@SURTITRE:JAMES MARTIN, SAVANT INSTITUTE
@TITRE"La cybercorp a besoin d'architectes"
@INTERVIEW QUESTION:Conférencier et auteur, spécialiste du génie logiciel, vous lancez le concept de "cybercorp". Qu'entendez-vous par là?
@INTERVIEW REPONSE:J.M. Il devient horriblement clair que presque toutes les entreprises d'aujourd'hui se sont structurées en fonction des technologies des années 60, et non de celles d'aujourd'hui. Ce que j'appelle la cybercorp, c'est l'entreprise optimisée pour le cyberspace. Prenez les technologies d'aujourd'hui, construisez une entreprise adaptée au monde d'aujourd'hui, et vous aurez une cybercorp.
On peut citer une ou deux entreprises qui ont atteint ce stade, mais pour la plupart, elles en sont très loin. On n'y parvient pas du jour au lendemain, car ces nouvelles entreprises ont une architecture fondamentalement différente de l'entreprise hiérarchisée traditionnelle.
Comme la plupart des opérations de BPR (Business process reengineering) échouent, n'essayons plus de convertir de vieilles unités opérationnelles. Construisons de nouvelles unités, sur de toutes nouvelles structures.
@INTERVIEW QUESTION:Vous avez dit "sans réingénierie, pas de salut", mais si cette voie échoue, nous allons vers une hécatombe d'entreprises!
@INTERVIEW REPONSE:J.M. Il est pratiquement certain qu'un tiers des 500 premières entreprises américaines n'existeront plus dans dix ans. Nous entrons dans une période de turbulence extrême pour les affaires et la société tout entière. Nous verrons des réussites et des échecs spectaculaires. Tous les professionnels doivent donc se demander "Que faut-il faire pour figurer parmi les gagnants ?".
@INTERVIEW QUESTION:Que doivent faire les entreprises pour briser les barrières culturelles?
@INTERVIEW REPONSE:J.M. Les gens vivent dans un monde très compliqué, et ils ont appris des comportements très compliqués pour y réussir. Le changement leur retire leurs capacités à gagner, il est donc naturel qu'ils y résistent. D'autres sont trop pays pour ce qu'ils font, et tout changement culturel a des chances de faire baisser leur salaire. D'autres, dans les couches intermédiaires de management, voient leur pouvoir menacé et vont se battre férocement pour faire durer les anciennes structures.
@INTERVEIW QUESTION:En parlez-vous dans votre livre "The superhighway corporation"?
@INTERVIEW REPONSE:J.M. Absolument. Les autoroutes de l'information sont la, maintenant. Mais elles viennent de s'ouvrir. Leur utilisation va changer du tout au tout dans les cinq ans à venir. Seuls des fanatiques d'Unix utilisaient Internet en 1990. Maintenant, un nombre énorme d'adolescents s'en servent depuis leur chambre à coucher. Mais aussi, partout, des entrepreneurs étudient la manière de l'utiliser pour optimiser leurs opérations.
@INTERVIEW QUESTION:Qu'est-ce qui vous a conduit à vous intéresser à ce domaine, alors que vous êtes plutôt un spécialiste du client/serveur et développement rapide?
@INTERVIEW REPONSE:J.M. J'écris des livres depuis 1960 et j'ai toujours joué la révolution qui s'annonçait. Les autoroutes sont la prochaine révolution. Elle est fascinante pour plusieurs raisons. La première est sa complexité même, et le nombre d'informations de tous types dont il faut faire la synthèse pour la comprendre.
Ensuite, elle va remuer beaucoup d'argent. Bien plus que n'importe quelle autre révolution de l'industrie informatique. Des entreprises géantes vont disparaître. D'autres grandissent et réussissent à un rythme phénoménal. Nous allons voir aussi l'économie se séparer de l'Etat. Et je suis sûr que les politiciens vont exercer un maximum de résistance culturelle.
@INTERVIEW QUESTION:Comment les DSI doivent-ils se positionner par rapport à la révolution de la cybercorp?
@INTERVIEW REPONSE:J.M. Etant donné toute la technologie dont ils disposent, ils doivent se demander à quoi leur entreprise doit ressembler, et quelle est l'architecture optimale. La cybercorp ne vaudra rien sans architecte. Si chaque service optimise ses propres activités ou fait sa propre ré-ingénierie des processus, on aboutira au chaos total. Pas du tout à une cybercorp optimisée. Le responsable des systèmes d'information voit donc émerger à nouveau et important rôle pour lui-même: architecte de la cybercorp.
Le problème le plus difficile? Pour construire les mécanismes dont la cybercorp a besoin, les utilisateurs doivent communiquer extrêmement bien avec les informaticiens. Or ils parlent actuellement un langage différent. Il faudra combler ce fossé si l'on veut réussir.
@INTERVIEW QUESTION:Beaucoup de responsables informatique diraient qu'ils ont sauté le pas ces dernières années, mais que les utilisateurs ne suivaient pas.
@INTERVIEW REPONSE:J.M. Il y a du vrai là dedans, et c'est un sérieux problème. Si les utilisateurs ne sont pas en mesure de dialoguer avec le DSI, comment pourraient-ils construire l'entreprise de l'avenir? Il faut un énorme travail de missionnaires. Et vite. Dans les vingt années qui viennent, le monde va changer plus vite que jamais auparavant. @SIGNATURE:Propos recueillis par KEITH POWER, Computerworld Australia
@LEGENDE PHOTO:James Martin: "Si les utilisateurs ne sont pas en mesure de dialoguer avec le DSI... "