1961-1967 La Foncière

Le bureau "réassurance aviation".

Toutes les photos 

Le cadre

Général

Avril 1961. Entré à la compagnie d'assurances La Foncière. Je ne deviens pas assureur par vocation (c'est rare, d' ailleurs, hors les fils d' agents d' assurance peut-être). Mon père n' est pas enthousiaste. Pour lui, l' assurance, c' est comme la banque, en moins intéressant. Mais il n' est pas à l' époque si facile de trouver du travail, quand on n' a aucun diplôme et le profil plutôt négatif d' un plus ou moins défroqué.

Je fais une tentative chez Olivetti (comme Jean-Paul Bois qui, lui, entrera), puis j' appelle mon parrain René Pauly :
- Je cherche du travail. J' aimerais avoir votre avis.
Une courte pause :
- Amène toi, je te prends.

Comme mes parents font un voyage en Italie avec les De Raucourt pour fêter leur acquisition commune d'une Citroën DS 19 (cette voiture qui assure enfin une digne successsion à la Traction avant), je pars avec eux. Mamie nous rejoint à Rome, je reviens en train.

Au retour, je me présente à l'entrée de La Foncière. Un bel immeuble hausammnien à colonnes, au coin de la place de la Bourse. Pauly le fera, hélas, habiller de faux marbre pour le moderniser.. Il faut dire qu'on était moins sensible, à l'époque, aux charmes d'Hausmann.

Un milieu antédiluvien

Comme pendant la guerre et à La Lande, je pénètre dans un monde retardataire, quasiment d'avant-guerre.

Je souhaite rester discret sur ma relation personnelle avec le patron. Et mon premier entretien d'accueil officiel n'y fait aucune allusion. mais je m'aperçois bien vite que tout le monde est au courant. En fait, quand il m'avait pris au téléphone, mon parrain était en plein comité d'entreprise et avait dit en raccrochant "Je viens d'embaucher mon filleul". Et dans cette petite compagnie très "familiale", c'est le genre d'information qui faisait rapidement le tour de la maison.

Cette situation n'a d'ailleurs rien d'exceptionnel. Les embauches par relations familiales sont courantes à l'époque. Une famille est si largement représentée à la Foncière que court la devise "Eau, gaz et Boudard à tous les étages". En fait, l'entreprise y trouve son compte. Les plus anciens d'une famille offrent une sorte de caution morale pour les suivants. Comme on privilégie régularité et stabilité des personnels bien plus que créativité et réactivité, les relations familiales font tout à fait partie de la vie sociale.

A la Foncière, l'ancienneté moyenne est à l'époque énorme : 25 ans ! En effet, à la Libération, les compagnies d'assurance avaient été dépouillées, pour créer la sécurité sociale. d'un trait de plume et sans contrepartie (m'a-t-on dit) de leurs affaires "maladie". René Pauly avait juré : "Je ne licencierai personne, mais je n'embaucherai personne tant que nous ne serons pas revenus à des effectifs normaux". Ce courageux engagement social se payait d'une certaine pauvreté de la maison. Quand je suis arrivé, mobilier et peintre n'avaient pas été changé ni refaits depuis des années, et remontaient à l'avant-guerre.

La guerre, l'occupation, les collaborateurs et les résistants... tout cela est encore bien présent dans les mentalités en 1961. Et crée des méfiances et des antipathies jusqu'aux plus hauts échelons de la hiérarchie (notamment René Pauly et Pierre Breton).

Tout cela était d'un tel archaïsme qu'un autre jeune, entré en même temps que moi, part horrifié au bout de deux mois

Je ne me laisse pas dérouter par ces archaïsmes, n'ayant d'ailleurs pas beaucoup d'éléments de comparaison. Gentiment accueilli dans le bureau de madame Chiesa, seul homme au milieu de dix femmes, assez vite convaincu que je serai un jour, assez vite, le grand chef, je me lance avec intérêt, sinon avec passion, dans l'apprentissage de ce nouveau métier.

Je me suis donné quelques mois pour réfléchir. Conformément à mes résolutions, je fais une retraite chez les jésuites de la villa Manrèse, à Clamart. Allais-je rentrer au séminaire ? La décision est négative. Mon directeur de conscience , monsieur Coulombeix me voyait revenir un jour... mais, influencé par exemple par Jean de Bonald, je tranche pour la négative. Et, à la surprise de mon parrain et de quelques autres, je pense, reviens à la Compagnie et annonce ma ferme intention d'y rester.

Mon choix est clair : incertain sur ma personnalité, ma capacité de m'intégrer à la vie courante, j'ai décidé de rester au moins cinq ans à la Foncière, pour faire mes preuves d'homme vis à vis des autres aussi bien que de moi-même.

Il n'est pas certain que cela ait fait plaisir à tout le monde. En particulier au chef de service François Salaun qui, à partir de cette date, peut légitimement voir en moi un concurrent pour une place qui sinon, et sauf sa meilleure santé, lui revenait naturellement : la responsabilité du service Réassurance. Je mettrai un certain temps à comprendre cela. Pour autant, il se montre un collège cordial et un chef exigeant, donc utile.

Il ne tolère pas, par exemple, que je me trompe dans les additions et que je sois incapable de faire un (assez gros) minimum de calcul mental.

Peu à peu, je fais le tour des services. La réassurance Transports après l'Accident. Mes perspectives d'avenir auraient un peu buté si, opportunément pour, la prise de contrôle de la Foncière Incendie n'apportait les perspectives d'un service à ma mesure. Il me faut patienter, bien sûr, pour attendre le départ en retraite de la titulaire, Mademoiselle (Madeleine) Coderch, avec qui je m'entends au mieux et qui m'apprend tout ce qu'elle sait du métier.

Je comprends aussi les structures sociales, par analogie avec l'armée, où la rupture est nette entre la troupe (avec sa hiérarchie qui va jusqu'à l'adjudant-chef) et les officieres. Ici la troupe, ce sont les employés les officiers sont les cadres.

A la cantine des cadres (comme à Saint-Louis, d'une certaine façon), je rejoins assez vite une table d'habitués, les autres sont priés de n'y prendre place que sur invitation. Ici la règle est que le premier à "parler boulot" paye à boire. Chacun s'efforce donc de tendre des pièges aux autres. Le métier d'assureur ouvre d'intéressants opportunités en ce sens.

Enfin, c'est évidemment à La Foncière que je découvre l'utilisation des cartes perforées... et l'évolution de leurs technologies. A mon arrivée, il y a peu de machines et elles sont d'un modèle d'avant-guerre (voir par ailleurs mes notes sur ces questions). Sur un point cependant, ma compagnie a une stratégie novatrice : une partie du travail est fait dans les directions régionales, qui jouissent d'une large autonomie, et qui n'envoient au siège que les éléments nécessaires aux travaux de synthèse. '

Je fais toutes sortes d'efforts pour convaincre mon entreprise d'aller vers l'informatique. En particulierà la suite d'une visite au groupe Drouot, alors très en avance. Je rédige une note pour ma direction, qui me la renvoie, annotée au crayon : "Laissons le Groupe Drouot essuyer les plâtres". C'était peut-être assez sage, d'ailleurs. Pour augmenter la pression, je commence à écrire des articles dans la presse professionnelle.'

Vers 1964, nous prenons la contrôle de la Foncière Incendie, qui rejoint nos bureaux, et y apporte un parc mécanographique beaucoup plus moderne. Comme je deviens responsable de la réassurance incendie, je deviens de ce fait utilisateur d'une application classique des cartes perforées. Mes compétences augmentent de ce fait. '

Vers 1965, notre directeur général se laisse convaincre de franchir le pas d'une informatisation ("pour nous mettre en mesure de prendre le contrôle de nos concurrents"... les commerciaux d'IBM savent prendre les patrons dans le sens du poil). On me charge d'étudier ce qui concerne la réassurance. Et même, comme j'insiste, on me propose de devenir le chef programmeur de la Compagnie. Je n'ose pas accepter, craignant de n'avoir pas le niveau mathématique suffisant ... Erreur ? Je ne suis pas sûr qu'il faille le regretter, étant donné la suite. '

Les humains

Une table d'habitués, les autres sont priés de n'y prendre place que sur invitation. Ici la règle est que le permier à "parler boulot" paye à boire. Chacun s'efforce donc de tendre des pièges aux atres. Le métier d'assureur ouvre d'intéressants opportunités en ce sens.

Monsieur Sautter

Madame Chiesa
Madame Delorme

Lulu
Patrigeon
Nogrette slips sur mesur
Tauzin : mon travaila, c'est varié ; violoniste genre tzigane
le petit jeune l'os en gelée

(Dédé) André Bosse

Foncière Incendie
Madeleine Coderch
la plus âgée un peu pas contnte
la plus jeune

Autres cadres
Besson(organisation), Bernard (comercal), Breton (transports), Albarède, le juriste, Deseine,directeurfinancier, Buisson (plus jeune), archéologue DeLestrée
Deladerrière (CFTC)

A la mécano : Mlle et l'ancien

'Une table d'habitués, les autres sont priés de n'y prendre place que sur invitation. Ici la règle est que le permier à "parler boulot" paye à boire. Chacun s'efforce donc de tendre des pièges aux atres. Le métier d'assureur ouvre d'intéressants opportunités en ce sens. '

Directeur général : René Pauly, mon parrain. Finira mal quelques temps après mon départ (pris dans la caisse pour payer ses maîtresses ?)

Monsieur Sautter, fondé de pouvoirs, dirige le service Réassurances

Réassurance accidents : Madame Chiesa
Madame Delorme, Mme Lemarchand, une dactylo

Réassurance maritime facultés Lucienne.. Mme Lulu
Patrigeon
Nogrette slips sur mesure
Tauzin : mon travail, c'est varié ; violoniste genre tzigane
Jacky l'os en gelée

Corps (Dédé) André Bosse , Patrigeon (boit trop. histoire avec les Logabax, Salaun voit que son travail ne sert à rien. tristesse)

Foncière Incendie
Madeleine Coderch
une employée âgée, pas contente du changement
la plus jeune

Cadres ou directeurs d'autres services
Besson(organisation), Bernard (commercial), Breton (transports), Albarède, le juriste, Deseine, directeur financier, Buisson (plus jeune), contentieux archéologue DeLestrée
Deladerrière (CFTC)

A la mécano : Mlle ?? et l'ancien, qui vivra mal le passage à l'informatique, y compris les phases pénibles de la "transcodification"

Ujarf/ACA. Durosoy, Nardin, Prévotés Ujarf/ACA. Durosoy, Nardin, Prévotés
FFSA, mon travail sur le graphique intéresse la fédération (groupe de travail dans le cadre du Capa ?)
Capa

Studio, puis St Jean Baptise de Belleville

 

puis St Jean Baptise de Belleville . Réunions avec les communistes

Je suis extrêmement actif, créatif. Certainement trop pour le milieu Assurances, surtout qund on n'a pas les diplômes qu'il faudrait.
L'informatique m'aurait donné une meilleure chance... bien que pas polytcechnicien...

Environnement technologique

Quand j'arrive à La Foncière, je débarque dans un environnement technologique qui n'a pratiquement pas évolué depuis les années 1930 '

L’éclairage, au moins à notre étage, est assuré par des « monte-et-baisse ».

Les employés sont en blouse. Les papiers sont rangés dans des rayonnages faits sur mesure avant-guerre, et on est fier de rappeler qu’ils sont en chêne de Hongrie, réputé sans nœuds.

Il y a le téléphone, bien entendu. Mais pas sur chaque bureau. Les cadres ont leur poste, les autres s'en partagent un pour deux ou trois. La commutation est automatique pour Paris. Mais pour la Province, a fortiori pour l'étranger, il faut passer par le standard (deux personnes, dont une femme non-voyante), qui ne donne pas la communication sans demander pourquoi. '

Pour le Télex, je n'ai pas souvenir que mon service l'utilisait. Il y avait encore des pneumatiques et des télégrammes, mais nous étions peu concernés dans mon service. En revanche, Marie-Thérèse et moi en avons reçu d'assez nombreux pour notre mariage, ces petits papiers bleus où le texte, obtenu sur de petites bandes blanches, était collé à la va-vite et apporté par le traditionnel "petit télégraphiste". '

On additionne beaucoup à la main, mais tout de même avec un certain nombre de machines à additionner et à multiplier/diviser. Au cours de mon séjour, ces machines tendront à se multiplier et à se perfectionner (un moteur électrique suppléant aux manivelles à main), mais sans changer de principe. On tape des chiffres et les résultats s’impriment sur du papier en rouleau ou s’affichent (les chiffres sont marqués sur des cylindres rotatifs).

.On passe énormément d'heures à faire des additions, soit à la main soit avec l'aide d'une additionneuse. J'ai peu à peu perfectionné ma technique de frappe. Et, à la fin, je vais plus vite que tout le monde. De plus, je m’habitue à taper de la main gauche, ce qui me laisse la droite libre pour écrire les totaux (Réminiscence de Gilbreth qui voulait utiliser un rasoir dans chaque main ?) . Certes, je fais beaucoup d'erreurs de frappe (multiples de 3), mais j'ai un tel ensemble de contrôle que finalement mon travail était plus fiable que celui des autres., à la limite, même que la comptabilité.

Une des méthodes classiques, c'est la "balance carrée", ou addition en lignes, puis en colonnes, et le total des totaux de lignes doit être égal au total des totaux de colonnes. On n'imagine plus, aujourd'hui, le nombre de heures, les milliers d'heures, passés par les employés à ajuster ces balances !

En particulier, personne ne l'a fait avant moi, je fais rapidement toutes les conversions de monnaies et je contrôle l'ensemble des comptes sur le total.

 

Pour la duplication, on utilise le stencyl (Ronéo) mais aussi des petits duplicateurs à alcool et même, pour certains travaux en grand format, « la pâte ». Il y a un photocopieur, mais il faut un bon pour s'en servir.

Je constate, après quelques déboires, que trombones et petits coins en métal font perdre des papiers. Les épingles piquent. Seule bonne solution : l'agrafeuse. Dans un livre sur Malraux, j'ai vu qu'il y avait désaccord entre lui et je ne sais plus qui à ce sujet. . Mais ces pertes, parfois de papiers importants (originaux de traités) ne sont pas favorables à ma réputationet augmentent mon anxiété.

Pour ma documentation, je continue ce mode de stockage personnel. Je l'applique même à un certain nombre de documents comptables de mon service. Je prends aussi conscience, à ce moment, de la grande facilité avec laquelle on peut perdre un document papier... même un contrat de réassurance signé... Ce sera toute ma vie un peu une hantise, et la saisie sur ordinateur m'en libérera partiellement l'esprit, grâce à de multiples copies de sauvegarde régulièrement assurée. '

J'ai tout de même un problème (qui ne m'a jamais lâché) : de temps en temps, je perds un papier. Cette vielle distraction qui m'a toujours handicapé. C'est une des raisons qui me poussent à ranger méthodiquement mes affaires. Et notamment, suivant en cela un conseil entendu je ne sais plus où, à laisser chaque soir mon bureau totalement dégagé. J'ai toujours gardé cette habitude, assez fréquente dans certaines administrations, mais rare en revanche dans la presse, où l'habitude est plutôt de laisser le papier s'accumuler. Jusqu'au point quelquefois où il faut écrire sur ses genoux (sur papier ou sur ordinateur portable, je pense, au Monde Informatique, à Jacqueline Mattei ou à Patrice Desmedt), car tout leur bureau est recouvert de papier sur plusieurs centimètres d'épaisseur.

 

 

L'aspect le plus moderne est la petite imprimerie intégrée, avec une platine au format A3, je pense, qui permet de réaliser en interne l'essentiel des imprimés de bureau. Le reste des duplications se fait au moyen de diverses petites machines : stencyls Ronéo, duplicateurs à alcool, et même, pour certains documents en grand format, une "pierre humide" (fonctionne comme le duplicateur à alcool, mais à plat). '

La photocopie fait son apparition vers1965. Mais il y a une machine pour toute la compagnie, et il faut pratiquement un bon du chef de service pour en obtenir quoique ce soit. '

Dans cet environnement, le fait que je tape à la machine surprend un peu de la part d'un futur cadre. On le tolère, et à l'occasion on fait appel à moi. Mais, quand je suis nommé cadre, on me fait comprendre que ma machine doit rentrer à la maison, de même que je ne dois plus porter de blouse ni manger à la cantine des employés. Mai 68 n'est pas encore passé !'

L’essentiel du travail se fait en écrivant sur des documents papier, et plus exactement en reportant sur des documents ce que l’on trouve sur d’autres.  Par exemple, en assurance maritime, nous recevons les bordereaux des agences dans le Monde entier,et reportons assurces sur des fiches de navire.

L'ensemble des travaux technico-comptables de mon service se fait essentiellement par des jeux de recopies depuis des bordereaux vers des fiches, et réciproquement. Les bureaux occupent donc un nombre important de personnels peu qualifiés, qui n'ont guère d'autre compétence que leur belle écriture et leur capacité à supporter des travaux routiniers. Certains parviennent cependant à y trouver de la variété : "Monsieur, mon travail est très varié. Regardez. Hier j'ai traité les bordereaux de notre agence d'Istamboul, avec des envois de fruits secs. Aujourd'hui, je fais les bordereaux de Haifa, où il y a surtout des oranges...".'

 Ces papiers portent des noms hérités de l’usage, parfois avec des dérives déroutantes pour le nouvel arivant. Par exemple on appelle « petits cartons » de grandes feuilles de pelure.

On fait grand usage de carbones et de tampons en caoutchouc.  Je bricolerai d’ailleurs une jolie petite armoir pour ranger ceux d’un service. Par la suite, on abandonnera complètement ces tampons.

On écrit au stylo. Et il y a des règles précises. Par exemple on ne doit pas employer le signe $, mais mettre DUS.

On se sert même encore de la plume de ronde pour écrire en grand le nom des navires sur leurs fiches. C’est méticuleux et d’autant plus long qu’il faut attendre que cela sèche pour s’en servir. 

En introduissant le premier marqueur à alcool pour remplacer les  plumse de ronde, je fais une mini-révolution. Le chef conclut : continuez avec votre truc, mais laissez les autres continuer comme avant

Je fais un jour une petite révolution : chez un papetier voisin, je découvre les premiers marqueurs à alcool, et dis à mes collègues que ce serait nettement plus simple et rapide que la plume de ronde. Refus horrifié, sous prétexte notamment que ces marqueurs ont une assez forte odeur de solvant. Consulté, M. Salaun conclut : « Continuez avec votre truc, mais laissez autres continuer comme avant». Mais j’y renoncerai car mes voisins se plaignent de l’odeur.

A titre personnel, c'est vers 1964 que je découvre le Rotring, et en fais mon outil d'écriture exclusif. Ce qui me vaut les gros yeux du notaire quand nous signons notre contrat de mariage. Il insiste pour que j'utilise son crayon à bille spécial, conçu pour ne pas pâlir avec le temps. Je persiste à utiliser mon Rotring. Il se tourne vers mes beaux-parents : "Ca commence bien !". '

Petit détail : pour faciliter mon travail, je m'offre un distributeur de feuilles (Distrifeuilles) : un bref geste de la main, et une belle page toute neuve est à votre disposition. Mais, à ce moment là, je suis déjà cadre et je peux me permettre ce genre de fantaisie

De ce point de vue dactylographique, la situation évolue. A mon arrivée, il y a une dactylo dans le service. Mais, et c'est quasiment traditionnel dans la maison, elle fait tout pour devenir employée à proprement parler et s'intégrer au service. Et elle y arrive. Mais elle n'est pas remplacée, et ces tâches sont transférées à un "pool dactylo", dont l'ambiance ne passe pas pour agréable. Effectivement, ce pool est une pièce où travaillent, assez serrées, une douzaine de femmes, sous l'autorité d'une responsable qui n'est pas spécialement aimable, ce qui se conçoit puisqu'elle est en quelque sorte coincée entre une demande relativement sans limite et un personnel qui n'a aucune raison d'être spécialement motivé.

La comptabilité utilise des machines anciennes, notamment les Logabax, qui dont des additions et des reports sur des grandes feuilles cartonnées, avec un bruit d’enfer, et des Elliott-Fisher dont j’ai oublié la fonction.

Je tente tout de suite, pour bien assimiler tout ce que me montre, de prendre méthodiquement note de toutes les procédures, accompagnées de spécimens des différents imprimés. Je cherche à établir une sorte de manuel où seraient décrites toutes les règles et procédures. Objectif un peu ridicule, car il met sur le même plan des détails du travail qui n'ont rien de fondamental. Objectif assez peu réaliste, même, car il y a une multitude de finesses presque impossibles à recenser, tenant tant à la complexité et l'évolution historique des affaires (notamment les contrats de réassurance) qu'aux caprices et aux inerties des employés et des chefs.

Objectif assez peu réaliste, même, car il y a une multitude de finesses presque impossibles à recenser, tenant tant à la complexité et l'évolution historique des affaires (notamment les contrats de réassurance) qu'aux caprices et aux inerties des employés et des chefs.

Mais on peut aussi voir dans cet objectif de description l'amorce d'un travail spécifique d'automatisation, avec une analyse qui aurait débouche directement sur la programmation.

Dans les termes de la fin du siècle, on pourrait aussi rapprocher mon travail d'une normalisation ISO 9000.

La plupart de ces systèmes complexes disparaîtront d'ailleurs une dizaine d'années plus tard. Ne serait-ce que pour des raisons d'économie : ils exigent en effet des dizaines d'employés pour des tâches qui peuvent en fait, disparaître, moyennant une meilleure conception des contrats (peut-être aussi d'un grossissement de la Cie)

Cette simplification est facilitée aussi par la fusion des entreprises, qui conduisent à de grands groupes n'ayant plus besoin de couvertures aussi fines.Mais on peut aussi voir dans cet objectif de description l'amorce d'un travail spécifique d'automatisation, avec une analyse qui aurait débouche directement sur la programmation.

Dans les termes de la fin du siècle, on pourrait aussi rapprocher mon travail d'une normalisation ISO 9000.

Travaux théoriques et expériences

'Mes études spontanées sont assez techniques (réassurance en excédent de pourcentages moyens). C'est un assez joli travail. Mais d'un intérêt pratique fort limité.  Mr Soleilhavoup, secrétaire général, dont je dépens, essaie de le reprendre à son compte pendant ses vacances de Noël… bref ne prend pas cela au sérieux.

Dans le cadre de la FFSA, je m’intéresse à la présentation graphique des données. Je fais un travail, sur le portefeuille incendie (tableau en deux dimensions suivant les pleins et les montants, avec coloriage en couleurs, en utilisant la belle boite de mon père). Trente ans plus tard, les progrès de l’informatique donneront tout son importance à ces présentations graphiques. Déjà le livre de Mouton dans les années 1970. Puis la « data visualization ». Mais à l’époque, c’est un peu délirant et n’intéresse personne à la Compagnie.

Je cherche aussi à garder des archives sur le long terme des affaires Incendie. Et fais collection de préimprimés anciens de la Compagnie (excursion dans les caves…). Cela n’intéresse personne. Et je jetterai tout cela par la suite. Il y a un document dont je regrette de ne pas avoir pris et conservé un exemplaire, ce sont les grandes fiches par navire de la section Transports. Impressionnantes !

Parmi mes rêveries, en 1972, l'achat du Combi Volkswagen vise pour une part à matérialiser un fantasme de bureau mobile, avec sa bibliothèque papier. Pas question de téléphone portable à l’époque !

J'imagine différentes machines. Je dessine même (vers 1965) une sorte de maquette d'un terminal téléphonique, qui laissait augurer de la future bureautique.

Mes réflexions et mes expérimentations ne se limitent pas à la gestion. Je réalise à cette époque un dispositif d'arrosage automatique pour le jardin de Clamart, qui était dans son fonctionnement analogue à un programmateur de machine à laver. Et qui marchait fort bien. Avec quelque imprudence car je faisais circuler du courant à 110 V dans le jardin sans aucune protection, y compris à proximité des électrovannes placées sur les robinets. Je fus très fier de présenter cette réalisation au cours d'une garden party organisée dans le jardin (avec le "rallye" que pilotait la famille Moufle). Une chance qu'il n'y ait eu aucun accident. Mais, détail amusant, on pouvait, à partir du sous sol de la maison et sans se faire voir, déclencher à volonté les différents arrosages du jardin.

J’apprends à faire rire.

Les cartes perforées

Je découvre les cartes perforées en vraie grandeur. Avec des machines (Samas) qui évoquent plus les années 30 et les machines à vapeur que les années 60 et leurs locomotives électriques. Des carters noirs laissaient voir les cartes circuler bruyamment d'une case à l'autre. Une des machines les plus bizarres, l'interclasseuse, permettait de fusionner deux paquets de cartes, préalablement triées, en fonction de critères adéquats.

A’cette époque, les cartes portent non seulement les programmes (comme ce sera le cas encore au moins dans les années 1970), mais les données. Et par exemple, pour en facilter l’utilisation maunelle, une « interpréteuse » marque  sur le haut le contenu de chaque colonne.

Les machines de la Foncière Tiard sont particulièrement anciennes.

Ma passion se démentit d'autant moins que, au moment de la fusion entre la Foncière Transport et la Foncière Incendie, je fus affecté au département réassurance incendie, qui utilisait des cartes perforées, sous la gentille férule de Mademoiselle Coderch. Il y avait aussi quelques machines bizarres du genre facturière, mais elles ne servaient plus.

Les machines de la Foncière Incendie sont d’un modèle beaucoup plus récents que celles de la Tiard.

Je deviens donc utilisateur, voire, sans le mot, correspondant informatique de mon service (langage des années 80), presque le maître d’ouvrage (langage de années 90). Je m'entendais très bien avec la responsable d'exploitation, qui consentait parfois à faire de petits travaux spéciaux pour moi, en me disant "Surtout ne le dites pas au directeur".

Sur les processus :

Ce n'est pas très compliqué, mais il y a beaucoup de détails.

On va vers l’informatisation. IBM sait vendre, et M. Paulit dit « : il faut que je m'informatise pour manger les autres ».


Je lis beaucoup

A relire mon journal intime de cette époque comme mes écrits publiés, je ne reste pas les deux pieds dans le même sabot. Une activité peut-être assez peu courante chez un jeune cadre de l'époque. Cela tient à la fois à mon dynamisme personnel et au fait que mon statut de "filleul du patron" encourage ma hiérarchie à ne pas me brider.

En particulier :
- je lis beaucoup, et dépense d'ailleurs de l'argent pour acheter des livres ou des abonnements à des revues : La Réassurance, The Review (Je crois que c'est le titre), revue anglaise parlant de la réassurance au niveau international, Computers and Automation.

Le caractère international de la réassurance, de même que de l’informatique, me fait saisir  l'importance de l'anglais  (Je suis un conseil de mon oncle Max : lis sans trop cherche dans le dictionnaire, sinon tu te décourageras). Et des voyages, et vais plusieurs fois à Londres, notamment aux Lloyd"s.  Je deviens ami avec un cadre du Lloyds, qui m’invite chez lui (Two Gates). Mais, suite peut-être à un message maladroit sur l’Europe, la relation s’arrêe.

Wiener, Asimov "Moi robot". Computers and Thought.

Je commence aussi à m'abonner à des revues d'informatique.
Computers and Automation. Je rencontrerai McGovern 30 ans plus tard. Il sera insensible à ces évocations.
Je lis aussi Analog, une revue qui associe science réelle et sciencd fidction. Qui par exemple publie en feuilleton la saga Dunes.


A la Foncière, nous recevions la Revue de la Mécanographie, qui consacrait de plus en plus de place aux machines électronique


- je rencontre beaucoup de personnes, dans tous les servies de la Compagnie, mais aussi dans nombre d'organisations extérieures : ACA (Action catholique de l'assurance), Ujarf (Union des jeunes assureurs et réassurances de France, Capa (Comité d'action pour la productivité dans l'assurance). et je vais rencontrer des assureurs en Angleterre.

On me propose de participer à un club des anciens de Saint-Sulpice. Je refuse. Je préfère tirer un trait sur ce passé, à ce moment là

'1961-1967  Ujarf (Union des jeunes assureurs et réassureurs de France). Fonctionnement de base d'une association. Limites de la démocratie (refus d'accepter des femmes voté à une forte majorité).  '

FFSA.  Travail sur le graphique

Cap (Laleuf), héritage de Tattevni

'1962- 1967 ACA (Action catholique de l'assurance. Collège cadres). Petite structure amicale, pilotée fermement par un Jésuite avec qq. animateurs. Dialogues intéressants, notamment par le jeu tantôt séparé tantôt commun de trois collèges : directeurs, cadres, employés.  Le père Durosoy.  Les trois niveau (directeurs, cadres, employés.  Nardin, Prévôtés (que je reverrai à Maisons-Laffitte je crois après ma perte de foi)

'1963-1970. Membre de Les droits du piéton. Simple cotisant. L'association n'appelait pas à l'action.

 

 

L’informatique

C'est vers 1963 que je commence à élaborer une réflexion plus originale sur le thème qui sera le coeur de ma réflexion pendant tout le reste de ma vie : la montée de l'informatique, de la digitalisation, et ses conséquences de tous ordres, pour l'économie comme pour la philosophie et pour l'art. Et, comme utilisateur à La Foncière puis comme journaliste, je vais en devenir à la fois un spectateur passionné et un acteur engagé. Sur la portée de mon engagement, il est difficile de le mesurer. Aucun de mes articles, à ma connaissance, n'a eu les effets radicaux de "Safari, ou la chasse aux français"...

organiser, décentraliser, l'informatique doit trouver son maître
travail à l'ACA en ce sens
l'informatique est liée à la stratégie (Pauly : il faut que je m'informatise pour manger les autres)
centralisation/décentralisation
Groupe Drouot : manger les agences?

Je note une différence psychologique entre le manager et « l’informaticien ». Je dis une fois à René Pauly, le directeut général : « C’est amusant, nous persons aussi sur tel contrat… » . Je voulais dire, c’est une anomalie. Il me répond tout de go « Et tu trouves ça amusant, toi ? ».  '-

projets avec IBM 625 (vérifier) Je fais un  projet avec une IBM 625 (si c’est le bon numéro, une machine à écrire avec quelques foncgions de calcul.vérifier)-

j'essayais de faire un demi-adder en meccano !

organiser, décentraliser, l'informatique doit trouver son maîtretravail à l'ACA en ce sens l'informatique est liée à la stratégie (Pauly : il faut que je m'informatise pour manger les autres)centralisation/décentralisationGroupe Drouot : manger les agences

A cette époque, j'imagine différentes machines. J'ai même (vers 1965) fait une sorte de maquette d'un terminal téléphonique, qui laissait augurer de la future bureautique

Mes travaux ensuite sur l'informatique ont eu de toutes autres conséquences... surtout pour moi !  

Ma passion se dément d'autant moins que, au moment de la fusion entre la Foncière Transport et la Foncière Incendie, je fus affecté au département réassurance incendie, qui utilisait des cartes perforées, sous la gentille férule de Mademoiselle Coderch. Il y avait aussi quelques machines bizarres du genre facturière, mais elles ne servaient plus. Matériel beaucoup plus récent. Je deviens donc utilisateur, voire, sans le mot, correspondant informatique de mon service (langage des années 80), presque le maître d'ouvrage (langage de années 90).

Je m'entends très bien avec la responsable d'exploitation, qui consentait parfois à faire de petits travaux spéciaux pour moi, en me disant "Surtout ne le dites pas au directeur".

J'ai l'expérience directe de ce qu'est "un grand utilisateur", connaissance qui me servi constamment par la suite pour mes articles sur les utilisateurs

A partir du moment où de deviens relativement maître chez moi, comme responsable de la réassurance incendie, je peux organiser à ma manière mon système de papiers. Et je crois qu'il est assez performant. J'en suis même tellement content que cela m'a poussé à partir, car je me suis dit un jour : si ça continue, je n'aurai plus jamais le courage de changer.

Mon système comporte deux volets. D'une part une application mécanographique, d'autre part un travail de synthèse (qui aujourd'hui se ferait assez bien avec un tableur et quelques macros).

En particulier, personne ne l'a fait avant moi, je fais rapidement toutes les conversions de monnaies et je contrôle l'ensemble des comptes sur le total.

Je fais un projets avec IBM 625 (une machine à écrire avec quelques fonctions de calcul)- diversité des machinesmécanographieElliott-FischerLogabaxcalculatrices  additionneuses multiplicaticesduplication : la pâte, stencil, à alcoolles premiers photocopieurs

A cette époque, j'imagine différentes machines. J'ai même (vers 1965) fait une sorte de maquette d'un terminal téléphonique, qui laissait augurer de la future bureautique. Boite à tampons (par la suite, on abandonnera complètement). L'importance des fiches (en transport)les dossier : police, sinistre Mes réflexions et mes expérimentations ne se limitent pas à la gestion.

La plupart de ces systèmes complexes disparaîtront d'ailleurs une dizaine d'années plus tard. Ne serait-ce que pour des raisons d'économie : ils exigent en effet des dizaines d'employés pour des tâches qui peuvent en fait, disparaître, moyennant une meilleure conception des contrats (peut-être aussi d'un grossissement de la Cie) Cette simplification est facilitée aussi par la fusion des entreprises, qui conduisent à de grands groupes n'ayant plus besoin de couvertures aussi fines.

Je commence à acheter des livres sur les ordinateurs, sans trop oser le dire à Marie-Thérèse, car ils coûtaient cher, et dans l'immédiat n'avaient pratiquement aucune utilité pour mon travail. J'ai toujours gardé quelques uns des principaux, notamment "Principes et fonctionnement des machines arithmétiques" de Boucher, et un livre sur les machines IBM à cartes perforées.

On peut s'étonner que je sois aussi visionnaire. Mais il y avait de bons auteurs qui avaient u vu assez loin. Et qui, autant et plus que moi, ont plutôt pêché par optimisme.

Ma passion pour l'informatique me conduisait à arpenter les Sicob année après année, voire à essayer d'obtenir de la documentation chez les constructeurs. Mais, comme je ne travaille ni au service mécanographique, ni au service informatique, j'étais médiocrement accueilli. Chez IBM, dont le siège était place Vendôme, le vigile de service me remit gentiment une brochure sur les carrières dans la Compagnie. J'eux plus de chance chez Bull, alors Bull-General Electric, rue de la Boëtie. Passant à l'heure de midi, je tombai sur une balayeuse qui me conduisit dans une salle de documentation et me dit de prendre tout ce que je voulais. Je n'exagérai pas, mais partit tout heureux avec une documentation "diffusion restreinte", sur le Gamma 30 je crois. Visite à d'autres sites : groupe Drouot (maintenant dans Axa), Le Soleil avec 1410/1401, la CPG (Bruno de Rouvray) le 1401, Sema (?). Ambiance Font et Quiniou.

 Citons aussi le monumental Lhoste et Pepe, chez Dunod, qui eut deux titres successifs.
Le premier devait être quelque chose comme "gestion de l'entreprise avec les cartes perforées", le second "gestion de l'entreprise avec l'ordinateur". Ce livre marque donc, en quelque sorte, le basculement.

Ma passion pour l'informatique concerne ses applications pratiques, mais aussi ses conséquences sur la vie des gens et ses conséquences pour l'emploi que pour le problème théorique fondamental : une machine peut-elle être intelligente

Contrairement à ce que certains m'ont dit à la fin du siècle, il ne fallait pas être tellement visionnaire pour penser à ces choses à cette époque. Il ne manquait pas de grands précurseurs : Albert Ducroq, François de Closets (journaliste à Science et Avenir), qui parlait de Prigogine et de la complexité.
Wiener, Asimov "Moi robot". Computers and Thought.

 

Cela fait beaucoup de questions ! Et mon travail administratif à La Foncière ne me laisse qu'assez peu de temps pour les creuser, sans aucun mandat pour y consacrer du temps ou simplement me payer des livres. Je les achetai sans trop oser le dire à Marie-Thérèse(livre de Boucher, libre sur les cartes perforées IBM, chez Brentano). La solution à ces contradictions allait se trouver dans une voie inattendue : le journalisme !

 Ma passion pour l'informatique me conduit à arpenter les Sicob année après année, voire à essayer d'obtenir de la documentation chez les constructeurs. Mais, comme je ne travaille  ni au service mécanographique, ni au service informatique, j'étais médiocrement accueilli.

Chez IBM, dont le siège était place Vendôme, le vigile de service me remet gentiment une brochure sur les carrières dans la Compagnie. J'ai plus de chance chez Bull, alors Bull-General Electric, rue de la Boëtie. Passant à l'heure de midi, je tombe sur une balayeuse qui me conduit dans une salle de documentation et me dit de prendre tout ce que je voulais. Je n'exagére pas, mais pars tout heureux avec une documentation "diffusion restreinte", sur le Gamma 30 je crois.

Visite à d'autres sites : groupe Drouot (maintenant dans Axa), Le Soleil avec 1410/1401, la CPG (Bruno de Rouvray) le 1401, Sema (?). Ambiance Font et Quiniou.

Certains trouvent excessive ma passion pour les ordinateurs. Notamment mon frère aîné Marcel, mathématicien : "Tu ferais mieux de t'occuper de questions qui pourront dans l'avenir t'aider à nourrir ta famille". Il a reconnu depuis, ainsi que mon cousin Yves de Raucourt, avoir manqué d'intuition.

Je commence aussi à écrire sur l'informatique. En partie parce que je souhaitais que La Foncière aille plus vite dans cette voie, et que je n'étais guère écouté. Ayant lu, je ne sais plus où, qu'un bon moyen de convaincre chez soi était de se faire publier ailleurs, je m'adressai à "La Réassurance" et y publiai, en 1964, un éditorial sur "La réassurance dans vingt ans".

Puis deux gros papiers dans "L'Argus des Assurances", qui faisaient une synthèse technique de la question. L'un d'eux titrait "L'ordinateur, un bon serviteur qui doit trouver son maître".

.On peut s'étonner que assez visionnaire. mais il y avait de bons auteurs qui avaient u vu assez loin. Et qui, autant et plus que moi, ont plutôt pêché par optimisme.
Cf étude Delphi dans O1.

Je commence à écrire et à publier

Ma réflexion s'alimente dans les contacts avec quelques informaticiens, par exemple la visite du groupe Drouot, pionnier à l'époque, par mes relations à l'ACA (Action catholique de l'assurnce) au Capa (Centre d'action pour la productivité dans l'assurance), la FFSA (Fédération française des sociétés d'assurance ) ou l'Ujarf (Union des jeunes assureurs réassureurs français). '

Elle s'exprime d'abord toute une série de notes personnelles, regroupées dans Le réseau général. Le fond est d'emblée global et prospectif. Au coeur, l'idée d'un "réseau" général, avec un schéma qui fait la synthèse du motto de l'Action catholique (Voir, juger, agir) et du schéma général des automates ou des processeurs : entrées, traitement, sortie. Dans mon enthousiasme, je mets au même niveau l'Etat et Dieu... '


Mon premier texte publié sur l'informatique, Réassurance prospective. (La Réassurance, juin-juillet 1964) est un éditorial assez court, mais qui ne manque pas d'audace (ou d'inconscience) Je l'écris pour convaincre ma compagnie d'aller plus vite vers l'ordinateur, et de ne pas en rester aux machines à cartes perforées. Mon patron me dit "Sur l'avenir, tu peux écrire tout ce que tu veux, il y en aura toujours la moitié de vrai, l'autre de faux". Personne n'a jamais contredit les idées avancées. Vingt ans plus tard en 1984, je le relis avec attention. Les résultats ne sont guère conforme à mes prévisions. Non pour des raisons techniques, mais parce que les techniques de réassurance ne se sont pas orientées dans le sens prévu. J'escomptais un travail plus fin, plus personnalisén plus technique, notamment sur les gros contrats. La profession s'est au contraire orientée vers des accords globaux et à forte base financière plutôt que technique. '

'L'électronique, un bon serviteur qui doit trouver son maître (L'Argus des Assurance, 1965). Enhardi par mon premier succès, mais n'ayant toujours pas convaincu ma compagnie, je réitère, avec une orientation éthique dont je trouve notamment les sources dans un groupe chrétien original, l'ACA (Action catholique de l'assurance), animé par le père Durozoy, jésuite. A me relire en 2010, il est clair que j'ai un ton "curé", moralisateur, assez typique de la mentalité catholique de cette époque. Parmi les membres de l'ACA, M. Nardin, par exemple, a publié à ctte époque dans l'Argus un texte sur les conditions de travail et la décentralisation.


Vues prospectives (L'Argus des Assurances, 1966). Cette fois, je commence à avoir fait le tour des différentes techniques, et le montre. En revanche, la direction de l'Argus se méfie un peu et me met en "tribune libre" pour se dédouaner. En partie, je pense, parce que je n'ai a priori aucune compétence pour écrire sur le sujet : je ne suis ni chez un fournisseur d'informatique, ni dans un service mécanographique.

C'est à la fois pas mal vu et en partie à côté de la plaque. J'ai un mérite : avoir vu très tôt, bien avant mon entreprise et ma famille, l'ampleur de la révolution qui s'annonce. Et c'est ce genre d'article qui me permet, au Sicob de cette année, de retenir l'attention de Zéro Un Informatique, qui m'embauche en nombre 1967. '

 'Qu'est-ce que l'intelligence ? On me dit "la capacité de résoudre aisément des problèmes complexes".

Mes idées

'Quant à mon décalage culturel à ce moment, il est évidemment énorme. Mais, comme je l'ai dit brièvement dans mon chapitre sur Issy les Moulineaux, à partir de ce moment je serai en décalage permanent, ayant fait un peu de philo et un peu de maths et un peu de peinture... mais rien à fond.   Ensuite, à partir du retour du service, je n'ai pas voulu reprendre d'études (je pense que les parentes auraient été OK pour me nourrir), parce que j'étais psychologiquement fragile et que je voulais d'abord (me) prouver que j'étais capable de mener une vie normale de travail.

Je ne serai pas un artiste ! A cette époque, je prends mes vacances en deux fois quinze jours, et pars faire de la peinture en Italie (Sicile puis Venise) essentiellement au couteau. Une fois, à Venise, je suis déprimé en fin de première semaine : rien de bon de sort de sous mon couteau. Le lundi qui suit, au contraire, je réussis assez bien ma grande toile sur la Salute. Je suis tellement content que je fais le tour de mon chevalet en dansant.  Après quoi je me dis : si cela me met dans des états pareils, alors que je ne travaille qu’en amateur, je deviendrai fou si j’en fais mon métier. Donc résolution dont je ne me suis pas départi :  je ne deviendrai pas un artiste professionnel

Je commence à chercher à l’extérieur

Je me rends compte que j’ai peu de chancs d’avoir un grand avenir dans la compagnie, et cherche à l’extérieur.  Mais, à l’extérieur comme à l’intérieur, mon absence de diplôme me fait buter sur un plafond : non pas tant que je n’aie pas de compétences, mais je n’ai pas les relations d’un ancien de grande école.

 

J’essaied’aller chez Hagopian (un réassureur) chez Phiplsi, une entreprise de conseil (Cegos ?)

 

Six ans plus tard, quitter la Foncière a eu un avantage psychologique non négligeable : à la Foncière, j'étais le filleul de Pauly, et cela me laissait une incertitude sur ma valeur personnelle. Dans la presse, comme dan l'informatique, mes relations familiales n'étaient d'aucune aide. Et quand mon patron a dit au bout d'un an "C'est un bon journaliste", j'étais cette fois sûr que je ne le devais qu'à moi-même.   Mais, du fait de ces chois, je serai en permanence un intellectuel et un chercheur sans diplômes. Juste le bac... Ce n'est pas un situation confortable.  

 

Notes

[1] Personnes :

Les humains

Une table d'habitués, les autres sont priés de n'y prendre place que sur invitation. Ici la règle est que le permier à "parler boulot" paye à boire. Chacun s'efforce donc de tendre des pièges

René Pauly.
Mme Chevaucher, sa traditionnelle secrétaire de direction.
Soleihavoup.
Deseine. et deux plus jeunes à la compta Marc Buisson

Les deux opposants: Robert/ et son opposant (ennemi Pauly aussi)
Aux sinistres, le type fort en mécanographie Albarède.
Et l'archéologue Delestrée;
Deladerrière, CFDT

 

Mme Chiesa. Femme de garagiste. Mes relations avec elle ne seront jamais très faciles.

Mme Delorme (coassurance),

Evelyne Houdeyue.

Mme Lemarchand (bonne employée mais qui finira mal, ex-maîtresse de Pauly?),

la vielle sourde sympa.

une jeune dactylo ("elles se font emboaucher comme dactylos mais ensuite elles font tout pour ne plus taper à la machine), et celle qui faisait tj des erreurs, frutrée de ne pas monter plus haut.

Mr Salaun.
Mme Lulu Lucienne.
Jacky Le Floch (?),
le vieux violoniste (Tauzin),
Nogrette le gars aux slips sur mesure.
 Le plus petit qui parle plusieurs langues mais devient peu à peu complètemnt barjo
La fille avec un bec de lièvre (elle s'est trouvé un mari très bien)

Monsieur Sautter

Madame Chiesa
Madame Delorme

Lulu
Patrigeon
Nogrette slips sur mesure
Tauzin : mon travaila, c'est varié ; violoniste genre tzigane
le petit jeune l'os en gelée

(Dédé) André Bosse

Foncière Incendie
Madeleine Coderch
la plus âgée un peu pas contnte
la plus jeune

Autres cadres
Besson(organisation),
Bernard (comercal),
 Breton (transports),
Albarède, le juriste,
Deseine,directeurfinancier,
 Buisson (plus jeune),
archéologue DeLestrée
Deladerrière (CFTC)
la production.. Robert, Bernard le jeune et beau directeur? commercial. Bureau de Paris
le transport. Pierre Breton

A la mécanographie  : Mlle et l'ancien

'Une table d'habitués, les autres sont priés de n'y prendre place que sur invitation. Ici la règle est que le permier à "parler boulot" paye à boire. Chacun s'efforce donc de tendre des pièges aux atres. Le métier d'assureur ouvre d'intéressants opportunités en ce sens. '

Directeur général : René Pauly, mon parrain. Finira mal quelques temps après mon départ (pris dans la caisse pour payer ses maîtresses ?)

Monsieur Sautter, fondé de pouvoirs, dirige le service Réassurances

Réassurance accidents : Madame Chiesa
Madame Delorme, Mme Lemarchand, une dactylo

Réassurance maritime facultés Lucienne.. Mme Lulu
Patrigeon
Nogrette slips sur mesure
Tauzin : mon travail, c'est varié ; violoniste genre tzigane
Jacky l'os en gelée

Corps (Dédé) André Bosse , Patrigeon (boit trop. histoire avec les Logabax, Salaun voit que son travail ne sert à rien. tristesse)

le vieux type odieux aux achats, dépendant directement de Pauly. à la cave, des stocks de polices anciennes. j'en avais fait un échangillonnage que j'ai soit jeté soit donné

La Camer. Cleva (sa femme travaillait à la compta je crois)
au personnel,Boudard, je pense. 

 

Foncière Incendie
Madeleine Coderch
une employée âgée, pas contente du changement
la plus jeune

Cadres ou directeurs d'autres services
Besson(organisation), Bernard (commercial), Breton (transports), Albarède, le juriste, Deseine, directeur financier, Buisson (plus jeune), contentieux archéologue DeLestrée
Deladerrière (CFTC)

A la mécano : Mlle ?? et l'ancien, qui vivra mal le passage à l'informatique, y compris les phases pénibles de la "transcodification"

Ujarf/ACA. Durosoy, Nardin, Prévotés Ujarf/ACA. Durosoy, Nardin, Prévotés
FFSA, mon travail sur le graphique intéresse la fédération (groupe de travail dans le cadre du Capa ?)
Capa