Asti-Hebdo a demandé à Jacques Baudé, qui représente parmi nous l' EPI (Enseignement public et informatique) ce qu'il en pensait. Voici sa réponse (à titre personnel, nous précise-t-il).
Je ne connais pas parfaitement la situation américaine (variable selon les états), je sais par contre l'état de délabrement du système éducatif public. Un tel texte - ce n'est pas le premier - est probablement une réaction saine au " tout informatique " dans l'éducation qui dispenserait de remettre à flot le système éducatif notamment par un renforcement du nombre et des compétences des enseignants.
Ecrire que l'ordinateur présente des risques pour la santé de l'enfant notamment au niveau de la vue et du comportement; que l'éducation nécessite des échanges humains (socialisation) ; que ce qui est bon pour les adultes ne l'est pas forcément pour de jeunes enfants ; que l'ordinateur risque d'isoler du monde réel (simulation) ; etc. n'est ni nouveau ni très original. Ce qui serait nouveau serait de produire les résultats d'études scientifiques rigoureuses toujours extrêmement difficiles à faire dans le domaine de l'éducation où le poids du subjectif est énorme. Voir les débats sans fin sur les niveaux qui baissent et les niveaux qui montent ! Qui ne connaît les errements sur les " tests " éducatifs ? Que mesure-t-on au juste ?
Pour ce qui est de la France, le danger de l'overdose est encore loin ! Il faudrait d'abord qu'il y ait suffisamment de machines et qu'elles soient suffisamment utilisées. Ceci dit, l'Epi - qui a une expérience trentenaire - a toujours été très nuancée. L'ordinateur n'est pas la panacée et ne résoudra pas à lui seul les problèmes auxquels le système éducatif est confronté. La plupart des enseignants qui pratiquent l'ordinateur avec leurs élèves (de l'ordre de 10% des enseignants dans les enseignements primaire et secondaire) se réfèrent à une tradition française déjà ancienne qui donne la priorité à la pédagogie sur la machine. Ils ne le font - ne serait ce que pour des raisons matérielles mais pas seulement - qu'un nombre d'heures limité dans la semaine et c'est bien ainsi. Ils pratiquent pour des raisons finalisées (journal de la classe, dépouillement d'enquêtes, expériences assistées par ordinateur, simulation, calculs numérique et formel, consultation de banques de données, CAO dans les enseignements technologiques, etc. la liste est déjà très longue). Mais pour l'instant, la généralisation sur ces bases butte sur la formation des enseignants . Comprenez la formation aux utilisations pédagogiques pertinentes, pas la formation à un simple traitement de texte.
Que nous réserve l'avenir ? Quel sera le degré de liberté du système éducatif devant l'arrivée massive des machines hors de l'Ecole ? et celle des robots-profs ?
Jacques Baudé, 16 septembre 2000.
La brochure propose une série de sites intéressants en la matière :
http://www.education.fr
http://www.educlic.education.fr
http://www.univ-nancy2.fr/Amphis/
http://www.iufm.education.fr
http://www.univ-enligne.prd.fr
http://www.canal-u.education.fr
http:/:www.educasource.education.fr (nous avons testé sans succès)
http://audiosup.net.u-Paris10.fr
http://ldt.proto.education.gouv.fr/formasup/