@SURTITRE:INFORMATION POUR MANAGERS
@TEXTE:L'IEC, ou l'oeil ouvert de l'entreprise
L'IEC, espionnage ou pilotage?
@CHAPO:Les dirigeants ont besoin d'information sur leur entreprise, mais aussi sur son environnement. Les outils informatiques commencent à les y aider.
@TEXTE:La veille technologique ne suffit pas: l'entreprise doit aussi savoir ce que préparent les concurrents, comment évoluent les milieux et les pays où elle intervient... et se prémunir contre les curieux. Le prochain forum l'"intelligence économique et concurrentielle" (IEC) va prochainement faire le point à Paris (*). L'informatique n'y tient qu'une place modeste et mettra cette année l'accent sur... Internet, bien sûr.
@INTER:Du militaire au civil
@TEXTE:Ce nouveau mot illustre l'implosion actuelle des concepts. Chaque jour en apporte un nouveau, souvent proche d'autres idées plus anciennes, avec tout de même une pointe de nouveauté. On s'inspire ici surtout du SIC, terme d'origine militaire, que l'on peut traduire par "système informatique de commandement". Ou, moins prosaïquement, par "système d'information et de communication". Il s'agit de regrouper sous les yeux des responsables d'opérations toutes les informations dont ils ont besoin pour définir leur tactique et donner leurs ordres. Mais les promoteurs de l'IEC visent surtout les milieux civils, essentiellement les entreprises, et le modèle viendrait plutôt de l'EIS (Executive information system), qui vise à peu près les mêmes objectifs.
Le SIC, et plus encore l'EIS, ont tendance à se replier sur l'information interne. Leurs promoteurs avaient pourtant insisté sur l'importance des données extérieures à l'entreprise. En 1990, par exemple, Didier Beutter (EMC, Entreprise minière et chimique), regroupait en Hypercard, sur un serveur (Macintosh) aussi bien les données du reporting interne que des cours internationaux de monnaies, actions ou marchandises et des textes en tous genres susceptibles d'aider la direction générale. Mais aujourd'hui l'EIS se confond presque avec les outils du contrôle de gestion. Une sorte de super-comptabilité, en quelque sorte. Avec de jolies icones en couleur pour séduire les dirigeants, mais peu de données sur l'extérieur. D'où la nécessité d'un nouveau mot et d'une nouvelle communauté de spécialistes, directement orientés vers l'environnement et la concurrence.
@INTER:Intégrer la diversité de l'environnement
@TEXTE:L'ennui avec le monde extérieur, c'est qu'il n'a aucune raison de se plier aux directives d'organisation de l'entreprise ni à son schéma directeur informatique. Il faut donc intégrer à l'intention des dirigeants des informations hétérogènes: langues, formats, fréquences, fiabilité... venant d'Internet, du minitel, de la presse écrite et audiovisuelle, de firmes spécialisées comme Reuter, d'organismes internationaux comme l'OCDE ou la Communauté européenne, les syndicats professionnels, etc. Techniquement, l'équipe chargée d'entretenir le système devra donc conjuguer la débrouillardise et la méthode.
@INTER:Une informatique à part
@TEXTE:Pire! Les informations les précieuses ne sont pas publiées dans la presse. Pour les obtenir, il faut aller aux limites de l'honnêteté. Le tempérament rigoureux de l'informaticien ne convient pas toujours à ces recherches. Pas plus que les habitudes méthodiques, mais plutôt "temps différé" du documentaliste. On touche ici aux frontières de l'espionnage (intelligence, en anglais). D'où d'incontournables problèmes de déontologie. Mais aussi, les mesures de sécurité et de "contre intelligence". On le voit bien avec Internet: source inépuisable et toujours plus riche d'information... mais aussi menace d'intrusion et de "traque" par les concurrents, les fraudeurs ou les petits farceurs. Même s'ils utilisent intensivement l'informatique et les réseaux, les hommes de l'IEC ne rentreront jamais tout à fait dans le rang du personnel opérationnel classique. Le "deuxième bureau", dans l'entreprise comme dans l'armée, a besoin de profils et de modes de fonctionnement particuliers.
Il est donc finalement assez normal que les outils de l'IEC reste séparée de l'informatique générale de l'entreprise. L'EIS a tout intérêt à s'y brancher assez étroitement, par l'intermédiaire d'un infocentre (ou d'un data warehouse, comme on dit aujourd'hui). Reste alors à intégrer, sur le bureau du patron ou de ses collaborateurs immédiats, les informations venant des deux systèmes. La puissance et les souplesse du micro-ordinateur multimédia offre aujourd'hui une bonne plate-forme à ces outils de synthèse. Mais l'âge de nos dirigeants et la difficulté d'assurer la sécurité des ordinateurs portatifs laisse encore au papier quelques belles années à vivre.@SIGNATURE:PIERRE BERGER
@LEGENDE ICONO:Une ambiance particulière et des moyens informatiques différents.
(*)4eme forum IEC, accompagné du 2eme salon européen des méthodes, techniques et outils de l'intelligence économique. Paris (Sofitel Sèvres) du 30 novembre au 1er décembre 1995. Renseignements 42 65 01 11.