@SURTITRE:SOLUTIONS EDI 94

@TITRE:L'EDI au milieu du gué

@CHAPO:L'EDI normalisé n'a pas encore tout à fait convaincu. Ses partisans s'essoufflent et des novateurs proposent de le tourner au nom de l'ouverture. Cependant les réalisations sont déjà solidement implantées sur le terrain.

@TEXTE:Après l'enthousiasme des pionniers, les états-d'âme des réalisateurs! Toute entreprise a aujourd'hui entendu parler de l'EDI (échange de données informatisé). Mais beaucoup expriment leur déception face à la lenteur des progrès, à la lourdeur des implémentations, aux efforts nécessaires pour réunir et convaincre des partenaires. Les prochaines journées Solutions EDI (au Cnit, du 1er au 3 juin) vont permettre d'évaluer les forces en présence

Au centre, Edifrance. Maintenant indépendante sur le plan juridique, l'association fédératrice construit peu à peu ses structures opérationnelles. Consciente de l'essoufflement du marché, elle multiplie aujourd'hui les actions sur le terrain. En particulier, la création dans toutes les régions de structures d'animation et de formation, les Edicentres.

Au sommet, l'Afnor et son comité d'orientation stratégique pour la normalisation Edifact. Pour les puristes, seules les activités qui s'y conforment méritent à proprement parler le nom d'EDI. Mais le processus de normalisation s'étale sur plusieurs années. Et rien ne servirait de brûler les étapes, comme on l'a vu par exemple dans le domaine similaire des réseaux locaux industriels. Par ailleurs les messages Edifact visent à couvrir toutes les situations. Leur mise en oeuvre exige donc une entente entre les partenaires pour en adapter l'utilisation. Enfin, bien que pratiquement tous les pays et tous les secteurs économiques disent converger vers cette normalisation, certains traînent les pieds. A commencer par les Américains, pas pressés de renoncer à leurs standards locaux X12.

@INTER:Edifact débordé par Cals

@TEXTE:La normalisation Edifact, en effet, vient du monde du commerce (Le "trade", disent les milieux anglo-saxons). L'école française de l'EDI l'a poussée vers les applications administratives et sociales. Mais plusieurs secteurs (BTP, industries mécaniques, Défense) veulent pouvoir échanger des données techniques. Des plans et graphiques. Ou plus exactement, des fichiers de dessin ou de CAO.

L'impulsion la plus forte est venue du ministère américain de la Défense (DOD), avec Cals. Au sens étroit, il s'agit simplement d'exiger des documents qu'ils se conforment à quelques standards (notamment SGML pour le texte et CCITT Groupe IV pour les images bitmap). Mais le mouvement, singulièrement en France sous la dynamique impulsion de l'ingénieur général Perirhin, vise aussi l'ingénierie concourante et, au delà, l'ensemble des échanges de données. Il engloberait volontiers tout l'EDI. D'autant que, pour des ingénieurs, les données de gestion ne représentent qu'un faible volume de données relativement plus complexes.

@TEXTE:Les vastes horizons de l'"EDI ouvert"

@INTER:Plus proche des applications de gestion, un autre mouvement souhaite dépasser le cadre relativement étroit d'Edifact. Ici aussi, la France pousse à la roue: Odile Lambert, de Bull Ingénierie, jouant les premiers rôles au sein du comité international compétent (ISO/IEC JTC1 WG3, pour les initiés). Sous le nom d' "EDI ouvert", se dessinent des modèles généraux qui intégreraient la structure actuelle des messages dans des architectures fonctionnelles plus élaborées.

Au récent colloque Equiport (tenu les 5 et 6 mai au Hâvre), Jean-Pierre Derouant (Directeur du centre de compétences EDIWorks, Bull Ingénierie) a présenté une synthèse de ces nouveaux développements. Il distingue trois grands cercles de valeur ajoutée croissante, en tenant compte de la complexité de l'information traitée et du degré d'intégration nécessaire (voir schéma ci-contre).

Le premier cercle se limite aux standards existants et les applique aux échanges de données "classiques". On y trouve les échanges par lots de messages EDI, que pratiquent actuellement les grandes communautés sectorielles. Mais aussi les messageries interpersonnelles, qui complètent les échanges formalisés par une communication certes textuelle mais de format très libre.

Le deuxième cercle admet le mode transactionnel, transmettant les messages un par un, au fur et à mesure de leur naissance au sein des applicatifs. D'où une meilleure réactivité adaptée à la montée du juste-à-temps. De plus, les messages formalisés de type Edifact se complètent de documents de toutes sortes, graphiques et plus généralement multi-média. Des messageries internes comme cc:mail, associées à une bureautique suffisamment évoluée (Windows, par exemple) montrent à quel degré de facilité d'emploi conduit ce mode de dialogue. Au moins de personne à personne, car l'intégration complète d'application à application est à peine entamée.

A ce niveau, le rôle des serveurs s'étoffe, qu'ils appartiennent à un entreprise, à une communauté fermée ou à prestataire généraliste (RVA, réseau à valeur ajoutée). Ils peuvent assurer des fonctions de sécurisation ou de "notarisation" des échanges de messages. Ils peuvent aussi, à partir de fichiers d'archivage ou de suivi ("track files") proposer à leurs clients des prestations élaborées. Reconstituer par exemple tout l'historique des échanges entre un client et un fournisseur en cas de défaillance de l'un ou de l'autre: sinistre matériel, infraction au usages ou aux clauses du contrat d'interchange, voire cessation de paiements.

Enfin, le troisième cercle, l'EDI ouvert proprement dit, fait éclater les cadres de la syntaxe Edifact, même élargis aux annexes documentaires. Il ne vise plus à normaliser des messages, mais des API (Application programming interfaces), des protocoles et même des services. Il prend en compte des scénarios. Il gère des événements de tous types, établit les liaisons, fait circuler l'information entre tous les acteurs concernés. Il gère les stockages. Que ce soit pour réutilisation ultérieure élémentaire ou globale ou pour des raisons de sécurité. Bref, il fait la synthèse de l'EDI classique et du Workflow.

@INTER:Définir des projets concrets

@TEXTE:En attendant, pour les utilisateurs comme pour les fournisseurs de produits et de services (*), reste à définir des produits et des projets réalistes. Compatibles avec les budgets comme avec l'état d'avancement des techniques. Et séduisants pour le commun des utilisateurs. Pas simple!@SIGNATURE:PIERRE BERGER

(*) Selon Solutions EDI 94, quelque 150 offreurs se présentent actuellement sur le marché de l'EDI. Ils ont réalisé, en 1993, un chiffre d'affaires de l'ordre de 425 millions de F, et s'adressent à environ 10 000 entreprises utilisatrices.