@SURTITRE:LES "COMMUNAUTES EDI"

@TITRE:10 000 entreprises pratiquent l'EDI

@CHAPO:Quelques secteurs comme la distribution et l'automobile font la course en tête. L'Administration pousse à la roue, mais sans avoir encore défini de politique bien claire.

@TEXTE:Les quelque 10000 entreprises qui pratiquent l'EDI en France se regroupent, en majorité, au sein de "communautés". Ces groupes ont l'avantage de permettre la mise au point, entre gens du même secteur, de systèmes adaptés à leurs besoins. Les serveurs sectoriels peuvent élaborer des mécanismes de sécurité appropriés. Les organismes professionnels peuvent soutenir et organiser la partage de l'investissement. Enfin, et peut-être surtout, ils travaillent plus vite que la normalisation intersectorielle et internationale à haut niveau.

@INTER:Allegro, ma non troppo

@TEXTE:La grande distribution vient en tête pour le nombre des utilisateurs: 1000 adhérents du réseau Allegro, qui dessert aussi 300 entreprises de l'industrie agro-alimentaire. Ici, l'EDI a pu profiter des travaux de normalisation menés de longue date par le groupement Gencod (codification des produits de grande consommation, normalisation des codes à barres). La VPC s'intéresse aussi à l'EDI, avec la communauté Evofad, qui regroupe 20 entreprises. Comme pour d'autres secteurs, les optimistes célèbrent une croissance régulière à deux chiffres. Les pessimistes estiment que l'essentiel reste à faire.

Dans l'assurance, l'EDI a réussi là où on ne l'attendait pas: le règlement des sinistres. Un millier de firmes y recourent. En revanche, les projets de réseaux pour la souscription n'ont pas pour l'instant atteint leurs objectifs. En effet, l'essentiel des réseaux commerciaux sont constitués d'agents généraux. Des firmes juridiquement autonomes, mais rattachées à leur Compagnie par des systèmes propriétaires.

La banque, avec ses standards Etebac, les réseaux Relit, G-Sit, Swift... vise à terme la normalisation Edifact, mais n'est pas jusqu'à présent considérée à proprement parler comme "communauté EDI". De même, les industries graphiques échangent de plus en plus de fichiers de textes ou d'image, mais se contentent pour l'instant de standards de facto, sans entrer dans un véritable processus de normalisation.

@INTER:L'automobile en pole position

@TEXTE:L'industrie automobile a constitué avec ses fournisseurs la très active communauté Galia. Elle regroupe 500 utilisateurs et vise surtout les commandes, livraisons et facturations. Les liaisons avec les concessionnaires, en revanche, relèvent de systèmes propres à chaque constructeur, comme dans l'assurance. Le transport fait participer 500 sociétés à ses efforts de normalisation et de mise en place de réseau. Il s'agit essentiellement du transport routier. La SNCF n'a jamais su trouver un terrain d'entente avec ses clients marchandises. Quant au transport aérien, il relève de réseaux de réservation ou d'échanges de données spécifiques, comme la Sita.

Le BTP (bâtiment et travaux publics), qui mène une politique volontariste animée par le PCA (Plan construction architecture); 150 entreprises participent à des expériences d'ampleur croissante; cependant les principaux groupes ne s'y investissent encore que marginalement;

Dans d'autres industries, les communautés, restent modestes. En électronique, où une centaine d'utilisateurs adhèrent à la communauté Edifice. La chimie regroupe cinquante utilisateurs au sein du Cefic. La pharmacie une centaine dans Edipharm. Le textile une vingtaine dans Editex. L'outillage, cinquante dans Edoni. Quelques nouveaux métiers se joignent au mouvement: papeterie et matériel de bureau, vin (Edivin), sport (Edisport), équipement des véhicules en pièces détachées (Fiev), distribution des produits musicaux (Edimusik), fabrication et distribution de meubles (Edifa), l'information géographique (Edigéo).

@INTER:L'attitude ambiguë des grands ministères

@TEXTE:Quant à l'administration, elle est loin d'avoir élaboré une doctrine cohérence. L'article 4 de la récente Loi Madelin donnent une base légale au développement de l'EDI, mais sans y obliger aucun ministère. La Justice freine. Les Finances poussent: facturation sans papier à la DGI, système Tédéco à la Comptabilité publique. Et si le RSS (Réseau santé social) parvenait à voir le jour, ce secteur prendrait une place de premier plan en EDI (Le groupe européen Emedi tiendra ses assises les 26 et 27 mai à la Maison de la Chimie à Paris). Enfin la Défense échange des données selon des formats particuliers (souvent définis par l'Otan). Elle s'intéresse surtout, actuellement, aux échanges de données techniques dans le cadre de l' "initiative" américaine Cals (Computer aided acquisition an logistics support).

Mais, du soutien à l'économie à la protection des libertés, les enjeux politiques de l'EDI restent à la fois lourds et contradictoire. De plus, l'Administration est trop souvent juge et partie pour pouvoir nettement clarifier son rôle. Le rapport Marchand (LMI du 29/4/94) fera peut-être mûrir le besoin de révisions radicales. @SIGNATURE:P.B.