@SURTITRE:ECHANGE DE DONNEES INFORMATISE
@TITRE:Une croissance vigoureuse (20%) mais en ralentissement
@CHAPO:Edifrance publie des chiffres détaillés sur l'état actuel et l'avenir de l'EDI en France. La Banque, suivie de loin par le transport aérien, écrase les autres secteurs
@TEXTE:Tous ceux qui s'intéressent au développement de l'EDDY (échange de données informatisé) vont enfin disposer d'une base statistique détaillée et garantie officiellement au niveau national. Jusqu'à présent, il fallait se contenter d'enquêtes partielles, émanant souvent de l'étranger. Elles ignoraient les spécificités françaises et tendaient naturellement à nous situer très en retard par rapport aux anglo-saxons. L'étude réalisée pour Edifrance par Intégration marketing constitue la base de départ d'un Observatoire permanent de l'EDI.
@INTER:Des milliards de messages bancaires
@TEXTE:La première surprise apportée par l'étude vient du secteur bancaire. Il écrase lourdement tous les autres secteurs, avec plus de cinq milliards de messages transmis par an. Ils concernent non seulement 300 banques mais 35 000 entreprises clientes. Et il s'agit bien d'échanges EDI, bien qu'ils ne soient pour l'instant pas conformes aux standards Edifact. L'étude consacre d'ailleurs d'assez longues pages aux problèmes de définition. Peu importe que chacun ait la sienne propre... tant qu'on n'en vient pas comptabiliser les échanges.
De ce point de vue, la France occupe une situation exceptionnelle dans le monde, car elle a poussé très loin l'interbancarisation et les paiements électroniques. Alors que les Américains, pour les chèques comme pour les cartes, en sont encore très largement aux procédures basées sur le papier.
Ce chiffre montre aussi la place de l'EDI par rapport aux autres modes de communication: il domine la télécopie, par exemple, qui n'a porté, en 1993, que sur 3,4 milliards de documents. Comme la Poste ne donne pas de chiffre sur le courrier inter-entreprises, la comparaison avec les échanges strictement "papier" n'est pas actuellement possible.
Derrière la banque, le transport aérien occupe une forte deuxième place, avec 38 millions de messages par an pour 300 entreprises. Puis l'ensemble des autres secteurs se partagent 63 millions de messages, entre 5000 utilisateurs (*). L'étude leur consacre l'essentiel de ses analyses: ils offrent les perspectives les plus intéressantes de croissance.
Deux chiffres à la fois modestes et trop importants pour considérer l'EDI comme un mode d'échange encore marginal.
@INTER:Un ralentissement en 1994
@TEXTE:Sur les secteurs autres que banque et transport aérien, la croissance de l'EDI reste vive, dépassant en moyenne 20% en 1994 pour le nombre d'utilisateurs, 30% pour les messages et 35% pour les volumes (en kilo-octets). Mais l'évolution montre un ralentissement sensible à tous points de vue et pratiquement dans tous les secteurs.
Le secteur du commerce et de la distribution concentre à lui seul 34% des utilisateurs de l'EDI en France, avec près de 1450 utilisateurs. L'industrie automobile en regroupe près de 600 utilisateurs et donc environ 14% du total. Ces deux secteurs figurent parmi les pionniers, avec des relations bilatérales puis la constitution de communautés (comme Gencod, Edilectre ou SIA), dès le milieu ou la fin des années 80. On estime que près de 50% des entreprises du secteur automobile et 90% des centrales de distribution pratiquent aujourd'hui l'EDI.
Dans l'assurance, la communauté d'utilisateurs regroupée autour du centre serveur d'Arva, concerne en 1993 plus de 820 utilisateurs. (NDLR: Il s'agit de règlements de sinistres automobiles. En revanche, les essais d'EDI en matière de souscription de polices n'ont pas trouvé le succès en France).
Le secteur pharmacie-santé concerne pour l'instant 80 utilisateurs: laboratoires pharmaceutiques, répartiteurs... regroupés autour d'Edipharm. Mais les échanges devraient s'étendre progressivement au secteur hospitalier, voire aux officines et au secteur de la santé en général (voir article ci-contre).
@INTER:Une croissance soutenue d'ici à l'an 2000
@TEXTE:Trois facteurs vont motiver la croissance dans les années à venir. D'abord, dans la vingtaine de communautés actuellement actives, les échanges vont continuer à s'intensifier: utilisateurs de plus en plus nombreux, envoyant de plus en plus de messages, et de plus en plus volumineux.
Ensuite, l'émergence de nombreuses communautés, actuellement en projet ou au stade expérimental. L'EDI reste surtout sectoriel, et de nombreux secteurs l'ignorent encore. Leur arrivée devrait constituer le facteur le plus significatif pour impulser une dynamique soutenue. Enfin, la croissance économique générale va s'accélérer, alors qu'elle a marqué un ralentissement au cours de 1992 et 1993.
Le nombre des utilisateurs devrait donc doubler d'ici à l'an 2000, avec un taux d'accroissement moyen de 15% entre 1994 et 1997, et d'un peu moins de 9% entre 1997 et 2000. Le nombre de messages échangés atteindrait 160 millions, représentant 300 Giga-octets. La répartition par secteurs ne changerait pas substantiellement.
@NOTE:(*) L'enquête compte comme utilisateur toute "station EDI", c'est à dire une station de travail spécialisée dans l'émission, la réception et la gestion de ce type d'échanges. En général, on en trouve une par établissement.
L'EDI EN FRANCE (hors Banque et Transport aérien)
1991 1992 1993 1994 Croissance annuelle moyenne Utilisateurs 2 059 3 076 4 184 5 149 36% Croissance 41% 33% 20% annuelle Millions de 18,2 30,6 48,5 63,3 52% messages Croissance 68% 58% 31% annuelle Méga-octets 23 063 45 872 80 995 109 270 68% Croissance 99% 77% 35% annuelle
Source: Intégration marketing
@ENCADRE TITRE:L'approvisionnement hospitalier, terrain d'élection pour l'EDI
@ENCADRE TEXTE:La pharmacie a déjà réalisé de belles performances en EDI, notamment avec Edipharm, dont le trafic a encore doublé en 1993. Et qui a montré la voie de la dématérialisation des facture grâce à ses accords avec la direction générale des Impôts.
Le monde hospitalier restait pratiquement fermé à ces développements. Mais, au niveau européen, le projet Eurohcs (European Hospitals and Clinics System) s'attaque à l'ensemble des approvisionnements. Il analyse l'ensemble de la chaîne logistique et les messages Edifact correspondants. La phase II, qui fait coopérer des hôpitaux ou des groupes d'hôpitaux de plusieurs pays européens (AP-HP et Sirif en France), représente un investissement de 40 millions de F, dont 30% sont pris en charge par l'Union européenne dans le cadre du programme Tedis.
La phase 1 a élaboré cinq messages, la phase 2 en rajoute 6. Mais ce travail de normalisation prend surtout son sens par les études d'organisation (Business process reengineering) des approvisionnements, et intéresse les fournisseurs autant que les établissements hospitaliers eux-mêmes.
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@SURTITRE:CLAUDE CHIARAMONTI, DELEGUE GENERAL D'EDIFRANCE
@TITRE:"Des chiffres sérieux pour tous les utilisateurs, mais aussi pour orienter notre action"
@CHAPO:L'observatoirede l'EDI permettra de baser l'action sur des données chiffrées solides. Pour l'avenir, outre les communautés existances, le mouvement viendra d'applications et de secteurs nouveaux.
@INTERVIEW QUESTION:Pourquoi avoir fait les frais d'une étude approfondie de l'EDI dans les différents secteurs?
@INTERVIEW REPONSE:CLAUDE CHIARAMONTI:L'Observatoire, lancé avec cette étude, nous permet désormais de fournir à tous des éléments chiffrés fiables. Mais aussi d'orienter notre propre action, de comprendre pourquoi tel secteur ou tel type de message progresse ou reste à la traîne. Et de lancer les actions appropriées.
Pour l'avenir, bien d'autres questions mériteront des analyses plus fouillées. Quelle proportion de messages franchissent les frontières, par exemple. Nous l'estimons aujourd'hui à 5% pour la France, alors qu'elle est vraisemblablement de 15% pour l'Angleterre. Ces chiffre évolueront avec le progrès de la construction européenne.
D'autre part, comment mesurer la place de l' "Edifax", ce succédané d'EDI qui s'accomode d'une nouvelle saisie à l'arrivée... mais qui convient cependant aux PME-PMI comme aux applications peu répétitives. Nous pensons que son utilité baissera avec la montée de l'EDI intersectoriel. Peu à peu, des chaînes complètes se boucleront avec les opérations financières, par exemple. L'échange électronique deviendra peu à peu rentable pour tout le monde.
@INTERVIEW QUESTION:Les prévisions de l'étude ne vous paraissent-elles pas un peu pessimistes?
@INTERVIEW REPONSE:C.C. Elles se basent surtout sur le développement des communautés et des applications existantes, de la croissante interne, en quelque sorte. Mais l'EDI va conquérir d'autres types d'entreprises pour de nouveaux services. La carte santé, à elle seule, représentera des centaines de millions de messages. De très grandes entreprises comme EDF vont mettre sur EDI leurs commandes de gros matériels. Les grands distributeurs de services comme France Télécom, EDF encore et quelques autres, se concertent pour communiquer ainsi avec toutes leurs entreprises clientes. En quinze jours, des secteurs aussi variés que le pétrole, la bijouterie, les papiers et cartons, les équipementiers automobiles indépendants... ont fait appel à Edifrance pour étudier des solutions appropriées. Je sens une véritable mobilisation des métiers. Sans parler de l'Administration, où la Commission centrale des marchés et la Cour des comptes travaillent à lever les obstacles qui s'opposent encore à la dématérialisation des marchés publics.
@INTERVIEW QUESTION:Pourrait-on faire de l'EDI sur Internet?
@INTERVIEW REPONSE:C.C. Pourquoi pas. Il faudra résoudre des problèmes de sécurité et de confidentialité. Mais nous y travaillons. A terme, pour les applications qui le nécessitent, les messages Edifact emmèneront avec eux leurs propres moyens d'authentification et de chiffrement.
L'EDI, dans son principe, ne dépend pas de la nature des réseaux qui véhiculent ses messages. La difficulté de son développement en profondeur vient plutôt des efforts d'organisation qu'il exige. Et du travail, parfois ardu, qu'il faut faire en sémantique des données pour que "le message passe".@Propos recueillis par Pierre Berger.
@LEGENDE PHOTO:Claude Chiaramonti: "Je sens une vraie mobilisation des métiers en faveur de l'EDI"