BPR (Business process reengineering). Tout le monde s'y intéresse. Et un grand nombre d'entreprises disent s'y être engagés. Néammoins, comme le fait remarquer le rapport du Cigref animé par Serge Seletzky (Elf), on peut se demander s'il ne s'agit pas d'un abus de langage. Pour les Américiains, et en particulier Hammer et Champy, auteurs du livre fondateur "Reengineering the corporation", ces opérations doivent avoir un caractère radical, dramatique.
Aux Etats-Unis, par exemple, la presse a signalé l'opération de fond menée cette année par American Express. Elle a supprimé 4800 postes et permis de lancer de nouvelles cartes de crédit et autres activités. Accessoirement, l'informatique quitte les IBM ES/9000 pour passer peu à peu sur des machines massivemnet parallèles.
Les entreprises françaises hésitent à se lancer dans telles chirurgies. Et préfèrent d'autres méthodes pour "réinventer l'entreprise", selon le titre d'un colloque organisé par Univers informatique. Le bon vieux mot d'organisation suffirait sans doute... si nous ne manquions aussi cruellement de doctrine et d'enseignement en la matière.
Parmi les plus spectaculaires opérations de BPR à la française, citons la SNCF, dont la direction de l'informatique centrale voit ses gros bataillons répartis en quatre "agences" rattachées aux directions opérationnelles. Jean-Pierre Leclerc, qui a pris l'opération en mains, adapte diplomatiquement le vocabulaire américain: "L'objectif n'est pas de réformer la direction informatique, mais de réorganiser le procesus d'informatisation".
Quant au re-engineering appliqué aux services utilisateurs, les informaticiens français n'entendent pas prendre la tête du mouvement. Ils laissent tout son rôle à la Direction générale. A elle de définir les stratégies, à l'informatique d'apporter les moyens. Bien marquée dans les grandes entreprises, cette position peut se nuancer fortement dans les PME, où les profils respectifs des dirigeants peuvent donner à l'informatique un rôle majeur d'organisation et de développement stratégique.
Question pour 1995: parlera-t-on encore de BPR à la fin de l'année? Ou, si l'on préfère: quel nouveau concept les gourous américains parviendront-ils à nous imposer?@SIGNATURE:P.B.
icono: photo de trains parus dans l'article SNCF du no 613
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Budgets (réduction des). Une réalité fréquente pour l'informatique de 1994. Tous les moyens sont bons. La sous-traitance (alias FM, alias infogérance), le down-sizing ou simplement une gestion rigoureuse appuyée sur les bonnes vieilles machines propriétaires.
A la SNCF, à la Sollac et dans bien des banques, les réductions ont surtout porté sur l'automatisation et la concentration de l'exploitation. Et sur sur les investissements en études: reports de délais de grands projets, organisation stricte de la maintenance applicative et vraisemblablement (mais sans qu'on le dise), réduction des personnels en régie.
Quant à savoir si le client-serveur coûte moins cher que l'informatique classique, les avis restent partagés. Les chiffres relevés sur les sites Bull du Crédit agricole, par exemple, plaident pour les "systèmes ouverts". Mais, là comme ailleurs, raisonne-t-on à fonctionnalités identiques? Il faudrait pouvoir procéder à des analyses méthodiques, d'autant plus difficiles que le situations se comparent difficilement, aussi bien entre deux entreprises différentes qu'entre phases successives dans une même société.
Beaucoup se posent aussi la question des "coûts cachés de la micro", et notamment du temps passé par les personnels utilisateurs à se former. Pour les applications répétitives et les postes faiblement spécialisés, la convivialité et les aides en ligne peuvent réduire presque à rien les temps d'apprentissage. En revanche, dans les environnements "bureautiques" (cadres, secrétaires), la micro-informatique ouvre la porte au perfectionnisme, aux développements personnels incontrôlés. Sans parler du temps passé sur Tetrix ou le démineur.
Malgré tout, la dépense informatique globale continue à croître... mais seulement de 1% en 1994, selon Cédric Thomas Pierre Audoin conseil. Contre 13% en 1987. Il espète que la plus grande maturité des architectures client-serveur encourageront les entreprises à reprendre leurs investissements en 1995...
@SIGNATURE:P.B.
///////////////photo: Crédit agricole de Chartres (numéro du 21 octobre)
Cartes à puces (projets à base de). La géniale invention de Roland Moreno a fêté en 1994 son vingtième anniversaire. Collectivités territoriales, administrations, entreprises: toutes reconnaissent désormais l'intérêt du plus petit des supports par rapport à leurs besoins respectifs. Les réalisations florissantes ont contribué à dynamiser un marché qui atteint aujourd'hui 2,5 milliards de francs pour une production de 320 millions d'unités.
Les cartes villes, en particulier, ont connu cette année un succès indéniable. En France, on compte actuellement une soixantaine de projets urbains à base de cartes à puces, essentiellement pour la gestion de la restauration scolaire et des garderies, à l'image de la carte "Pouce et Puce" à Villeneuve-d'Ascq. Souvent multiservice, la carte fait parfois office de porte-monnaie électronique pour le règlement des prestations proposées par les municipalités.
D'envergure nationale, le projet Sésam-Vitale pour une carte santé française a quant à lui des difficultés à se concrétiser. Comparé au succès du projet allemand, plus récent mais limité à l'identification des assurés sociaux, Sésam-Vitale engage de trop nombreux partenaires qui ont décidément du mal à s'entendre. Le projet devrait toutefois démarrer au début de 1997.
Pour la monétique, la France a su devancer les autres pays mais se trouve aujourd'hui confrontée à un isolement technologique. Le reste du monde ne s'est pas aligné sur ses choix. Les dirigeants français de Visa, du Groupement Bancaire, du GIE Carte Bleue ou encore d'Europay tentent de défendre leurs intérêts tout en évitant d'avoir recours à des partenariats commerciaux dont les pays anglo-saxons abusent pour associer au moyen de paiement des avantages matériels ou psychologiques.
Rappelons enfin le projet du "Passe sans contact" de la RATP destiné à remplacer à moyen terme le titre de transport actuel. Le ticket du futur combine une carte à puce et un système de transmission radio. Il permettra de réduire la fraude et les coûts de maintenance.
La petite carte, porteuse d'avantages économiques autant que de valeurs culturelles, fait désormais partie de notre quotidien. Et rien ne semble pouvoir renverser la vapeur. Les prévisions pour l'an 2000 tablent sur un marché de 11 milliards de francs et 2 milliards d'exemplaires vendus dans le monde.@SIGANTURE:T.P.
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EDI (Echange de données informatisé). La croissance s'est poursuivie en 1994, mais seulement de 20% en nombre d'utilisateurs, 31% en millions de messages et 35% en méga-octets. Moins de la moitié de ceux de 1992. Mais les perspectives restent favorables pour toute la fin du siècle, si la conjoncture économique ne se fait pas trop défavorable. En tous cas, l'enquête réalisée pour Edifrance par Intégration Marketing fournit désormais une base statistique de référence, globalement et secteur par secteur. Parmi les branches les plus actives en 1994, notons le bâtiment, la santé et l'administration.
Le bâtiment mène des recherches en profondeur sur les techniques d'échange et les conséquences structurelles sur les entreprises du secteur. L'impulsion vient du Plan Construction Architecture (ministère de l'Equipement). Il soutient des expérimentations permettant aux nombreuses PME de venir à l'EDI en s'appuyant sur les grandes entrepirses qui leur sous-traitent des travaux. Il encourage les éditeurs de progiciels à les doter de "prises EDI".
La Santé attend sa carte Sésam-Vital comme l'Arlésienne. En matière d'approvisionnements hospitaliers, le projet européen Eurohcs (Europen hospitals and clinics system) élabore des messages aux normes Edifact, et associe à ses travaux les industriels concernés.
Enfin, l'Administration se voit stimulée par la loi Madelin sur les entreprises, dont un article donne statut légal à l'EDI. Par ailleurs, le rapport Marchand, remis au Ciiba (Comité interministériel de l'informatique et de la bureautique dans l'administration), s'inspire de travaux américains pour pousser les ministères à prendre l'initiative dans ce domaine.
/////icono: photos d'hôpitaux parus dans le 610
X-Sizing. Up-Sizing ou down-sizing, la reconfiguration de l'architecture du système d'information a deux objectifs principaux : gagner en performance et réduire les coûts. Si les opérations d'upsizing existent, on recense davantage de migrations vers des systèmes plus petits.
Parmi les cas les plus spectaculaires, l'Igirs a présenté le bilan du premier vrai downsizing français, réalisé il y a 5 ans. L'organisme de prévoyance a remplacé deux IBM 38 et deux Bull Mini-6 par un réseau local de micro-ordinateurs et une série de serveurs Compaq. Le nombre de postes connectés est passé de 100 à 237, et le volume global des données stockées de 9 à 36 giga-octets.
Egalement pionnier du downsizing, le Commissariat à l'énergie atomique a arrêté deux des trois DPS 7000 (à Cadarache et Grenoble) voués aux applications de gestion. Les nouveaux développements pour la gestion sont réalisés en mode client/serveur, sans reprise de l'ancien logiciel sur mainframe. Au total, deux mille terminaux passifs ont cédé leur place à des stations de travail pour le calcul scientifique et à des micros pour la gestion.
Le Cern (laboratoire européen de physique des particules) se prépare également a abandonner l'informatique lourde. Le système VM est progressivement déchargé des traitements scientifiques et l'analyse des données de physique s'oriente vers des groupes de postes sous Unix.
Après quelques problèmes de montée en charge, Europcar a finalement réussit son évolution de systèmes IBM et Nixdorf vers des machines NCR et Sequent sous Oracle. Avec beaucoup plus de réussite, Le Crédit Agricole de Saint-Lô a équipé la majorité de ses agences (62) de serveurs Compaq. La caisse régionale a confirmé le départ du DPS 90 central en 1997. Egalement programmé sur plusieurs années, le basculement complet sur Unix de deux gros centres de calcul à la CNP Assurances.
Citons enfin les cas de l'hôpital de Nîmes qui a remplacé un mainframe IBM MVS par 300 postes X-Window connectés à des serveurs HP, ou celui de Yoplait qui a opté pour Unix à la place d'une architecture composée d'un IBM ES9000 et de 6 Vax.
Reste à savoir si upsizing ou downsizing permettent de réduire de façon draconienne les coûts de fonctionnement. Le tout dépend en réalité du compromis choisi par l'utilisateur pour combiner performance, ergonomie et sécurité.@SIGNATURE:T.P
Zéro-délai. Comment répondre plus vite aux demandes des utilisateurs. Au niveau transactionnel, le problème relève de la puissance machine et du service exploitation. Traditionnellement, on considérait comme acceptable une application qui ne mettait pas plus de 3 secondes pour répondre à une requête ordinaire. La pression constante sur tous les utilisateurs demande sûrement aujourd'hui d'aller nettement plus vite. En revanche, la GED et le multi-média peuvent faire accepter des attentes plus longues au profit de la convivialité et de l'utilité spécifique de l'image.
Attention: en mode client-serveur et en phase de démarrage, un allongement des temps de réponse peut annoncer un écroulement complet du système au delà d'un seuil de charge. Ce seuil reste en partie imprévisible, mais le cas d'Europcar, qui a dû surseoir à l'arrêt de ses mainframes (LMI du 9/9/94) en témoigne. Heureusement, la firme a résolu ces problèmes à la fin de novembre.
Au niveau des études, par ailleurs, les utilisateurs exigent des réponses rapides à leurs demandes de "maintenance évolutive", voir d'applications nouvelles pour répondre à des exigences de l'environnement ou à des objectifs stratégiques.
En tous cas, on aura de plus en plus de mal à accepter des développements étalés sur cinq à dix ans, comme on l'a fréquemment vu dans le tertiaire, par exemple le système d'information agences des Mutuelles du Mans, ou le progiciel Varalpain au Crédit agricole. Le cas échéant, un gros projet se verra décomposé en phases plus courtes, chacune apportant des résultats intermédiaires intéressants même si l'on ne poursuit pas les développements.
Sys-Com a consacré un séminaire à ces questions au début de décembre. Les solutions se trouvent dans trois voies principales: outils de développement rapide et progiciels, organisation réactive du service études, définition et négociation explicite des risques. Pour accélérer les développements, note par exemple Guy Lapassat (directeur informatique du CCF), à coût égal, on peut augmenter la productivité, ou réduire les fonctionnalités, ou encore prendre plus de risques. Soumis à la pression des utilisateurs et des directions générales, bien des responsables informatiques choisissent cette solution... mais sans le dire. Ils auraient tout à gagner à y impliquer le maître d'oeuvre.
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