Pierre Berger. Mes mémoires
Les technologies de l'information, de mon point de vue d'utilisateur
Je présente ici les machines auxquelles j'ai eu accès, progressivement, au cours de mon existence. Je consacre un autre chapitre à ce que j'ai pensé, dit et écrit sur l'informatique en général, et celle des entreprises en particulier.
1938.
Pendant mes premières années, j'a évidemment utilisé les technologies de mes parents.
C'était la guerre, il y avait peu de papier. Nous en avions un peu plus du fait du travail de mon père dans le monde de l'Edition. Mais, même chez nous, on récupérait tout ce qu'on pouvait. On manquait aussi de crayons de couleur et autres boites de peinture. Je me rappelle avoir rêvé d'une énorme boite avec des couleurs sans limitation de quantité. Et, à la Libération, un des premiers cadeaux qu'envoya notre amie américaine, Mme Baumann, fut une boite de pastels gras (crayons, en américain), d'ailleurs de qualité médiocre.
Il y a le téléphone à la maison, comme dans toutes les familles bourgeoises. Mais nos femmes de ménage n'en ont pas, je pense.
Du point de vue de l'équipement domestique, le contraste est frappant entre le "confort moderne" de Clamart et les équipements sommaires qui sont alors de règle "à la campagne", aussi bien chez les habitant permanents (presbytère de Saint-Sulpice, Montsaugeon, Trentalaud, La Lande).
On va chercher l'eau au puits. Pour les mains et les petits lavages, il y a dans la cuisine un évier de pierre contre un mur. On y pose le seau, et dessus une sorte de grande louche en bois, avec un petit tuyau dans le manche, qui fait un petit jet pour le lavage. L'eau tombe dans l'évier, qui se vide par un simple trou dans le mur, dans une vague plate bande juste à l'extérieur. A la Lande, une petite pompe à main sur l'évier remplace le seau.
Les sanitaires sont à l'extérieur. Un petit bâtiment, une banquette percée d'un trou rond, qui tombe dans une fosse qui déborde doucement dans un champ en contrebas. A Montsaugeon, cette fosse est vers l'intérieur, et on la vide de temps en temps, comme engrais, je pense. A La Lande, il y a une cuvette à la Turque et, je crois, une vraie fosse d'aisances.
On se chauffe au bois, soit dans la cheminée (La Lande) soit dans des poëles plus ou moins perfectionnés.
En Limousin, la machinerie agricole reste très proche de celle du XIXe siècle : les boeufs sont la seule force de traction, pour deux principaux modèles de charrette (la grande charette pour les moissons, le tombereau pour les matériaux lourds, le fumier).
Le battage se fait une fois par an, avec une machine qui tourne de ferme en ferme. A Saint-Sulpice, dans la ferme en face du presbytère, j'ai vu la force motrice fournier par une locomobile à vapeur, alimentée en bois, avec son joli régulateur de vitesse à boules, la (une des ?) premières réalisations de boucle de rétroaction positive, ancêtre de la cybernétique. Il fallait six paires de boeufs pour tirer cet énorme engin. Et il est miraculeux qu'il n'y ait pas eu plus d'incendies, avec ce foyer installé au milieu de toutes ces pailles !
La Lande, assez tard encore dans les années 1950, fonctionne pour l'essentiel en autarcie. Donc, cultures diversifiées, potager et arbres fruitiers, melons, vigne (pour faire du vin), basse-cour (poules, oies, canards (?), lapins), cochons. Et l'élevage bovin, évidemment, ici pour la viande. Mr. Moreau essaiera de faire venir une "brette" pour avoir du lait, mais apparemment le climat ne lui plaîra pas trop.
Les transports se font essentiellement en train, avec les fascinantes locomotives à vapeur, leur embiellage, leurs cylindres, leurs bruits. La traction électrique est à l'époque limitée à Paris-Orléans (jusqu'où ? il faut quand même une locomotive de renfort à Saint-Sulpice pour monter le tunnel de ... ).
A cette époque, une grande partie des machines expose ses entrailles, ses parties les plus complexes, à l'oeil du visiteur. Au centre, il y aurait plutôt l'énergie, le feu. A l'extérieur, à l'abri de la fournaise, à la vigilance du mécanicien, voire au plaisir du spectateur, brillent les parties fines : embiellage d'une locomotive, régulateur à boules d'une locomobile, leviers mulltipes d'une automobile, jeux d'engrenage d'une presse à imprimer, lampes et bobines d'accord d'un poste de radio, aussi bien que le réseau des cordages d'un voilier.
Le développement des voitures automobiles est bloqué par la guerre, avec une radicale pénurie de carburants. Seul Raymond Sommer, qui a des appuis, peut faire rouler sa voiture. Mon Père réussit à se procurer une Juvaquatre électrique, qui sera remise à l'essence après la guerre.
J'ait très tôt été intéressé par l'organisation de mon propre système d'information, ou de ma documentation, si vous préférez.
Assez peu de jouets à Clamart. Un joli camion en bois. Le train électrique (mais il est au grenier, on le fait rarement marcher, sauf par la suite quand Jean-Marie s'en fera une passion).
Pendant la guerre, on manque de papier, de bons crayons, de tubes ou godets de peinture (je rêve la nuit d'énormes boites de peinture)
Je crois me souvenir avoir fait très tôt, à l'imitation de mon père, des fiches au verso des cartes postales du chanoine Cornette, sur le petit pupitre en bois laqué gris, avec ses deux petits tiroirs à gauche et à droite, et sa planche inclinée.
Je conservais une certaine quantité de papiers, des lettres et autres documents. Mais il ne reste pratiquement rien de mes premières années, car j'ai fait un grand nettoyage au retour de le retraite JEC à Evreux. Le père avait notamment recommandé de se débarasser de son enfance, de ne pas garder de choses inutilies "parce que c'est un souvenir de la tante X". En particulier mon diplôme d'académicien de la Pierre-qui-Vire est passé à la corbeille, ainsi que les quelques cahiers de cours que j'avais dû conserver (mais je n'en ai pas souvenir).
Pour les plumes et les stylos, voir ce que j'ai dit des machines de mes parents. Le stylo à billes débarquera après la guerre, mais sera longtemps considéré comme vulgaire ! A l'école, même stylo à encre restera longtemps interdit.
Lectures: Jules Verne (pas tellement. J'ai d'ailleurs du mal à le lire à l'époque, en raison de ses longues descriptions. personne ne m'avait dit, alors qu'il était sage de tourner les pages qund c'était.. mauvais, tout au contraire, mythe par Marcel de Bruat, qui ne passait jamais à la page suivante sans avoir compris celle qu'il lisait) , Je découvrirai Jules Verne dans les années 70, quand il sortira en Livre de Poche, et là, en particulier (Karpathes, et surtout Hier et demain. Accessoirement, Parix au XXe siècle; Baron de Crack. Mais pas Robida, peu conu à l’époque (et que je n'ai réussi à lire que vers 2005, à la bibliothèque municipale de Versailles) ni Danrit. (que jai découvert vers 1998 chez le brocanteur de Montesso). La bibliothèque asseza peu fournie. Peu de romans (Eugénie Grandet) pas mal de livres pour enfants, dont Benjamin Rabier et les Christophe. Mais pas de Tintin, considéré comme un peu vulgaire (heureusement, on peut les lire chez les Guéras), a fortiori les Pieds Nickelés et autre Zig et Puce. Il y a pas mal d'ouvrage de philosophie, mais évidemment, à cet âge, je ne m'y plonge pas. Meyerson. Alexis Carrel (ma mère me met en garde contre son eugénisme).
Le Meccano comme modèle de pensée
Le Meccano joue un rôle important dans la formation de ma pensée. C'était déjà une passion de mon père. . Marcel y investit toutes ses économies pendant plusieurs années, principalement pour acheter des engrenages.
Le Meccano est la phase correspondant à mon enfance (en partie celle de mon père), de la série des jeux d'assemblage. Il y a eu les "jeux ce consruction" en bois (version la plus simple : les cubes), plus ou moins informels, plus ou moins organisés en ensembles cohérents. Après le Meccano, il y aura le Lego et les Playmobil...
Déjà, un jeu de constrution en bois introduit la notion de standard, avec un jeu limité de pièces, dont les dimensions sont coordonnées, ce qui induit un mode d'assemblage... mais suggère aussi qu'il est possible de construire toute maison à partir de quelques "briques". Un atomisme des artefacts, en quelque sorte. On est aux antipodes, ou en complémentarité, avec le modelage en glaise ou en pâtre à modeler. Et d'ailleurs, on ne mélange pas.
Avec le Meccano, on passe de l'architecture à la mécanique, et la défintion du standard va beaucoup plus loin. Elle porte sur
- le jeu standard des pièces, énumérées dans un catalogue fini (quelques centaines au maximum), avec des pièces de base et des pièces plus rares ; (dans les versions tardives du Meccano, comme du Lego, le fournisseur introduira de plus en plus de pièces spécifiques, choquantes pour les "puristes" du Meccano ancien);
- ce standard induit une incompatibilté aves des produits d'autres marques (Trix, principalement) ; Meccano lancera (vers 1990 ?) astucieusement une gamme plus large, mais compatible, avec quelques pièces permettant de combiner les échelles (Lego en fera autant);
- le jeu se vend dns une série de boites standard (de 0 à 10), plus des boites intermédiaires et des boites complémentaires (engrenages, électricité)
- le respect de standards assure la possibilité d'assemblage, principalement le diamètre et l'écartement des trous (un demi pouce), dont se déduit le diamètre des tiges et du trou axial des rouages, ainsi d'ailleurs que les dimensions des engrenages ; s'en déduisent aussi le diamètre des boulons.
Le concept implique aussi une notice, donnant une série de modèles que l'on peut faire avec la boite (plus quelques exemples de ce qu'on peut faire avec la boite de niveau supérieur, il faut bien faire marcher le commerce).
Le Meccano a l'avantage, sur le jeu de construction en bois, de pouvoir résister au mouvement, du fait que les pièces sont vissées.
Il est possible d'y ajouter un ou plusieurs moteurs. Au départ, surtout mécaniques, et par la suite, essentiellement électriques. Ce qui peut poser des problème de sécurité (blocage, chauffage, ou au contraire, force centrifuge ou vibrations excessives).
Le Meccano a des limites fondamentales :l
- laideur des plaques trouées, surtout si elles ont vieilli et rouillé
- précision toute relative, donc frottements et mauvais rendement des engrenages
- impossibilité des dimensiosn intermédiaires.
Vers 12 ans, je deviens sensible aux limites du système, et rêve de fabriquer moi-même des pièces de dimensions quelconques, selon les besoins. Réponse de Marcel (ou de mon père) : "Cela doit exister, mais c'est très cher.". C
En pratique, il n'aurait sans doute pas été si difficile de trouver de la tôle et le peu d'outillage nécessaire pour la découper et la plier, à condition de n'être pas trop regardant... Je réaliserai cela après mon service militaire, pour un programmateur automatique d'arrosage, en combinant composants électrtiques, bois, et moteur d'autres sources. Jeune, cela me semblait une montagne. J'imaginais plus ou moin implicitemnet que Saint Meccano m'enverrait directemnet aux enfers si j'avais l'audace de mélanger des pièces de la marque avec quoique ce soit d'autre. Il y avait tout de même exception pour la ficelle (grues, etc.). C'est bien plus tard, vers 1962, pour réaliser un programmateur d'arrosage, que je comprendqu'il est bien simple de combiner le Meccano avec d'autres matériaux : il suffit de percer des trous à la dimension standard, le demi pouce !
Le Meccano induit aussi une sorte d'éthique : ce qui n'est pas standard, pas dans le catalogue, est choquant.
Je découvrirai le Lego tard, chez les Marcel, avec Isabelle. A l'époque, il y a concurrence avec les "Pierres magiques", plus architecturales, et qu'Isabelle préfère La grammaire latine comme meccano linguisique. Le grand intérêt que je porte à l'analyse logique du français (le livre de Prigent). Déjà une idée d'ingénierie, que j'exploite en latoin en seconde (voir plus loin)Evolution de l'appareil de photo vers le "système". Et des compatibles. Donc on va, avec Meccano/Lego, vers digitalisaion abstraction.
J'ai très envie, à l'époque, d'une sorte de petite usine modèle que l'on voit dans certaines devanture, avec les poulies distributant la force motrice. (j'en ai très envie, heureusemnte Mamie ne cède pas, intérêt ludique nul)
(Visiter notamment le mot Meccano dans Wikipedia. Il y a un club).
Jusqu'à mon arrivée au Lycée Saint-Louis, je ne me préoccupe guère de technologies de l'information. Voir mes souvenirs là-dessus par ailleurs. Et quelques souvenirs disparates, par exemple des essais de poste à galène minimal une après-midi dans le dortoir...
1952
A partir de la Seconde, au Lycée Saint-Louis, je prends l'essentiel de mes cours sur des feuillets perforés pour les reliures à anneaux.
A cette époque, je conçois l'idée d'un "journal des savants", qui serait complété par un système de renseignements téléphoniques à l'image de SVP. Ma mère me dit que je pourrai jamais répondre à la demande... Mais, au fond, c'est une idée qui me poursuivra toute ma ve, et qui débouchera notamment sur mes dictionnaires en ligne successifs : Télémapresse, Hypermonde, Asti, Dictionnaire critique des arts numériques.
Du point de vue des automatismes, je réalise un anémomètre, un été, avec la collaboration de l'oncle Pierre Richard, horloger en retraite. Correct dans son principe, il fonctionne effectivement. Mais il fallait monter par bon vent au haut de la falaise des Rochettes pour que l'aiguille consentît à bouger. Il y avait au moins deux points faibles: d'une part une hélice taillée dans le bois au lieu des coupelles des vrais anémomètres. Ensuite des frottements importants dus à une fabrication très artisanale, malgré le tour d'horloger du vieil oncle. C'est chez eux que je lis la Grammaire des Arts du Dessin, de Charles Blanc. Cela me marquera, mais je l'oublierai longtemps, jusqu'à bien plus tard où je ré-identifierai cet ouvrage et finirai par en acheter un exemplaire. Puis le livre de Picon m'en fera découvrir l'importance historique.
1955
En Math-Sup, je ne sais pourquoi, je préfére des cahiers reliés. Je les ai jetés par la suite. De peu d'intérêt il est vrai. Heureusement (?) je n'ai pas jeté mes aquarelles, et mon père a conservé une bonne partie de mes négatifs photographiques.
1957-1958
A Saint-Sulpice, je prends (presque) tout sur papier au format commercial (le 21x27, (ici encore, hommage à ma mère, qui attachait beaucoup d'importance à ce format normalis) qui sera supplanté assez vite par l'A4 (21x29,7). Et je perfore pour utiliser le genre de grosse reliures qu'utilisent les entreprises pour stocker des factures et autres papiers comptables. Cela prend beaucoup de place. Pour faire des économies, je récupère dans une cave du séminaire toutes sortes de vieux papiers, que je recoupe éventuellement au bon format.
1958-1960
Au service militaire, ayant peu de place, je prends des notes et écris mon journal sur de l'A4 plié en deux. Quant j'apprends mon départ pour le Congo, et que le voyage en bateau durera 21 jours, je revends ma collection de timbres et achète une machine à écrire portative (Japy) et un manuel de dactylographie pour apprendre à taper à dix doigts. Je ne le regretterai pas !
Je fais aussi pas mal de photos, diapositives et tirages papier couleur.
En revanche, il n'est pas question de téléphoner d'Afrique en France, en tous cas pour le commun des mortels. On est vraiment très loin, et on n'échange que par lettre. Mais le monde change vite : nous avons mis 21 jours de bateau pour venir, nous ne mettrons que quelques heures pour revenir en avion.
A la fin de mon service militaire, je rédige un livre sur le Congo, achète une meilleure machine à écrire et le réalise entièrement sur stencyls, y compris les images grâce à une sorte de stylet vibrateur. L'impression, en quelque 120 exemplaires si je me souviens bien, est une opération un peu impressionnante pour un solitaire : le bureau du Bataillon accepte de me prêter la Ronéo (machine à stencyls), mais une seule fois. Je tourne donc la manivelle non stop pendant 24 heures d'affilée (je n'ai quand même pas dû sauter les repas).
Pour relier le livre sur le Congo, j'ai découvert le collage. Après tests de solidité, j'en fais mon moyen systématique de conservation de mes textes. Tout ce qui était en reliure à anneaux est transformé en volumes reliés à la cosse, avec des essais peu convaincants de dos à la manière des livres. Rougier-Plé, alors installé rue du Four (près de Saint Sulpice) reçoit mes fréquentes visites pour acheter de la colle Flexiplé et de la toile de reliure. Cela représente une grosse économie de volume, et un bien meilleur confort de consultation. J'en ai jeté beaucoup, mais il m'en reste quelques éléments.
Au retour du service militaire, j'essaie d'organiser mes documents sur la famille et les amis avec de petits dossiers standardisés basés sur du papier A4 pliés en deux et préparés à la Ronéo.
1961-1967
Quand j'arrive à La Foncière, je débarque dans un environnement technologique qui n'a pratiquement pas évolué depuis les années 1930
Il y a le téléphone, bien entendu. Mais pas sur chaque bureau. Les cadres ont leur poste, les autres s'en partagent un pour deux ou trois. La commutation est automatique pour Paris. Mais pour la Province, a fortiori pour l'étranger, il faut passer par le standard (deux personnes, dont une femme non-voyante), qui ne donne pas la communication sans demander pourquoi.
Pour le Télex, je n'ai pas souvenir que mon service l'utilisait. Il y avait encore des pneumatiques et des télégrammes, mais nous étions peu concernés dans mon service. En revanche, Marie-Thérèse et moi en avons reçu d'assez nombreux pour notre mariage, ces petits papiers bleus où le texte, obtenu sur de petits bandes blanches, était collé à la va-vite et apporté par le traditionnel "petit télégraphiste".
On additionne encore beaucoup à la main, mais tout de même avec un certain nombre de machines à additionner et à multiplier/diviser. Au cours de mon séjour, ces machines tendront à se multiplier et à se perfectionner (un moteur électrique suppléant aux manivelles à main), mais sans changer de principe.
L'aspect le plus moderne est la petite imprimerie intégrée, avec une platine au format A3, je pense, qui permet de réaliser en interne l'essentiel des imprimés de bureau. Le reste des duplications se fait au moyen de diverses petites machines : stencyls Ronéo, duplicateurs à alcool, et même, pour certaines documents en grand format, une "pierre humide" (fonctionne comme le duplicateur à alcool, mais à plat).
La photocopie fait son apparition vers1965. Mais il y a une machine pour toute la compagnie, et il faut pratiquement un bon du chef de service pour en obtenir quoique ce soit.
Dans cet environnement, le fait que je tape à la machine surprend un peu de la part d'un futur cadre. On le tolère, et à l'occasion on fait appel à moi. Mais, quand je suis nommé cadre, on me fait comprendre que ma machine doit rentrer à la maison, de même que je ne dois plus porter de blouse ni manger à la cantine des employés. Mai 68 n'est pas encore passé !
De ce point de vue dactylographique, la situation évolue. A mon arrivée, il y a une dactylo dans le service. Mais, et c'est quasiment traditionnel dans la maison, elle fait tout pour devenir employée à propremetn parler et s'intégrer au service. Et elle y arrive. Mais elle n'est pas remplacée, et ces tâches sont transférérées à un "pool dactylo", dont l'ambiance ne passe pas pour agréable. Effectivement, ce pool est une pièce où travaillent, assez serrées, une dousaine de femmes, sous l'autorité d'une responsable qui n'est pas spécialemnet aimable, ce qui se conçoit puisqu'elle est en quelque sorte coincée entre une demande relativement sans limite et un personnel qui n'a aucune raison d'être spécialement motivé.
Pour ma documentation, je continue ce mode de stockage personnel. Je l'applique même à un certain nombre de documents comptables de mon service. Je prends aussi conscience, à ce moment, de la grande facilité avec laquelle on peut perdre un document papier... même un contrat de réassurance signé... Ce sera toute ma vie un peu une hantise, et la saisie sur ordinateur m'en libérera partiellement l'esprit, grâce à de multiples copies de sauvegarde régulièrement assurée.
L'ensemble des travaux technico-comptables de mon service se fait essentiellement par des jeux de recopies depuis des bordereaux vers des fiches, et réciproquement. Les bureaux occupent donc un nombre important de personnels peu qualifiés, qui n'ont guère d'autre compétence que leur belle écriture et leur capacité à supporter des travaux routiniers. Certains parviennent cependant à y trouver de la variété : "Monsieur, mon travail est très varié. Regardez. Hier j'ai traité les bordereaux de notre agence d'Istamboul, avec des envois de fruits secs. Aujourd'hui, je fais les bordereaux de Haifa, où il y a surtout des oranges...".
Un jour, je déclanche presque une révolution. En effet, chez un papetier du quartier, j'ai découvert les marqueurs à alcool. Ils me paraissent bien plus efficaces, pour marquer un de nos types de fiches de navires, que... la plume de ronde, qui est encore la règle à l'époque. Les employés sont scandalisés. D'autant plus que ces marqueurs, c'est vrai, sentent assez forts. Je dois y renoncer.
A titre personnel, c'est vers 1964 que je découvre le Rotring, et en fais mon outil d'écriture exclusif. Ce qui me vaut les gros yeux du notaire quand nous signons notre contrat de mariage. Il insiste pour que j'utilise son crayon à bille spécial, conçu pour ne pas pâlir avec le temps. Je persiste à utiliser mon Rotring. Il se tourne vers mes beaux-parents : "Ca commence bien !".
Petit détail : pour faciliter mon travail, je m'offre un distributeur de feuilles (Distrifeuilles) : un bref geste de la main, et une belle page toute neuve est à votre disposition. Mais, à ce moment là, je suis déjà cadre et je peux me permettre ce genre de fantaisie.
Enfin, c'est évidemment à La Foncière que je découvre l'utilisation des cartes perforées... et l'évolution de leurs technologies. A mon arrivée, il y a peu de machines et elles sont d'un modèle d'avant-guerre (voir par ailleurs mes notes sur ces questions). Sur un point cependant, ma compagnie a une stratégie novatrice : une partie du travail est fait dans les directions régionales, qui jouissent d'une large autonomie, et qui n'envoient au siège que les éléments nécessaires aux travaux de synthèse.
Je fais toutes sortes d'efforts pour convaincre mon entreprise d'aller vers l'informatique. En particulier la suite d'une visite au groupe Drouot, alors très en avance. Je rédige une note pour ma direction, qui me la renvoie, annotée au crayon : "Laissons le Groupe Drouot essuyer les plâtres". C'était peut-être assez sage, d'ailleurs. Pour augmenter la pression, je commence à écrire des articles dans la presse professionnelle.
Vers 1964, nous prenons la contrôle de la Foncière Incendie, qui rejoint nos bureaux, et y apporte un parc mécanographique beaucoup plus moderne. Comme je deviens responsable de la réassurance incendie, je deviens de ce fait utilisateur d'une application classique des cartes perforées. Mes compétences augmentent de ce fait.
Vers 1965, notre directeur général se laisse convaincre de franchir le pas d'une informatisation ("pour nous mettre en mesure de prendre le contrôle de nos concurrents"... les commerciaux d'IBM savent prendre les patrons dans le sens du poil). On me charge d'étudier ce qui concerne la réassurance. Et même, comme j'insiste, on me propose de devenir le chef programmeur de la Compagnie. Je n'ose pas accepter, craignant de n'avoir pas le niveau mathématique suffisant ... Erreur ? Je ne suis pas sûr qu'il faille le regretter, étant donné la suite.
A la maison, vers 1963, je réalise un dispositif d'arrosage automatique pour le jardin de Clamart, qui est dans son fonctionnement analogue à un programmateur de machine à laver. Et qui marche fort bien. Avec quelque imprudence car je fais circuler du courant à 110 V dans le jardin sans aucune protection, y compris à proximité des électrovannes placées sur les robinets. Je suis très fier de présenter cette réalisation au cours d'une garden party organisée dans le jardin (avec le "rallye" que pilotet la famille Moufle). Une chance qu'il n'y ait aucun accident. Mais, détail amusant, on peur, à partir du sous sol de la maison et sans se faire voir, déclencher à volonté les différents arrosages du jardin.
1967 : les technologies de la presse
Devenu journaliste, mon aptitude à la frappe est désormais un atout apprécié. Au fil des ans, j'essaie de me doter d'outils bureautiques (le mot n'existe qu'à partir de 1977). Par exemple un composeur de numéros de téléphone à cartes perforées (spéciales, pas le modèle mécanographique). Assez efficace. Mais qu'on est loin du téléphone d'aujourd'hui !
Un peu plus tard, je récupère une machine à écrire à cassettes qui avait été acquise pour le service commercial. Dans l'espoir, qui s'avèrera illusoire, de récupérer la machine à écrire pour en faire une imprimante d'ordinateur. En revanche, je m'en sers pendant un an ou deux pour écrire mes articles. Avantage non négligeable : on peut faire des corrections sur la cassette, et sortir in fine un texte correct. Inconvénient : elle fait un bruit d'enfer.
De 1972 à 1980 environ, je crée un substantiel fichier des produits informatiques annoncés dans la presse. Cela me permet de vérifier que nous n'annonçons pas deux fois le même produit, et aussi de faire quelques statistiques. Le nombre de nouveautés par an croît de manière exponentielle, ce qui m'oblige a arrêter cette saisie, notamment du fait des produits logiciels.
Vers 1977, j'ai l'occasion d'accéder à un premier micro-ordinateur, installé chez Olivetti, où je vais pour apprendre le Basic (tout seul avec un manuel sommaire). Bonheur ! Je m'en sers pour construire un grand tableau avec totalisations (la base d'un tableur) et de m'en servir pour dépouiller de petits enquêtes réalisées pour Informatique et Gestion.
En 1979, les micro-ordinateurs commencent à viser le grand public. Mon groupe de presse (Tests) lance "L'ordinateur individuel" et me laisse m'amuser un peu avec la première machine dont ils disposent, un Commodore Pet. Mon premier exercice : essayer de faire un programme qui tourne le plus longtemps possible sans se répéter. Mon plaisir est tellement évident que Catherine Beaunez, notre dessinatrice pour Informatique et Gestion, me fait cadeau d'une petite bande dessinée sur le sujet.
A cette époque, je commence à faire de la photo beaucoup plus systématiquement, avec notamment un très joli petit Kodak à Soufflet (S2 ?) qui a un bon piqué. Je bricole un agrandisseur dans le cagibi de l'appartement et y passe pas mal de temps à développer les pellicules et à faire des épreuves. J'emporterai même de quoi le fair pendant le voyage en Espagne.
C'est aussi vers cette époque que je me mets à écrire au Rotring.
Parallèlement, je me mets à l'électronique. De très petits montages, d'abord. Classiques à l'époque, où Le Haut Parleur, est en vogue. Un peu par défi pour Clément Pillerault qui m'avait dit, dix ans plus tôt: "Tu n'y arriveras jamais".
Le hasard y est pour quelque chose. Je passe un jour à la Source des Inventions, boulevard de Sébastopol, pour je ne sais plus quelle raison (pour le plaisir, peut-être). Dans une vitrine, un fer à souder retient mon attention. Un objet pour moi un peu mythique, hors de portée de l'amateur. Mon père, qui avait monté des postes de radio entiers, n'en avait jamais eu. Je demande le prix : 19F. "Donnez-le moi. A ce prix, je ne veux pas mourir idiot".
Petits montages, par exemple des clignotants. J'ai pour mentor un petit vendeur de télévisons, rue Pradier près de notre immeuble, qui m'encourage et me conseille un peu. Lui s'était plutôt lassé de l'électronique pour s'intéresser à l'optique, de manière inefficace je crois. C'est lui, je crois, qui m'a cédé mon premier contrôleur, un gros contrôleur (on dirait aujourd'hui multimètre) Metrix noir, rustique mais efficace. Je commençais à mesurer les résistances, puis j'en trouvais une bizarre: presque nulle quand je branchais le contrôleur en ohmmètre, elle augment progressivement... Il me faut un certain temps pour comprendre que cette résistance était... un condensateur.
Module après module, je me lance dans la réalisation de Max, abrégé pour "automate à maximisation de variété".
Noosphère, mes premiers micro-ordinateurs
Peu de temps après, je fonde mon enteprise, et achète un Commodore 8000, avec un bel écran, une mémoire de 64K octets, un lecteur de disquettes 5,25 pouces (qui stocke les programmes mais aussi les textes et la base clientèle) et une imprimante.
Pour Noosphère, j'acquiers un Commodore 8000, un des plus puissants PC du moment, avec 64 K de mémoire vive et une double unité de disquette 5,25 pouces qui permet de stocker un méga-octet sur chaque disquette. Donc, en pratique, de faire une base de données. Elle me sert pour les abonnés de la revue Traitement de Texte. Le prix est exorbitant quand on y repense: 40 000 F (à peu près 6000 euros), dont à peu près la moitié pour l'imprimante Olympia à Marguerite. Qui a une très jolie frappe, à condition de se contenter d'une seule taille de caractères, et de changer de marguerite toutes les fois que l'on veut changer de police, et même du romain à l'italique.
Je programme alors l'application de consultation et de facturation en Basic, en partant d'un exemple donné dans la documentation. Le code fourni ne fonctionne pas toujours, notamment pour les foncions d'impression (chiffre avec centimes...). Et, pour accéder efficacement aux données, il faut calculer les accès par piste/secteur/octet. Mais c'est relativement efficace.
Je programme alors l'application de consultation et de facturation en Basic, en partant d'un exemple donné dans la documentation. Le code fourni ne fonctionne pas toujours, notamment pour les foncions d'impression (chiffre avec centimes...). Et, pour accéder efficacement aux données, il faut calculer les accès par piste/secteur/octet. Mais c'est relativement efficace.
Cela me vaut d'ailleurs une réaction assez pénible$ de ma mère. Jusque là, elle faisait la facturation, ce qui me rendait service et lui donnait un peu le plaisir de rester dans le coup. Le jour où je lui ai montré la facture sortir toute seule, elle a dit d'un air furieux "Je ne comprends pas". Et c'est vrai que, ce jour là, je l'ai un peu, de fait mise hors course. Nous sommes tous des assassins.
Autre application, plutôt rare à l'époque avec peu de moyens: un modem sur la sortie série du 8000 me relie à l'imprimerie Rosay. Avec l'aide du distributeur de Commodore en France, je programme en Basic un petit programme de transmission, conviens avec l'imprimeur d'un balisage qui permet de piloter directement à distance sa photocomposeuse. Cela permet, pendant plusieurs mois (deux ans? ) d'obtenir du texte photocomposé sans re-saisie. Malheureusement, le marché reste étroit, et de toutes façons, Commodore change sa représentation en France, coupant court à la coopération amorcée.
A la maison, nous disposons de deux ordinateurs . Un Vic 20, avec programmes sur une miniK7 standard Philips, qu'il faut doncrecharger à chaque fois. Un Commodore 64 avec une disquette de 5,25 pouces, qui sert à la fois pour les programmes et pour les dossiers. Je conserve (encore en 2010) le superbe manuel d'utilsiation qui m'a soutenu pendant bien des heures de travail/plaisir. ("Tu dis que c'est le plus grand des plaisirs" note Sandrine à l'époque, "mais quand tu programmes, tu n'arrêtes pas de dire des gros mots").
Cela permet notamment à Armand de se mettre à la programmation.
J'écris plusieurs programmes : méditation (sur le Notre Père de Kowalsky), traitement de texte, composition musicale, jeux pour kermesses,superviseur domotique. musique, veille, prière.
Sur le Commodore 64 je me lance dans la domotique. Comme je peux obtenir une carte d'entrées-sorties, je commence le travail en écrivant ce qu'on appelle aujourd'hui un "superviseur", c'est à dire un programme qui examine tous les capteurs, les affiche, les stocke, et prend au clavier des instructions à donner aux actionneurs. Je câble aussi tout le pavillon de Maisons-Laffitte avec du câble téléphonique à 25 paires.
Le réseau domotique de la maison se connecte alors au Commodore plutôt qu'à Max. J'aurais été assez loin, à cette époque où la domotique est à la mode. Y compris l'arrosage automatique, réminiscence actualisée du programmateur de Clamart. Mais cette fois, je pose trois tuyaux partant de la cave et y concentre les électrovannes, de manière à ne pas avoir de courant haute tension circulant dans le jardin. Je n'irai pas jusqu'au bout de la réalisation.
C'est ce type d'applications qui me plaît le plus :
- par le mélange des genres, combinant des tâches puremnet intellectuelles, logicielles (comment concevoir le superviseur, comment traiter les valeurs relevées sur les capteurs, que faut-il mémoriser ?), et de tâches dans la boue du gardion ou la poussière des cagibis pour passer les fils ;
- par son caractère intégrateur ; un système domotique a un caractère total, tout convergeant vers le superviseur, allant vers la "maison intelligente";
- par ses conséquences psychologiques importantes pour la vie personnelle et familiale ; c'est une des raisons qui en limite l'application : est-il bon, dans une famille, d'enregistret toutes les heures d'ouverture et de fermeture de la porte d'entrée ?
- pa la difficulté (je dirais même la complexité) des questions de sécurité ; si l'on commande électroniquement l'ouverture et la fermeture des portes, par exemple, encore faut il que l'on puisse fermer et ouvrir :
. quand l'ordinateur est en panne, ou simplement arrêté
. quand il y a panne d'électricite.
et si l'on met en place un allumage du radiateur soufflant dans la salle de bains, pour avoir chaud quand on va prendre sa couche, comment s'assurer qu'on n'a pas laissé dessus une serviette qui risque de prendre feu ?
J'aurais été assez loin, à cette époque où la domotique est à la mode. Y compris l'arrosage automatique, réminiscence actualisée du programmateur de Clamart. Mais cette fois, je pose trois tuyaux partant de la cave et y concentre les électrovannes, de manière à ne pas avoir de courant haute tension circulant dans le jardin.
Ces travaux de programmation "temps réel" m'apprennent beaucoup de choses sur ce type d'application, et me permettront de bien voir et de poser les bonnes questions quand j'en vois chez les utilisateurs.
Ces beaux projets tournent court, car la faillite de ma société Noosphère me prive du Commodore 64. Avec mon fils Armand, nous réalisons divers bricolages amusants. Par exemple une série de jeux de kermesse, qui donne lieu à publication dans "Commodore Magazine".
A la même époque, je réalise une télécommande à deux voies et un bateau télécommandé, en transformant une paire de talkie-walkies.
Il est bien dommage que la vague de passion pour la programmation, lancée par l'arrivée de micro-ordinateurs accessibles aux particuliers, soit retombée si vite. Pourquoi n'a-t-on pas su, ou pas voulu, exploiter la montée des machines pour dépasser le Basic élémentaire, pour donner aux développeurs amateurs des outils intéressants ?
C'est tout le contraire qui se passe. L'arrivée du Macintosh puis de Windows creuse l'écart entre les utilisateurs et les professionnels, et marginalise radicalemnet les amateurs qui s'accrochent. Dans mon cas, j'arrête en 1985, essentiellement du fait de la liquidation de Noosphère/Télémapresse, qui me prive de mon matériel, et me donne de toutes façons envie de tourner la page. Personne, d'ailleurs, ne m'encourage à persévérer, surtout pas l'équipe de TSI ! (Jean-Pierre Finance et le comité s'étaient opposés à ce je refasse pour la revue le tarvail que j'avais fait à Noosphère).
C'est seulement en (... voir dates) à LMI que je m'y remets. J'ai l'occasion d'avoir preque pour rien une semaine de cours de C. Mon objectif est principalement de me débarasser de ms complexes vis-à-vis des professionnels, mes réalisation en Basic ne faisant pas sérieux. Comme plusieurs fois dans mon existence, je mets le doigt dans l'engrenage et tout le bras y passe, avec la montée de Xam et ses ambitions totalitaires.
J'ai un premier contact avec Internet en 1982-84, comme secrétaire général de la rédaction de TSI (Technique et science informatique), revue savante créée par l'Afcet. Quand son rédacteur en chef, Bertrand Meyer, part pour les Etats-Unis, on passe par ce canal pour échanger des nouvelles ou pour transmette ses éditoriaux. Pour le courant, la revue fait installer un minitel. Pour les textes plus longs, je dois à l'Inria pour trouver un terminal du genre télétype.
Pour Télémapresse, un terminal Unisys installé à Maisons-Laffittte permet la saisie des contenus puis même une partie de la programmation. C'est l'outil convivial Mapper, lancé par Univac, qui sert de logiciel de développement. Mapper. Il s'agit d'une sorte de super tableur sur grand système (en particulier, capacité "illimitée" de stockage des données et des liaisons simultanées).
1985 : Le Monde Informatique
Peu après mon arrivée (ou avant d'ailleurs) le Monde Informatique équipe ses journalistes de petits ordinateurs Olivetti, juste bons pour la saisie de textes. Cela permet de décharger la "fabrication" de la saisie des textes. Et c'est aussi sensiblement plus agréables pour les journalistes qui ne sont pas réfractaires au progrès. Une collègue, embauchée à ce moment, s'y met sans enthousiasme, mais elle n'a pas le choix. Je la vois commencer à taper ainsi son premier article... et s'arrêter au bout d'un quart d'heure pour me dire : "Pierre, jamais plus je ne taperai sur une machine à écrire !".
Un tournant important pour moi est la grande diffusion des PC et du logiciel Framework, à la fin des années 80. A partir de ce moment (1986 ou 1987), je fus convaincu que désormais les applications développées en Framework sont suffisamment nombreuses pour que, même si ce produit disparaissaient, les passerelles vers les produits futurs me permettraient de ne jamais avoir besoin de re-saisir à nouveau mes fichiers. J'ai donc décidé d'amorcer un vaste travail de saisie. Ce travail se poursuit toujours (en 1996) et est loin d'être achevé.
Les mémoires deviennent assez grandes pour stocker des documents, avec les diisquettes de 5,25 puis 4,5 (vérifier) pouces.Grâce à la compréhension de ma direction, je dispose vers 1989 d'un vrai ordinateur "portable" (très lourd, avec un tout petit écran, mais effectivement transportable dans un sac à peine plus garnd qu'un attaché-case. Puis je puis emprunter un Toshiba nettement plus léger, et depuis lors les ordinateurs, portables ou non, se succèdent et récupèrent à chaque fois les bibliothèques de documents. Vient un moment où les capacités deviennent assez grandes pour stocker des images. Et où l'on trouve des disques externes de grande capacité. Quelques centaines de méga-octets, au départ, font l'effet d'un monde illimité... et l'on marche peu à peu vers les giga et les téra-octets.
A partir de 1990, je ne jette plus rien de ce que j'écris, et mes fichiers sont méthodiquement transérés de machine en machine. Il y a un moment un peu lourd où je dois changer le format de stockage, abandonner le Framework (le premier logiciel bureautique intégré accessible à des amateurs) pour Word (surtout) et Excel.
A partir de ce moment, l'archive de référence cesse pour moi d'être le papier. C'est le fichier d'ordinateur qui le remplace, qui devient l'original pour les textes nouveaux, le document de travail intermédiaire pour les documents qui ont une valeur en eux-mêmes (manuscrits familiaux, par exemple). Cela suppose des garanties sur la survie des fichiers. D'où plusieurs mesures en ce sens, encore une fois facilitée par les standards:
Assez vite, je me rends compte de la nécessité de sauvegarder fréquemment les fichiers, et en plusierus exemplaires; surtout les fichiers fondamentaux d'archives personnelles et familiales.
Comme moyen de sauvegarde à long terme, l e CD-Rom remplace les disquettes. Puis viennent les disques externes de grande capacité. ,
Pour les fichiers importants, notamment la famille ou les textes fondamentaux du club de l'hypermonde, la duplication en autant d'exemplaires que possible sur disquette garantit mieux encore la sauvegarde à long terme, l'incendie, l'inondation, les accidents techniques ou les virus rendant de plus en plus improbable une perte radicale. Noter tout de même que ces recopies ont une contrepartie de risque: la dissémination des virus.
Etant donné que, au Monde Informatique, je m'occupe des entreprises utilisatrices, j'ai la bonne idée de commencer à stocker toute la documentation que je peux sur ce thème. Elle atteindra progressivement quelque dix ou quinze mètres de linéaire, que je rapatrie à la maison quand j'aurai le sentiment que leur pérennité dans l'entreprise n'est pas assurée. Par la suite, pour gagner de la place, j'en passe des milliers de pages au scanner. Mais c'est très long et, au moment du déménagement vers l'impasse Marie-Louise, ou un peu avant, je jette tout ce qui restait sur papier.
Cette évolution bute longtemps sur une limite: l'image. J'avais espéré, dès le Toshiba 1000 LE, intégrer au moins les dessins qui illustraient certains de mes textes, notamment ceux sur la systémique. Je dus hélas déchanter. Il fallait une machine plus puissante.
Dès l'acquisition du Dell, je recommençai, puisque Windows permet d'intégrer des dessins Paintbrush au texte Word. Une fois encore, je déchante devant l'énormité des fichiers ainsi composés, car les dessins étaient stockés en format .bmp sans compression (un octet par pixel pour un schéma si simple soit-il, au trait en noir et blanc!). Affaire à reprendre, donc.
Pour l'audio, par ailleurs, je tente aussi un stockage systématique de mes interviews sur petites bandes magnétiques, mais cela s'avère lourd et d'un intérêt trop limité.
Réseaux et plus grandes mémoires
On parle de plus en plus de réalité virtuelle. Au début de 1989, je réussis à me libérer, dans le pavillon de Maisons-Laffitte, une des pièces de la cave pour me faire un bureau. Je l'isole autant que possible, car à ce moment là, le restaurant d'à côté fait du bruit tous les soirs et cela me rend fou. Ce petit local devient intéressant pour la projection et j'ai l'idée, au moins symboliquement, de créer un espace de synthèse avec des projecteurs. Je le baptise THL (toujours mes fantasmes d'universitaire à la manière de Jean-Louis Le Moigne). Voici ce que j'en écris dans une petite lettre personnelle que je réalisais à cette époque, Valeurs 2010. (numéros de janvier et février 1989)
THL (De nos envoyés spéciaux à bord du vaisseau spatial Transparadigmatic Hypertravel Lab.), en développement.
Objectif: offrir une base de réflexion à la prospective en regroupant ordinateurs et moyens audiovisuels dans une pièce isolée. En l'espèce un local à la cave de notre pavillon. Valeurs 2010 rendra régulièrement compte des découvertes de son vaisseau expérimental.
Premier voyage. 28/12/88. Dans la forte odeur de peinture fraîche, mollement allongé dans la nuit mansonnienne, le maître en personne (presque aussi peint que les murs), fait prendre au vaisseau son premier envol.
Seul moteur, à ce stade du développement, un lecteur de microfiches modifié pour afficher sur les parois. Des motifs de Vasarely ouvrent dans la nuit une fenêtre abstraite. La vitesse est si grande que tout semble arrêté (celle là il fallait la trouver, non?). Seul le ronronnement régulier de la ventilation du lecteur connote sympathiquement (ça c'est du Le Moigne) les mégawatts de la centrale hypernucléaire qui pousse le vaisseau dans l'hyper (excusez du peu) espace.
Deuxième voyage. 7/2/89. En compagnie de Pascal Fritsch, qui prépare une expédition, de type cinéma, dans d'autre souterrains grandioses des environs. Il suggère, pour varier les relations psychologiques entre les occupants du THL, des sièges à hauteur variable. Chacun pourrait ainsi mettre son c.. à la hauteur de son Ego. Le prix ne devrait pas être exorbitant avec des crics de voiture.
A suivre. Mais une première réflexion: pas d'âme sans corps ni de logiciel sans matériel. Lourd: le silicium, c'est non seulement quelques milligrammes de puces dans les micros, mais aussi quelques mètre cubes de sable dans le béton qui nous héberge. Voir "domotique" et "foncier".
Troisième voyage, 4/3/89. Visiteur de marque, en la personne de Charles Wiseman, créateur du concept de "Strategic Computing". Il apporte à bord sa nouvelle version, baptisée "Strategic Information Systems", qui vient de paraître chez Irwin (Homewood, Illinois 60430).
Quatrième voyage, 12/3/89. Construction d'un petit voyage diapo chez le renard et le corbeau. Co-auteurs: Hélène et Lucie Roa-Alarcen. Puis passage d'un vieux petit bout de film à la plage de Houlgate.
Pour l'instant, l'armement du vaisseau ne progresse guère, faute de moyens financiers. Du moins y a-t-on regroupé une part des moyens informatiques de la maison: - le gros PC (VPC 15, avec 15 mégaoctets sur disque dur) offert par Yves Alarcen, jouant le rôle de mainframe;
- le vieux PC portable de Computerworld, qui ne marche plus que d'une disquette mais rend encore des services, notamment à Cyril pour les jeux ou en complément quand le VPC est déjà utilisé);
- le Commodore 64, que l'on voudrait pouvoir utiliser pour le pilotage des automatismes, car on dispose d'interfaces digitales et analogiques et un programme domotique a été développé pour lui ici il y a trois ans. Malheureusement, l'unité de disquettes ne marche guère.
Une des premières réflexions que suscite le THL, c'est qu'il pourra employer une quantité indéfinie de puissance de calcul, dès qu'on passera au stade de la synthèse d'images et/ou de l'intelligence artificielle pour présenter et structurer les hyper-voyages. La situation de "manque", de "frustration" est donc consubstantielle à un projet d'une telle nature, une fois posée des ambitions un peu large. C'est comme l'indécidabilité de Gödel.
Conclusion: n'attendons pas la lune et commençons à voyager, ou à préparer des voyages. Par exemple en "intégrant" les ressources audiovisuelles existantes: films de famille, photos et diapositives, documentation.
Le THL deviendra mon bureau, mais un bureau classique, cerné par des murailles de papier constituées notamment par mes archives sur les utilisateurs.
Xam. Première mouturesSouhaitant reprendre mon travail philosophique sur Max, mais privé du système des capteurs et actionneurs, je commence vers 1985 un programme en Lisp visant à créer un dialogue naturel de type génération/évaluation. Je me décourage assez vite, car mon interprète de Lisp semble bogué, et mes programmes ne progressent pas, une partie des fonctions indiquées dans la documentation ne fonctionnent pas, etc. Je l'appelle Xam, par anagramme de Max. Aussi, je crois, parce qu'une belle dame de bande dessinée de l'époque porte ce nom. Après avoir enfanté un garçon, une fille apporte de la variété... sinon la projection de fantasmes plus ou moins incestueux.
A la fin de 1992, je parviens à échanger, contre quelques adresses, une formation au langage C. Première application, un générateur graphique. Je commence très progressivement, par reprendre une vieille réflexion engagée à Champéry en 1966, sur la sémantique possible de dessins aléatoires.
Première programmation en mode caractère. Puis passage au mode graphique. Je construis peu à peu une série de générateurs aléatoires ou déterministes qui font des formes parfois intéressantes. Mais la répétition, au bout d'un moment, conduit toujours à la saturation. Je crée donc aussi des fonctions de réduction, ou de reprise au départ après un certain temps.
Le projet est d'emblée très ouvet. Il progresse peu à peu et un pas décisif esf franchi le 6 août 1993, sur un petit portatif Dell : Xam "diverge", en ce sens qu'il est capable de conserver en mémoire quelque chose que j'y ai saisi. Cela semble ridiculement facile aujourd'hui, mais à ce moment là, en partant de C brut, il me fallait mettre au point et le dialogue de saisie et les échanges avec le disque dur. Le traitement de texte est simpliste, bien entendu.
Autour du texte, je suis libre ensuite de construire tous les interpréteurs et compilateurs que l'on veut. Dans l'esprit qu'avait assez génialement ouvert l'Hypercard d'Apple, mais qui ne fut pas assez suivi par la suite. Faute de philosophie?
Xam, un logiciel comptable !
Xam me rend aussi un service appréciable: le module de comptabilité que j'y ai ajouté est le premier outil que j'ai réussi à utiliser de manière efficace pour suivre mon compte en banque. La raison est simple: une grande facilité de saisie (quand on connaît Xam), et deux fonctions d'évaluation réalisées par Xam, ce qui évite les problèmes d'addition et les erreurs associées.
Le principe est celui de la partie simple. Un texte Xam pour la comptabilité se compose, pour chaque ligne d'un chiffre comptable (je me limite aux francs pour rendre la saisie plus rapide), suivi immédiatement d'un C pour les recettes, les autres étant considérées par défaut comme des dépenses. Comme les recettes sont beaucoup moins nombreuses que les dépenses, en tous cas pour un salarié, cette solution est rentable.
En appuyant sur la touche Tabulateur (dans la version actuelle), on obtiens le solde à cette ligne. Si l'on prend la peine d'ajouter sur chaque ligne un signe < suivi d'une lettre, il suffit d'appuyer sur Alt Z (version actuelle) pour obtenir un compte d'exploitation annuel. On peut ensuite ajouter, suivis d'un double slash à la mode C, de tous les commentaires désirés. La fonction de recherche de chaîne permet éventuellement de retrouver aussi bien un montant qu'un libellé ou fraction de libellé quelconque.
En projet: un prolongement élaboré de cette méthode, avec des analyses en tous genres. Ne serait-ce que pour taquiner mon ami Roland Deboux, inventeur de la partie triple et du progiciel Lumière, en réhabilitant la partie simple.
Internet
Au début de 1996, Le Monde Informatique me dote d'une machine nettement plus puissante, un Pentium 75 MHz, assorti d'un branchement sur Internet par le réseau local, relié au fournisseur d'accès par une ligne spécialisée à 64 bps (ce qui fait rire, en 2010 !) En quelques semaines, toutes mes perspectives sont bouleversées.
D'abord par une ouverture sur le monde Internet. La performance des accès se voit relayée par AltaVista, serveur d'indexation proposé par Digital Equipment. Il devient possible d'obtenir en quelques secondes, mettons quelques minutes, des réponses pertinentes à des questions de tous ordres : orthographe du patronyme de J. Michel Billaut, recette de confiture d'oignons, références récentes sur Contrat social. Et le texte même de Rousseau dans la foulée. Ce qui conduit à découvrir des serveur suisse qui propose plusieurs milliers de textes classiques en texte intégral, à commencer par la Bible (traduction Crampon).
Ensuite par une montée régulière de mes volumes de données personnelles.
En février 1996, ma machine
de référence est un Thinkpad IBM. 120 méga-octets sur disques, dont 10 de
libres, après nombre de nettoyages pour rester dans la capacité permise. Les
programmes de base et utilitaires divers prennent 80 mégaoctets.
Les fichiers vraiment originaux spécifiques, occupent
quelque 30 méga-octets. Dans l'ordre d'importance:
- textes fondamentaux (systémique, philosophie) 9 Mo (dont 3 reliés au thème hypermonde)
- textes familiaux 4
- textes professionnels : collection des notes sur les utilisateurs 2, articles du Monde Informatique 7
- index, bibliographies, utilitaires spécifiques 3
- images 4
- programmes (essentiellement Xam) 1
Une partie des fichiers (utilisateurs, index) sont au format Xam (un peu plus de 6 millions de caractères). Les autres, sont pour l'essentiel, en Word sousWindows.
Xam 2. L'intégration sous Windows
Xam fait de plus en plus vieillot avec son mode caractère. Il faut le réécrire sous Windows. Difficile. Vbasic ne semble pas suffire pour intégrer la totalité des fonctions de Xam. Il faut donc en passer par VC++, ce qui pourrait être plus facile du fait de la continuité avec le programme d'origine.Malheureusement, la difficulté n'est pas mince. Et confirmée par un stage d'une semaine sur les MFC suivi en décembre 1996 (en pleine grève des transports, je suis allé coucher chez Françoise et Armand). Le professeur Cies ... réactions d'Armand.
Je commence alors à reprendre le développement Xam2, en me réjouissant des vastes perspectives ouvertes par Windows. Et en espérant dominer peu à peu les difficultés tout en reprenant au maximum les programmes écrits pour la première version. Malgré les difficultés, les débuts semblent assez encourageants.
Un de mes objectifs du projet consiste à supprimer la prise de notes sur papier pour le faire directement sur l'ordinateur. L'expérience montre assez vite qu'il y avait ensuite un assez gros travail de reclassement des notes, prises au fil de l'eau, dans l'ensemble de la base documentaire. D'où l'idée d'un "ventilateur" automatisé, qui effectuerait ce reclassement semi-automatiquement, à partir de mots-clés, par exemple. Ce volet n'a pu être mené à bien.
Avec le Toshiba, vient l'idée d'une utilisation permanente, notamment en conférence de presse et en réunion, pour la prise de notes et l'accès à la documentation. Mais les réactions des collègues me dissuadent cet emploi. Tel que les portatifs se présentent actuellement, avec leur clavier traditionnel et l'écran qui se déplient, il se prêtent mal aux réunions conviviales: "Pierre, tu nous stresses, avec ton micro".
Les solutions de type "ardoise" ouvrent, dans leur principe, quelques espoirs, car ils restent plats sur le bureau et se prêtent à une prise de notes analogue à celle du papier, qui est de règle et ne gêne pas la conversation et la vie de réunion. Malheureusement, les modèles actuels ne sont pas organisés pour ce travail, et l'écriture manuscrite y reste trop inconfortable et trop peu précise pour la prise de notes.
Je pense aussi à l'ordinateur comme outil d'animation. Par exemple un projet d'assistant pour animateur liturgique, avec le texte des chants, la partition dans la mesure du nécessaire (avec déroulement automatique à la limite), et pourquoi pas un petit guide chant pour entonner plus facilement.
Tout intégrer ! Avoir tout partout. Le fantasme: un petit chemin de crête dans le Cantal, par temps de bruine. Et, dans le sac, entre la gourde et le duvet, un superordinateur portatif et une antenne satellite. J'ai poursuivi ce fantasme à travers le Combi Volkswagen et le THL. Je renoncerai finalement à ce Xam intégrateur, car mes amis me mettent en garde : Windows évolue constamment et il faudra donc tout le temps y revenir. En outre, la programmation sous Windows n'a pas tendance à se simplifier !
Pour beaucoup de gens, ce type d'intégration a quelque chose sacrilège. Comme d'écouter de la musique, même de grands classiques, avec un walkman dans un paysage grandiose ou intimiste. Mais il faut tout de même raison garder.
Site web et Personet
Le Club de l'Hypermonde a un site Web dès 1997, je crois, grâce à la coopération de Micheline et Roland Deboux, qui hébergent grâcieusement le site sur l'ordinateur de la société. A la fois à titre amical (ils sont membres du Club) et à titre expérimental pour leur propre entreprise. A ce moment, les capacités disponibles permettent d'associer l'image et même le son à ces fichiers, et le scanner devient un outil courant. Le site est donc asse riche en images. L'impression de facilité de HTML s'avère en partie trompeuse, car j'ai fait mes premières pages sous Word 2, en rajoutant simplement des balises. En général, les accents passaient assez bien, mais pas toujours. Dans le même temps, la montée du professionnalisme sur les serveurs en rend la réalisation et l'animation plus difficile. Mais je reprends un peu plus tard (2001) un travail analogue avec Asti-Hebdo.
On commence à ce moment à parler d'un nouveau langage de programmation, Java. Lié
à une autre manière de concevoir l'informatique et les systèmes d'information :
le poste de travail ne conserve plus en permanence que les moyens de
présentation. Les programmes lui sont livrés par le réseau au fur et à mesure
des besoins.
Je m'intéresse donc vivement à cette nouveauté. Mais elle fait référence à
HTML. Jusque là, ce signe barbare évoquait pour moi SGML et ses lourdes
contraintes de la documentation à la manière de Cals. Pour accéder à Java, je
fais l'effort de m'initier à HTML... et je découvre avec stupeur la facilité de
ce standards. Fastidieux à manier sans doute, amis sans commune mesure avec le
complexité de Virtual C++ , SDK et MFC(sur quoi je viens de me casser les
dents).
Dans la foulée, je m'aperçois par hasard que Netscape fonctionne très bien
local. Pourtant, cela ne figure dans aucune documentation, même officielle. Il
devient donc possible, d'écrire soi-même, en local, des pages de type Web, et
d'accéder à l'hypertexte et au multimédia.
Il devient aussi intéressant d'appliquer ce format à la documentation
personnelle. J'exprime mon enthousiasme dans un petit «contrepoint» du Monde Informatique.
«Internet, intranet, personet».
Le concept n'a pas de succès, mais je garde cette technologie pour une grande partie de mes données personnelles, ainsi que pour un CD-Rom consacré à la famille Lefebvre-Boulan. Il y a beaucoup de textes, d'images, et un peu de son (les enregistrements d'Anne-Marie Boulan et de la famille à Stella-Plage faits par Michel Lefebvre). A une réunion de famille (Senneville), je prépare un CD pour chaque branche. Mais aucun des participants n'en perçoit l'utilité.
Dès lors, la réparation entre système d'information personnel et système de communication ne s'exprime plus dans la
différence des formats et du mode de navigation, mais simplement dans le choix
de ce qu'on rend, ou pas, accessible.
Dans la nouvelle version, je ne serais pas contre l'idée de refaire un volet domotique. A Maisons-Laffitte, le réseau est toujours là. Mais j'ai moins d'illusions qu'autrefois sur la facilité de ce type d'application. Et je sais aussi que cela prend beaucoup de temps.De plus, une intégration domotique pose un problème d'unicité de l'outil d'intégration. Si je veux garder en permanence mon intégrateur avec moi, quand je me déplace, il faudrait que télécommande en permanence la domotique. Ce qui serait à la fois très coûteux et peu sûr, les réseaux ayant leurs limites.
Donc, à tout le moins, il faut une forme de délégation. D'ailleurs offerte et suggérée par un produit en vente chez Surcouf en 1995. Sur un principe analogue à l'architecture industrielle CIM, il comporte un automate pour le pilotage permanent des capteurs et actionneurs. Mais on le programme ou on dialogue avec lui par l'intermédiaire d'un PC ordinaire. Avantage supplémentaire: l'automate comporte sa propre batterie, donc peut fonctionner longtemps même en cas de panne de courant, ce qui avec un ordinateur desktop exige un onduleur avec batterie coûteux. Mais ce produit est un peu cher pour moi. D'ailleurs Surcouf ne le proposera pas longtemps.
On voit donc qu'il y a une limite fondamentale à l'intégration, d'autant plus que la maison étant partagée avec d'autres personnes, il faut que chacun puisse, selon ses besoins et ses responsabilités, accéder à la domotique. On se voit donc conduit au groupware.
A partir de 1999, L'Asti me donne l'occasion de réaliser un nouveau site HTML, avec son hebdomadaire Asti-Hebdo puis Stic-Hebdo, dont l'ensemble s'étend sur cinq ans, avec un substantiel dictionnaire en ligne, doté d'un bon nombre de documents.
A partir de 2000, en parallèle, je commence à développer mon logiciel de peinture Roxame, d'abord en C++ puis en Processing, avec des essais en Java. Vers 2003, Roxame a son site, chez Rilk.
Vers 2005, les prix baissant et mes finances s'améliorant grâce à l'héritage de Line, je fais numériser tous les films existant à Maisons-Laffitte, qu'ils viennent de mon père (le plus gros) ou de la famille Alarcen.
En 2006, je fais très temporairement un site pour le Paris ACM Siggraph, mais il est ensuite repris, de manière beaucoup plus sérieuse et sous Plone, principalement par Pierre Hénon.
Enfin, en 2010, pour faciliter la transmission de mes précieues données à mes descendants, je monte à nouveau un site personnel reprenant l'ensemble de mes informations. La "face avant" est un "dictionnaire critique des arts numériques". Mais je stocke dans ses caves, si je puis dire,
- une récupration du site de l'hypermonde
- une récuparation du dictionnaire "Asti", d'Asti-Hebdo et de Stic-Hebdo
- l'essentiel des grands articles que j'ai publiés ou de mes notes internes
- (à l'étude) l'ensemble de ma base d'articles au monde informatique
et, last not the least, mais sous une forme suffisamment protégée : mes mémoires !