@SURTITRE:INTRANET
@TITRE:Une poussée encore timide
@CHAPO:Les expériences se mulitplient, mais la plupart des équipes informatiques restent encore insensibles aux charmes de cette nouvelle vague.
@TEXTE:Les entreprises françaises ne se bousculent pas pour mettre en place des intranets. Beaucoup y pensent... et comment faire autrement quand la presse professionnelle vous en rabat les oreilles! Quant à passer à l'action, et même à s'informer sérieusement, les informaticiens de 1996 montrent autant d'enthousiasme pour intranet que ceux de 1981 pour la micro-informatique. Ils réfutent d'autorité tous les arguments et finissent parfois par vous répondre: "Intranet, ça ne veut rien dire" ou "Je n'ai pas le temps d'aller me promener sur Internet". Quitte à laiser entendre qu'il ne faut pas les prendre pour des pédophiles.
Enfin, les grands comptes ont d'autres soucis. Le passage à l'an 2000 et à l'Euro complique ou renforce l'urgence d'une évolution de l'héritage logiciel. Pour les banques, s'y ajoute le coût des nouveaux réseaux interbancaires (TBF-Target, RGV, CRI). Et, de toutes façons, les incertitudes économiques et sociales ne poussent guère à l'aventure, même si les promesses de rentabilité ont de quoi séduire.
Les SSII ne les y poussent guère. Ni par la parole, ni par l'exemple. A l'exception de Cap Gemini et Syseca, les grands noms du conseil français ne jouent pas les figures de proue. Cordonniers mal chaussés, ils tardent même à mettre des emails sur la carte de visite de leurs commerciaux. A vrai dire, qui a vraiment intérêt à pousser les utilisateurs vers des solutions peu coûteuses, qui ne devraient profiter qu'à Intel. Et, en attendant l'écroulement des prix, à France Télécom.
Quelques DSI (que nous ne nommerons pas), se disent tout de même que l'intranet, complété par le Network Computer, leur offre une excellente occasion de remettre la main sur des postes de travail utilisateurs que la micro-informatique a fait échapper à leur contrôle. Et dont ils peuvent stigmatiser à bon droit les coûts d'exploitation et les dangers (virus, sauvegardes peu méthodiques, piratage). D'assez nombreuses réalisations, ou du moins projets-pilotes, devraient démarrer dans les mois qui viennent. On parle notamment de l'ANPE, Groupama, La Redoute, Dassault Aviation... A quoi s'ajoutent les filiales de quelques grands groupes américains, notamment les constructeurs (HP, IBM, Digital) et Andersen Consulting.
@INTER:Quelques PME à l'avant-garde
@TEXTE:Mais l'exemple vient souvent de petites entreprises sans complexes. Tempo, par exemple, une SSII spécialiste du groupware. La firme dispose d'un parc hétérogène, avec trois systèmes d'exploitation: Netware, Windows NT, OS/2 Warp Server. Les applications correspondent à l'activité, avec des outils de suivi commercial, la gestion des flux relatifs aux projets en cours, une base de connaissances, et bien sûr l'agenda et la messagerie. Les outils Notes, PC Docs et GroupWise en assurent l'essentiel.
La firme voulait intégrer l'ensemble et permettre un accès distant sans avoir à charger chacune des applications. Elle a étudié deux solutions: tout re-développer sur la base d'un produit unique ou fédérer par un outil suffisamment standardisé. Elle préférait la deuxième solution, mais seule l'arrivée de l'intranet a permis de la metre en oeuvre. Car auparavant, elle restait difficile et coûteuse.
Les éditeurs de Notes, Groupwise et SQL Server ont mis à disposition des CGI permettant d'accéder à leurs données à partir des outils Internet. S'y est ajouté MQ Series d'IBM, pour communiquer avec le système de base de l'entreprise. Enfin, Java sert à personnaliser l'interface et la navigation dans le système d'information. La gestion de flux et le suivi graphique de l'activité commerciale vont bénéficier de nouvelles applettes.
Autre firme de matière grise, PL7 Conseil, société d'études de six personnes, a mis ses PC en réseau local et toute la documentation, outil de travail principal d'une telle équipe, est accessible en Intranet à partir d'une base de textes écrits en Word. Le serveur assure les liaisons avec Compuserve. Par ailleurs, chaque poste peut accéder à Internet par l'intermédiarie d'un modem et du réseau commuté.
Le Barreau de Paris, sur Internet depuis décembre 1995, va plus loin avec Avocaweb, qui comporte un serveur intranet, réservé aux avocats (12 500 à Paris). Ils pourront y consulter des informations de nature déontologique, comme le règlement intérieur de l'Ordre des avocats, dialoguer entre eux et, à terme, avec les tribunaux.
Enfin, les laboratoires de recherche, où naquit Internet et le Web, font évidemmnet un usage important d'Intranet pour la messagerie. Il n'est pas évident que la solution conviennet pour leurs autres applications, comme le grand calcul scientifique. Signalons cependant des développements en cours à l'Ifremer (Institut français de recherche pour l'exploration de la mer). Ce
@INTER:Au delà du documentaire, le transactionnel
@TEXTE:L'intranet se justifie et se met en place aisément pour les applications documentaires. Il transpose alors, purement et simplement, les applications publiques d'internet: pages d'information, messagerie, forums et transfert de fichiers. Cela suffirait à remplacer tous les réseaux locaux de type simplement bureautique, avec l'avantage de réduire les coûts et surtout de simplifier les architectures et la gestion. Une grande partie de la gestion électronique de documents devrait s'orienter assez vite dans cette voie, bien qu'on cite encore assez peu de réalisations en France.
Mais l'intranet peut prétendre remplacer plus ou moins totalement les applications transactionnelles classiques. Cette architecture prolonge la démarche client-serveur. Les mainframes d'hier se voient encore plus sévèrement "encapsulés", et l'on y accède comme au plus banal serveur Web. Il peut même revenir au poste client la responsabilité de constituer une transaction complexe en appelant successivement ou en parallèle plusieurs serveurs différents. Les outils se multiplient pour réaliser les interfaces et les liaisons, notamment chez IBM avec Notes et MQ Series. Ces orientations sont activement étudiées dans un certain nombre de banques et notamment au Crédit Agricole.
Les hôtels et plus généralement les services de réservation se montrent particulièremnet intéressés par ce type de solution. On n parlera beaucoup au prochain salon Top'Resa. La chaîne de franchise Envergure pousse activement dans cette voie, en assurant avec JetForms les liaisons avec sa base de données.
@INTER:Micro ou NC pour l'intranet?
Reste à savoir quel poste de travail répondra le mieux à ce type de réseau. Pour une application transactionnelle unique, ou une famille de transactions dispponibles sur un même serveur, le Network Computer paraît s'imposer, remplaçant presque directement le terminal passif d'hier. Mais s'il faut assembler localement plusieurs transactions, le NC ne suffit plus, et sera alors logique de recouriir à un serveur local, par exemple au niveau de l'agence bancaire. Sur ce point, les entreprises devront attendre que le marché clarifie et concrétise son offre. Une raison de plus pour ne pas trop se presser.@SIGNATURE:PIERRE BERGER