@SURTITRE:CORNEL SIMIU, directeur général Cap Sesa Institut

@TITRE:"Le beurre et l'argent du beurre"

@TEXTE:Comprimer les dépenses: telle est, selon les conclusions de la récente enquête de Gateway management consulting, la priorité absolue des patrons informatiques américains. Loin, très loin, devant la qualité du service, la satisfaction de l'utilisateur, la disponibilité et autres préoccupations accessoires d la même veine. Voilà, direz-vous, qui n'est pas franchement surprenant par les temps qui courent. Mais la surprise, elle vient du second volet de l'étude. On y apprend que, l'échantillon étant bien sûr le même, 84% des entreprises interrogées ont lancé des programmes de business reengineering au cours des douze derniers mois. Et c'est là que les choses deviennent incohérentes.

Sauf exception rarissime, en effet, un programme de reengineering suppose forcément le développement d'une nouvelle application, o la refonte d'applications existantes: les fameux nouveaux processus doivent bien reposer sur quelque chose. Or de nouveaux développements, cela coûte forcément de l'argent. Cherchez l'erreur...

Ce n'est d'ailleurs là qu'un exemple de l'incohérence qui pollue actuellement le discours autour du reengineering. Toutes les entreprises le revendiquent, peu semblent décidées à y mettre le prix. La lecture de l'excellent article consacré au sujet par la Harvard business review dans non numéro de décembre est à cet égard édifiante. Trois consultants new-yorkais y dressent le bilan de programmes de reengineering menés dans 100 entreprises. Un bilan en moyenne plutôt décevant, surtout comparé aux exemples spectaculaires qui émaillent le best-seller de Michaël Hammer et James Champy. Les raisons le plus fréquemment avancées pour expliquer échecs et semi-échecs: projets trop ponctuels, trop superficiels, manque d'engagement personnel des directions générales, manque de moyens de façon générale. Or, et les spécialistes sont unanimes sur ce point, en matière de reengineering, la pusillanimité n'engendre que perte de temps et frustration des acteurs impliqués.

C'est exactement le même type d'ambiguïtés qui caractérise aujourd'hui le débat autour des budgets informatiques dans nombre d'entreprises. Dans le registre jésuite, le message de beaucoup de direction générales est un modèle. En gros, c'est "faites mieux pour moins cher". D'ailleurs, c'est facile, n'est-ce pas, compte tenu des progrès de la technologie. Ben voyons...

Accepter ce type de consigne, ruser en profitant d'une perte relative de visibilité des coûts informatiques qui accompagne forcément les programmes de décentralisation en cours un peu partout, tenter de se débrouiller en privilégiant le court terme, l'entreprise le paiera forcément un jour. Mieux vaut, à moins d'une situation personnelle particulièrement délicate, avoir le courage de mettre les cartes sur la table, et expliquer que, en informatique comme ailleurs, entre le beurre et l'argent du beurre il faut, hélas, choisir.@SIGNATURE:CORNEL SIMIU, directeur général, Cap Sesa Institut.

@LEGENDE PHOTO:Cornel Simiu: "Le BPR... un bilan en moyenne plutôt décevant".