diversité, principe de subsidiarité... du pain sur la planche"

Voici l'essentiel de l'intervention de notre président, Jean-Paul Haton, à l'Assemblée générale de l'Asti, le 11 juin dernier. Il précise les orientations qu'il avait données, au début de l'année, dans notre numéro du 7 janvier

L'Asti est pluridisciplinaire par essence. Elle est un trait d'union. Elle a pour objet de fédérer la communauté des Stic et de la représenter.

Le bilan que vient de présenter Jaime Lopez-Krahe est très positif. Je note en particulier que nombre de nos associations fondatrices est passé de 20 à 25. J'aimerais maintenant penser à l'avenir, et montrer les axes du gros travail qui attend le prochain conseil d'administration.

Activités scientifiques et manifestations

Le premier axe est celui de nos activités scientifiques, qui se concrétisent dans l'organisation de manifestations :
- nos groupes de travail vont progresser ;
- nous nous lançons dans l'organisation d'une école d'été pour 2003 ou 2004 ; la date dépendra des aides et des moyens que nous pourrons rassembler ;
- nous allons participer, d'une manière qui reste à préciser, au prochain Sitef de Toulouse ;
- les relations avec les GDR, que nous n'avons pu développer en 2001, essentiellement pour des problèmes de calendrier, doivent se développer ;
- j'attache aussi beaucoup d'importance aux liens avec les réseaux nationaux de la recherche, que ce soit le RNTL, le RNTS, le RNRT ou le RIAM, tout cela est dans notre champ.

A plus long terme, je vous appelle à réfléchir notamment sur IFIP 2004, qui se tiendra à Toulouse, sous l'égide de Jean-Claude Laprie. Notre réflexion doit porter notamment sur la nature de notre participation à l'organisation de cette manifestation, en liaison avec la SEE, avec laquelle nos relations devront se préciser.

Puis viendra Asti 2005, manifestation d'envergure, qui concerne toutes les associations fondatrices, à Paris ou en province.

Relations avec les utilisateurs

Le deuxième axe est l'action vers les utilisateurs, sous forme de veille technologique notamment. Nous aurons d'ici à la fin de l'année une demi-journée avec le Cigref , qui va permettre de montrer aux DSI des grands entreprises, ce qu'ils peuvent attendre de la recherche et à comprendre leurs attentes. De ce point de vue, le fait que le Cigref soit entré à l'Asti est important à la fois en tant qu'image de marque et en termes de stratégie.

Relations internationales

Ce chantier a bien avancé. Nos accords avec l'IEEE sont en cours de renouvellement, tant avec la maison mère qu'avec la Computer Society.

Avec l'ACM, nous avons l'intention d'aller plus loin. Plusieurs associations fondatrices sont intéressés à ces relations.

Avec notre homologue japonaise, l'IPSJ, la signature d'un memorandum of understanding est en cours, grâce à Michel Israël. Il y a bien des choses à attendre de cette coopérations, et le conseil d'administration sera preneur de toute suggestion à ce sujet.

En Europe, nous sommes depuis longtemps en relation avec la Société suisse et le Cepis, grâce au PCIE et à la présence en notre sein de François Nicolet. Nous pourrions aussi chercher des relations avec nos grandes aînées, la BCS et la GI.

Communication

Notre portail est actif et fréquenté, comme l'ont montré les statistiques présentées par Jaime Lopez-Krahe. L'Inria nous a fait part de son désir d'une collaboration plus étoffée en matière de communication vers le grand public.

Moyens en personnel et locaux

Le fait de disposer d'un local et d'un personnel permanent est très important... et très cher. Il me semble que cela ne peut se poursuivre que si ces moyens sont partagés avec les associations fondatrices. Il nous faut donc mener une réflexion sur ce que nous pouvons apporter aux AF et sous quelle forme ces dernières peuvent contribuer.

Stratégie à plus long terme

C'est sa diversité qui fait la richesse de notre association. Voilà qui facile à dire, mais n'est pas facile à mettre en oeuvre. Cela implique d'être à l'écoute de l'autre. La pluridisciplinarité implique forcément des point de vue de vue divergents sinon antagonistes. Comment dégager une synergie qui permette d'avancer sans se perdre dans des querelles de clocher ...

Je pense que la solution passe, à l'image des pratiques de l'Union européenne, par l'application du principe de subsidiarité. Les actions menées par l'Asti n'ont d'intérêt que si elles n'entrent pas en concurrence avec celles qui sont menées par les associations. Ce que nous apportons en plus est de nature transversale. Les groupes de travail que nous avons mis en place sont tous de ce type. Il y a d'autres domaines que nous pouvons explorer. Cela me paraît essentiel pour que nos actions soient pérennes.

Bref, le prochain conseil d'administration a de quoi travailler !


Stic, un carrefour de langages

Nous poursuivons la publication des "Actes" de la journée Asti du 15 mai.

Dans ce numéro, les communications de Francis Jutand (CNRS), Jean-Pierre Verjus (Inria) et Jean-Yves Gresser (Société française de terminologie).

Accès à l'ensemble des documents relatifs à cette journée


Francis Jutand

Directeur du département Stic du CNRS

"Les Stic sont un champ de construction, de création. Nous n'avons pas de modèle à imiter."

(Résumé de son intervention par la rédaction d'Asti-Hebdo à partir de sa présentation Powerpoint. On trouvera en détail les orientations du département sur son site web)

1. Des données

Le département Stic du CNRS entend offrir aux Stic une couverture disciplinaire large, allant des nanotechnologies à la cognition, en se donnant comme base scientifique : "les sciences de l'information, de la communication et des systèmes". Les Stic portent donc aussi bien sur des technologies que des systèmes, des usages et des mondes virtuels.

Le domaine se structure en quatre disciplines :
- informatique et traitement de l'information,
- micro et nano-technologies,
- système, signal et composants,
- interactions humaines et cognitions.

Le transparent ci-joint, présenté par Catherine Garbay à une journée du département, est ici complété par le signal.

Nous nous situons à la confluence d'enjeux scientifiques et technologiques fondamentaux, notamment :
- la miniaturisation atteint aujourd'hui la phase des "nanotechnologies", avec des problèmes de matériaux, de dispositifs, de procédés, de modélisation, de visualisation et d'analyse,
- la complexité devient telle que, pour faire image, on peut parler de "teracomplexité", au niveau des architectures, de la production et de la sûreté des systèmes et des logiciels, de leur sécurité, avec des approches telles que le metacomputing, les bases de données ou les réseaux ouverts,
- la cognition, niveau élevé du traitement de l'information, évoque les processus cognitifs artificiels ou naturels, avec des termes comme sémantique, ontologie, connaissance, apprentissage, réflexivité, émergence...
- les interactions se médiatisent dans la "virtualité", appelant ici encore une terminologie florissante : réalité enrichie, réalité virtuelle, coopération, dialogue, organisation, économie des connaissances, évolution des compétences, des pratiques et des usages.

Cette confluence sur la base scientifique s'exprime dans les activités des laboratoires, qui sont aujourd'hui presque toujours mixtes.

Dans cet espace, nous attribuons une importance particulière aux points suivants :
- réseaux de communication ambiants et systèmes d'information fluides,
- maîtrise de systèmes complexes et performants,
- nanotechnologies pour le traitement de l'information.
- société de l'information et de la connaissance,
- sciences et technologies de la bioinformation,
- interactions information matière et énergie,
- diffusion des Stic : simulation, visualisation, traitement.

2. Des enjeux

C'est d'abord à la société que les Stic proposent de nouveaux enjeux. Hier, elles lui présentaient une offre technologique pour la communication et le traitement de l'information. Aujourd'hui, elles la convient à une révolution dans l'économie, les usages sociaux et la culture.

C'est ensuite l'enjeu de la complexité, couplé à celui d'une évolution rapide. On pouvait se contenter hier de chercher à vérifier le bon fonctionnement des systèmes. Il faut aujourd'hui garantir la sûreté de fonctionnement de systèmes ouverts interagissant entre eux et maîtriser des systèmes évolutifs.

Enfin, la problématique de l'intelligence doit aujourd'hui s'étendre du fonctionnement du cerveau et des processus cognitifs individuels et collectifs et de l'intelligence artificielle jusqu'aux interactions entre eux.

3. Eléments de modélisation

Ces éléments s'organisent en trois niveaux.

Le premier porte sur les contenus : données, signal, information, connaissance. Il évoque les disciplines traditionnelles de l'informatique et du traitement du signal. Je me réfère ici, notamment, à un article de Geneviève Berger (directrice générale du CNRS) sur "Information, communication et connaissance".

Le second porte sur les structures : système, architecture, description, programme, comportement. Avec pour disciplines principales les systèmes, l'automatique et la complexité.

Le troisième porte sur l'évolution : réseaux, apprentissage, émergence, interaction, avec les thèmes de l'interaction homme machine (IHM) et du virtuel.

4. Quelques propositions

Il nous faut construire une technostructure informationnelle, un cyberspace, un environnement pour les humains.

Nous devons prendre du recul sur les technologies et les usages, prendre un positionnement scientifique qui dépasse les paradigmes informationnels classiques.

Enfin, il faut nous donner les moyens d'affronter une nouvelle ère dans l'évolution humaine, où l'intelligence et la connaissance sont au premier plan.

Les Stic sont un champ de construction, de création. Nous n'avons pas de modèle à imiter. Evolution de l'homme... apport des données.. il nous faut en tous cas conjuguer structure et liberté.


Jean-Pierre Verjus

Directeur de l'information scientifique et de la communication de l'Inria

"Les SIC n'enveloppent-elles pas les STIC, qui les dopent ? "

Photo Inria

Introduction

Avant d'évoquer ma perception du périmètre des Stic et celui qui est défini aujourd'hui par les activités de la centaine d'équipes rassemblées au sein de l'Inria, je voudrais réagir, à titre personnel, à la présentation de Francis Jutand. (Ci-dessus, dans ce numéro)

D'emblée j'aimerais vous faire partager ma conviction que le domaine dont il est question est fortement caractérisé par un contour dynamique, une ouverture nécessaire aux autres domaines scientifiques et aux applications. L'inscrire au sein d'une ou plusieurs disciplines (le mot discipline me rappelle toujours mon préfet de discipline au collège !) est antinomique avec cette vision ouverte.

Dans cet esprit, le périmètre des Stic tel qu'il a été présenté par Francis au début de son exposé ne met pas trop en valeur l'impact important de nos recherches sur les domaines applicatifs.

Quand au schéma inspiré de Catherine Garbay, il met très bien en lumière les fortes connections avec d'autres domaines scientifiques (ceux qui apparaissent dans le nuage environnant), et me paraît de ce point de vue conforme avec ma vision.

Par contre, à l'intérieur du périmètre, il organise le domaine (voire il enferme le domaine) en quatre disciplines alors que notre grand défi est autant de regarder vers l'extérieur du périmètre (pensons à la bio- informatique) que de créer des synergies à l'intérieur, entre les différents domaines scientifiques qui ont été rassemblés pour constituer les Stic (pensons par exemple à l'imagerie : est-ce de l'informatique, du traitement du signal, des mathématiques appliquées ? n'est-ce pas plutôt la fusion des trois ?). Les Stic n'ont rien à gagner à perpétuer les frontières initiales des domaines scientifiques assemblés en leur sein : il y a tant à regarder ensemble vers la multitude d'applications.

De quoi parlons-nous ?

Pour parler d'une autre manière, j'adhère complètement au périmètre défini dans l'intervention précédente. Les sciences concernées sont bien celles de l'acquisition, du stockage et du traitement, puis de la restitution de l'information.

Ce point de vue n'exclut pas la problématique de la communication (le C de Stic), qui est le maillon entre la restitution (émetteur) et l'acquisition (le récepteur) dans la chaîne évoquée ci-dessus, qu'il suffit de reboucler sur elle- même. Claude Gueguen évoquera certainement cette vision duale "sciences du traitement de l'information" versus "sciences de la communication de l'information".

Mais à ce stade, j'aimerais noter qu'en choisissant le terme Stic, on a peut- être trop vite oublié que nos collègues des sciences humaines et sociales ont défini un champ d'investigation scientifique intitulé "sciences de l'information et de la communication" (SIC). Sciences du langage, de l'apprentissage (comment on acquiert de l'information), sciences de la communication et des échanges (comment on interprète, comment on traite, comment on représente, comment on restitue...).

D'un côté, nous nous intéressons aux procédés, aux systèmes, aux techniques d'acquisition, de traitement et de restitution de l'information, par des machines ; les procédés utilisés sont matériels (surtout en périphérie) et/ou logiciels (surtout au coeur). D'un autre côté, nos collègues des sciences humaines et sociales s'intéressent aux phénomènes d'acquisition, de traitement, de manipulation, communication et restitution de l'information par les humains.

Cette distinction suffit-elle pour caractériser complètement nos deux champs d'investigation ? En Stic, nous serions rigueur, fiabilité, logiciel et machine, alors que les humains sont incertains, peu fiables et non répétitifs dans leur traitement des données ? Mais notons qu'en informatique, on essaye de plus en plus d'imiter des approches ou modèles humains (le flou, les algorithmes génétiques, certaines heuristiques d'aide à la décision) par opposition à des modèles déterministes et exacts. Et, à l'inverse, comment comprendrons-nous le comportement des humains face à l'information et la communication sans y intégrer l'ordinateur et les systèmes de communication que ces mêmes humains ont intégré à leur vie quotidienne (et bientôt à leur corps via de multiples prothèses) ?

Je n'irai pas plus avant sur ce terrain, mais je crois qu'on ne pourra pas échapper, à un moment donné, à rencontrer vraiment nos collègues des sciences de l'information et de la communication. La machine étant au service de l'homme, pour l'aider à analyser, comprendre et décider (in fine, c'est l'homme qui décide), les SIC n'englobent-elles pas les Stic, qui les dopent ?

Notons ici que Pierre Berger nous avait initialement demandé de traiter d'épistémologie. Le faire pour les Stic, si récentes qu'on manque par trop de recul, ne me paraît pas évident. Inscrire cette réflexion dans un contexte plus vaste, celui des SIC dont les premiers pas remontent aux premiers échanges, stockage et transmission d'information des origines de l'humanité est peut-être plus intéressant (et dépasse vraisemblablement les compétences de l'Asti).

Le périmètre des STIC à l'Inria

Pour faire vite, on peut dire que le périmètre défini par les équipes rassemblées au sein de l'Inria a une très forte intersection avec celui du département Stic au CNRS ; la différence majeure est qu'il n'y a pratiquement pas d'électroniciens à l'Inria, mais beaucoup plus de mathématiciens.

Mais il n'y aura pas de difficulté me semble-t-il pour que Inria et le département Stic s'accordent sur le fait que le périmètre communément accepté pour les Stic sera l'union des deux périmètres ; cet accord sur le périmètre est d'autant plus naturel que l'Inria et le CNRS ont en commun environ la moitié des équipes dépendant d'unités Inria et 15 à 20% des équipes dépendant d'unités CNRS.

Notons également qu'une forte moitié des enseignants chercheurs du domaine est rassemblé au sein de ces équipes CNRS et/ou Inria.

L'Inria a constitué ses bases scientifiques autour de trois communautés, distinctes dans leur origine, leur domaine d'application, leurs méthodes : des mathématiciens, des informaticiens et des automaticiens. Jamais organisées en départements, les recherches ont toujours été conduites au sein d'équipe-projets.

Si on regarde les cinq grands défis scientifiques à l'intérieur desquels doivent s'inscrire la majorité des projets de l'Inria :
- maîtriser les infrastructures numériques (des réseaux au grid computing),
- maîtriser la qualité des logiciels (sûreté, production),
- maîtriser les différentes formes de représentation de données (Web et multimedia),
- maîtriser les systèmes complexes,
- maîtriser la combinaison de la simulation et de la réalité virtuelle,
on constate que chacun de ces défis fait appel aux sciences de l'informatique (c'est assez évident pour chacun des cinq), aux mathématiques (par exemple la modélisation probabiliste en réseaux informatique, la preuve de programme, la géométrie algorithmique, les EDP et la simulation numérique, respectivement) et à l'automatique (systèmes à événements discrets, contrôle du temps, systèmes dynamiques, automatique des systèmes complexes), l'imagerie étant vraisemblablement le domaine où les trois compétences scientifiques se sont le mieux mariées.

Comment en parler, avec quels mots

La troisième question qui nous a été posée est : comment va-t-on parler des sciences du domaine Stic, avec quels mots ? Se posent le problème du vocabulaire et celui du sens.

En tant qu'enseignant en informatique, je me contenterai de souligner nos atouts et nos obstacles, en me limitant à l'informatique. Commençons par les obstacles, car ils sont grands.

Le premier obstacle, c'est que nous avons une science extrêmement jeune. Nous n'avons pas, comme les mathématiciens, plus de 2000 ans d'histoire qui ont permis la décantation nécessaire, l'élimination des concepts creux par la seule force darwinienne.

Le deuxième, c'est que nous sommes dans un monde virtuel, artificiel, en expansion rapide, avec une forte propension des acteurs à inventer des concepts, sans qu'il soit nécessaire des les confronter à l'expérience, comme en sciences "naturelles" ?

Relié à ces deux obstacles, il y a l'immensité de la communauté scientifique qui a rendu très vite caducs les efforts de rationalisation (à la Bourbaki) tentés ici ou là.

Mais le pire, c'est que nous en parlons surtout entre nous ; en effet, nous sommes peu audibles d'une grande majorité de la population scientifique qui n'a jamais entendu parler d'informatique durant ses études, ou qui ne l'a approchée que comme un outil dont l'usage rapidement maîtrisé suffirait à en faire l'apprentissage, alors qu'il s'agit d'un domaine scientifique à part entière, complexe, dont la maîtrise a une importance comparable à celle des mathématiques.

Quant aux atouts, le premier est à associer au dernier handicap : en effet, pour peu que les programmes scolaires et universitaires incluent l'enseignement de l'informatique, alors on se rendra compte qu'il assez facile de parler par exemple d'algorithmes que l'enfant découvre dans sa vie quotidienne bien avant la langage ou les mathématiques (pensez à n'importe quelle recette pour se nourrir, se mouvoir dans un espace complexe ….). Et au passage, on pourra peut-être se demander si l'informatique n'est pas aussi un moyen de réconcilier les élèves avec une autre science que celles qui aujourd'hui le détournent des études scientifiques.

Le second atout est l'usage de l'informatique pour enseigner l'informatique. Visualiser un algorithme, le résultat d'une modélisation est aujourd'hui monnaie courante. C'est certes plus difficile de visualiser un système informatique, un compilateur, la technique de preuve d'un programme. Mais il ne faut pas désespérer qu'on trouve des modes de représentation et d'animation qui facilitent la pédagogie. Mais il ne faut surtout pas oublier que tout commence par l'introduction de l'enseignement de l'informatique à l'école (et je le répète pas seulement l'apprentissage de l'usage d'un ordinateur).


Jean-Yves Gresser

Société française de terminologie

"Informaticiens, télécommunicants et communicants, nous sommes tous des terminologues. Soyons "pro" et ne réinventons pas la roue."

Jean-Yves Gresser a été chercheur dans les télécommunications et en informatique (il a contribué au lancement de l'intelligence artificielle en France). C'est un télécommunicant et un informaticien d'entreprise bien que ses activités soient aujourd'hui plus tournées vers la communication et la mercatique de services financiers (il est actuellement responsable des sites Internet et de l'intranet d'Euler & Hermès). Passionné de linguistique, il est l'un des fondateurs de la SFT (Société française de terminologie). Il est aussi membre de la Commission spécialisée de terminologie et de néologie de l'économie et des finances. Il s'exprime ici plutôt en tant que membre de la SFT.

NDLR. Les limites de HTML ont obligé Asti-Hebdo à simplifier la présentation élaborée par l'auteur, que vous pouvez obtenir en chargeant sa version originale (en RTF).

La terminologie moderne éclaire d'un jour nouveau les rapports que nous entretenons avec les mots. Elle peut aider l'informaticien à répondre à un double défi : ne pas être dupe des faux concepts et pouvoir assimiler à temps les vraies innovations. Ayant su récemment acclimater les techniques de l'IA, des réseaux et de l'Internet, elle est devenu largement accessible.

La langue traverse tous les jeux de pouvoir

La langue est le média privilégié de la communication entre humains, que ce soit sous la forme purement orale du discours, celle d'un écrit ou d'un commentaire sur un schéma, un graphique ou une image. La communication extralinguistique existe bien et tient une part importante dans notre vie mais la langue orale ou écrite reste le média privilégié. Même le calcul le plus formel ne pourra se passer à un moment donné d'un commentaire explicatif.

Les enjeux stratégiques sont illustrés par l'histoire. La langue traverse tous les jeux de pouvoir depuis les origines de l'homme, depuis les premiers temps historiques à travers l'écriture.

Le premier grand dictionnaire français-latin est celui de R. Etienne (1538). Il accompagne la décision de François 1er de faire rédiger en français les actes de la vie publique.

Le premier "dictionnaire" de la langue française (au sens moderne, on disait alors "trésor", mot que les allemands ont gardé dans Wordschatz) est celui de Jean Nicot (1606 réédité récemment grâce au parrainage de la Seita).

L'encyclopédie est un véritable travail de connaissance, qui dépasse la lexicographie. Mais je la cite, parce qu'historiens et philosophes se sont aperçus, au fil des temps, du parallélisme entre les grandes étapes de l'aventure humaine et les progrès réalisés dans notre capacité à traiter la langue (écriture, alphabet, grammaire).

Toute révolution scientifique est accompagnée d'un travail important sur les termes, mots et concepts. Plus récemment, on en a vu des exemples en politique (Voir la défense du français au Québec ou celui des langues régionales en Europe).

La communication interne et externe des entreprises

Claude Gueguen nous a parlé d'ouverture. L'ouverture n'est pas seulement, entre systèmes, elle est entre les personnes, les équipes...En entreprise, communiquer veut dire être clair vis à vis de l'extérieur (clients, partenaires) et de l'interne. Une parenthèse : la mondialisation de nos entreprises implique le multilinguisme. Vous ne pouvez communiquer efficacement que dans la langue maternelle de vos interlocuteurs. L'anglais, le français véhiculaires ne concernent qu'une petite population d'état major nomades. Autre parenthèse : les variantes locales ne doivent pas être négligées. Le français québécois n'est pas celui de France, ni celui de Wallonie. La dynamique de l'un peut enrichir les autres.

Revenons à l'informatique. Le domaine est encore jeune, l'invention et l'innovation y sont permanentes. De nouveaux concepts apparaissent quasiment tous les jours. Il faut donc, en permanence, inventer un nouveau langage, de nouveaux termes.

Bien plus, nous sommes tous friands de mots nouveaux et nos fournisseurs le savent bien qui tentent, à l'image du politique, de s'approprier termes et mots. Cette appropriation a un danger : la perte de sens, le flou. Une expression qui m'irrite en ce moment, au delà de tous les mots en e- quelque chose (en français!), c'est web services. L'expression est séduisante, nouvelle, du pur anglais. Mais que recouvre-t-elle vraiment ? Le concept est-il vraiment nouveau ?

La presse commerciale est fréquemment complice de ces fausses nouveautés. Combien de mots ne sont que des marques, des signes de pouvoir, quasi-vides de sens technique et masquant l'enjeu qui est commercial ou stratégique, à savoir : la redistribution de la valeur entre fournisseurs des TIC et leurs clients, entre les différents acteurs d'une secteur économique. Enjeu rarement exprimé et que l'on risque de ne découvrir que trop tard.

Dans son domaine, l'informaticien doit répondre à un double défi : pouvoir assimiler à temps les vraies innovations et ne pas être dupe des faux concepts.

Traitement automatique des langues, interactivité.

Les informaticiens travaillent aussi pour les autres, pour d'autres métiers. Je travaille pour des assureurs. J'ai travaillé pour des banquiers. J'ai dû suivre des cours de pratique financière.

Au-delà des enjeux scientifiques et techniques de notre domaine, à l'heure où l'on parle de l'alignement de l'informatique sur la stratégie et les pratiques de l'entreprise, apprendre, comprendre et pratiquer le langage des autres métiers est essentiel. Ceci en vue de la mémorisation des savoirs et savoir-faire, de la mécanisation des échanges, des aides au partage et de l'interactivité nouvelle qui se développe sur Internet et dans les autres nouveaux médias.

Face à ces enjeux, l'apport de la terminologie

Le concept de terminologie est ancien. A l'origine, on parlait de dictionnaires (multilingues), trésors (monolingues), de vocabulaires, de glossaires. Les termes dictionnarium, dictionarius...commencent à être utilisés vers l'an 1100, 1000 peut-être. On fait de la terminologie depuis cette époque.

Le mot terminologie est plus récent. Il est apparu au XVIIIe siècle en Allemagne (ou Autriche), a été utilisé au début du XIXe en Angleterre et un peu plus tard en France. La terminologie traitait au départ des vocabulaires spécialisés. Mais petit à petit son champ s'est étendu à la langue toute entière. Vous trouverez une définition pratique sur la page d'accueil du site de la SFT.

Mais attention, une définition navigue entre deux écueils :
- le premier est qu'elle soit attrape-tout ; je suis atterré, par certaines définitions de l'informatique... comme si on avait attendu les ordinateurs pour faire du traitement de l'information !
- l'opposé est l'enfermement ; à partir du moment où vous avez fixé une définition, vous aurez énormément de mal à la faire évoluer ; ce qui est particulièrement décevant dans un domaine nouveau.

Désignation et sens

Historiquement la terminologie est la cartographie des langues (voir ci-dessous). Mais l'apport de la terminologie moderne est plus fondamental. Par l'éclairage qu'il donne du triangle mot-concept-objet, il refonde la linguistique.

Un terme c'est l'association d'un mot (une désignation) et d'un concept (une signification). Les deux sont liés mais chacun fonctionne différemment. sur des plans distincts. Les confondre conduit au moins à des erreurs d'appréciation, sinon aux impasses qui ont été décrites, ce matin, dans l'analyse et la résolution de situations conflictuelles liées à la délimitation du champ de l'informatique vis-à-vis des autres disciplines ou en tant qu'outil dans un domaine quelconque (agriculture, industrie, santé).

Un exemple : certains se sont plaints de ce que le mot informatique échappait aux informaticiens. Cela fait pourtant partie des choses normales. Un mot, sauf s'il est marque déposée, n'appartient à personne. Ce sont les sens que l'on y attache qui seront en l'occurrence pertinents. Et quoi de plus légitime dans notre société que les multiples sens du mot informatique.

Cet éclairage fondamental et quelques autres font de la terminologie une science en émergence, au carrefour de la linguistique, de la philosophie, de la sociologie, de l'ethnologie et ...plus proche des TICs que de l'épistémologie.

Cartographie, dictionnaires, glossaires, ontologies

L'apport scientifique de la terminologie n'est pas historiquement le premier,. Depuis l'origine la terminologie est l'instrument privilégié de la cartographie des langues. Instrument dont les "ontologies" sont l'avatar le plus récent. Dictionnaire (1501) du latin médiéval dictionarium (1201) dérivé de dictio. Synonyme de vocabulaire a d'abord été appliqué à un ouvrage bi- ou multilingue à côté de thésaurus (unilingue).

Le premier grand dictionnaire est celui français-latin de R. Estienne (1538) Le premier dictionnaire français est celui de Nicot (1606)..

Glossaire est dérivé de glose (bas latin glosa) qui veut dire mot rare ou désuet. Ce terme positif avait à l'origine un sens relativement négatif. Tout le monde aujourd'hui, fait son glossaire.

Vocabulaire est emprunté au bas latin vocabularium, lui-même dérivé du latin vocabulum (dénomination, nom d'une chose) et d'abord employé au sens de dictionnaire (1487 Garbin vocabulaire latin-français).

Parenthèse : comme le sommet de l'iceberg, un dictionnaire est la partie visible d'un travail terminologique approfondi, qui complète analyse des signes et définitions par des fiches techniques, qui vont détailler pour un terme donné, différents points de vue : celui du juriste, de l'informaticien, du financier...

Ontologies. Le terme, ici, n'est pas celui de la philosophie (l'être en tant qu'être). En terminologie, il désigne une forme de relation entre concepts. Ceci mérite un court développement.

On distingue, en terminologie, champ conceptuel (concepts d'un champ d'expérience) et champ terminologique (désignations correspondant à un champ conceptuel). Un champ terminologique ne correspond pas forcément à un champ conceptuel. Cela est bien connu lorsque l'on passe d'une langue à l'autre : "informatique" correspond tantôt à "information technology" ou à "information science".

Dans un champ d'expérience les concepts sont en relation soit logiques, soient ontologiques. Ces dernières reflètent les rapports (continuité, partition, association...) des objets auxquels renvoient les concepts.

La rationalité de la démarche ontologique est d'aller de l'objet au concept. Dans la pratique elle partira de textes, de récits d'expérience, de nomenclatures (voir les travaux de Christophe Roche, à l'université de Chambéry...). Cette démarche permet de construire des arborescences conceptuelles à partir des traits distinctifs des objets et non pas à partir des traits morphologiques (lexicaux, syntaxiques...) des désignations, des mots.

D'une certaine manière, la démarche ontologique prolonge, complète la démarche sémantique. Un des avantages des ontologies, élaborées formellement, c'est de faciliter le traitement automatique de langues et la structuration des connaissances ou des savoirs. La construction d'ontologie est en cours dans des domaines aussi divers que le droit, les sciences de l'information, l'industrie...

Comme souvent quand on automatise une activité, d'ailleurs, on fait apparaître des lacunes. On s'aperçoit que toutes les notions ne sont pas nommées, même dans des champs relativement connus. La description du corps humain, par exemple, n'a pas de mot pour désigner la partie qui va de la pointe du menton à la gorge.

La démarche ontologique fait percevoir le danger de confondre le terme avec le concept qu'il recouvre. Et même celui de confondre concept et objet. Danger dans lequel tombent parfois certains travaux actuels de l'intelligence artificielle. Pour remonter plus loin dans l'histoire de l'informatique, nombre de conceptions de bases de données se sont effondrées à la seconde version parce qu'on y avait on confondu objet et propriété. Se tromper "d'objet" (au sens programmatique) peut conduire au blocage, à l'échec.

Voir ci-contre, un exemple de développement d'une ontologie.

Autre exemple : une ontologie de l'entreprise selon trois niveaux de représentation :
- l'entreprise définie autour de la notion de projet, de matériaux, de procédés etc.
- à l'intérieur de ces éléments différentes ontologies qui sont de plus en plus abstraites, etc.

Aujourd'hui, des ontologies sont en cours d'élaboration dans des domaines aussi divers que la santé, la construction automobile, l'agriculture. Et des chercheurs en informatiques font des outils pour construire des ontologies. C'est un secteur extrêmement actif, qui a des liens très forts avec le domaine de l'intelligence artificielle.

Voir les actes de la rencontre "Intelligence artificielle et terminologie" de 1999, paru dans la revue du RINT (réseau international de terminologie).

L'invention de la langue

Au delà de l'observation sur le terrain, celle du fonctionnement d'organismes comme l'OLF au Québec ou la DGLF (aujourd'hui DGLFLF), des commissions de terminologie et de néologie a permis d'avancer dans l'observation des processus d'évolution et d'invention de la langue.

Voir la thèse de LD "L'invention de la langue" et le commentaire de P. Renard sur la Commission de l'Informatique.

La rapidité des évolutions techniques met à l'épreuve les procédés d'enregistrement de la langue, ceux de l'Académie française ou même, ceux au moins dix fois plus rapides, des commissions de terminologie. Face à cette lenteur, le risque est d'adopter trop vite un mot, qui plus est anglais, qui sera donc plus ou moins bien compris. Ceci nous ramène au premier danger, à la perte de sens et aux erreurs qui vont en résulter.

Je le répète, dans son domaine, l'informaticien doit donc répondre à un double défi : ne pas être dupe des faux concepts et pouvoir assimiler à temps les vraies innovations.

La terminologie, nouvelle discipline ?

La terminologie a évolué de l'inventaire des termes à l'étude de "l'invention de la langue". Elle est devenue l'auxiliaire de la formation et de la structuration des termes. Auxiliaire particulièrement utile dans un domaine nouveau.

Mais il serait dangereux de réduire la terminologie à un aspect instrumental. D'un côté, elle est le lieu de réflexions fondamentales sur les rapports de la langue au réel, à travers le triangle signe, concept, objet (voir Entre signe et concept, Eléments de terminologie générale, de Loïc Depecker).

Le "cours de linguistique générale", de de Saussure, dont la réédition de 1972 chez Payot est chère à beaucoup d'informaticiens, y retrouve une nouvelle jeunesse.

La terminologie est au carrefour de la comparaison des langues, de leur histoire, de l'histoire des sciences , de l'épistémologie, de la psychologie, de la sociologie... sans oublier la logique qui nous ramènent aux notions communes entre langues naturelles et langages formels.

Conclusions

Aux enseignants : je regrette que des disciplines comme la linguistique et la terminologie ne fassent pas partie du tronc commun de l'enseignement secondaire comme supérieur. C'est comme si la physique et l'économie étaient enseignées sans les mathématiques.

Aux informaticiens, télécommunicants et communicants : nous sommes tous des terminologues.. La terminologie est une technique comme une autre avec ses savoir-faire et ses normes. Soyons "pro" et ne réinventons pas la roue. Ce qui n'était jusqu'ici réservé qu'à quelques spécialistes est maintenant largement accessible sur "la toile". Commencez par le site de la SFT, vous y trouverez même une définition du mot terminologie et je suis sûr que vous reviendrez sur le glossaire de Pierre (Berger).

La langue est en invention permanente. Chacun peut légitimement, à son niveau, faire son glossaire. Mais dans notre domaine, nous pouvons, aussi légitimement, être plus ambitieux. C'est tout un champ du savoir que nous construisons et structurons. Mobilisons-nous autour de projets fédérateurs.. Celui de l'Asti peut prendre une autre dimension.


Sites et documents de référence

D'abord le site de la SFT, www.laterminologie.net qui n'a pas vocation hégémonique mais au contraire celui d'un carrefour d'échanges. La SFT est membre de l'Association européenne de terminologie www.eaft-aet.net du réseau panlatin de terminologie www.realiter.net et www.unilat.org/sitio_lenguas.

Vous trouverez sur un inventaire des travaux de terminologie axés sur le français dans le monde sur le site de l'Office de la langue française du Québec à www.olf.gouv.qc.ca

Autres ressources www.inalf.fr et www.terminalf.fr

Bien sûr celui de la Délégation générale à la langue française et aux langues de France www.culture.fr/culture/dglf/accueil.htm

De multiples sites parlent d'ontologies. J'ai cité C. Roche ( ontology.univ-savoie.fr/ )

La SFT édite un petit bulletin tous les quatre à six mois. C'est une mine d'information. Vous y trouverez de nombreuses références. Seuls les n°1 et 3 sont en ligne.

Pour comprendre la terminologie moderne : Loïc Depecker : Entre signe et concept, éléments de terminologie générale, Presse Sorbonne Nouvelle, 2002,199 p. Cet ouvrage de fond est aussi une mine bibliographique.

Si vous vous intéressez à l'aspect pratique de la néologie ainsi qu'aux résultats obtenus par les commissions spécialisées, du même auteur : L'invention de la langue, le choix des mots nouveaux, Larousse, Armand Colin, 2001, 720p.


L'actualité de la semaine

Les Stic et le nouveau gouvernement

(Selon la Lettre d'information du site www.internet.gouv.fr, 28 juin 2002.

Plusieurs cabinets ministériels sont à ce jour dotés d'un conseiller chargé du secteur "TIC" ou "Société de l'information", ce dossier étant le plus souvent associé à d'autres :
- Luc Rousseau et Laurent Sorbier au cabinet du Premier ministre,
- Arnaud Lucaussy au ministère de l'Economie, des Finances et de l'Industrie,
- Jean-Michel Linois au ministère de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de l'aménagement du territoire,
- Elodie Ziegler au ministère de la Culture et de la communication,
- Sylvain Géron au secrétariat d'Etat aux petites et moyennes entreprises, au commerce, à l'artisanat, aux professions libérales et à la consommation...

Dès que ces nominations seront confirmées par une publication au Journal officiel, vous trouverez ces informations en ligne dans la rubrique "Acteurs".

Par ailleurs, le décret d'attribution de la Ministre déléguée à la recherche et aux nouvelles technologies, auprès du ministre de la jeunesse, de l'éducation nationale et de la recherche (texte qui fixe le périmètre exact de son champ d'intervention) est attendu avec impatience : le rôle de ce ministre dans le secteur des TIC devrait être déterminant

Le nouveau gouvernement est qualifié de "discrètement high-tech" par notre confrère O1. Net : "Adieu société de l'information, administration électronique et vocabulaire technologique. Mais si internet prend un coup de terroir, il reste au coeur des dossiers prioritaires : régions, réforme de l'État, Europe.", écrit notre confrère

Marc Schoenauer, président de l'Afia

Après quatre ans et demi de services, Bertrand Brauschweig a souhaité passer la main. Marc Schoenauer est le nouveau président de l' Afia. B. Braunschweig reste membre du bureau, notamment en charge des relations avec l'Asti.

Nouvelles coordonnées pour l'EPI

A partir du 1er juillet 2002, l'EPI déménage et s'installe au 3 rue Primatice, Paris 13e. Téléphone : (01) 45 35 85 38. Site web : http://www.epi.asso.fr.
Note de Jacques Baudé : "On ne pouvait pas laisser échapper une telle adresse !". (Private joke).

Rappelons que l'EPI vient de publier son CD-Rom "15 ans d'articles de la revue de l'EPI", un document unique sur l'histoire de l'enseignement de l'informatique en France.

Premiers états généraux européens du nommage Internet

Communiqué du Cigref
Pour la première fois en Europe, les acteurs du nommage Internet (noms de domaine) se retrouvent à Paris ce jeudi 4 juillet pour en débattre. L'Icann, le gouvernement des États-Unis, la présidence de l'Union européenne, l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle et les principaux acteurs du nommage seront présents pour ces Premiers états généraux européens du nommage Internet "Nom de domaine 2002".

Comprendre la réforme tant attendue de l'Icann ; prendre connaissance de la position du gouvernement américain ; l'avenir des noms de domaine avec notamment la question du multilinguisme ; le point sur le cybersquatting ; nommage et liberté d'expression avec l'affaire jeboycottdanone.com ; le .eu est-il un enjeu de souveraineté pour l'Europe ? ; la création de systèmes alternatifs de nommage ; quelle valeur attribuée au nom de domaine ?... voici quelques-un des thèmes traités au cours des conférences et ateliers organisés sur une journée par l'Internet Society France, le Cigref, le Medef et la Chambre de commerce & d'industrie de Paris

La journée se tient de 9h à 18h30, à la Chambre de commerce et d'industrie de Paris, 2 rue de Viarmes, Paris 1er (Métro et RER : Châtelet les Halles). Programmes, inscriptions, tarifs.
Contact.


Théorie et concepts

L'avenir sans limite des images digitales

Le Parisien n'est pas la lecture typique des sticiens (ou alors, ils ne l'avouent pas), mais ils apprécieront cette réponse de Chris Wedge, réalisateur de "L'âge de glace", interviewé par Pierre Levasseur (numéro du 26 juin) :

Pierre Levasseur : Tout semble avoir déjà été fait en matière de films d'animation, ce n'est pas décourageant ?

Chris Wedge : Non, parce qu'en matière d'images digitales, l'avenir est sans limites. Tellement sans limites que ça en devient intimidant. Le défi est plutôt de trouver de nouvelles et bonnes histoires, de nouveaux concepts sur lesquelles on va tester les nouvelles technologies. Mais, là encore, existe-t-il des idées suffisamment riches pour être à la hauteur de ce potentiel technologique ?

Reconnaissance de la parole

Le W3C publie la spécification relative à la mise en place de grammaires de reconnaissance de la parole.

Langues du Sud

Eric Castagne (Université de Reims) nous informe qu’une revue électronique consacrée aux sciences du langage vient d’être créée. Dénommée Sudlangues. Elle est le fruit d’un partenariat entre les facultés de lettres et sciences humaines de Dakar, Nouakchott, Ouaga, Reims et l’Agence universitaire de la francophonie. Site : http://www.refer.sn/sudlangues/


Biotechnologies, Informatique et Société

Le séminaire "Impacts et enjeux socio-économiques des biotechnologies", organisé par les associations Terminal/CREIS/IRIS/AILF/VECAM et animé par Dominique Desbois et Guy Lacroix, s'est tenu en trois séances (13 mars, 15 mai, 12 juin).

Nous reproduisons ici le texte de présentation proposé par les animateurs. Les textes distribués en séance sont disponibles auprès de la rédaction de Terminal pour les lecteurs intéressés (merci d'adresser vos demandes à l'adresse de la rédaction de Terminal, à l'attention de Dominique Desbois, membre du conseil d'administration de l'Asti, pour toute précision.


Biotechhnologies et NTIC, piliers de la société de l'information ?

L'essor des biotechnologies pourrait bien bouleverser nos sociétés d'une manière encore plus radicale que ne l'a fait un demi-siècle d'informatique (discipline avec laquelle les biotechnologies entretiennent une profonde connivence), puisque, sans la robotique, les ordinateurs, les réseaux et les banques de données, le déchiffrement des gènes humains serait resté un rêve inaccessible.

Il ne s'agit pas seulement de prouesses techniques et scientifiques ; le progrès des biotechnologies marque aussi l'insertion des manipulations génétiques dans ce grand élan d'innovations permanentes qui irrigue aujourd'hui une économie occidentale en voie de mondialisation. Ce mouvement est porté par les transformations incessantes de l'organisation des entreprises et par le progrès constant des nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC).

Les nouvelles opportunités qu'offrent les sciences du vivant en agriculture et en médecine participent de projets industriels qui, mêlant recherches scientifiques et stratégies marchandes, posent à nos sociétés démocratiques de redoutables défis. D'autant que la majorité des dirigeants occidentaux considèrent que les biotechnologies vont jouer un rôle clef dans la compétition internationale : elles leur apparaissent comme devant prendre la relève des marchés de grande consommation en voie de saturation. La "société de l'information", promesse sans cesse renouvelée et réalisation toujours inachevée, suppose désormais la poursuite du processus d'informatisation et le développement des biotechnologies.

Touchant aux processus vitaux et aux identités, les biotechnologies posent également des interrogations nouvelles sur les plans politique, juridique, culturel et éthique. Leur essor annoncerait une restructuration radicale du fondement de nos sociétés démocratiques, dans la mesure où, progrès de la génomique et manipulations génétiques viendraient remettre en cause les systèmes de valeurs et les soubassements imaginaires du lien social. En s'attaquant à la partie la plus intime de ce qui, pour l'homme, fait sens, les biotechnologies bousculent les évidences sur lesquelles reposait la vision de ce qui constitue notre humanité.

Partir de notre réflexion sur les technologies de l'information

L'importance des enjeux et leur radicale nouveauté peuvent conduire à la caricature et aux procès d'intention. Aussi le séminaire se propose-t-il d'aborder les biotechnologies sous deux angles qui nous sont familiers : l'analyse critique des technologies de l'information et l'évaluation des risques technologiques. En effet, la convergence entre technologies de l'information et biotechnologies apparaît aujourd'hui comme le trait saillant des efforts de modélisation du vivant.

Quel modèle du vivant ? Quelle alliance entre scientifiques et industriels ?

Les technologies de l'information jouent un rôle crucial en biologie comme source de modèles et comme boîte à outils. Depuis la découverte en 1953 de la « double hélice » par Watson, Crick et Wilkins, les progrès de la biologie moléculaire nous ont révélé la nature informationnelle des processus évolutifs qui semble caractériser le vivant. En outre, la génomique s'inspire des conceptions modernes du traitement de l'information pour modéliser le fonctionnement du génome.

Cette convergence entre modèles informatiques et biologiques aboutit à l'adoption de nouveaux paradigmes parfois féconds au plan scientifique mais aux implications parfois éthiquement discutables si de tels paradigmes étaient étendus sans précaution aux sciences de la société. Une convergence d'autant plus prégnante que l'organisation du travail scientifique a été bousculée par l'informatisation : la recherche « s'industrialise » en s'informatisant. Le déchiffrement des gènes est tributaire d'une robotique sophistiquée et il s'appuie sur une exploration systématique de nouveaux algorithmes : sans informatique pas de génomique. Une nouvelle discipline hybride est née : la bio-informatique. Quel rôle joue exactement l'informatique dans la vision du vivant promue aujourd'hui par les sciences et l'industrie ?

Non seulement les NTIC irriguent nombre d'aspects du travail quotidien dans ce domaine particulier de la recherche et du développement, mais les réseaux sont utilisés pour rendre accessibles les séquences génétiques au niveau mondial, en les stockant dans des banques de données publiques ou privées. Ce qui ne va pas sans tensions : l'information sur les génomes constitue pour les chercheurs un instrument de travail relevant d'une logique du libre accès à la connaissance ; alors que pour les industriels, cette même information relève d'une logique de l'appropriation et du secret, puisqu'elle est aussi une source potentielle de profit.

Comment cet antagonisme est-il surmonté ? Quels sont les compromis qui s'élaborent entre les nécessités de la recherche et celles de l'industrie ? Plus globalement, qu'en est-il du modèle de la recherche et de l'entreprise qui s'élabore au sein des industries du vivant, et quel rôle y jouent les NTIC ? Comment, dans les sciences de la vie, les scientifiques envisagent-ils leur alliance avec l'industrie ?

Quelle démocratie ? Quel projet social ?

Une partie des questions que posent les biotechnologies aux démocraties recoupent, prolongent et amplifient celles déjà soulevées par l'informatisation, qu'il s'agisse du brevetage des connaissances, de la protection des informations nominatives, de la redéfinition des frontières entre privé et public, etc. Mais les biotechnologies posent-elles de manière nouvelle les questions de la citoyenneté et des libertés ?

Plus globalement, les manipulations génétiques nous interrogent sur le phagocytage du politique par des enjeux scientifico-économiques présentés comme irréversibles. Que signifie cet escamotage du politique ? Nous connaissons bien les discours d'accompagnement de l'informatisation : ils simplifient la réalité et brouillent les enjeux sociaux en mélangeant sans cesse marketing, utopie, prescriptions et exhortations à faire vite. Le développement des biotechnologies relève-t-il d'une stratégie analogue de légitimisation ? Existe-t-il un « projet » social qui s'avance masqué par le développement des biotechnologies ? Ou bien s'agit-il d'une course aveugle aux connaissances et aux profits ?

En touchant l'alimentation, la santé et la reproduction, les biotechnologies rendent palpable pour le grand public le rôle crucial de la recherche scientifique et de la responsabilité des chercheurs dans l'évolution de notre système économico-social et juridique. Elles questionnent avec d'autant plus d'intensité le rôle des experts et leur légitimité qu'il s'agit d'un domaine aussi sensible et universel que la vie.

Comment les chercheurs répondent-ils aux aspirations et aux questionnements qui émanent de la société civile (associations de malades, consommateurs, etc.), à la remise en cause de leurs travaux par d'autres groupes d'intérêt (agriculteurs opposés aux OGM, pays en développement, etc.) ? Peut-on encore défendre l'autonomie de la science, et de quelle science s'agit-il ? Quelles pourraient être les conditions d'un dialogue « démocratique » entre les chercheurs et les populations concernées ? Quels dispositifs décisionnels peut-on envisager ?


Vincent Wahl : informatique et poésie

Pour ce numéro de départ en vacances, sortons un peu du pratico-pratique, ou plutôt allons vers la "logique des usages" d'autres utilisateurs que les ingénieurs ou les gestionnaires... en l'occurrence, un poète.

Vincent Wahl a travaillé (dans une vie antérieure) aux applications de l'IA en agriculture. Il s'occupe aujourd'hui de développement de l'économie agro-alimentaire. Il est aussi poète, quand les contraintes de la vie professionnelle le lui permettent. Il s'est récemment exprimé au Club de l'Hypermonde, répondant à une question de ses animateurs, Jean-Paul Bois et Pierre Berloquin. Avec son autorisation, Pierre Berger propose ici un compte-rendu subjectif, partiel, essayant de rendre aussi bien sa forme d'expression que sa pensée.

Pour le lire à la source, trouvez son livre Communauté des parlants qui vient de paraître, sur le site des éditions Cylibris.

Comment peut-on être poète au vingt-et-unième siècle ?

Prendre au sérieux la question
comment peut-on être poète au XXIeme siècle ?
l'informatique, métaphore du langage, en interaction

Le processus créatif
ce livre, sous-produit d'une recherche de mémoire
sur l'histoire de la famille

la valeur ajoutée du web éclate dans toutes ces matières
(généalogie, histoire locale, etc..)
la poésie, formes courtes, l'informatique
permet de travailler intensément de manière fragmentée
bloc-notes plus imprimante, avec sa qualité graphique
ma poésie, fille de l'imprimante et du métro
je remplace par le temps en extension
le temps que je n'ai pas en compréhension
finalement, y passer quelques heures, éventuellement

l'imprimante, importante pour établir très vite une distance
entre l'oeuvre et moi
validation/falsification, mettre à l'épreuve
je garde les versions, surtout sous forme papier
sous forme électronique, celles qui marquent des ruptures
je relis mes synthèses
c'est vrai que je n'y suis jamais retourné (aux différentes versions)
un livre que j'ai écrit il y a deux ou trois ans
très vite, d'ailleurs, six mois peut-être

la façon dont j'écris, actuellement (un autre livre),
parce que je sais que je pourrai couper facilement
je ne censure pas, j'écris en grandes masses
je mets trop de matière
après, je vais tailler dans cette matière
un peu comme un sculpteur
je ne le ferais pas si j'écrivais à la main
me convient bien,
parce que mon premier jet n'est souvent pas bon

Un traitement "analogique"
pour moi, la poésie est le travail de la partie analogique du cerveau
mettre en branle, j'aime qu'on me dise :
"je ne comprends pas ce que tu écris, mais ça me touche"
je n'aime pas me dire : je suis poète
on n'est pas poète par essence
on écrit parfois de la poésie
quand j'écris, il y a un moment où ça me plaît
où ça cristallise
mais je n'ai aucune garantie aujourd'hui d'écrire demain
quoi que ce soit qui me plaira

quand je suis poète, je ne peux pas dire "eux et moi",
je ne peux pas juger de l'extérieur
je ne peux parler qu'autant que je suis partie prenante
et que je ressens quelque chose.

L'informatique, métaphore de la vie
les bases de données, le modèle relationnel
voire la façon dont on gère un projet informatique
sont d'excellentes métaphores de la vie,
plus maniables que la construction d'un pont
nous maintient dans un monde fragmenté
en éclats de miroir, polyphonique
ajouter un souvenir,
une pensée de Jean-Marie Letourneux,
à propos de la science-fiction, de la prospective :
on a tort d'imaginer le futur comme quelque chose
de complètement homogène

Le poème, une applet ?
j'ai gardé comme une mémoire de ce qui pourrait advenir
dans les projets auxquels j'étais mêlé,
la tâche la plus difficile était de désambiguër le vocabulaire
la poésie, c'est peut-être le contraire
elle peut restituer une matière épaisse
redonner une ambiguïté au mot
analogie, à l'époque, quand je programmais en Lisp
les daimons, aujourd'hui on dirait applet Java
démon correspond à la mythologie orientale
un poème est un démon, il prend une autonomie
je n'aime pas expliquer pourquoi j'ai écrit cela,
j'accepte, mais je n'aime pas ça
une synthèse langagière a sa vie propre
l'explication de l'auteur n'ajoute rien
même, elle est réductrice
je revendique d'avoir trouvé cette comparaison
le démon, avec Lisp

Le poète, un browser !
me fait penser à browser, butineur
la façon dont j'essaye d'écrire
écouter des formules, essayer de les récupérer
exposition Voilà, en 2000, accumulation d'objets
en écoutant, la pub aussi
en la re-détournant,
encore plus jouissif
d'autres que j'aime bien rapprocher
peut être compilé
fifo, on retombe presque dans le dadaïsme.

La diffusion des oeuvres
un monde où on peut diffuser des tas de choses
Internet m'a permis de trouver mon éditeur (*)
il y a là un processus de validation
je n'ai pas fait de site personnel, au fond
je n'ai jamais voulu m'auto-proclamer.

(*)Cylibris s'est fait une image en venant un des premiers à l'impression à la demande et au web. Mais, vu l'état actuel du marché (voir rubrique Livre de notre Répertoire), ils réalisent l'essentiel de leur chiffre d'affaires en librairie comme les éditeurs traditionnels.


Enseignement

Théorie des EIAH

Les Lecture notes of artificial intelligence (Springer) publient les Actes de Colt 2002 (Sydney, Australie), sur la Computational learning theory (EIAH en français de 2002, voir l'interview de Monique Grandbastien) dans Asti-Hebdo du 17 juin.

Références exactes : LNAI 2375: J. Kivinen, R.H. Sloan (Eds.): Computational Learning Theory , 15th Annual Conference on Computational Learning Theory, COLT 2002, Sydney, Australia, July 8-10, 2002. Proceedings


Entreprises

Commerce électronique au Japon

Le gouvernement japonais lance la version 2002 de son programme de planification des priorités en matière de commerce électronique. Lire le communiqué du Conseil des ministres.

La recherche en pratique

L'Europe à la traîne

"L'écart en matière d'investissements et de nombre de chercheurs ne cesse de se creuser. Les Quinze se sont engagés à y consacrer 3% de leur PIB d'ici 2010. Les programmes communautaire sont jugés insuffisants", titre Le Monde du 26 juin, sous la signature d'Arnaud Le parmentier, s'appuyant sur des propos de Philippe Busquin, commissaire européen.


Informations transmises par Specif

Coopération avec le Vénézuéla

L'appel d'offres du Programme de coopération postgraduée (PCP) avec le Venezuela se distingue du programme Ecos-Nord car il porte sur la réalisation de projets conjoints de recherche appliquée, avec la participation de laboratoires ou d'institutions universitaires et d'entreprises publiques ou privées des deux pays. Ce programme prévoit la réalisation de thèses en cotutelles.

Domaines prioritaires, entre autres : biotechnologies, mécanique, santé, télécommunications.

Voir la lettre d'intention


Informations diffusées par la lettre "Diffusion Paris 7" :

Faites connaître vos besoins d'information

L'Adit (Agence pour la diffusion de l'information technologique) fait une enquête sur les besoins des laboratoires de recherche, en matière d'informations scientifiques et technologiques internationales ? Faites part de vos souhaits

Droits d'auteur

Une motion de la CPU (NDLR à l'intention des sticiens orientés hardware : il ne s'agit pas ici de la Central processing unit, mais de la Conférence des présidents d'université), soutient le projet de communiqué commun de
- l'Association des professionnels de l'information/documentation,
- l'Association des bibliothécaires français,
- l'Association des directeurs de bibliothèques universitaires et de
- l'Association de bibliothèques départementales de prêt,
concernant la position de la France sur la transposition de la directive du 22 mai 2001 sur l'harmonisation de certains aspects du droit d'auteur et des droits voisins dans la société de l'information.

La Conférence demande au Gouvernement français de reprendre intégralement "l'exception pédagogique et de recherche" prévue par la directive européenne du 22 mai 2001, en son article 5, lors de sa transposition en droit national.

Elle s'associe pleinement à la position prise par les associations des professionnels des bibliothèques concernant la position de la France sur ce sujet exprimé dans le communiqué du 25 mars 2002.


Manifestations

Systèmes à composants adaptables et extensibles

Les 17 et 18 octobre auront lieu à Grenoble (ou dans la région), des journées "Systèmes à composants adaptables et extensibles.

Ces journées ont reçu le soutien de l' ASF (Association ACM-SIGOPS de France), du GDR ARP (Architecture Réseaux, Systèmes et Parallélismes). Elles sont co-organisées par le laboratoire LSR-IMAG et par le laboratoire I3S qui participent au projet RNTL Arcad.

L'ASF organise régulièrement des journées Voir une "JTE" (Journées thèmes émergents).

Cargèse : Sexes et genre dans le travail scientifique

Le CNRS organise les Ateliers scientifiques pluridisciplinaires de Cargèse, du 12 au 15 novembre prochains.

Dès sa création en avril 2001, le Comité de pilotage "Disciplines, métiers, carrières et genre. La place des femmes au CNRS" a inscrit dans son plan d'action la sensibilisation et la formation à la question du genre. C'est dans le droit fil des préconisations du Comité de pilotage que s'inscrivent les Ateliers scientifiques pluridisciplinaires de Cargèse, intitulés "Sexes et genre dans le travail scientifique.

L'originalité de ces Ateliers est de faire se rencontrer de jeunes scientifiques, chercheur-e-s et ingénieur-e-s de toutes disciplines, de leur donner l'occasion de s'informer, de se former et de débattre autour des questions relatives au genre. Camille Bellissant

Image à Ambleteuse

Signalons l' " Interdisciplinary school on imaging, modelling and manipulating transcriptional regulatory networks", à Ambleteuse (près de Boulogne, Pas-de-Calais),

Le livre de la semaine

Externalités d'information et concurrence

La gestion aussi utilise les mathématiques... et derrière un problème bien concret comme la concurrence économique peuvent se profiler des questions d'un haut niveau d'abstraction, ouvrant des horizons inconnus au paradigme shannonien.

L'ouvrage "Externalités d'information et concurrence" qu'Arnold Chassagnon vient de publier chez Hermès-Lavoisier, en donne un bon exemple. Citons le communiqué. :

"L'économie de l'information modifie radicalement la compréhension que nous avons des marchés en donnant un rôle de premier plan aux transferts d'information accompagnant les échanges... Pour analyser les marchés avec asymétries d'information, l'ouvrage propose un cadre simple et général... Une grande importance est donnée à la compréhension des propriétés d'efficacité des mécanismes utilisés... "

Devoir de vacances pour les sticiens, tendance codes en dur : fournir pour la rentrée une version Java des formules présentées dans l'ouvrage. Asti-Hebdo organisera entre les solutions un concours de performances. N'oubliez donc pas d'emporter votre ordinateur portable à la plage, sans oublier de le munir au préalable d'un bon environnement de développement, insensible au sable et au sel. P.B.


Détente

Avec ce dernier numéro, les vacances commencent, et nous vous proposons donc une substantielle rubrique "détente"

Des Stic dans le foot !

Un communiqué Fluent France annonce que trois groupes de chercheurs travaillant en collaboration ont percé quelques-uns des mystères à l'oeuvre dans la « courbe » du ballon lors des tirs au football. Les chercheurs ont voulu comprendre cet « art » très difficile à maîtriser sur le plan technique qui consiste à marquer des buts sur coup de pied arrêté lors de « coups francs ».

Jacques Bollot, recherches graphiques

Les 12 Juillet (vernissage de 18h à 22h), 13, 14, 20, 21, Juillet (de 15h à 20h) et le 23 (décrochage de 18 à 22 heures), Barbara Navarro peintre, présente les recherches plastiques et graphiques de Jacques Bollot, 10 rue Germain Pilon, dans l'atelier de Joëlle Courtois, mosaïste.

Cette présentation sera le prétexte à des rencontres, peut-être à des séminaires spontanés concernant le travail du signe sur notre psychisme. Téléphones : (01) 45 31 00 33 et (06) 11 13 01 41

Des chiffres et des lettres

Pour redescendre un peu sur terre, la dernière des "blondes" (hier, c'était les belges... nous laissons au lecteur le soin d'appliquer l'histoire à sa cible favorite

C'est une blonde qui se présente au guichet pièces de rechanges d'un concessionnaire. Elle lui dit : "voilà, j'ai perdu le bouchon 710 sur ma voiture. Pouvez-vous me fournir la pièce de rechange ?"


Le garagiste : "Connais pas, c'est quoi cette pièce ?"
La blonde : "Ben chai pô, paraît que c'est important..."
Le vendeur : "Bouchon 710... jamais entendu parler. Pouvez peut-être me faire un dessin ?"
La blonde saisit une feuille et crayonne un cercle de 8 cm environ, dans lequel elle écrit soigneusement (on voit le bout de sa langue qui dépasse un peu à la commissure de ses lèvres), les trois chiffres : 710. Et là, le garagiste comprend... Cliquez

A annexer au répertoire de l'Asti ?

Armand Berger nous communique (source originale inconnue) ces conseils pour pratiquer utilement le "parler informaticien".

La règle de base pour parler informaticien est fort simple : prenez un terme informatique en anglais et francisez-le. Exemples:
- Si, au restaurant, il réfléchit trop longuement devant la carte, dites-lui: " Héhooo!.. Tu as fait un timeout, ou quoi? "
- La télécommande en main, vous essayez, en vain, d'allumer votre téléviseur. Ne dites pas " Bizarre, ma télé ne s'est pas allumée! ";dites :"Bizarre, ma télé n'a pas booté! "
- Si vous êtes écolo dans l'âme et que la question de la gestion des déchets est pour vous capitale, ne dites pas: "Tu devrais tasser le contenu de ce sac poubelle"; dites: "Tu devrais zipper la trashcan"
- Dans un embouteillage, ne dites pas: " Cette route est toujours fort encombrée "; dites: " Ca s'arrange pas, la bande passante, sur cette route!"
- A une fête d'anniversaire, ne dites pas: " Veux-tu couper le gâteau en 6 morceaux, s'il-te-plaît ? "; dites: " Tu ne veux pas splitter le gâteau en 6, s'il-te-plaît? "
- Si vous désirez que votre ami diminue la sono, demandez-lui de " mettre la musique en background "
- Si un problème en implique un autre, et que celui-ci un implique un troisième, etc., dites-lui que ce problème est vraiment récursif Si votre ami est quelque peu défraîchi ou a le teint pâlot dites-lui: " T'as une tête à avoir passé la nuit à pomper les alt.binaries, toi!"
- S'il a des difficultés à vous écouter et à écrire en même temps, dites-lui: " Ben quoi?.. T'es même pas multitâches, toi?.. "
- S'il répète pour la troisième fois la même chose, dites-lui: " Dis, tu fais une boucle, ou quoi? "
- Lors d'une conversation avec deux informaticiens, si l'un d'entre eux à la mauvaise habitude de ne pas réagir à vos propos, lancez " Pas très interactif, le copain! "
- S'il vous prend une envie... demandez lui le path des toilettes
- Si votre nouvel ami est quelque peu gauche de nature, lancez-lui: " Problème de device? " à la première occasion. S'il vous dit que c'est un problème de chip, ne lui dites pas que vous aussi vous vous trouvez un peu gros
- Ne parlez pas de jazz mais bien de " random music "
- Si la femme de votre ami est franchement canon, dites-lui qu'elle est en 3DFX. Mais si celle-ci vous casse les pieds, criez " Elle est où, la touche Escape? ". Ou encore si vous la trouvez quelque peu stupide, dites à votre ami: " Dis, tu es certain que ta femme elle est passée à la compil'? "

Aussi, le fait d'utiliser des termes provenant de jeux est toujours apprécié: Ne dites pas: " Je me sens invulnérable, aujourd'hui! "; dites: " Je suis complètement iddad aujourd'hui! " Ne dite pas: " Attends que je t'attrape! "; dites: " Attends que je te foute un coup de RPG dans la gueule, moi! "

D'autre part, il est fort probable que vous ne compreniez pas certaines phrases de vos amis informaticiens. et si vous en avez assez de son "parler informaticien", vous pouvez-toujours lui proposer un service de "localisation" de ses discours...

Life is short

Et nous ne pouvions pas conclure l'année sans archiver ce document vidéo qui fera date dans l'histoire de l'humour numérique (publicité Microsoft), qui nous a été signalé par Pierre Berloquin.
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