Stic-Hebdo |
No 69. 5 décembre 2005
Sommaire : Trois questions à Jean-Marc Labat (Atief) | L'actualité de la semaine | Théories et concepts | Enseignement | Manifestations | Détente
"Avec les ENT, la France est en train de changer d'échelle dans l'utilisation des TICE. Ils seront réellement utiles pour la formation s'ils ne sont pas que des portails d'information (e-scolarité, sites web), mais intègrent des fonctionnalités pédagogiques."
Stic Hebdo : A un moment où l'on peut s'interroger sur la difficulté de la vie associative, comment se porte l' Atief (Association des technologies de l'information pour l'éducation et la formation) ?
Jean-Marc Labat : Créée en 1998 par Monique Grandbastien (NDLR que nous avons interviewée dans Asti Hebdo) au moment de la naissance de l'Asti, l'Atief se porte bien, avec 150 adhérents . Sa revue en ligne Sticef (Stic éducation et formation) est accessible gratuitement. Elle a succédé à STE, publiée sur papier par un éditeur traditionnel, que nous trouvions trop chère et pas assez lue. Nous voulions que notre publication soit plus accessible non seulement en France mais aussi à l'extérieur, en particulier dans les pays francophones. Chaque fin d'année, les articles sont rassemblés dans un numéro sur papier, édité par l'INRP.
Notre site Internet est dynamique parce que sa mise à jour est distribuée au sein d'une équipe de cinq ou six personnes. L'expérience montre qu'une personne ne parvient pas à faire vivre un tel site. Le nôtre présente par exemple toutes les thèses en cours et soutenues dans notre communauté (titre, directeur de thèse, etc.), les équipes françaises, les conférences avec leurs appels à participation et à communication.
Nous organisons tous les deux ans la conférence du domaine, qui rassemble largement la communauté française et même francophone avec quelque 200 à 250 participants. En 2003, nous avons fusionné notre conférence avec Hypermédia et apprentissage, afin de rassembler les chercheurs de différentes communautés. La prochaine édition, montrant notre ouverture sur le monde de la francophonie, se tiendra à Lausanne en juin 2007. Nous sommes en train de monter pour l'an prochain une conférence jeunes chercheurs, RJC-EIAH, qui aura lieu à l 'INT (Institut national des télécommunications) d'Evry.
Enfin, nous envisageons de créer un réseau européen des associations travaillant sur le même thème que nous. Nous avons déjà pris contact avec l'association italienne SIEL (Societa italiana di e-learning) .
Le Ministère et/ou le CNRS propose diverses structures pour fédérer les communautés scientifiques, mais ces structures évoluent parfois rapidement alors que les associations comme l'Atief ont vocation à être plus pérennes.
S.H. : Quelle est l'importance de votre communauté de recherche ?
J.-M. L. : Notre communauté au sens large , c'est à dire les chercheurs français s'intéressant aux EIAH (Environnement informatique pour l'apprentissage humain), représente environ 350 personnes. La moitié d'entre eux sont membres de notre association, et je ne compte que les membres ayant acquitté leur cotisation en 2005 (au demeurant, modeste, et inchangée depuis la fondation de l'association).
Nous constituons vraiment une communauté pluridisciplinaire, avec les débats voire les débats que cela peut créer parfois (par exemple, la sélection des papiers pour notre conférence ou notre revue par un comité de lecture pluridisciplinaire amène régulièrement des débats sur le fond), mais aussi avec, pour certains travaux, un véritable travail en commun entre spécialistes des sciences de l'éducation, de la didactique, de la psychologie cognitive et, bien sûr, de l'informatique. Les chercheurs en informatique représentent à peu près la moitié de nos effectifs et, parmi eux, la moitié vient de l'IA, qui joue un rôle important dans les problématiques de recherche du domaine.
Le communauté française EIAH est soudée, en particulier grâce au SA EIAH du GDR 13 (le responsable du groupe est Jean-François Nicaud), au réseau thématique pluridisciplinaire Apprentissage, éducation et formation (initiative du CNRS en 2002 dont nous regrettons l'arrêt) et parce que les principales équipes participent au réseau d'excellence européen Kaléidoscope, dirigé par Nicolas Balacheff.
Un autre facteur de dynamisme et de renforcement des liens est la tenue d'écoles thématiques. Grâce à l'initiative de Nicolas Balacheff, nous en avons déjà tenu trois et, si le CNRS valide notre projet, nous en aurons encore une cet été, à Autrans. Elles attirent chaque année 90 personnes, et permettent à nos thésards, mais aussi aux autres enseignants-chercheurs, de mettre leurs connaissance à jour.
S.H. : Quand nous l'avions interviewée, Maryse Grandbastien avait dressé un panorama des questions qui vous rassemblent. Quels sont aujourd'hui les thèmes dominants ?
J.-M. L.: Les modélisation des scénarios pédagogiques constitue actuellement un thème majeur développé au départ par Robert Koper aux Pays-Bas sous le nom de EML (Educational modelling language). L'idée maîtresse, au delà des objets d'apprentissage, est de se centrer sur l'activité des différents acteurs, selon la métaphore de la pièce de théâtre (découpage en actes et scènes). Le métamodèle introduit la notion de rôles d'objets pédagogiques, d'objectifs, de prérequis, de conditions d'accès et d'activités (apprentissage, soutien). A partir de ce premier travail, le consortium IMS a proposé un standard IMS-LD (learning design), qui en inclut d'autres tels que LIP (learner information package) ou QTI (question and test interoperability). Ces standards favorisent l'émergence de solutions logicielles d'intégration pour la production d'unités opérationnelles.
Parmi les autres standards importants, il faut citer les LOM (Learning objects metadata) avec les profils d'application qui en dérivent. Un tel profil vient de sortir sous forme de norme par l'Afnor. Il s'agit de LOMFR, qui s'appuie essentiellement sur les propositions de Brigitte de La Passardière, membre d'Aida (Approche interdisciplinaire pour les dispositifs informatisés d'apprentissage), équipe regroupant dans un PPF (programme pluri-formation) les chercheurs du domaine de Paris 5, Paris 6, Paris 7, Paris 8 et INT.
Le suivi de l'apprenant fait aussi l'objet de nombreux travaux. Ce type de travaux peut servir aussi bien à l'apprenant lui-même (en termes de métacognition, dont on sait que c'est une caractéristique des bons apprenants) qu'au tuteur humain (bien sûr indispensable dans les dispositifs de formation que ce soit en présentiel ou en distanciel) et au concepteur de cours (pour lui permettre de l'améliorer). Informatiquement le suivi nécessite d'utiliser diverses techniques d'IA, et peut concerner chaque apprenant individuellement ou l'ensemble du groupe classe (car les enseignants sont plus demandeurs d'informations sur le groupe que les individus).
Un autre thème qui mobilise tant la communauté française qu'internationale est le domaine du CSCL (Computer supported collaborative learning), concept construit sur le modèle plus général du CSCW (work). Il ne s'agit plus ici de communication avec la machine, mais essentiellement de communication entre personnes, médiée par la machine. Il y là une communauté très active, du fait du développement des réseaux.
Quant à la logique des usages, particulièrement importante dans notre domaine, elle appelle tout spécialement un travail pluridisciplinaire. Les informaticiens doivent prendre en compte l'utilisateur dès la conception. On parle de conception "centrée utilisateur" voire de "conception participative" (qui est encore plus exigeante). Nous tissons donc des liens forts avec la communauté IHM (interactions homme-machine). Au delà, c'est à la psychologie et aux sciences de l'éducation qu'il appartient de faire enquêtes et analyses, avec les méthodes et les outils appropriés, qui ne relèvent pas de l'informatique.
Enfin, je suis frappé par le développement significatif, dans l'ensemble des universités et des établissements d'enseignement, des ENT (environnements numériques de travail). La France est en train de changer d'échelle dans l'utilisation des TICE (i.e. des TIC pour l'enseignement). Ces environnements seront réellement utiles pour la formation s'ils ne sont pas seulement des portails d'information (e-scolarité, sites web...) mais intègrent des fonctionnalités pédagogiques. A terme, il me semble évident qu'ENT et plate-formes d'enseignement devront fusionner. Cette véritable rupture justifie pour moi un certain optimisme quant à l'avenir.
Pour terminer, je voudrais dire que les thèmes que je viens d'évoquer sont loin de représenter l'ensemble des travaux de recherche de la communauté. Ceux qui souhaitent approfondir ce domaine peuvent consulter le livre Environnements informatiques pour l'apprentissage humain, qui va sortir au début de 2005 dans la collection IC2 chez Hermès Sciences, et qui est une oeuvre collective de la communauté : plus de trente chercheurs y ont participé.
Propos recueillis par Pierre Berger
Plus de 200 acteurs clés européens du domaine des technologies
de l' information et de la communication pour l'éducation se réunissent
les 8 et 9 décembre à Paris. Gilles de Robien, ministre de l'Éducation
nationale, ouvrira les débats en présence de 27 de ses homologues
européens. La conférence comprendra des réunions plénières
et des ateliers thématiques variées, en particulier :
- les nouveaux environnements scolaires,
- les TIC dans les politiques scolaires,
- les ressources numériques,
- les portails éducatifs nationaux.
Renseignements, programme et inscriptions sur le
site d'Eminent.
Conçu pour traiter des problématiques liées aux technologies de l’information et de la communication dans un univers juridique à contexte européen et mondial, le 3ème salon de l’Internet juridique et du numérique abordera cette année les nombreuses questions attachées au droit de la propriété intellectuelle au moment de la commercialisation du .eu . En savoir plus.
Soulever le capot, ou pas ? Dans quelle mesure l'utilisateur d'un logiciel doit-il essayer de le comprendre ? Le point de vue de Michel Volle.
Les blogs se sont développés de manière exponentielle
et propagés comme une traînée de poudre. Le nombre de ces
objets Internet non identifiés, qui tiennent lieu de journal intime,
de vecteur de communication, d’espace d’échanges... ont dépassé,
selon Technorati, le nombre de 20 millions à la fin d’octobre dernier,
soit un doublement en 5 mois ou une augmentation d’un facteur 30 en trois
ans. De nouvelles utilisations sont apparues récemment. Intermedia technologies
et IpsoPresto viennent de lancer des solutions utilisant cet outil-média
dans le domaine B2B. Dans un autre registre beaucoup moins positif, les blogs
ont sans doute été utilisés pour la première fois
dans l'organisation des émeutes qui secouent la France depuis maintenant
près de deux semaines. Selon Guy Hervier, ITR
Management.
Afin de soutenir les initiatives locales et faciliter l'acquisition et la maîtrise des technologies de l'information, l'association Africa Computing propose des compétences techniques et humaines à des partenaires africains et notamment des cours gratuits en ligne (en français) : introduction théorique à l'informatique; maintenance informatique, réseaux, Linux, création Web, etc. Le site.
Le module de formation aux Technologies de l'information et de la communication, a pour but d'initier à l'ordinateur dans ses dimensions culturelles, historiques et techniques et permettre de passer d'une pratique minimale du traitement de texte à l'écriture multimédia. Il a été créé par Bernard Dimet de l'Université Paris Dauphine (Université Paris Dauphine). Des modules additionnels ont été créés par des membres du Groupe Formation Portices. D'autres sont en cours de mise en ligne. Le document.
Réussissez le C2i niveau 1 Sous la direction de Jean-Louis Monino et Marie-Claude Lesage. Dunod, 160 pages,: 9,9 Euros.
Le C2i (Certificat informatique et Internet) a été créé par le ministère de l'Education nationale pour que les étudiants puissent valider leur niveau de compétence dans la maîtrise des technologies de l'information et de la communication. Ce livre a été conçu comme un guide à l'intention des étudiants qui veulent obtenir cette certification. Il leur explique comment s'inscrire, quelles sont les compétences requises telles qu'elles sont décrites dans le « référentiel » officiel et où trouver de l'aide et des informations utiles pour se préparer efficacement.
Rédigé par une quinzaine d'enseignants universitaires ce manuel bénéficie de l'expérience accumulée au sein du projet Portices qui rassemble 25 établissements de l'enseignement supérieur (voir ci-dessus). La fiche de l'ouvrage.
En janvier 2006, plus de 800 ressources pédagogiques des onze Grandes
écoles d'ingénieurs de Paristech seront en libre accès
sur le site de l'association. Ce projet s'appuie sur trois principes :
- contribuer au partage des savoirs au niveau mondial,
- valoriser le travail pédagogique des enseignants de ces écoles,
- construire une dynamique autour de l'usage des TICE et de l'innovation pédagogique.
Ces ressources appartiennent à quelques 100 unités. d'enseignement. Ces chiffres devraient être doublés d'ici un an. Lu sur le site de l'ENSMP.
Le site de l'EPI rend compte des initiatives prises par le pôle de compétences « logiciels libres » du Scérén, dans le cadre du salon Éducatice 2005 qui s'est déroulé les 23, 24 et 25 novembre derniers. A lire sur le site de l'EPI.
L'UNJF (Université numérique juridique francophone), dont la principale mission est de répondre aux besoins de la formation à distance dans le domaine juridique, présentera une offre complète d'ici 2007. Le site de l' UNJF.
Rubrique réalisée avec la collaboration de Jacques Baudé
Consultez le site des associations membres de l'Asti, où vous trouverez les manifestations qu'elles organisent.
Pour les manifestations TIC en rapport avec l'enseignement et la formation, consulter le site Educnet.
Gameplay fait un petit passage et se présente au Cube (20 Cours Saint Vincent à Issy-les-Moulineaux) ce 11 décembre 2005, à 15 h et 17 h. Le Cube.
La décoration de Noël 2005 de la Bahnhofstrasse de Zurich (siège de l'association Gerbert) est "une oeuvre d'art générée par ordinatrice". Zurich. Note du secrétaire général François Nicolet : Ordinatrice: le terme ordinateur, paraît-il, est obsolète, tel que docteur, directeur, ambassadeur - il faut dire doctoresse, directrice, etc, même si l'anatomie de la personne ne correspond pas tout à fait au genre grammatical.
L'équipe de Stic-Hebdo : Directeur de la publication : Jean-Paul Haton. Rédacteur en chef : Pierre Berger. Secrétaire général de la rédaction : François Louis Nicolet, Collaborateurs : Mireille Boris, Claire Rémy et Armand Berger. Stic-Hebdo est hébergé par le LRI et diffusé par l'Inist.