@TITRE:Vent d'automne
sur les directions centrales
@TEXTE:Les directions centrales informatiques des très grandes entreprises ou des groupes industriels voient leurs effectifs se réduire (chez Elf, par exemple), voire, comme à la SNCF, disparaître purement et simplement. Dans les deux cas, ces opérations s'expliquent en partie par des difficultés propres à l'informatique mais surtout par des stratégies d'entreprise qui réduisent les états-majors fonctionnels.
A la SNCF, le président Jean Bergougnoux va prochainement réunir les organisations syndicales autour de son projet "d'organisation de l'entreprise". Il vise à dégonfler les directions fonctionnelles au profit des opérationnels et des échelons décentralisés, suivant la politique qu'il avait déjà appliquée à EDF-GDF, qui n'a plus de direction informatique centrale, mais seulement une "mission informatique et télécommunications", d'une vingtaine de personnes.
Le projet SNCF ne consacre qu'une demi-page sur treize à l'informatique, mais va droit au but. Il "rapproche" les directions contrôle de gestion, financière, informatique du service des achats et des équipes organisation et informatique du service de l'administration centrale et de l'organisation, et "vise à créer une direction unique permettant un pilotage efficace de l'entreprise en termes d'organisation, de fonctionnement managerial et de financement". Les objectifs: mieux répondre aux besoins de l'utilisateur, éviter une mise en concurrence anarchique entre moyens internes et prestataires extérieurs, ouvrir aux informaticiens qui le souhaitent des possibilités de carrières nouvelles centrées sur les applications et pas seulement sur la pure technique informatique". Non seulement l'ancien directeur informatique André Bouzy se voit écarté, mais son dauphin Philippe Hamel ne peut conserver aucune illusion puisque le projet précise: "Le futur directeur en charge de cette nouvelle direction sera assisté de deux directeurs délégués (finances et achats). Si donc il reste une place à "ce qui relève manifestement d'une démarche centralisée" (politique et méthodes informatiques de l'entreprise, gestion des moyens communs, évolution des grandes applications nationales), elle restera loin du sommet de la hiérarchie.
Les syndicats, au comité central d'entreprise, critiquent vivement le projet. Ils considèrent que l'informatique, outil important, justifie une direction à part entière. Elle constituait "la toile de fond, le lien, l'interface". Sa disparition ne permettra pas forcément de maintenir la cohérence. Ils attribuent les difficultés rencontrées (Socrate, mais aussi Aristote), au fait que l'on fait travailler des informaticiens étrangers et multiplié les interventions de cabinet d'audit plutôt que de faire appel aux informaticiens de la maison. Enfin, la décentralisation va se heurter aux réticences des personnels, et risque donc de casser les équipes actuelles.
Chez Elf, aucune information officielle n'est encore disponible, mais les difficultés de la conjoncture conduisent à comprimer les équipes centrales. Serge Seletzky, directeur informatique et télécommunications Groupe, devrait voir ses équipes fortement réduites. Implicitement au moins, l'autonomie de l'informatique des filiales s'en trouverait renforcée. Notamment celle d'Yves Sterman (Elf France), qui a remplacé il y environ un an Frédéric Iegy, à la suite des difficultés du grand projet de gestion Iona. Et celle de Jean-Pierre Cordier (Elf Aquitaine Production). @SIGNATURE:PIERRE BERGER
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