Cela fait un moment que l'effort nécessaire en faveur des Stic est mis en avant. Pour la première fois cela se traduit par des mesures concrètes.
Mais on reste loin des besoins et de la compétition internationale. La NSF (National Science Foundation) américaine consacre plus du tiers de son budget aux Stic, qui représentent cette année moins de 8% (7,9% exactement) du budget français de la recherche civile.
Dans ce même budget, l'espace a une part de 17% le transport et l'aéronautique 10 %. Les Stic, premier domaine de croissance économique dans le monde aujourd'hui, a besoin d'un engagement net pour permettre à la France de rester dans la course.
Nous apprécions la croissance des allocations de thèses (portées à 4000 soit une augmentation de 200 et soit une croissance de 5%), et le discours engagé qui présente cette mesure. Il parle d'une véritable politique de l'emploi scientifique. Il le situe dans le sens de la gestion prévisionnelle des effectifs, préconisée par le rapport Cohen/Le Déaut.
Mais, malgré le ton volontariste, nous sommes loin des recommandations du rapport Cohen-Le Déaut. Ces députés préconisent une loi programmatique avec des objectifs clairs pour l'avenir, fondés sur une bonne appréciation de la démographie des scientifiques en France, qui va poser un problème d'ici cinq ou dix ans. Il n'est pour l'instant pas question d'une telle loi, et d'une vraie gestion prévisionnelle.
265 emplois dans les EPST, moitié ingénieurs moitié chercheurs, cela correspond à 4% au total... voilà une modeste augmentation si l'on anticipe les départs massifs à la retraite. Le choc sera dur entre 2005 et 2010. Le vivier de scientifiques dont nous disposons aujourd'hui sera-t-il là demain ?
Même s'il ne s'agit pas d'espèces sonnantes et trébuchantes pour l'immédiat, nous apprécions ici une réelle croissance qui va permettre aux laboratoires de pousser leurs investissements.
Mais ces chiffres semblent modestes, si on les met en perspective avec les 385 MF consacrés à l'aéronautique civile. Ce montant une fois défalqué de l'ensemble, la croissance se limite à 1,53%, à peu près la moyenne de ces dernières années. Et cet effort aurait été conforté, si ces autorisations de programme avaient été assorties de crédits de paiement en augmentation significative.
La croissance est importante, en particulier pour le FNS (+ 26%) et du FRT (+ 10%). Le ministère va pouvoir mener une politique vraiment significative
Mais, dans le FNS, les Stic ne représentent que 5%. Le ministère donne la priorité à la biologie, aux sciences de la vie. Bien, mais où sont les priorités affichées ?
Les Stic ne sont vraiment mises en avant que sur le FRT. Or ces fonds ne bénéficient qu'à des projets en partenariat avec l'industrie, exigeant cofinancement et finalité applicative à moyen terme. Impossible d'investir sur des projets qui déboucheront que dans dix ans;
Là, nous sommes "à côté de la plaque", à la différence des Américains, industriels compris, dont un rapport récent a souligné l'importance du soutien à la recherche fondamentale. C'est cela qu'il fallait privilégier;
Les dotations ont augmenté de façon significative dans certains cas, en particulier pour l'Inria, mais aussi pour la recherche universitaire (+ 8%).
Ces dotations ont un caractère très politique. Le CNRS reste puni, il n'a que 0,9%, c'est-à-dire moins que l'inflation. Pourquoi ?
Le gouvernement peut mieux faire. Dans une conjoncture économique aussi favorable, pourquoi en rester à un budget comparable à ceux des années antérieurs, si l'on ne tient pas compte de l'Airbus A3XX et des autorisations d'investissement.
Le gouvernement doit mieux faire parce que c'est la recherche qui bâtit le futur. Si on avait donné à la re herche ce qui a été accordé au patrons camionneurs, l'augmentation atteindrait 5,5 %. Or ce sont les Stic, et non les transports routiers, qui créeront de l'emploi pour nos enfants.