Sommaire : Trois questions à Jean-Paul Bois | Actualité de la semaine | Enseignement | La recherche en pratique: | Le livre de la semaine
Asti-Hebdo : Quels sont aujourd'hui les thèmes majeurs de la recherche chez Xerox ? Toujours le papier électronique ?
Hervé Gallaire : Plus généralement, nous nous intéressons aux matériaux. Le papier électronique, bien sûr, mais aussi les diodes laser, les matériaux organiques conducteurs et surtout les Mems (Micro electro mechanical systems). Ces technologies forment le socle de matériaux nouveaux, des matériaux "intelligents", combinant capacité de calcul et matière. Par exemple des têtes d'impression, ou d'autres dispositifs comportant de nombreux capteurs et actuateurs.
Nous consacrons aussi beaucoup d'énergie à la gestion de connaissance : linguistique, gestion des contenus, interaction homme-machine et interaction entre les personnes, agents etc.
A.H.: Les interfaces homme-machine sont de tradition au Parc !
H.G. Oui. Et nous continuons. Notamment pour les interfaces sur le web. Comment donner à l'internaute une meilleure idée de sa position dans le réseau, pour y circuler dans de meilleures conditions ? Nous cherchons des repérages plus intuitifs, qui lui fasse par exemple sentir s'il est sur un point un peu chaud, par rapport à la recherche en cours, ou au contraire en un endroit isolé. Il s'agit ici surtout de techniques graphiques.
Le document, au sens large, reste pour nous un thème majeur. Comment, par exemple, rendre le téléphone portable plus efficace pour accéder aux ressources documentaires ?
A.H. : Pour un chercheur en informatique, le Parc offre-t-il toujours des perspectives prometteuses ?
H.G. Nous employons 1300 chercheurs, dont 300 sont au Parc. La plupart aux Etats-Unis, Canada, Royaume-Uni, France... En outre, notre partenaire japonais, Fuji-Xerox, s'intéresse sensiblement aux mêmes thèmes que nous (Mems, gestion des connaissances).
La majorité de nos chercheurs (60%) sont des spécialistes du "hard" (matériaux, électronique), les autres se consacrent aux logiciels, avec de petits noyaux en sciences humaines. Nous voulons en effet comprendre comment sont utilisés nos produits et nos serveurs, par exemple dans quelle mesure un utilisateur est perturbé par la nécessité de travailler simultanément avec deux interfaces différentes. Ou, pour les services de maintenance, comment aider les techniciens à créer et naviguer efficacement dans les bases de "tips" (trucs) qu'ils élaborent au fil de leurs interventions.
De ce point de vue, ce qui est intéressant, chez nous, c'est que les chercheurs en logiciel et en sciences humaines sont intégrés à des laboratoires (Cambridge, par exemple) qui disposent d'importants moyens matériels ou logiciels. Leurs idées peuvent directement être testées sur des prototypes.
La bonne santé actuelle des Stic (sciences et technologies de l'information) rend le recrutement plus difficile en général, et les départs plus nombreux. Mais la forte image du Parc nous permet d'attirer beaucoup de jeunes. Ce qui n'empêche pas quelques anciens, quelques fondateurs comme Stucard, d'être toujours chez nous, et toujours aussi innovatifs.
A.H. : Quel est votre message aux chercheurs français, vous qui avez su atteindre un niveau international ?
H.G. Je leur conseille de travailler dans des laboratoires qui font vraiment de la recherche mais qui débouchent aussi sur les réalisations industrielles. C'est là qu'ils pourront s'épanouir comme chercheurs tout en étant éclairés par les besoins, la demande des utilisateurs.
Je crois qu'un certain nombre de laboratoires français se sont maintenant bien ouverts dans cette voie, et que c'est enrichissant même du point de vue de la recherche en tant que telle.
Interview réalisée par Pierre Berger
Deux articles récents sur Hervé Gallaire :
- "Pour
que les gens travaillent bien ensemble, c'est le projet qui compte,
pas la nationalité" (Le Monde Interactif du
12/6/2000).
-
"La recherche, quel Gallaire !" Portrait par Thierry Butzbach, Le
Monde Informatique du 28/1/2000
Un arrêté du 5 octobre annonce la création du département STIC du CNRS. (JO du 10 octobre, textes généraux du ministère de la Recherche).
Un décret sera publié au J.O dans quelques jours. On peut d'ores et déjà consulter le compte-rendu du conseil des ministres du 25 octobre.
Le CNRS annonce aussi la création du CCSD (Centre pour la communication scientifique directe).
Plus de 40 exposants ont participé au 3ème symposium international de la gestion des connaissances, KM Forum, et 1500 visiteurs (les 24 et 25 octobre au Palais des Congrès de Paris). L'exposition était éclairée par les résultats d'une étude menée par Arthur Andersen, Trivium et Valoris sur la gestion des connaissances, "fin d'un effet de mode, amorce d'une réalité pour les entreprises françaises".
L'innovation en matière de serveurs et portails web se traduit par leur capacité à intégrer des outils permettant de créer, organiser, gérer, traiter de façon collaborative les connaissances : couche KW de mysap.com, "skill mining"d' Hyperwave Information Server, module Knowings e-com de travail communautaire de Knowings. Meta4 est lui aussi spécialisé dans la gestion du capital humain. Son volet KnowNet a pour fonction push et pull de mettre à disposition des individus l'information dont ils ont besoin en fonction de leur profil et de leurs missions. C-log International. bénéficie d'un partenariat technologique avec le CEA pour sa méthode MKSM.
Outre les outils de profiling et de modélisation, on note la présence d'un certain nombre d'outils sémantiques dans les logiciels de recherche d' informations en langage naturel, de Lexiquest à Invention Machine, en passant par les agents utilisés par les portails pour traquer l'information.
Une nouvelle discipline naît, le e-learning, avec un LearningSpace de Lotus, ou un Hyperwave Training Portal, qui cherchent des voies nouvelles pour la formation. Ces approches du e-learning sont en train de devenir, selon Pea Consulting (Euriware) et I2, un levier puissant d'accompagnement lié à la mise en place des nouvelles solutions dans l'ERP, le CRM, la SCM.
Mireille Boris
La campagne électorale américaine fait rage. L'ACM (Association for computing machinery) prend position... dans le neutre, et renvoie dos à dos les deux candidats, qui "ni l'un ni l'autre n'ont inventé Internet".
Le SCNS demande la création, à l'échelle européenne, d'une structure consultative pérenne destinée à "éclairer les décisions les plus en amont concernant la recherche scientifique". Le syndicat veut ainsi répondre à l'éclatement des systèmes de financement en renforçant les moyens du contrôle démocratique.
Une idée de Sony. L'article de Transfert Infos.
Aux réactions que nous avons publiées dans notre numéro 6, ajoutons celle du Snirs (Syndicat national indépendant de la recherche scientifique, CFE/CGC)
"Si le BCRD 2001 affiche une progression que " d'autres ministères doivent lui envier ", le Ministère de la Recherche peut mieux faire. Compte tenu de la croissance annoncée et d'une cagnotte révélée au public, nous attendions un budget qui ne se contente pas de soutenir ses priorités mais prenne aussi en considération la nécessaire préservation d'une veille scientifique dans l'ensemble des domaines.
"Les priorités du gouvernement concernent :
- les sciences du vivant avec des créations d'emplois à
l'INSERM et un budget en augmentation ;
- le développement des sciences et technologies de
l'information et de la communication (STIC) avec les créations
d'emplois à l'INRIA et pour le nouveau département des
STIC du CNRS ;
- le renforcement des capacités d'intervention du
ministère de la Recherche avec des augmentations importantes
pour le Fonds de la Recherche et de la Technologie (FRT) : CP d'un
montant de 720,50 MF soit + 7,5 % et du Fonds national des Sciences
(FNS) : CP d'un montant de 718 MF soit + 27,1 % ; ces augmentations
sont à comparer avec celle du soutien de base des
unités de recherche des EPST qui n'atteint que 6,5 % pour un
montant total de 3125 MF (les CP des fonds FRT + FNS
représentent 32 % du total des CP attribués à
l'ensemble des EPST et 46 % du seul soutien de base).
"La création de postes chercheurs et ITA marque un renversement de tendance qui devenait indispensable afin que la France maintienne son rang au sein de la compétitivité internationale ; toutefois le SNIRS réitère sa demande d'une loi de programmation sur l'emploi scientifique pour anticiper les nombreux départs en retraite."
PCIE - Le permis de conduire informatique européen ?
Pour présenter le PCIE, ses objectifs, son importance pour notre économie, son intérêt pour les entreprises, les administrations de même que pour les utilisateurs, aisni que les procédures à suivre pour l'obtenir,
la Section Romande de la Société
Suisse des Informaticiens organise une Table Ronde
le mardi 7 novembre de 18:00 à 19:30 heures à l'Aula de
l'Ecole d'Ingénieurs de Genève
Avec la participation de:
Monsieur Joerg Ruegg, Président de l'association ECDL-SI
Monsieur Raymond Morel, Directeur du Centre pédagogique des
technologies de l'information, Genève
Madame Anne Fritsch, Responsable PCIE pour la Suisse romande
Débat public, entrée libre. Inscriptions: sisr@cui.unige.ch
Parmi les mesures fiscales destinées à soutenir la recherche dans les entreprises, le CIR (Crédit impôt recherche) a l'avantage d'une facilité de trésorerie relativement facile à obtenir. Nous avons signalé la récente parution d'un petit guide pratique (AH numéro 4), mais avons pensé utile d'aller plus au fond des choses en rencontrant le spécialiste de la question au ministère de la Recherche (MRT), Christian Orfila.
Les principes avaient été posés en 1988-90. Nombre d'entreprises, notamment des SSII (sociétés de service et d'ingénierie en informatique) s'y étaient alors engouffrées et en ont abusé. Cela a fait du tort, et abouti à un contentieux fiscal important qui aujourd'hui n'est pas complètement dénoué. En revanche, la leçon n'a pas été perdue et les dispositions actuelles permettent d'éviter toute mauvaise surprise.
Qu'ils opèrent au sein d'une entreprise ou d'un laboratoire public, les animateurs de projets de recherche ont intérêt à connaître le système actuel de façon à bien présenter les aspects budgétaires de leurs propositions. Ils seront ainsi en meilleure position, soit pour obtenir le contrat de l'entreprise partenaire, soit pour obtenir un financement plus important de leur partenaire industriel ou de leur propre entreprise.
Aujourd'hui, on peut (et il faut donc) faire la demande au préalable, auprès du ministère de la recherche. Le ministère a six mois pour répondre, mais réagit en moyenne dans les deux mois. Le projet peut être lancé dès la date de la demande.
Ces décisions s'imposent au ministère des Finances. Au moment des contrôles fiscaux, la DGI (direction générale des Impôts) ne peut pas émettre d'avis sur le fond d'un dossier sans consulter le MRT. Il n'y a plus, comme autrefois, d'effet "pochette-surprise" : l'entreprise faisait une déclaration avec crédit d'impôt et attendait de voir si elle était acceptée par les services de la DGI. Aujoud'hui, on sait dès le départ si l'on pourra on non bénéficier du CIR.
Les instructions données en janvier 2000 pour l'instruction des dossiers donnent l'assurance de pouvoir dialoguer avec un expert. Les deux ministères se sont mis d'accord sur la règle du jeu, et depuis il l'y a pas de contentieux.
Attention : pour bien présenter les dossiers de demande, et plus encore pour défendre leurs comptes devant l'administration fiscale, les entreprises qui font valoir leur droit au CIR doivent présenter une comptabilité sans faille. Il faut la tenir au jour le jour, au moins une fois par semaine, avec les personnels affectés et le temps passé. Une reconstitution "bidon" des temps passés, faite plusieurs mois sinon plus d'un an après l'exécution des tâches, n'aura aucune valeur probante. Il faut donc mettre en place une "comptabilité recherche" dès la demande de subvention.
Le CIR se justifie pour tout projet, même petit (une centaine de milliers de F). Car il permet de gagner du temps sur le paiement des impôts.
La recherche en informatique ne se différencie pas des autres disciplines pour ce qui concerne le CIR. Elle peut d'ailleurs se mener non seulement dans les entreprises informatiques (constructeurs, SSII), mais dans tous les secteurs économiques. La vente par correspondance, par exemple, peut avoir besoin de travaux sur le dédoublonnage des adresses.
Deux points sont importants :
- la qualification des personnels comptabilisés comme faisant
de la recherche : seuls les docteurs et ingénieurs en
pratique.
- une indication de l'état de l'art au départ et des
avancées que la recherche envisagée entend apporter
C'est la "production de recherche" à proprement parler.
Un produit n'est pas éligible dans sa totalité. Les investissements d'industrialisation, par exemple, ne peuvent être comptabilisés comme de la recherche.
Notons que l'accord sur le crédit d'impôt ne découle pas automatiquement d'un soutien de l'Anvar. Ce soutien est un indicateur favorable, rien de plus; Les conditions comme les objectifs des deux aides ne sont en effet pas identiques. Des projets non soutenus par l'Anvar peuvent bénéficier du CIR. L'Anvar s'intéresse plus à la valorisation à court terme; Ce point n'a pas d'importance pour le CIR.
Toutes précisions peuvent être obtenues au ministère ou auprès des délégués régionaux à la Recherche et à la technologie (DRRT).
Article réalisé avec la coopération de Roland Deboux, créateur de la SSII Servant Soft et ancien expert-comptable.
Les établissements d'enseignement supérieur et le Centre national d'enseignement à distance (Cned) vont créer une offre unique de télé-enseignement, indique notre confrère Transfert Infos
Rappelons que la comparaison des plates-formes techniques est une des spécialités du Préau, organisme fondé dans le cadre de la Chambre de commerce et d'industrie de Paris, qui y consacre plusieurs de ses prochaines réunions.
De la documentation et des services à la Guilde des doctorants (non spécialisée en informatique et autres Stic). Noter en particulier un substantiel guide du doctorant. Tout ce qu'il faut savoir avant de se lancer dans une thèse, y compris ... à quoi ça sert !
De nombreuses informations utiles aux chercheurs sont
diffusées par Jean
Grisel dans sa "Diffusion Paris 7". Dans sa dernière
édition, noter :
- création du centre pour la communication scientifique
directe
- forum à Lyon le 14 novembre sur la mobilité entre le
CNRS et les entreprises,
- rapport Baixeras-Chabbal : les structures d'incubation au CNRS...
Dominique Wolton est surtout connu pour de gros ouvrages destinés au milieu cultivé des sciences humaines. Le "petit manuel de survie" qu'il vient de publier chez Flammarion, sous forme d'interview, est d'un style très enlevé. On peut le lire même pour le plaisir !