@TITRE:PC/NC, une guerre de marchands
@CHAPO:IBM, Oracle et Sun partent à l'assaut du PC (Personal computer, autonome) pour promouvoir le NC (Network computer, terminal presque passif). Essentielle pour l'équilibre de l'offre, cette bataille médiatico-industrielle peut faire l'affaire des DSI.
@TEXTE:Ah, le beau tournoi. Les concepts montent sur leurs grands chevaux, les communiqués fusent, les hérauts se préparent à entonner les trompettes idéologiques. La grande tradition informatique revient avec le "network centric". Robin des bois la nargue avec ses micros toujours performants et ses réseaux incontrôlables. On se croirait à la fin des années 70. Bruno Lussato (consultant et enseignant) apôtre de la micro contre Pierre Lhermitte (DSI de l'EDF) relevant l'affront au nom de l'informatique sérieuse, c'est à dire centralisée.
Pour les fournisseurs, le péril justifie l'état d'urgence, voire la croisade: Microsoft menace de tout laminer. A commencer par les marges. Versons une larme et surtout armons nous. Et, sur le long terme au moins, les entreprises comme les ménages ont tout intérêt à voir le marché garder son effet de régulation et de pression sur les prix. Et pour cela se garder des monopoles.
En pratique, on voit mal le marché se polariser sur les extrêmes. A quoi peut servir, aujourd'hui et demain plus encore, un micro-ordinateur totalement isolé? Ou un terminal si bête qu'il faudrait une ligne ATM pour rafraîchir son écran à un rythme confortable? Le partage des ressources et les modes coopératifs, pour ne pas dire le client-serveur, s'imposent.
Mais la cavalcade sauvage des micros, le budget qu'ils exigent et les difficultés de leur mise en oeuvre par le commun des mortels, la charge des services de support dans les entreprises... laissent attendre des machines plus fermées, limitées, contraintes, mais économiques, contrôlables, faciles à gérer. Elles pourrait bien faire le gros des chiffres d'affaires dans les dix années à venir. Tout en laissant au micro "classique" un espace vital suffisant. Avec toute une gamme de produits plus ou moins ouverts, en fonction des rôles, des personnalités, des cultures d'entreprise. Un peu comme les différents degrés du client-serveur dans le fameux schéma du Gartner Group.
Les DSI pourraient trouver là un outil de régulation souple et puissant. N'offrir l'ouverture et l'autonomie qu'aux utilisateurs qui le demandent et qui savent s'imposer la discipline nécessaire. Et, qui sait, mettre eux-mêmes en scène le tournoi micro-macro pour faire progresser... l'informatique.@SIGNATURE:P.B.