L'association Specif (Société des Personnels Enseignants et Chercheurs en Informatique de France) regroupe actuellement plus de 600 adhérents issus de l'Enseignement Supérieur, du CNRS et de l'Inria et est une des associations fondatrices de l'Asti. Nous pensons en effet que la disparition de l'Afcet comme société savante a nui à la visibilité des activités dans notre domaine, notamment à l'étranger.
L'Association française de calcul créée en 1957 par l'astronome André Danjon, directeur de l'observatoire de Paris et le mathématicien Jean Kuntzmann, fondateur de l'Imag à Grenoble, a été la première préfiguration d'une telle société savante où se sont retrouvés les partenaires de la recherche et de l'industrie dans notre domaine qu'on n'appelait pas encore l'informatique.
En 1967, la section Mathématiques du CNRS devient la section Mathématiques-Informatique. La même année se crée l'Inria à Rocquencourt qui regroupe cette fois des chercheurs informaticiens et automaticiens. En 1975, le Département Sciences Pour l'Ingénieur est créé au CNRS comme un carrefour pluridisciplinaire où se côtoient des recherches en mathématiques, physique, chimie, informatique, électronique, mécanique... à partir de problèmes concrets.
Cette année 2000 voit se concrétiser une priorité thématique très nette en faveur de notre domaine d'activité. Geneviève Berger, nommée le 30 août dernier à la tête du CNRS déclarait au " Monde " le 6 septembre : " J'ai une double priorité. D'abord, les sciences de la vie, mais en liaison avec l'ensemble des autres disciplines. Les progrès de la biologie sont venus d'autres domaines, et il faut réfléchir à la meilleure façon de nourrir cet apport. Ensuite, les sciences et technologies de l'information et de la communication. Je suis favorable à la création, au sein du CNRS, d'un nouveau et huitième département qui leur soit consacré ".
De son côté, Bernard Larrouturou président-directeur général de l'Inria déclare (voir Asti-Hebdo n°2) également prioritaires deux secteurs d'application : télécommunications et multimédia d'une part, santé et biologie d'autre part.
Le projet de budget civil de recherche et développement pour 2001 annonce " une croissance forte des moyens alloués aux thématiques prioritaires, au premier rang desquelles les sciences du vivant et les nouvelles technologies de l'information et de la communication ". Le projet annonce également des mesures catégorielles destinées à améliorer les perspectives de carrière des personnels.
Specif ne peut que se réjouir de ces annonces qui situent nettement les Stic au coeur des enjeux de société. L'informatique n'est plus seulement la discipline verticale que nous défendons (et Specif joue un rôle essentiel dans cette défense), mais elle est en train de devenir en même temps une discipline transversale irriguant tous les autres domaines d'activité. Elle a apporté aux autres disciplines d'abord la modélisation des données, puis la modélisation des démarches de traitement. Elle a aussi permis des progrès fulgurants en instrumentation et en imagerie. Les enseignants-chercheurs d'informatique (27° section du CNU) représentent actuellement 4,7 % de l'ensemble des collègues de l'enseignement supérieur toutes disciplines confondues. Cette proportion tombe à 2,2 % pour les chercheurs en informatique travaillant dans les EPST. Actuellement, notre domaine comprend 29 UMR et 54 équipes d'accueil.
L'Inria annonce un doublement de ses effectifs en trois ans. En 2001, le CNRS doit créer 70 postes, notamment pour le nouveau département Stic. Cependant, il est à craindre que la pénurie d'informaticiens empêche de pourvoir tous ces postes. Cette année, sur 800 bourses Cifre proposées, 200 n'ont pas été pourvues faute de candidats. Les salaires pratiqués dans l'industrie sont hautement dissuasifs face aux 200 MF distribués pour l'ensemble des allocations de recherche. On observe depuis 1996 une baisse des effectifs en DEA d'informatique et cela ne va sans doute pas s'améliorer rapidement, les DEUGs scientifiques ayant perdu 25 % de leurs effectifs en quelques années.
Alors, tout ce qui vient conforter les moyens de la recherche dans nos domaines d'activité ne peut être que bénéfique et donc attractif pour nos étudiants. Un autre élément permettant d'accroître la visibilité de notre domaine est une bonne coordination des efforts dans les différentes structures de recherche : CNRS, Inria, universités. Enfin, une plus grande ouverture vers les étudiants étrangers est également souhaitable. A titre d'exemple l'Université de Stanford a actuellement 80 % d'étudiants étrangers qui peuplent ensuite les labos et les entreprises de Californie et d'ailleurs.