@SURTITRE:LE DSI ET L'ENTREPRISE ETENDUE

@TITRE:Un DSI ouvert pour l'entreprise étendue

@CHAPO:Chance ou menace, l'ouverture met en jeu la carrière du DSI. Sa stratégie personnelle doit aller de pair avec celle de l'entreprise... ou se poursuivre ailleurs.

@TEXTE:DSI dans une entreprise étendue? Mission impossible! Il faudrait cumuler toutes les compétences techniques et tous les profils psychologiques. Mais aussi aventure passionnante, car l'attente (voire l'impatience) des utilisateurs ouvre des perspectives plus larges que jamais aux nouvelles technologies. Les DSI y répondent aussi bien par l'attentisme (vivement la retraite) que par la prise d'initiatives, au point parfois de quitter l'entreprise si elle ne veut pas assez "s'étendre".

@INTER:Accord, ou désaccord, de tempéraments

@TEXTE:Jean-Philippe Passot, par exemple, créa sa propre entreprise de commerce électronique (DDP), quand son dynamisme s'avéra dépasser par trop le cadre d'une entreprise trop tranquillement prospère (Brun Passot) pour le suivre dans ses ambitions. Nul n'est prophète en son pays! René Capdaspe-Couchet quitta la filiale française d'une entreprise chimique pour lancer dans le groupe de restauration Sodexho une vaste opération d'EDI (échange de données informatisé).

Ailleurs, l'ouverture de l'entreprise peut pousser les DSI trop peu communicants "vers d'autres fonctions". D'autant que le mouvement peut se voir imposer de l'extérieur. Nombre de petites et moyennes firmes se voient de plus ou moins bon gré englobées dans les projets "entreprise étendue" de leurs grands partenaires et néammoins amis. Les fournisseurs comme les concessionnaires des marques automobiles, par exemple. Ou les agents d'assurance, les boutiques franchisées. Et d'une manière générale, les entreprises filiales ou captives.

@INTER:L'indispensable diplomatie

@TEXTE:Le DSI doit alors avant tout faire preuve de souplesse avec les exigences de son ou de ses partenaires dominants, qu'il soit client, fournisseur ou actionnaire principal. Parfois, l'informatique arrive du partenaire comme un paquet cadeau qui supprime l'utilité même d'un DSI à proprement parler. Plus souvent, il faut l'intégrer à l'informatique de l'entreprise. Dans ce cas, le partenaire apporte des moyens de formation, recommande des SSII pour l'acquisition de progiciels complémentaires, et le responsable informatique ne garde plus qu'une initiative réduite. Portant par exemple sur certains outils bureautiques... encore que la montée du mode client-serveur et la domination de Microsoft restreigne encore les initiatives à ce niveau. L'informaticien de ce type PME, qui portera rarement le titre de DSI, joue les tampons entre le patron et la grande structure parisienne. Un jeu subtil, peu attrayant pour le technicien pur, mais non sans charmes ni sans avantages pour qui aime un tant soit peu la diplomatie.

@INTER:Une nouvelle panoplie de compétences

@TEXTE:En tous cas, "cent pour cent des gagnants auront pris un billet", pour parler comme le Loto. Le jeu de l'ouverture exige un solide jeu de jambes diplomatiques. Mais aussi le renforcement de compétences comme la sécurité, le droit et, bien entendu, les architectures techniques et fonctionnelles.

Les exigences de sécurité découlent des menaces de toute ouverture. Par les portes ouvertes sur les réseaux, les applications et les données opérationnelles, peuvent pénétrer aussi bien les virus que les hackers, les espions ou tout simplement les voleurs. X400 semblait offrir les bases nécessaires, mais le vent a tourné en faveur d'Internet. La capacité du Web a soutenir une sécurisation déterminera pour une bonne part la vitesse de l'ouverture. Et, en attendant, donne d'excellents arguments aux DSI peu pressés d'ouvrir leurs fenêtres.

Les compétences juridiques prennent aussi plus d'importance. L'ouverture implique le montage de partenariats que tout le monde espère "gagnant gagnants". Encore faut-il prévoir qui fera quoi, qui paiera quoi, et surtout les inévitables pots cassés. Les hardis explorateurs qui construisent l'entreprise étendue doivent, à un moment donné du développement, passer la main ou faire appel à des gestionnaires, peut-être moins créatifs, mais rigoureux.

@INTER:Tout change si vite

@TEXTE:Les trois DSI qui prennent la parole ici ont tous l'expérience et la passion de l'ouverture, dans des domaines bien différents. Ils n'engendrent pas la morosité... mais ils ne cachent pas non plus les difficultés. Quelle stratégie choisir, pour l'entreprise comme pour soi-même? Sur de telles questions, où les choix de carrière vont de pair avec l'orientation économique et technique de la direction informatique, l'appel à un bon consultant (on aurait dit, hier, un confesseur) est peut-être la première décision à prendre.@PIERRE BERGER

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@SURTITRE:JEAN YVES GRESSER, CONSEILLER POUR LA STRATEGIE INFORMATIQUE A LA BANQUE DE FRANCE

@TITRE:"Le DSI de demain est un catalyste"

@TEXTE:Le DSI de l'entreprise étendue doit être en quelque sorte hybride. Il doit connaître son métier d'informaticien et bien comprendre celui des collègues opérationnels, de leurs clients et des clients de leurs clients. Bret, toute la filière économique où intervient son entreprise. Il doit combiner la capacité de veille et l'efficacité opérationnelle. Comme toutes ces aptitudes se réalisent rarement dans la même personne au même moment, constituer une équipe, ou un tandem de personnalités complémentaires est une bonne démarche".

Les métiers du futur ne sont pas nécessairement connus. Rassembler les talents épars, détecter les talents cachés est fondamental. Un exemple: le rapprochement de l'informatique, des télécommunications, de l'audiovisuel pour l'édition électronique et le multimédia devrait se traduire par une collaboration plus poussée entre la communication, le marketing, la vente et les études. Les profils d'intégrateur, de facilitateur, Joël de Rosnay dit "catalyste" (par opposition à analyste) et d'architecte deviennent des profils clés. Le rôle du catalyste sera de faire émerger une "vision aussi lucide que possible des avenirs alternatifs et de leurs effets sur l'entreprise" et de créer les conditions du changement.

Dans l'entreprise étendue, le temps se raccourcit. L'agitation monte, l'incohérence menace. Il appartient à l'architecte des systèmes d'information, de trouver les points d'ancrage ou les quelques repères cartographiques nécessaires. Car "l'événement déstabilisant, ou au contraire porteur d'opportunités, peut survenir où et quand on ne l'attendait pas". Au DSI, donc, d'ordonner la construction du patrimoine technologique de l'entreprise ou d'une communauté autour de ces repères".

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@SURTITRE:JACQUES BEER-GABEL, DIRECTEUR DES SYSTEMES D'INFORMATION, RHONE-POULENC-RORER

@TITRE:"Le DSI entre en convergence avec d'autres responsables"

@TEXTE:Par construction, le DSI a ses entrées un peu partout dans l'entreprise. Il sait se mettre à la frontière de divers mondes. Il ne peut pas tout savoir et doit donc être capable de mettre en relation les personnes compétentes.

Il entre en convergence avec d'autres responsables, par exemple avec le directeur de la Communication, qui ne peut aujourd'hui se désintéresser d'un outil d'Internet. Mais, sur un tel sujet, il apporte sa sensibilité particulière, sa connaissance des technologies, de leurs possibilités et de leurs risques. Il doit veiller à la définition des standards, des modes de raccordement... mais il doit surtout se montrer homme d'organisation, capable d'optimiser les relations entre les facteurs de production, internes et externes à l'entreprise. Il sait que de telles opérations sont trop compliquées pour se mener comme des coups sans lendemain. Et que les partenaires ont besoin de temps pour bien se connaître et coopérer efficacement".

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@SURTITRE:JEAN-PIERRE CORNIOU, DIRECTEUR INFORMATIQUE DE SOLLAC

@TITRE:"Jamais le métier n'a été aussi passionnant"

@TEXTE:Nous devons changer profondément de rôle. Oublier l'informatique-guichet pour aller vers l'informatique-service. Le DSI devient un acteur de changement. A Sollac, le président Pachura s'est exprimé nettement sur ce point, et l'associe au mouvement général de simplification de l'entreprise. Mais il apporte aussi ses compétences pour faire connaître aux utilisateurs les potentialités de la technique, en faire comprendre l'impact et aider à les contrôler.

J'ai lancé un groupe de réflexion à quinze ans, Sollac 2010, pour préfigurer l'organisation de nos métiers à cet horizon. Du point de vue de l'entreprise étendue, trois axes se dégagent. D'abord une maîtrise parfaite des télécommunications. Une entreprise regroupe des hommes dont chacun dispose d'un poste de travail connecté à un réseau et fournit des services. Nous le vérifions avec projet Cedres (Communication électronique de documents sur réseau étendu Sollac). Il montre à quel point décloisonne l'entreprise et crée un choc dans les mentalités.

Ensuite le développement de l'EDI. Je suis membre du conseil d'administration de Galia (le pôle EDI de l'industrie automobile) et d'Edifer (normalisation des données dans l'industrie sidérurgique). Dans ce domaine, nous poussons la messagerie avec nos clients, tout simplement en leur ouvrant une boite sur nos serveurs internes. A terme, nous poussons X400 au sein de Galia.

Mais Internet occupe aujourd'hui le devant de la scène. Je dois endiguer une demande interne très forte. Sans la décourager. A terme, Internet offre une solution économique à de nombreux problèmes de communication, y compris sans doute l'EDI. Mais il fait aussi partie de notre métier de garantir la sûreté globale (pas seulement la sécurité, mais la sûreté au sens de l'industrie nucléaire) du patrimoine de données de l'entreprise. Nous préparons la sécurisation du réseau Sollac. Elle s'inscrira dans la mise en place de serveurs aussi bien pour notre personnel que pour nos clients et nos actionnaires. La communication est aujourd'hui un problème de management plus encore que de technique.

Quant à l'impact personnel de l'entreprise étendue sur le DSI, je crois que le métier n'a jamais été aussi passionnant. Le passage au client serveur nous oblige à nous replonger dans la technique. Et, en même temps, nous sommes en train de développer les flux de communication, internes notamment, dans des proportions que nous n'aurions jamais envisagées. La vie des entreprises est en train de changer en profondeur, et dans cette voie, BPR (Business process reengineering) et simplification vont de pair.