@SURTITRE:GROUPWARE EN TEMPS REEL
@TITRE:Du "coup médiatique" à la pratique quotidienne
@CHAPO:Micros en réseaux, boîtiers spécialisés, projection sur grand écran... les outils d'aide à la décision collective se répandent. Et parfois s'intègrent en permanence à la vie des groupes.
@TEXTE:Trois fois par mois, le groupe Delta se réunit face à un écran haut en couleurs. D'apparence abstraite, l'abaque de Régnier (voir encadré) lui renvoie l'image globale de ses préoccupations et des choix de ses membres. Il s'agit, à la direction de Renault, de faire évoluer la formation et la gestion des carrières. Sur une matière complexe, impliquant personnellement la culture et la motivation de tous, l'outil électronique de communication permet de faire tomber les barrières, de ne négliger aucun avis, même minoritaire, et de converger vers un consensus.
L'emploi régulier d'un outil aussi avancé reste encore l'exception. La plupart du temps, les groupes se contentent de systèmes plus simples, ou ne recourent aux moyens électroniques que pour marquer des événements particuliers de leur existence. Des coups "médiatiques" plus que de véritables instruments de travail. Mais la pratique progresse, comme le montrent les groupes que nous avons rencontrés.
@INTER:Dégager un consensus franco-allemand
@TEXTE:La Délégation générale pour l'armement (DGA) a réuni une quarantaine de militaires franco-allemands dans deux laboratoires. Le séminaire portait sur la coopération dans le cadre d'opérations terrestres. "Nous avons hésité entre le système LTG et la méthode Delphi de Saint-Paul et Teniere-Buchot à base de scénarios car nous n'obtenions pas suffisamment de qualité dans les résultats. L'avantage du système LTG réside dans la hiérarchisation des questions, suivie d'un rapport conjoint de l'ensemble des arguments, permettant de mieux cerner les convergences d'opinions et de dégager des consensus pour des propositions d'actions communes", explique Jean-Pierre Fontenille, responsable du bureau prospective à la DGA. Un animateur supervise la production et redemander une nouvelle formulation éventuelle si le facteur n'est pas compréhensible par tout le monde, voire hors sujet. Il peut jouer le rôle de modérateur dans la phase de reformulation (qui peut durer 6 heures) pour supprimer les redondances et les incompréhensions.
@INTER:Evaluer les facteurs de risque
@TEXTE:La SNCF, à la suite de l'électrification totale de l'axe ferroviaire Paris-Caen-Cherbourg, a constitué en début d'année des "laboratoires de travail en groupe" pour identifier les facteurs de risques et les attentes de la clientèle. Un groupe (concepteurs, opérationnels ou clients) est constitué d'une dizaine d'intervenants réunis autour d'une table avec chacun un ordinateur portable à sa disposition, configuré en réseau (système LTG, d'Amisys) A la question unique "Quels sont les facteurs de risques à maîtriser et les attentes du public ?", une créativité en chaîne s'est s'instaurée pendant deux heures, qui s'apparente à un brain-storming collectif dans le silence le plus complet.
Chaque participant formulait à l'écran le risque qu'il pressentait, tout en ayant connaissance toutes les dix minutes de la production des autres (toujours à son écran). Tous les acteurs s'inspiraient ainsi mutuellement des autres pour déduire de nouveaux facteurs de risque ou redévelopper un point évoqué. "Près de 200 facteurs de risques ont pu être dégagés, parmi lesquels 70 ont fait l'objet d'un consensus. Un vote de clôture a permis ensuite à chaque participant de hiérarchiser selon trois niveaux (faible, fort, important) les affirmations, le résultat étant présenté en temps réel sur deux axes", explique Jean-Marie Larose, directeur délégué de la SNCF pour la Haute-Normandie.
@INTER:Boitiers simples pour grandes assemblées
@TEXTE:La ville d'Arcueil a expérimenté le système Périclès de la société TDL dans le cadre d'une opération de démocratie participative. A l'occasion des assises de la Ville, quelque 300 citoyens se sont réunis pour donner leur avis sur le traitement des dossiers municipaux. La vidéoprojection a permis d'identifier instantanément l'origine des habitants présents et d'obtenir en temps réel à l'écran géant la pluralité des opinions (en pourcentage notamment). "Il faut éviter le vote ternaire de type oui-non-abstention lorsqu'il s'agit d'intelligence collective et d'outils d'aide à la décision. C'est pourquoi le boîtier offre jusqu'à 9 possibilités de choix", précise Marcel Marette, directeur général de TDL.
En effet, pour des auditoires nombreux (jusqu'à 6000 personnes), l'ordinateur en laboratoire montre ses limites. Les boîtiers interactifs, positionnés sur les accoudoirs des participants ou en main-libre lorsqu'ils sont à transmission infrarouge, sont plus appropriés (dans des salles de congrès ou des hémicycles). Les possibilités d'expression sont plus limitées et se rapproche plus du vote interactif, lorsque cela ne se limite à pas à l'élection de personne.
La Confédération française de l'encadrement CGC a, elle aussi, recours à des boîtiers interactifs lors de ses congrès confédéraux tous les trois. Grâce au système de télésondage développé par la société Digimédia, la CGC a par exemple pu mener à terme en trois demi-journées une réforme de statuts comportant plus de 650 amendements, soit presque autant que de participants... "Les congrès de doctrine, explique Jean-Luc Jobard, secrétaire des instances confédérales, ne se limitent pas à un vote électronique. Ils supposent un débat retransmis directement sur grand-écran. A chaque décision de vote, il suffit d'appuyer sur la touche correspondante". L'application effectue alors en quelques secondes les tris à plat ou croisés, ainsi que toutes les représentations graphiques désisées. La CGC fait ainsi l'économie de 35 urnes, 70 assesseurs et d'autant pour le dépouillement.
@INTER:Charisme, outils, méthodes
@TEXTE:La plupart des outils cités existent depuis longtemps: une bonne part de l'article consacré par LMI à cette même question en 1989 (16 janvier) reste encore valable. Les produits profitent au fil des ans du progrès technologique (puissance et variété des fonctionnalités, ergonomie, baisse des coûts). Mais les groupes montrent beaucoup de réticences à faire évoluer leur pratiques. Leurs animateurs comptent plus sur leur charisme naturel que sur des outils. La complexité du monde actuel et le besoin de réactivité exigent pourtant de nouvelles pratiques. La recherche progresse. Gérard Balantzian (Institut pour le management de l'information), par exemple, travaille en profondeur sur ... la confiance: "Elle se construit sur la prise de risque et sur des faits et non des paroles. Au départ il faut donc construire un fond commun de solidarité fondée sur une démarche constructiviste". L'humain ne se construuit pas sans méthode@SIGNATURE:CHARLES DE LAUBIER
@LEGENDE:Dispositif type pour une décision collective (ici avec LTG)
@ENCADRE TITRE:L'ASSEMBLEE NATIONALE SE CONTENTE DU VOTE ELECTRONIQUE
@ENCADRE TEXTE:A l'Assemblée nationale, les outils d'aide à la décision républicaine n'ont pas encore fait leur entrée. Les députés se contentent d'un système de vote électronique mis en place il y a plus deux ans par son actuel président, Philippe Séguin. Exit l'ancien système électrique datant des années 50, dont les clés à tourner aboutissait à des délégations abusives (un député allant de travée en travée pour voter à la place de ses collègues absents). L'électronique a remis de l'ordre dans ces pratiques, tout en modernisant le vote de la représentation nationale. Coût : 6 millions de F.
Les députés disposent maintenant d'un boîtier doté d'un processeur 8 bits avec 16 Ko de mémoire et comprenant 4 touches (pour, contre, abstention, bouton de présence), ainsi qu'un clavier numérique pour identifier le code secret du député. Des messages personnels peuvent en plus être inscrits sur un afficheur, le tout étant relié (RS 422) à deux calculateurs électroniques (processeurs 8088, 64 Ko de mémoire) en temps réel. "C'est la société versaillaise SDTI que nous avons retenu, explique Mihael Krauth, responsable technique des scrutins à l'Assemblée Nationale, car elle proposait 600 postes à des coûts bien inférieure à la micro-informatique". En revanche, la partie gestion (accessible par la division des scrutins et par chaque groupe parlementaire) est assurée par des PC (réseau Netware), avec Paradox pour accéder aux informations sur les députés et les délégations.@SIGNATURE:C2L
@LEGENDE:Un boitier pour chacun des 477 députés
@ENCADRE TITRE:L'ABAQUE DE REGNIER
@ENCADRE TEXTE:Avant d'être le créateur dans les années 70 de l'abaque qui porte son nom, François Régnier est avant tout médecin et directeur des études et de la prospective chez Synthélabo, une filiale de L'Oréal. Comme nul n'est prophète en son pays, il préfère utiliser son invention à l'extérieur, et le logiciel correspondant Abac'sys est édité par Scoop, qui en prépare d'ailleurs une version Internet.
Le groupe Péchiney y fit apel dès les années 80 lors d'une réunion d'experts sur le thème de l'aluminium à l'horizon 2000. Plus récemment, l'abaque a été utilisée au congrès international de chimiothérapie anticancéreuse."Sur 15 propositions, les spécialistes ont pu exprimer leurs avis simultanément sur une carte colorée, comme dans un concert musical, plutôt que d'intervenir verbalement les uns après les autres. L'image évite ainsi toute querelle d'experts sans pour autant éluder les divergences", explique François Régnier.
Porgès, une filiale de Synthélabo spécialisée dans les produits d'urologie, réunit une fois tous les deux mois une dizaine d'urologues internationaux. "L'abaque permet de lister les affirmations pour faire réagir les intervenants et détecter non seulement les consensus mais aussi les signaux faibles annonciateurs de rupture ou de promesse".
///////////////Nota: pour une fois, pourrait-on faire une légende longue?
@LEGENDE ICONO:Les représentions en mosaïque de couleurs permet de ne négliger aucun avis, si minoritaire soit-il. Les compétences sont ainsi identifiées et évaluées comme l'explique Jean-Claude Corbel, responsable de la gestion des compétences chez Renault.