Claude DECK
Directeur du dpartement conseil
Gamma International
Pour que l'informatique conribue de faon significative
la performance d'une entreprise, l'accroissment de
ses parts de march, celle-ci doit se mettre au
diapason de cette technologie et l'utiliser pour ce
qu'en peu apporter, et pas plus.
Certaines banques investissent fonds perdus des
milliards de francs en informatique, faute d'volution
organisationnelle significative, faute aussi de faire
voluer la comptence des hommes.
Les technologies peuvent tre utilses de deux faons:
pour remplacer l'activit humaine (c'est ce qu'on a
fait dans les deux dernires dcennies) ou pour faire
voluer les mtiers. Cette orientation est
significative depuis 7 ou 8 ans dans l'automobile. Avec
en consquence des crises sociales importantes, un
sur-effectif mais aussi une inadquation entre
l'existant et ce qui tait requis.
La gestion des ressources humaines reste plus proche de
la gestion du personnel, pour ne pas dire de la paie,
que de l'optimisation des ressources en hommes.
L'informatique ne progesse pas vite, parce que
l'volution culturelle ne s'est pas encore faite au
sein de la majorit des entreprises franaises. Les
progiciels fournissent la paie et le bilan social, mais
ne soutiennent pas une gestion prvisionnelle de
l'emploi, des plans de formation, suivi de ces plans.
Le commercial volue beaucoup plus vite. Confrontes,
quel que soit le secteur, une concurrence accrue,
une volution importante des attentes des clients, le
commercial ne se contente plus d'une informatique de
back-office, administrative. Elle voit tous les
avantages qu'elle peut tirer de l'outil. Il prpare
mieux ses tournes, choisit ses clients par utilisation
fine des fichiers de l'entreprise. Il remplace
cinquante visites aux rsultats alatoires par dix
rendez-vous avec un taux de succs proche de 100%.
La dynamique commerciale change aussi. Autrefois, on ne
connaissant le client qu'au moment de son achat, de la
tarnsaction. Maintenant on le gre de faon durable, on
communique rgulirement avec lui.
Quant au comptable, son principal travail tait
autrefois de balancer ses comptes, c'est dire de
s'assurer que la totalit des oprations tait
cohrente, tombait juste. Il n'a plus s'en proccuper
aujourd'hui, puisqu' toute saisie d'un mouvement,
l'ordinatuer gnre sans erreur touts les changements
qui en dcoulent.
Le comptable doit donc se concentrer sur le suivi des
comptes et des budgets, la surveillance des comptes
sensibles, la formulation de prvisions, bref
participer au pilotage de l'entreprise. Hier employ en
manches de lustrine obsda par des dtails, il se
rapproche du manager d'entreprise.
De mme, le contrleur de gestion, autrefois producteur
en masse de chiffres et de tableaux, passe maintenant
moins de temps produire de l'information qu'
l'interprter, prvoir le comportement de
l'enterprise et de son march.
Quant la production, la rentabilit de l'inforamtique
ne s'y discute pas. Elle a permis de faire face la
rduction des temps, l'accroissement des volumes et
surtout de la complexit. Sans elle, il aurait fallu
des armes de salaris.
Mais elle atteint ses limites, celles du modle
taylorien (division et hirarchisation du travail). Il
faut inventer autre chose. Aujourd'hui, la gestion de
production sert surtout pallier les carences de
l'organisation commerciale. Une production sans faille
exige une recherche de "qualit totale".
Attention la fascination de la vitesse. Parlons
plutt de synchronisation. Les exigences de temps de
rponse varient beaucoup selon les cas. Pour une
attribution de crdit, par exemple: sur un prt
immobilier, un dlai de 48 heures voire de trois jours
ne gne pas, car l'important est le taux d'intrt. En
revanche, pour le crdit la consommation sur des
articles comme un magntoscope, le client demande un
crdit aumoment de payer, la caisse de la grande
surface. Il faut rpondre en quelques secondes. Sinon
le client renonce son achat.
Est-ce rentable? Je me mfie de cette question. Car il
faut intgrer dans la rponse des facteurs comme la
qualit de service au client. Si l'on rogne sur le
budget informatique aux dpens de cette qualit, la
progression commerciale sera pour le moins ralentie...
On risque la spirale infernale de la stagnation. Si
l'on entend de rduire un budget informatique jug trop
lourd, il ne faut pas en dcider in abstracto, mais
replacer cet investissemnet au milieu des autres,
revoir l'organisation, voir les hommes.
Si le commercial ou le comptable continue travailler
de la mme faon qu'auparavant, la rentabilit n'est
pas dmontre. Il est facile de se former un outil,
mais plus difficile d'apprendre travailler avec, de
s'organiser avec lui.
Pour changer les mthodes de travail, il faut associer
les utilisateurs aux changements de l'organisation.
Mme si c'est un lieu commun, redisons le: il faut
dvelopper une dmarche participative, mais dans un
processus structur.
PROPOS RECUEILLIS PAR PIERRE BERGER