@SURTITRE:MESSAGERIES

@TITRE:X.400, le pour et le contre

@CHAPO:Mise en cause par les difficultés du "système Schengen", concurrencé par les systèmes propriétaires, la norme X.400 reste la seule solution totalement ouverte.

@TEXTE:Le rapport du Sénat sur l'impossibilité de démarrer le "système d'information Schengen", imputée pour une part au moins a la messagerie X.400 sème le doute sur l'efficacité de cette norme internationale. A un moment d'autant plus fâcheux pour ses promoteurs que des standards propriétaires comme le MHS (Message handling system) de Novell, ou le SMTP (Simple mail transfer protocol)d'Internet se taillent des parts considérables sur ce marché encore largement ouvert. Sans parler des services d'interconnexion offerts par plusieurs constructeurs d'ordinateurs ou firmes spécialisées.

@INTER:Les défauts de la cuirasse

@TEXTE:Tout d'abord, note Daniel Martin, X400 offre une norme de bas niveau, donc assortie de services minimaux. Une application élaborée demande donc un important effort de développement, qui peut atteindre dépasser les dix millions de F si les volumes, la complexité et la richesse des fonctionnalités l'exigent.

"Une norme diminue le travail de spécification, mais pas le travail de réalisation", indique Dominique Marchand (Syseca/Lir). Et il suffit de prendre contact avec les documentations techniques pour comprendre le caractère très "pointu" de ce type de développement. Les sigles fleurissent comme muguet au premier mai, les couches se superposent et se décomposent en sous-couches, la boxologie (science de la représentation par boites) explose.

Cette complexité est la rançon qu'il faut payer pour atteindre l'universalité. La norme, en effet, "définit toutes les interfaces qui permettent aux messageries de communique entre elles et d'acheminer un message d'une boite aux lettres d'un émetteur à celle d'un destinataire" (document Interop 93). Les messageries les plus simples se passent de ces constructions coûteuses. Pour communiquer de personne à personne au sein d'une entreprise à l'informatique suffisamment hétérogène, les grands systèmes ou les réseaux locaux offrent ces fonctions presque en standard aujourd'hui.

Dans le monde universitaire, le réseau Internet a généralisé le protocole SMTP, grâce à la grande diffusion de l'environnement Unix. Le réseau Internet, basé sur ce protocole, atteint aujourd'hui des millions de personnes et commence à déborder sur le monde des affaires.

On reproche aussi à X.400 des performances insuffisantes, notamment pour les temps de transmission. De fait, comme toute messagerie "asynchrone", faisant transiter les messages par différents noeuds et par des chemin parfois imprévisibles, la norme ne permet pas de garantir un temps d'acheminement maximal. Pour les applications à temps de réponse critique, les liaisons en point à point, et si possible par lignes spécialisées, s'imposent comme la seule solution vraiment sûre. En revanche, X.400 peut convenir à des réseaux à grand débit, comme celui de la Sita, qui traite 80 messages par seconde

@INTER:L'universalité incontournable d'une vraie norme

@TEXTE:L'avantage majeur de la norme X.400, en fait sa raison d'être, est d'offrir une manière ouverte à la transmission de données. Elle peut s'implanter sur n'importe quel réseau local ou public respectant les normes OSI. Des messagries X.400 fonctionnant différents réseaux peuvent ainsi s'interconnecter. La norme voit déjà des réalisations sur des plates-formes variées. Son caractère de norme officielle a poussé au développement de centaines de produits qui la supportent, depuis les micro-ordinateurs jusqu'aux mainframes. Elle bénéficie aussi de nombreuses passerelles avec les autres types de messagerie, notamment SMTP. Elle commence aussi à profiter du développement des radio-communications, qui élargissent les applications et les besoins techniques de messagerie.

Actuellement, la norme a défini plusieurs services normalisés. A la base, IPMS (Inter personal message system), à caractère général, avec des fonctions analogues à des produits du commerce comme CC. Mail. Plus sophistiqués, et à l'intention d'un public plus réduit, la normes P.EDI, pour les échanges de données informatisés. Les militaires disposent de la norme P722, variante des normes générales. Enfin, pour les services non-normalisés, des API (interfaces programmatiques) permettent d'élargir les applications en se ramenant à des messageries de type CC:mail ou MS-mail.

Face à l'offensive des systèmes propriétaires, X.400 garde donc ses chances, et peut même bénéficier de leur développement, qui devrait faire naître un besoin croissant d'interconnexions. On s'appuiera donc sur elle en toute hypothèse dans les trois cas suivants. 1) On a besoin pour une raison ou une autre d'employer la messagerie publique Atlas 400. 2) Il faut faire inter-opérer des messageries propriétaires, par exemple SMTP avec d'autres messageries. 3). Quand les applications ont besoin de fonctions qui exigent un développement spécifique, comme les priorités, ou accusés de réception.

@INTER:Une offre déjà étoffée

@TEXTE:Un certain nombre de sociétés françaises commencent à disposer d'équipes importantes compétentes en X400. Outre les constructeurs (notamment Bull, IBM, Digital, Sun), certaines SSII ont consenti de substantiels investissements dans ce domaine, notamment Marben et Syseca. Cette dernière distingue un marché sectoriel, avec des produits clés-en-mains fortement personnalisés (type météo, Swift, Défense nationale) et une offre plus horizontale pour des entreprises industrielles ou le secteur des services.

L'industrie américaine fait désormais sentir son poids, obligeant les firmes françaises à s'orienter vers l'intégration ou le développement de systèmes spécifiques. Cependant, commente Dominique Morvan, "il faut vendre des produits pour générer les marges qui vont financer les hommes". @SIGNATURE:P.B.

@LEGENDE ICONO:Le protocole P.EDI montre comment la norme X.400 se prête à des constructions élaborées pour répondre à des catégories de besoins bien déterminées.

(*]. Bibliographie. La littérature reste encore insuffisante en la matière. Outre notre confrère Télécom et réseaux, on trouvera de substantielles données de base dans "Télématique, techniques, normes et services" de Bernard Marti (Dunod 1990). Très spécialisé, notons "EDI et X.400 utilisant P.EDI, le guide du développeur", de Richard Hill (Afnor 1992). Data Communications a analysé le marché, offre et demande, dans son numéro du 21 mars 1993. Enfin, sur les problèmes Schengen, on pourra lire le rapport d'information du Sénat (numéro 262, 1993-94, rapporteur Xavier de Villepin) et nos analyses dans LMI du 4 février 1994, page 14. La rédaction de cet article a bénéficié des observations de M. Athanase (Comra international), Dominique Morvan (Syseca/Lir), Michel Quincy (Marben), Daniel Martin (consultant), Alain Risbourg (Sun), Philippe Rousseau (Dynatech).